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sent ad bellum, imperare, quam convenienter ad præsentem fortunæ nostræ statum locuti estis. Quid enim nobis ad Cannas relictum est, ut, quasi aliquid habeamus, id, quod deest, expleri ab sociis velimus? Pedites vobis imperemus, tamquam equites habeamus? pecuniam deesse dicamus, tamquam ea tantum desit? Nihil, ne quod suppleremus quidem, nobis reliquit fortuna ; legiones, equitatus, arma, signa, equi virique, pecunia, commeatus, aut in acie, aut binis postero die amissis castris perierunt. Itaque non juvetis nos in bello oportet, Campani, sed pene bellum pro nobis suscipiatis. Veniat in mentem, ut trepidos quondam majores vestros intra moenia compulsos, nec Samnitem modo hostem, sed etiam Sidicinum paventes, receptos in fidem apud Saticulam defenderimus, cœptumque propter vos cum Samnitibus bellum per centum prope annos, variante fortuna eventum, tulerimus. Adjicite ad hæc, quod fœdus æquum deditis, quod leges vestras, quod ad extremum (id quod ante cannensem certe cladem maximum fuit) civitatem nostram magnæ parti vestrum dedimus, communicavimusque vobiscum. Itaque communem vos hanc cladem, quæ accepta est, credere, Campani, oportet, communem patriam tuendam arbitrari esse. Non cum Samnite aut Etrusco res est, ut, quod a nobis ablatum sit, in Italia tamen imperium

dit-il, en nous pressant de requérir tous les objets qui pourraient nous être nécessaires, vous avez parlé comme le font des alliés; mais ce n'est pas là ce qu'exige notre situation, notre fortune présente. La journée de Cannes ne nous a rien laissé : suffit-il donc que nos alliés complètent ce qui nous manque, comme si nous possédions encore quelque chose? Nous donnerez-vous de l'infanterie, quand nous n'avons plus de cavalerie; de l'argent, lorsque nous sommes aussi privés de tout le reste? Plus rien à nous, pas même le cadre d'une armée : ainsi l'a voulu le destin. Légions, cavalerie, armes, étendards, chevaux, guerriers, argent, munitions, nous avons tout perdu, ou le jour même de la bataille, ou le lendemain, lorsque l'ennemi s'est emparé de nos deux camps. Aussi, Campaniens, de nos auxiliaires contre les Carthaginois, il vous faut presque devenir nos remplaçans. Rappelezvous ce temps où vos ancêtres, repoussés en désordre au sein de leurs remparts, tremblaient devant les Samnites, devant les Sidicins leurs ennemis; avec quel courage Rome les prit alors sous sa protection, les défendit dans les plaines de Saticula, et s'engagea, pour vous, contre les Samnites, dans une guerre qu'elle a soutenue, pendant près de cent années, avec des chances si diverses! Ajoutez que, pouvant vous traiter en sujets, nous n'avons vu en vous que des égaux; nous vous avons laissé vos lois; enfin, honneur suprême jusqu'à la défaite de Cannes! nous avons accordé à beaucoup d'entre vous le droit de cité romaine, et notre pays est devenu le vôtre. Vous devez donc, Campaniens, considérer le désastre de Cannes comme une calamité que vous partagez avec nous, et songer à la défense de notre commune patrie. Si nous avions affaire à des Samnites, à des

maneat. Poenus hostis, ne Africæ quidem indigenam, ab ultimis terrarum oris, freto Oceani Herculisque columnis, expertem omnis juris et conditionis et linguæ prope humanæ, militem trahit. Hunc, natura et moribus inmitem ferumque, insuper dux ipse efferavit, pontibus ac molibus ex humanorum corporum strue faciendis, et (quod proloqui etiam piget) vesci humanis corporibus docendo. Hos, infandis pastos epulis, quos contingere etiam nefas sit, videre atque habere dominos, et ex Africa et a Carthagine jura petere, et Italiam Numidarum ac Maurorum pati provinciam esse, cui non, genito modo in Italia, detestabile sit? Pulchrum erit, Campani, prolapsum clade romanum imperium vestra fide, vestris viribus retentum ac recuperatum esse. Triginta millia peditum, quatuor equitum arbitror ex Campania scribi posse; jam pecuniæ adfatim est frumentique. Si parem fortunæ vestræ fidem habetis, nec Annibal se vicisse sentiet, nec Romani victos esse. »

VI. Hac oratione consulis dimissis redeuntibusque domum legatis, unus ex iis, Vibius Virrius, « Tempus venisse, ait, quo Campani non agrum solum, ab Romanis quondam per injuriam ademtum, recuperare, sed imperio etiam Italiæ potiri possint. Foedus enim cum Anni

Étrusques, l'empire qui nous serait enlevé resterait du moins en Italie : mais nous avons pour ennemis des Carthaginois, ou plutôt des barbares qui ne sont pas même originaires d'Afrique, que la terre a vomis de ses extrémités les plus reculées, des bornes de l'Océan et des colonnes d'Hercule : soldats étrangers au droit des gens, aux droits de l'humanité et presque au langage des hommes. Naturellement farouches et cruels, leur chef les a rendus plus féroces encore, en leur faisant élever des ponts et des digues avec des monceaux de cadavres humains, et ( et (ce que je ne puis dire sans répugnance) leur apprenant à devenir anthropophages. Et ces monstres, gorgés d'horribles festins, et dont le contact seul serait une souillure, sous nos yeux resteraient nos maîtres! l'Afrique et Carthage nous dicteraient des lois! l'Italie serait une province des Numides et des Maures! Quel est celui des enfans de l'Italie qui ne frémirait à une semblable pensée? Campaniens, il sera glorieux pour vous d'arrêter la chute de l'empire de Rome, et de relever par votre fidélité, par votre appui, ce colosse près de s'écrouler. Trente mille fantassins, quatre mille chevaux peuvent, je pense, être facilement levés dans la Campanie. Je ne parle pas de ses ressources immenses en argent et en blé. Si votre fidélité égale votre brillante fortune, ni Annibal ne se ressentira de sa victoire, ni Rome de sa défaite. »

VI. Après ce discours du consul, les députés prirent congé de lui. En revenant à Capoue, l'un d'entre eux, Vibius Virrius, dit à ses collègues, « que le moment était venu où les Campaniens pouvaient reconquérir le territoire les Romains leur avaient naguère si injustement enlevé, et étendre même leur domination sur toute

que

bale, quibus velint legibus, facturos; neque controversiam fore, quin ipse, confecto bello, Annibal victor in Africam decedat, exercitumque deportet, Italiæ imperium Campanis relinquatur. » Hæc Virrio loquenti adsensi omnes : ita renunciant legationem, uti deletum omnibus videretur nomen romanum. Extemplo plebes ad defectionem ac pars major senatus spectare; extracta tamen, auctoritatibus seniorum, per paucos dies, est res postremo vicit sententia plurium, ut iidem legati, qui ad consulem romanum ierant, ad Annibalem mitterentur. Quo priusquam iretur, certumque defectionis consilium esset, Romam legatos missos a Campanis, in quibusdam annalibus invenio, postulantes, ut alter consul Campanus fieret, si rem romanam adjuvari vellent. Indignatione orta, submoveri a curia jussos esse : missumque lictorem qui ex urbe educeret eos, atque eo die manere extra fines romanos juberet. Quia nimis compar Latinorum quondam postulatio erat, Cœliusque et alii id haud sine caussa prætermiserant scriptores, ponere pro certo sum veritus.

VII. Legati ad Annibalem venerunt, pacemque cum eo conditionibus fecerunt : «Ne quis imperator magistratusve Ponorum jus ullum in civem campanum haberet, neve civis campanus invitus militaret, munusve faceret; ut suæ leges, sui magistratus Capuæ essent; ut trecentos ex romanis captivis Poenus daret Campanis,

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