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ment est venu; et vous n'aurez point à courir en tumulte pour assiéger chaque sénateur dans sa maison, que défendrait une armée de cliens et d'esclaves acharnés contre vos jours. Cette vengeance, je vous l'offre, sans péril, sans obstacle. Je tiens tous vos ennemis enfermés dans la salle des délibérations: ils sont seuls, sans armes; vous n'aurez besoin ni de rien précipiter, ni de rien faire au hasard. Vous les jugerez l'un après l'autre, et la peine que chacun a méritée, il la subira. Mais, avant tout, ne vous abandonnez à votre ressentiment, que de manière à ne pas lui sacrifier votre conservation et vos intérêts : car je pense que, malgré votre haine pour ces sénateurs, vous ne voulez point abolir entièrement le sénat. En effet, ou il faut un roi, ce qui révolte la pensée, ou un sénat, puisqu'un état libre ne peut exister sans conseil public. Vous devez donc tout à la fois détruire votre ancien sénat, et en créer un nouveau. Chaque sénateur va paraître successivement devant vous; vous prononcerez sur son sort; vos arrêts seront sans appel. Mais vous nommerez un nouveau sénateur, plein de patriotisme et d'énergie, avant que le coupable ne soit conduit au supplice. » Il s'assied ensuite, fait jeter tous les noms dans une urne, et, au premier nom qui en sort, il envoie prendre dans la curie le sénateur, et le fait conduire devant le peuple. Le nom à peine entendu, on crie, de toutes parts, que c'est un homme injuste, pervers et digne du supplice. « Je vois, dit Pacuvius, qu'il est condamné; choisissez donc, à la place de ce méchant homme, un sénateur vertueux et irréprochable. » D'abord on garde le silence, par la difficulté de faire un meilleur choix; ensuite quelqu'un, moins scrupuleux, propose un nom au hasard. Mais des cris beaucoup plus

quum aliquis, omissa verecundia, quempiam nominasset, multo major extemplo clamor oriebatur, quum alii negarent nosse; alii nunc probra, nunc humilitatem sordidamque inopiam, et pudendæ artis aut quæstus genus, objicerent. Hoc multo magis in secundo ac tertio citato senatore est factum; ut ipsius pœnitere homines adpareret quem autem in ejus substituerent locum, deesse; quia nec eosdem nominari adtinebat, nihil aliud quam ad audienda probra nominatos, et multo humiliores obscurioresque ceteri erant eis, qui primi memoriæ obcurrebant : ita dilabi homines, notissimum quodque malum maxime tolerabile dicentes esse, jubentesque senatum ex custodia dimitti.

IV. Hoc modo Pacuvius quum obnoxium vitæ beneficio senatum multo sibi magis, quam plebi, fecisset, sine armis, jam omnibus concedentibus, dominabatur. Hinc senatores, omissa dignitatis libertatisque memoria, plebem adulari, salutare, benigne invitare, adparatis accipere epulis, eas caussas suscipere, ei semper parti adesse, secundum eam litem judices dare, quæ magis popularis aptiorque in vulgus favore conciliando esset. Jam vero nihil in senatu actum aliter, quam si plebis ibi esset concilium. Prona semper civitas in luxuriam non ingeniorum modo vitio, sed adfluenti copia voluptatium, et inlecebris omnis amoenitatis maritimæ terres

violens s'élèvent : les uns ne connaissaient pas l'homme; les autres objectaient ses turpitudes, la bassesse de son extraction, son ignoble misère, le métier infâme, le trafic honteux qu'il faisait. Ce fut pis encore, lorsqu'il fallut remplacer le second et le troisième sénateur : on n'en voulait point, sans doute; mais cependant qui mettre à la place? car on ne pouvait pas reparler de ceux dont le nom n'avait été cité que pour être couvert d'infamie, et les autres élections étaient encore plus viles et plus obscures que les premières qui s'étaient offertes à l'esprit. Peu à peu l'assemblée s'écoula, forcée d'avouer que le mal si bien connu était encore le plus tolérable, et les sénateurs furent mis en liberté.

IV. Ce fut ainsi que Pacuvius mit dans sa dépendance, plus encore que dans celle du peuple, tout le sénat qui lui devait la vie; et, sans armée, fort de la déférence générale, il avait établi sa domination. Dèslors les sénateurs, oubliant toute dignité, toute liberté même, devinrent les flatteurs, les courtisans de la multitude; ce n'était, de leur part, qu'invitations serviles, apprêts de festins somptueux pour la populace; ils soutenaient toujours la cause, ils embrassaient le parti qui flattait le plus les caprices populaires, et les juges prononçaient en faveur de celui qui plaidait pour le peuple, et qui était le plus capable de leur concilier ses bonnes grâces: ce n'était plus le sénat, mais le peuple qui siégeait au conseil. Capoue avait toujours penché vers la dissolution qu'entretenaient dans son sein le dérègle

trisque; tum vero ita obsequio principum et licentia plebei lascivire, ut nec libidini nec sumtibus modus esset; ad contemtum legum, magistratuum, senatus, accessit tum, post cannensem cladem, ut, cujus aliqua erat verecundia, romanum quoque imperium spernerent; id modo erat in mora, ne extemplo deficerent, quod connubium vetustum multas familias claras ac potentes Romanis miscuerat: et quod, quum militarent aliquot apud Romanos, maximum vinculum erant trecenti equites, nobilissimus quisque Campanorum, in præsidia sicularum urbium delecti ab Romanis ac missi.

V. Horum parentes cognatique ægre pervicerunt, ut legati ad consulem romanum mitterentur. Ii, nondum Canusium profectum, sed Venusiæ cum paucis ac semiermibus consulem invenerunt, quam poterat maxime miserabilem bonis sociis; superbis atque infidelibus, ut erant Campani, spernendum. Et auxit rerum suarum suique contemtum consul, nimis detegendo cladem nudandoque. Nam quum legati, ægre ferre senatum populumque campanum, adversi quidquam evenisse Romanis, nunciassent, pollicerenturque omnia, quæ ad bellum opus essent; «Morem magis, inquit, loquendi cum sociis servastis, Campani, jubentes, quæ opus es

ment des mœurs, l'affluence de tous les genres de voluptés, et les délices si variées que lui prodiguaient à l'envi la terre et la mer : mais alors surtout, les condescendances des chefs et la licence du peuple avaient poussé les excès à un point qui ne laissait plus de bornes ni à la débauche, ni à la dépense. Dans cet avilissement des lois, des magistrats, du sénat, la défaite de Cannes vint ôter aux Campaniens toute pudeur, et leur fit mépriser la puissance de Rome. Un seul obstacle empêchait leur défection d'éclater sur-le-champ: c'étaient les antiques alliances que beaucoup de familles nobles et puissantes de Capoue avaient contractées avec les Romains. Un autre lien les retenait encore quelques-uns de leurs compatriotes servaient dans l'armée romaine, et surtout trois cents chevaliers de la première noblesse de la Campanie, que les Romains avaient choisis pour les garnisons de Sicile, et que déjà ils avaient fait partir.

V. Les familles de ces chevaliers n'obtinrent qu'avec bien des difficultés qu'on envoyât une députation au consul romain. Varron ne s'était pas encore retiré à Canusium; on le rencontra à Venusia avec un petit nombre de soldats à demi armés. L'état déplorable où il se trouvait eût excité la compassion de fidèles alliés; mais une nation superbe et perfide, comme les Campaniens, ne devait avoir pour lui que du mépris: ajoutons qu'il augmenta encore le dédain qu'inspiraient sa situation et sa personne, par le soin qu'il ne prit que trop de découvrir, de mettre à nu la plaie de la république. En effet, lorsque les députés lui eurent exprimé toute la peine que le sénat et le peuple de Capoue ressentaient de l'échec qu'avaient éprouvé les Romains, et qu'ils lui promettaient de fournir à tous les besoins de la guerre : « Campaniens, leur

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