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promet de sauver l'enfant qu'il venait égorger. Rachel lui confie ce dépôt précieux; mais bientôt, trompée par un faux rapport qui lui persuade qu'Issachar a livré Éliacin à Hérode, elle fait assassiner l'homme qui vient de sauver son fils. Issachar, qui ne connaît pas la main qui l'a frappé, vient mourir sur le théâtre, et révèle en expirant l'asile où il a caché le jeune Éliacin. Hérode, témoin de cette confidence, se prépare à ressaisir sa victime, dont il poursuit la perte avec d'autant plus d'acharnement, qu'il croit que cet enfant est véritablement le Messie, les mages s'étant arrêtés chez Rachel. L'auteur paraît avoir jeté lui-même, à dessein, quelque incertitude à cet égard dans l'esprit des spectateurs, idée malheureuse, qui contribue à diminuer l'intérêt beaucoup plus qu'à l'exciter: il n'y a de touchant au théâtre, que ce qui est parfaitement clair; il faut que l'esprit comprenne facilement pour que le cœur soit ému. Au cinquième acte, la scène se passe dans le lieu où l'enfant est caché; Hérode s'y présente accompagné de ses soldats, et malgré le désespoir de Rachel et les imprécations d'Alcime, on immole Éliacin. Alors, un soldat vient annoncer que le Messie est sauvé, et qu'il a pris le chemin de l'Égypte. Les fureurs d'Hérode et une prophétie d'Alcime, qui révèle le triomphe de la religion chrétienne, terminent la pièce. — Cette tragédie est dénuée d'intérêt, il n'est pas difficile d'en reconnaître la cause: Issachar, le seul appui de l'orphelin, ne consent d'abord à le sauver qu'au prix d'un hymen que les combinaisons du poëte ont rendu impossible; et lorsque après de longs refus, ce même Issachar prend enfin une résolution généreuse, l'auteur se prive, dès la fin du quatrième acte, du seul ressort dramatique qui pût soutenir quelque espérance. Hérode ressemble trop aux ogres de nos contes de fées, pour qu'un auteur tragique n'ait pas de grandes précautions à prendre avant de l'exposer sur la scène; l'auteur de la pièce nouvelle nous l'a montré beaucoup trop souvent. Alcime et Rachel sont des personnages passifs, qui font de longs discours, ce qui ne suffit pas dans un drame. On démêle cependant parmi ces défauts quelques germes de talent, qui se développeront peut-être dans un sujet mieux choisi. Quelques passages éloquens, quelques mouvemens pathétiques peuvent laisser à l'auteur l'espoir de n'être point exclu d'une carrière où il faut surtout de l'expérience et où il est encore novice; ce drame est son coup d'essai. Nous avons aussi remarqué des traits de mœurs dont nous savons gré au poëte; mais il aurait bien fait de ne point mettre à contribution les pinceaux de son décorateur, pour élever des palais dans une contrée où l'édifice le plus

fameux, dont on ait gardé la mémoire, est une étable. Quand cesse◄ rons-nous de prétendre que la tragédie doit toujours, même contre toute vraisemblance, être logée dans une enceinte de colonnes? Croit-on que les douleurs de Rachel eussent été moins nobles et moins touchantes dans la chaumière de Bethléem que dans un palais imaginaire? L'auteur faiblement demandé par quelques voix amies, n'a pas été nommé. — Cette tragédie n'a pas eu de seconde représentation, et nous devons remarquer que c'est une grande preuve de modestie donnée par l'auteur; car, son ouvrage n'a pas été jugé, et la meil leure composition dramatique eût peut-être succombé aux accidens de la soirée. Le héros de la pièce n'a jamais voulu se montrer au public, et ce débutant au maillot a poussé des cris perçans dans la coulisse, quand on a voulu l'amener à sa mère ; il a fallu jouer toute la pièce sans lui. Ce n'est pas tout, l'enthousiasme factice des claqueurs gagés par le théâtre, a mécontenté les juges compétens; il en est résulté une bataille; le parterre a été déserté, l'orchestre et le théâtre ont été envahis. Après une demi-heure de tumulte, on a continué la pièce; mais la dernière moitié a été écoutée avec peu de bienveillance, et le talent des acteurs, aussi bien que l'impartialité des juges, n'auront pas échappé sans doute à l'influence du désordre. Cet événement, triste pour l'auteur, a du moins inspiré au directeur de l'Odéon une résolution qui mérite de servir d'exemple à toutes les administrations théâtrales qui respectent le public. Il a formellement déclaré qu'il fermerait l'entrée du théâtre à ces mercenaires, payés pour toujours applaudir, quand même... Nous devons féliciter le directeur d'une résolution si digne d'éloges, et dont le public lui tiendra compte sans doute, si elle est franchement exécutée.

- Première représentation du Roman à vendre, ou les Deux Libraires, comédie en trois actes et en vers, précédée d'un Prologue. (Jeudi 10 février.) L'auteur de cette comédie est le premier qui se soit présenté sur la scène de l'Odéon, depuis l'expulsion des chevaliers du lustre, et qui ait osé descendre dans la lice, sans le secours de ces malencontreux alliés, qui ont été si funestes à l'Orphelin de Bethleem; cette circonstance a fourni le sujet du prologue. L'auteur dont on va jouer la pièce, résiste à toutes les instances que lui fait un ami, pour l'engager à donner les billets d'usage; il prévient en même tems le reproche qu'on pourrait lui faire, d'avoir désigné dans sa comédie des personnages connus. Ce cadre extrêmement léger renferme plusieurs traits spirituels et des vers piquans. Le sujet de la pièce est fort simple, et se complique cependant d'une foule

de petits détails qui embarrasseraient une analyse; nous tâcherons de le faire comprendre en peu de mots. Un M. Durand, jeune homme de Limoges, arrive à Paris avec un roman de sa composition, auquel Derville, son ami, qui connaît les libraires de la capitale, promet d'assurer la vogue au moyen d'un titre bizarre, et en le donnant pour une production étrangère. Cette précaution prise, Derville met en présence M. Fortuné, libraire à la mode, et M. Bertrand, libraire de la vieille roche, qui se disputent le manuscrit, et qui, piqués par la lutte d'une folle enchère, le poussent à un prix exorbitant; enfin, le chef-d'œuvre reste au libraire à la mode, qui bientôt, apprenant qu'il a été dupé, dupe à son tour son vieux confrère, en lui cédant un mauvais marché. Mais Durand dévoile tout le mystère à l'honnête bouquiniste qui, touché de la bonne foi du jeune homme, lui donne la main de mademoiselle Adèle, sa fille, que Durand aimait en secret. Adèle était en même tems courtisée par Fortuné, et par un certain Gelon, son cousin, dont l'auteur a fait une caricature de journaliste. Il résulte à peine de cette double rivalité l'apparence d'une intrigue. Lorsqu'un poëte compose une comédie en trois actes, qui manque à la fois d'action et d'intérêt, il faudrait au moins qu'il tâchât d'y suppléer par la peinture de quelque caractère un peu saillant, ou de quelqu'un de ces ridicules dignes d'occuper le parterre, parce qu'ils tiennent une grande place dans la société. Mais que nous font les manies de deux libraires, et quelques épigrammes contre les romantiques ou les journalistes? Il y a là de quoi égayer quelques scènes, effleurer quelques amour - propres; mais cela ne suffit pas pour attacher pendant une heure l'attention du public. Néanmoins, nous devons dire que l'auteur a tiré tout le parti possible de ce canevas trop léger; ses vers sont tournés avec élégance, ) sa plaisanterie est de bon goût, et les agrémens du dialogue font regretter qu'il n'ait pas brodé sur un fond plus solide. Nous avons aussi remarqué deux scènes fort bien faites, l'une est un démêlé entre Gelon, le journaliste, et le libraire Fortuné, qui se parlent sur un ton aigre-doux assez comique; l'autre est la scène de l'enchère, qui finit par une querelle sanglante entre les deux libraires; cette querelle ressemble un peu à celle de Vadius et de Trissotin, comme l'autre scène rappèle le fameux entretien de Célimène et d'Arsinoé; mais, malgré ces réminiscences, ces deux scènes annoncent un véritable talent comique, et produisent de l'effet. L'auteur est M. BAYARD.

M. A.

TABLETTES NÉCROLOGIQUES. Le Monnier, peintre d'histoire, d'un talent distingué, ancien directeur de la manufacture des Gobelins, où il a laissé d'honorables souvenirs, membre de l'ancienne Académie de peinture, de la Société académique des En· fans d'Apollon, de l'Académie de Rouen et de la Société philotechnique de Paris, est mort à Paris, le 18 août dernier. Parmi les nombreuses compositions qui ont consacré la réputation de cet artiste, on distingue La peste de Milan, tableau d'histoire, placé maintenant dans le Musée de peinture de la ville de Rouen, et deux tableaux d'une moindre dimension, représentant, l'un la lecture de l'Orphelin de la Chine chez Min Geoffrin; l'autre la Restauration des arts sous François Ier, et qui ont été remarqués à l'une des dernières expositions. M. Le Monnier laisse un fils, avocat et homme de lettres, qui cultive la poésie avec succès et qui est auteur d'un petit poëme intitulé: Course poétique dans les Alpes suisses du canton de Berne. Cet ouvrage couronné, en 1822, par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, promet un bon poëte de plus.

DEFLER (Camille ).

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Z.

L'enseignement des sciences a fait une perte sensible dans la personne de ce jeune professeur, mort, le 14 novembre 1824, d'une affection de poitrine, à l'âge d'environ trente ans. Dès sa première enfance, ses dispositions précoces avaient attiré l'attention et excité l'intérêt d'un de nos savans les plus distingués, M. Lacroix, dont les conseils et les encouragemens ne lui manquèrent jamais, et eurent la plus heureuse influence sur le développement de ses facultés, et le progrès de ses connaissances. Reçu, en 1811, à l'École normale, il y parvint bientôt aux grades d'élève répétiteur, et ensuite de maître de conférences. Il professait, depuis quelques années, les mathématiques au collége royal de Bourbon, et apportait à l'exercice de ses fonctions, et à plusieurs travaux scientifiques dont il s'occupait, un zèle qui a consumé ses forces et abrégé ses jours. Ses anciens condisciples, les professeurs ses collègues, ses nombreux élèves, les amis que lui avaient faits son honorable caractère, la douceur et la simplicité de son commerce, lui ont rendu les derniers devoirs, et l'un d'eux, M. Dubois, ancien élève de l'École normale, a exprimé sur sa tombe, dans un discours touchant, le vif sentiment de respect dont tous les auditeurs étaient pénétrés.

H. P.

CONTENUS

DANS LE SOIXANTE-QUATORZIÈME CAHIER.

FÉVRIER 1825.

II. ANALYSES D'OUVRAGES.

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Annonces de 149 ouvrages, français et étrangers.

AMÉRIQUE. États-Unis, ;-- Haïti, 1.

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Grande-Bretagne, 16; Danemarck, 5;
Suisse, 5; Italie, 13;

EUROPE.

magne, 8;

Pays-Bas, 7.

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Alle-

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