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qu'elles ont eu aujourd'hui pour toi-même. » Le jeune homme versait des larmes; Pacuvius, qui les voit couler, s'élance dans ses bras; il le serre, il le presse, il ne cesse ses supplications qu'après avoir obtenu que Perolla jette son arme, et qu'il jure de renoncer à son dessein. « Eh bien dit le jeune homme, je sacrifie à mon père cet amour que je dois à ma patrie. Mais c'est vous que je plains, vous qu'accableront les remords d'une triple trahison : le lâche abandon de nos alliés, la paix que vous nous avez conseillé de faire avec Annibal, le retard et l'obstacle que vous m'opposez, lorsque je veux rendre Capoue aux Romains. O ma patrie! c'est pour toi que je m'étais armé de ce fer, que j'avais pénétré dans le fort qu'occupent tes ennemis; mon père m'arrache ce glaive, reçois-le de mes mains. » Il dit, jette son épée sur la voie publique par dessus les murs du jardin; et, pour ne rien faire soupçonner de ce qui s'est passé, il rentre lui-même dans la salle du festin.

X. Le lendemain, Annibal tint l'assemblée du sénat ; elle fut nombreuse. Dans le commencement de son discours, il prodigua les flatteries et les promesses; il remercia les Campaniens d'avoir préféré son amitié à celle de Rome; et, entre autres espérances magnifiques, il assura que bientôt Capoue serait la capitale de toute l'Italie, et qu'elle dicterait des lois à tous les peuples et aux Romains eux-mêmes. Un seul homme était excepté de l'alliance et du traité fait avec lui, un homme qui n'était plus Campanien, qui ne méritait plus ce titre, Magius Decius. Il demandait qu'on le lui livrât, que la délibération s'ouvrît en sa présence, et que le sénat prît un arrêté à ce sujet. Tous accédèrent à la réclamation d'Annibal, bien que la plupart sentissent l'indignité du

parti et vir indignus ea calamitate, et haud parvo initio minui videbatur jus libertatis. Egressus curia, in templo magistratus consedit; comprehendique Decium Magium, atque ante pedes destitutum caussam dicere jussit. Qui quum, manente ferocia animi, negaret lege fœderis id cogi posse, tum injecta catena, ducique ante lictorem in castra est jussus. Quoad capite aperto est ductus, concionabundus incessit, ad circumfusam undique multitudinem vociferans : «< Habetis libertatem, Campani, quam petistis; foro medio, luce clara, videntibus vobis, nulli Campanorum secundus, vinctus ad mortem rapior. Quid violentius Capua capta fieret? Ite obviam Annibali, exornate urbem, diemque adventus ejus consecrate, ut hunc triumphum de cive vestro spectetis. » Hæc vociferanti, quum moveri vulgus videretur, obvolutum caput est, ociusque rapi extra portam jussus; ita in castra per- ducitur extemploque inpositus in navim, et Carthaginem missus; ne, motu aliquo Capuæ ex indignitate rei orto, senatum quoque pœniteret dediti principis: et, legatione missa ad repetendum eum, ne aut negando rem, quam primam peterent, offendendi sibi novi socii; aut tribuendo, habendus Capuæ esset seditionis ac turbarum auctor. Navem Cyrenas detulit tempestas, quæ tum in ditione regum erant; ibi quum Magius ad statuam Ptolemæi regis confugisset, deportatus a custodi

traitement réservé à leur collègue, et l'atteinte qu'un début si violent portait à leur liberté. Le magistrat, au sortir du sénat, alla dans le temple s'asseoir sur son tribunal; il envoya saisir Decius Magius, le fit conduire à ses pieds, et lui ordonna de se justifier. Magius, conservant toute la fierté de son caractère, soutient que, d'après les dispositions du traité, l'on n'a pas le droit de le contraindre ainsi. Alors on le charge de fers, et on le fait conduire par un licteur au camp du Carthaginois. Tant qu'on lui laissa la tête découverte, il ne cessa de haranguer la multitude qui s'était portée en foule sur son passage, et de faire entendre ces exclamations : « La voilà, Campaniens, cette liberté que vous avez désirée ! au milieu du forum, en plein jour, sous vos yeux, un citoyen de Capoue, qui ne le cède à nul autre, se voit chargé de chaînes et traîné à la mort. Que ferait-on de plus odieux, si Capoue était prise d'assaut? Allez donc au devant d'Annibal, parez votre ville, consacrez par des fêtes le jour de l'arrivée du Carthaginois, pour assister à ce noble triomphe qu'il remporte sur l'un de vos compatriotes. » Comme ses cris paraissaient faire impression sur le peuple, on lui enveloppa la tête, et il fut emmené rapidement hors de la ville. Arrivé dans le camp, on le fit aussitôt embarquer pour Carthage, de peur que, si cet acte arbitraire occasionait quelque mouvement à Capoue, le sénat lui-même ne se repentît d'avoir livré un de ses chefs, et qu'alors, si une ambassade venait le réclamer, on ne se vît dans l'alternative, ou d'offenser un nouvel allié par le refus d'une première demande, ou, en la lui accordant, de laisser à Capoue un artisan de trouble et de sédition. Le vaisseau fut jeté par la tempête à Cyrène, alors sous la domination des

bus Alexandriam ad Ptolemæum, quum eum docuisset, contra jus fœderis vinctum se ab Annibale esse, vinculis liberatur; permissumque, ut rediret, seu Romam, seu Capuam mallet. « Nec » Magius «Capuam sibi tutam >> dicere; «<et Romam eo tempore, quo inter Romanos Campanosque bellum sit, transfugæ magis, quam hospitis, fore domicilium. Nusquam malle, quam in regno ejus, vivere, quem vindicem atque auctorem habeat libertatis. »

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XI. Dum hæc geruntur, Q. Fabius Pictor legatus a Delphis Romam rediit, responsumque ex scripto recitavit divi quoque in eo erant, quibus quoque modo supplicaretur. Tum : « Si ita faxitis, Romani, vestræ res meliores facilioresque erunt : magisque ex sententia respublica vestra vobis procedet, victoriaque duelli populi romani erit. Pythio Apollini, republica vestra bene gesta servataque, lucris meritis donum mittitote, deque præda, manubiis, spoliisque honorem habetote, lasciviamque a vobis prohibetote. » Hæc ubi ex græco carmini interpretata recitavit, tum dixit, « se oraculo egressum extemplo his omnibus divis rem divinam thure ac vino fecisse jussumque ab templi antistite, sicut coronatus laurea corona et oraculum adisset, et rem divinam fecisset; ita coronatum navim adscendere, nec ante deponere eam, quam Romam pervenisset. Se, quæcumque im

rois d'Égypte. Là, Magius alla se réfugier aux pieds de la statue de Ptolémée : des gardes le conduisirent à Alexandrie et le présentèrent au monarque; dès que Ptolémée sut qu'Annibal l'avait mis aux fers contre la foi des traités, il lui rendit la liberté, avec permission de se retirer à Rome, ou à Capoue, s'il le préférait. Magius répondit «< qu'il ne serait point en sûreté à Capoue, et qu'à Rome, à une époque où elle était en guerre avec sa patrie, il aurait plus l'air d'un transfuge que d'un hôte. Il aimait mieux vivre dans les états de son vengeur, de son libérateur. »

XI. Cependant Q. Fabius Pictor, envoyé à Delphes, revint à Rome, et fit lecture de la réponse écrite de l'oracle. Elle contenait le nom de tous les dieux, auxquels on devait adresser des supplications. Puis elle ajoutait : «<Romains, si vous suivez ces instructions, vos affaires prendront un cours plus heureux et plus libre; votre république deviendra de plus en plus florissante, et l'avantage de la guerre finira par rester au peuple de Rome. Apollon Pythien, après vos succès, après la délivrance de l'empire, réclame une offrande sur le produit de vos triomphes; envoyez-la-lui: sur le butin, sur la vente, sur les dépouilles, réservez la part d'honneur due à ce dieu, et loin de vous une folle ivresse dans la prospérité. » L'oracle était écrit en grec; Pictor le lut traduit en sa langue, et il ajouta «qu'à la sortie du temple il avait aussitôt fait à tous les dieux des oblations de vin et d'encens; la prêtresse lui avait prescrit de conserver sur la tête, pendant le cours de sa navigation, la même couronne de laurier, qui ceignait son front, lorsqu'il s'était présenté dans le temple, et qu'il avait offert des

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