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la ire édition, ils vendaient d'autres exemplaires portant: 39e édition!... - 48 heures après, le lundi, en revenant de la campagne (rien de la ligne d'Argenteuil), j'ai vu, de mes yeux vu, chez le libraire de la gare Saint-Lazare: Nana, 44° édition!... Qui trompe-t-on ici.?

Voilà un roman qui suinte la pourriture morale et matérielle, d'un bout à l'autre, qui a fait four complet en feuilleton de journal; et l'on voudrait nous faire croire qu'il a eu 44 ÉDITIONS en deux jours! Allons donc !

Un roman doit être envisagé sous deux aspects différents: le style, le but. Or, le style est encore plus « canaille » que dans l'Assommoir. Quant au but, j'ignore quel il est; mais j'estime qu'un pays où pareille ordure pourrait se produire sans protestations indignées serait un pays f.... (en style de Nana). MAX. B.

Vivre à gogo (XII, 387, 440, 473, 503).

Le marquis d'Etymo prétend (XII, 440) que l'expression familière Tout de go, c'est-à-dire tout d'un coup, sans préparation, vient du verbe anglais Go qui signifie aller, marcher, passer, partir..... Dans le Dictionnaire de Ménage, le père Jacob avait, avant lui, indiqué cette étymologie. Ils n'avaient pas consulté le seigneur de Néri en Verbos, Philippe d'Alcripe, qui, dans sa Nouvelle fabrique des excellents traits de vérité, indique, pour ce dicton, une origine bien préférable. Il dit, en racontant « l'estrange adventure d'un petit oyseau »> :

« L'oyseau, irrité de sa poursuite, quitta a le mouton et print le berger, lequel il « emporta aussi légèrement, comme le « milan le poussin, et tant volla à tout sa a proye qu'il fut las, au moyen de quoy « s'assit en la vallée de Preaux, où il «avalla le pauvre berger tout de gob. »

Il répète, dans son conte De la perte d'un chien: « Mais ainsi qu'il tiroit l'eau << avec sa langue, comme font tous chiens, «< il sortit du fond de l'eau un gros bro« chet qui lui vint prendre la langue à « belles dents et l'attira roidement à luy << dedans l'eau, où il l'avalla tout de gob, << sans mascher... >>

Ainsi, fait remarquer Ch. Nisard, dans ses Curiosités, etc., avaller tout de gob, c'est gober ou faire entrer les aliments dans le gosier sans les mâcher. Entrer tout de go, c'est faire passer sa personne au travers de la porte sans les préliminaires requis par l'usage et la politesse. On voit clairement l'analogie, et non moins clairement l'étymologie.

Et maintenant, cette même étymologie ne s'applique-t-elle pas à la locution populaire Vivre à gogo, puisqu'en vivant ainsi on gobe plutôt deux fois qu'une? A. D.

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-L'autographie est aujourd'hui à la portée de tout le monde; il y a des périodiques autographies, qui forment, en fin d'année, des volumes de plusieurs centaines de pages. Les anciennes reproductions voluminées autographiées sont peutêtre moins fréquentes. J'ai sous la main un volume: Manuel pratique du lithographe, par Jules Deportes » (Paris, 1834,. chez l'auteur), ouvrage entièrement autographié, in-8° de 230 p. avec 4 planches lithographiées et 7 pages de Table. Il traite le métier ou l'art.

Une autre publication, récente, mais peut-être peu connue, est le journal publié par les prisonniers français à Spandau. Il a pour titre : Le Prométhée, et forme (8 nos) 8 causeries in-folio de 4 pages chacune, avec dessins. Le rédacteur signe MOUZIN. Le journal est autographié; il paraissait tous les 8 ou 14 jours. Bien que la Lanterne de Boquillon soit écrite (pour reporter sur zinc), elle est imprimée typographiquement. (Strasbourg.)

F. L. M.

Coq-à-l'âne médicaux (XII, 486, 564, 629; XIII, 46). En 1870-71, pendant mon court séjour dans les ambulances militaires de la capitale, j'ai entendu un infirmier demander au pharmacien-major s'il pouvait lui remettre la portion d'ordure de pot à colle du docteur X...!!! Après m'avoir laissé rire à mon aise, le pharmacien, qui s'était assis un instant devant son bureau, me communiqua la réponse qu'il chargeait le brave troupier de porter au docteur. Voici cette lettre très courte, dont je crois avoir retenu fidèlement les termes : « Je << vous envoie votre potion, mon cher ami, mais vous remarquerez que j'ai « employé la bordure du pont d'Arcole, « et me suis bien gardé de faire usage « d'ordure de pot à colle! En me parlant « de ce dernier ingrédient, votre messager « a dû faire erreur. » R. M.

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La Ville du Douze Mars (XII, 580, 636). S'il est une cité, en France, à laquelle l'invasion étrangère et la rentrée des Bourbons, en 1814, attachèrent une certaine célébrité, c'est, sans contredit, celle de Bordeaux, qui, par son retour enthousiaste à la cause royaliste, mérita le surnom de Ville du Douze Mars.

Pendant que Bayonne, fidèle à sa noble devise: Nunquam polluta, résistait avec un dévouement patriotique au blocus d'une armée étrangère, commandée par les généraux Hope et Colville, et qu'un faible débris de nos forces, sous les ordres du maréchal Soult, se préparait à livrer, près de Toulouse, aux 80,000 soldats de Wellington, une bataille aussi terrible que glorieuse, Bordeaux, riche et populeuse cité, rendait célèbre la journée du samedi, 12 mars 1814, par son accueil plein d'enthousiasme, d'abord pour le général inglais Beresford à la tête de sa division, et ensuite pour le représentant de Louis XVIII, S. A. R. le duc d'Angoulême, qui suivait de bien près les rangs de l'étranger...

En présence de l'exemple que lui donnait, avec un emportement royaliste, le maire de Bordeaux (M. Lynch), qui n'hésita pas à se dépouiller devant le général anglais des insignes qu'il devait à l'empereur Napoléon, pour les remplacer aussitôt par l'écharpe et la cocarde blanches, la population ne pouvait y rester longtemps indifférente, et son adhésion ne tarda pas à se traduire par les cris répétés de

Vive le Roi! Vivent les Bourbons! Il est vrai de dire que les deux adjoints, qui devaient accompagner le maire à la Chapelle du Becquet, pour son entrevue avec le général Beresford, se séparèrent de lui avant d'arriver au Moulin d'Arc et dès qu'ils connurent la mission dont M. Lynch semblait avoir pris l'initiative.

Le premier acte du duc d'Angoulême, en arrivant à Bordeaux, fut de se diriger vers la cathédrale, pour assister au Te Deum qui allait être chanté en l'honneur de cette mémorable journée. Le pavillon blanc fut immédiatement arboré sur les édifices publics, comme il l'avait été, le matin, au sommet de l'église Saint-Michel, à l'approche des Anglais et à l'heure où le maire haranguait leur général dans les termes qui suivent :

« Général, la nation généreuse qui a « donné des preuves si distinguées de sa magnanimité, en secourant avec une

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« constance inébranlable ses alliés oppri

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« més, se présente aujourd'hui aux por«tes de Bordeaux. Si vous venez comme « vainqueurs, vous pouvez, Général, vous « emparer des clefs sans qu'il soit besoin « que je vous les présente. Mais, si vous << venez comme alliés de notre auguste << souverain Louis XVIII, je vous offre « les clefs de cette intéressante ville, où << vous serez bientôt témoin des preuves d'amour qui se manifestent de toutes << parts en faveur de notre légitime sou« verain. A ces témoignages, se joindront << les sentiments de notre vive reconnais«sance pour nos libérateurs. »

Après la cérémonie religieuse, le prince se transporta à l'hôtel de ville, où il reçut les hommages de la municipalité, et il fut ensuite conduit au palais (naguère impérial), qu'il choisit pour sa résidence. A dater de ce moment, une ivresse contagieuse sembla s'emparer de tout le monde et le peuple salua, par des acclamations sympathiques, le retour d'un régime que de nouvelles épreuves attendaient.

Afin de perpétuer ce souvenir, les autorités de Bordeaux ordonnèrent l'érection d'un monument, qui prit le nom de : Pyramide du Douze Mars, sur le lieu même où s'était effectuée l'entrevue de M. Lynch et du général anglais Beresford, quelques heures avant l'arrivée du duc d'Angoulême, c'est-à-dire à la jonction des Capucins et du Sablond. Cette pyramide avait quinze mètres de hauteur; la première pierre en fut posée, avec pompe, le 12 mars 1815, par l'auguste fille de Louis XVI, la duchesse d'Angoulême, qui se trouvait alors à Bordeaux, qu'elle devait bientôt quitter pour reprendre la route de l'exil aux Cent-Jours. L'inauguration définitive de ce monument ne put avoir lieu que le 12 mars 1819. On lisait, sur chacune de ses faces, l'inscription suivante : XII MARS M.DCCC.XIV, et plus bas : VIVE LE ROI! Tous les ans, à pareil jour, les corps constitués s'y rendaient en cérémonie, pour célébrer cet anniversaire.

Dans la matinée du 2 août 1830, le flot populaire emporta, dans sa tourmente, le souvenir monumental du Douze Mars. Quand la mine l'abattit, les inscriptions historiques se trouvaient déjà couvertes par ce quatrain patriotique :

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109 ralliement, un mouchoir blanc qu'on nouait au bras gauche; un peu plus tard, quand l'uniforme de même nuance eut été adopté, un nœud de couleur verte remplaça le mouchoir, afin d'en rendre la vue plus apparente. De là, le nom de Brassard par lequel on désignait tous ceux qui portaient cet insigne bourbonnien. Quant à la décoration, qui naquit des mêmes circonstances, et analogue à celle du Lys, créée par le comte d'Artois, elle consistait en un médaillon d'émail, à rayons d'or, timbré d'une couronne et orné du chiffre royal. Ce bijou était entouré d'une jarretière verte, avec cette épigraphe commémorative BORDEAUX, 12 MARS 1814. En dehors du service, cet ornement était remplacé par un ruban vert, à liséré blanc, que le décoré portait à sa boutonnière, en habit bourgeois. (Bordeaux.) EGO E. GAB.

Les amis des chats (XII, 584, 654, 719; XIII, 84). Pour passer des amis des chats à la Commune, il faut vraiment être possédé du génie de la transition. Mais voilà que notre correspondant, compatriote de Dombrowski, nous montre les Druides brûlant vifs des prisonniers (je n'en sais rien, je n'y étais pas) et ajoute: « La Commune a essayé de remettre en vigueur ces antiques usages des Gaulois. >> A quel fait peut bien se rapporter cette allusion? ASMODÉE.

Littérature alpestre (XII, 601, 764).— La maison H. Georg (de Bâle, Genève et Lyon) a publié un Catalogue: « Bibliotheca Alpina, ouvrages anciens et modernes, spécial sur les Alpes. » Il est riche en publications, traitant tous les projets qui concernent les Alpes, parmi lesquelles ne manquent pas les excursions et les ascensions.

(Strasbourg.)

F. L. M.

Châteaux en Espagne (XII, 641, 692; XIII, 49).. Je ne partagerai en rien l'avis du collabo K. P. du Roch III, relativement à l'origine du proverbe en question. L'Espagne, je crois, n'a jamais passé pour un pays de Cocagne ni pour un Paradis terrestre. Il me semble, au contraire, que telle n'est pas l'impression que laisse à ses visiteurs ce pays extrême, tout froid ou tout brûlant, où l'eau fait défaut en mille endroits. Je m'arrête, car je ne veux pas faire le procès de l'Espagne, qui, si elle n'est pas le pays de mes rêves, a au moins le grand avantage (pour nous) de nous être sympathique. Quoi qu'il en soit, je veux aussi dire mon mot sur l'origine de ce proverbe. Mon grand-père, qui a fait la guerre d'Espagne de 1823-24, m'a

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souvent raconté, qu'étant un jour à cheval dans ce pays, avec plusieurs officiers, quelqu'un s'étonnait de la monotonie de la route et du petit nombre d'habitations isolées que l'on rencontrait : «< Pourquoi donc voudriez-vous trouver des châteaux en Espagne? » lui fut-il aussitôt riposté par un de ses compagnons qui, ayant déjà parcouru le pays en 1809, le connaissait mieux qu'eux tous.

Cette réflexion, qu'au premier abord on avait prise pour un trait d'esprit, lui apparut dans la suite avec toute sa justesse, une fois que leur attention « appelée sur ce point put constater l'absence presque totale de villas et de châteaux en Espagne. BELLATOR.

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Le royaume d'Yvetot (XII, 643, 695, 761). M. le marquis de V. et M. le comte de G. me proposèrent un jour de me mener faire ma cour à un roi de l'Europe, et même de me faire manger de sa soupe. La proposition me surprit et je leur dis, en badinant, que je ne prévoyais point avoir jamais un tel honneur, à moins qu'un hasard inattendu, et encore moins désiré, ne me transportât sur la flèche volante du Scythe Abaris dans le palais de quelqu'un des diaboliques roitelets de Guinée; que cependant j'étais prêt à les suivre, mais que la route devant être longue, il ne serait pas mal, ce me semble, de nous munir d'un bon déjeuner. « Non, me dirent-ils, nous y serons en moins de deux heures et nous en aurons meilleur appétit.» En effet, nous ne galopâmes pas longtemps avant de découvrir les tours d'un château. Nous entendîmes de très loin le bruit de quelques chiens qui faisaient sentinelle. Nous arrivâmes par une assez belle avenue; nous entrâmes dans une assez grande cour, par une assez grande porte cochère, et le tout ensemble exhalait le fumet d'une antique noblesse.

Aussitôt on nous annonça;
Le roi vint et nous embrassa;
On s'assit, on se délassa,
On servit, et l'on se plaça.
Ensuite un laquais me rinça

Un verre, où sa main me versa,
Sur quatre doigts d'eau de fontaine,

Du nectar qui fructifia

<< Dans le meilleur canton de la vigne prochaine. « Je vidai ma rasade pleine

« A la santé du roi qui me remercia,
<< Et d'une façon fort humaine
<< But à la mienne Sonica.

« J'étais en ce moment aussi fier qu'un Incas
<< Ou qu'un jeune Intendant qui fait dans la
[contrée

« Qu'à ses soins le roi confia,
<< Sa pompeuse et première entrée.
« Ce roi, sans que j'en dise rien,
<< N'était pas, vous le pensez bien,
« Le puissant Monarque de France. »>

Cher comte, cependant, il ne m'appartient pas

III

A moi, chétif, folâtre agenceur de rimaille,
D'espérer que jamais un miracle si beau,
Si ce n'est en rêvant, me procure, à Versaille,
La liberté que j'eus, l'avantage nouveau

Qu'on me fit au susdit château.

Aussi y a-t-il roi et roi. Celui dont il était question, c'était... monsieur... c'était... le noble Roi d'Yvetot. Vous connaissez ce royaume, situé dans le pays de Caux, en Normandie; royaume qui vaut, dit-on, douze ou quatorze mille livres de rente. Vous n'ignorez pas non plus ce que l'antiquité publie de son érection fabuleuse. Ce diminutif de souverain, dont Henri IV appelait un des prédécesseurs, son petit roi d'Yvetot, était dans une jolie terre qu'il a dans une province du Forest. Ce seigneur est charmant, il a de l'esprit, il'est poli, sans affectation, et s'il n'est qu'un très petit roi, l'on peut bien dire de lui ce qu'un poète a dit du vieux Evandre:

....Potentum

Regum æquabat opes animis.

(Voyage du Forest au Croisic, en Bretagne. A M. le comte de Rivarol, par Desforges-Maillard. Œuvres, Amsterdam, 1759, t. II, p. 96.)

P. c. c. K. P. DU R. III.

Mme du Cayla, princesse de Craon (XII, 645, 698, 727). L'opinion de M. de Pontmartin ne sera peut-être pas inutile parmi celles que l'Intermédiaire a déjà fait connaître sur l'histoire de l'aimable confidente du roi Louis XVIII. Voici les notes curieuses qu'il a données, dans un feuilleton de la Gazette de France, en analysant un écrit de M. E. Daudet, sur le ministère de M. de Martignac, et dans lequel celui-ci semblait être trop sévère pour la célèbre comtesse :

« C'est elle qui réconcilia Louis XVIII avec le pavillon Marsan, et qui, plus tard, fut le Christophe Colomb du comte de Lucchesi-Palli. Ses relations avec le vieux roi pouvaient être traitées de sinécure. L'aimable femme ne fut jamais qu'un semblant de favorite. C'était encore, je l'avoue, beaucoup trop pour la société moderne.

<< Louis XVIII, vieillard infirme, un peu isolé au milieu de la famille royale, qui aurait voulu le voir plus dévot et moins libéral, ressentit pour Mme du Cayla cette amitié d'arrière-saison, à laquelle s'ajoute aisément une nuance plus vive et plus tendre, quand la personne qui l'inspire est magnifiquement et spirituellement belle.

<< Presque pauvre, séparée de son mari, menacée d'un procès ruineux, la charmante comtesse demanda une audience. En entrant dans le cabinet du roi, elle n'était que solliciteuse; en sortant, elle avait de quoi recruter beaucoup de solliciteurs. Il n'en fallut pas davantage pour

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divertir la cour et la ville, faire crier au scandale bon nombre d'envieux et surtout d'envieuses, provoquer une grêle d'épigrammes, de quolibets et de calembours, et suggérer à Béranger une de ses chansons les plus poétiques et les plus méchantes. Même dans le pur faubourg Saint-Germain, les avis furent très partagés. J'entendis, un jour, une respectable douairière se quereller à ce propos avec un mauvais plaisant. Il prétendait que le Père de la Charte aimait à léviger son tabac sur les splendides épaules de Mme du Cayla; ce qui était, disait-il, une façon de la priser. - << Taisez-vous, mauvaise langue! répliqua la douairière; je réponds de sa vertu comme de la mienne ! » — eut un sourire. La bonne dame, septuagénaire et bossue, était d'une laideur fabuleuse. » (Bordeaux.) EGO E. G.

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Ouvrages composés par des auteurs fort avancés en âge (XII, 646, 702; XIII, 17, 50). M. Antoine Péricaud, mort plus qu'octogénaire, travaillait encore, deux jours avant son décès, à la continuation de ses bonnes « Notes sur l'histoire de Lyon", dont il m'apporta lui-même la dernière feuille imprimée, quatre jours avant celte catastrophe. M. Monfalcon, l'auteur d'une « Histoire de Lyon », fort luxueuse, préparait des compléments de cet ouvrage lorsqu'il mourut à 84 ans. Il existe encore à Lyon des octogénaires qui écrivent, dessinent, etc., toujours avec talent. ANASTASE COPHOSE.

- Il me semble qu'on n'a pas à chercher bien loin pour en trouver, et que le célèbre auteur du Manuel du Libraire, Charles Brunet, de même que M. Littré, publiant, à soixante-seize ans, un Supplément très étendu à son magnifique Dictionnaire de la Langue française, sont des exemples extraordinaires d'une activité d'esprit prolongée. Mais ce ne sont pas des nonagénaires, comme on demande, il est vrai. Quant à ceux-là, je n'en trouve pas, au moins dans ces temps modernes et authentiques. Peut-être n'ont-ils pas existé, ou ne sont pas connus. Pourtant, j'en ai trouvé un seul ici, en Hollande, M. le pasteur J. Prins, né en 1781, décédé en 1879, qui a publié en 1871 la 36o édition d'un ouvrage religieux d'éducation. (Haarlem.)

P. V. M.

Le nombre des octogénaires qui ont écrit, en prose ou en vers, est énorme. Ne parlons que des nonagénaires.

On sait que Fontenelle, mort à quatrevingt-dix-neuf ans onze mois, fit de jolis vers jusqu'à la fin de sa vie. Il avait quatre-vingt-dix-huit ans quand il écrivit ce quatrain pour le portrait de M. de Vallière, qui avait une grande réputation dans l'arme de l'Artillerie :

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De rares talents pour la guerre
En lui furent unis au cœur le plus humain.
Jupiter le chargea de lancer le tonnerre,

Minerve conduisit sa main,

C'est aussi vers le même âge, peut-être même plus tard, qu'il composa ses Adieux à son âme, traduction des vers de je ne sais plus quel empereur romain: Animula, vagula, blandula...

Ma petite âme ma mignonne.....

Un autre poète nonagénaire, le marquis de Ximenès, mort en 1817, à quatrevingt-douze ans, composa, quelques jours avant sa mort, des vers sur le soixantedouzième anniversaire de la bataille de Fontenoy.

Boudier de la Jousselinière, qui fut de son temps une réputation de littérateur et d'érudit, bien oublié aujourd'hui (mort le 16 novembre 1723, âgé d'environ quatrevingt-dix ans), composa encore, peu de jours avant sa mort quelques pièces de vers « où l'on trouve, suivant ses biographes, du feu et même de la délicatesse. »

Tous ces burgraves de la littérature le cèdent à Jean-François-Gabriel d'Ornay (né à Rouen, le 23 août 1729, mort à SaintGeorges de Roscherville, le 25 mars 1834), auteur de beaucoup de pièces en prose et en vers, dont quelques-unes furent couronnées par des Académies de province. A quatre-vingt-quinze ans, il composa ses Adieux à la vie, qui ne manquent ni de grâce ni de fraîcheur. En voici le début :

J'ai chanté mes quatre-vingts ans :
J'étais jeune encore à cet âge!
J'avais encor des goûts, des désirs et des sens;
Quelques fleurs se montraient parfois sur mon
[passage.

Je croyais au bonheur; c'était presque en jouir!
Ce beau rêve est passé, pour ne plus revenir.
Quelques instants de plus, et ma tâche est finie.
Dieu ne nous donne point, il nous prête la vie,
Et quand il la réclame, il lui faut obéir...
Cette pièce ne fut pas la dernière.
L.

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·1

Le Cousin Jacques (XII, 742; XIII, 28, 57). Puisque notre Intermédiaire vient d'appeler notre attention sur le Cousin Jacques, à propos de notre «Dictionnaire Néologique, » profitons de l'occasion pour glisser ici la nomenclature de ses Lunes, dont le style, aussi piquant que bizarre, attira sur son auteur (Louis-Abel Beffroy de Reigny) une célébrité qui résista aux plus grands orages de son temps. En voici les titres empruntés au remarquable travail de M. Eug. Hatin (Bibliographie historique et critique de la presse, in-8°, Didot, 1866):

1o Les Lunes du Cousin Jacques, juin 1785-mai 1787. 36 tomes in-12.

2o Le Courrier des planètes ou Correspondance du Cousin Jacques avec le firmament, folie périodique dédiée à la Lune. janv. 1788-déc. 1789, in-12.

I er

3o Le Cousin Jacques ou Courrier de la Lune et des Planètes. 5o année, janv.sept. 1790, nos 113-130 in-12.

4° Les Nouvelles Lunes du Cousin Jacques. 1er janv.-25 juillet 1791. 3o nos

in-12.

Cependant, si nos souvenirs sont fidèles, la verve folâtre de cet écrivain ne s'arrêta pas là, car elle semble avoir lutté coutre les excès révolutionnaires de 93, par l'éclosion de quelques nouveaux caprices de sa plume, qu'il présenta au public sous ce titre : La Constitution de la Lune, Rêve politique et moral (1 vol. in-12. Paris, Froullé, 1793).

Les belles nuits étaient à la mode, et la lune présidait aux massacres populaires, pendant que Saint-Just composait des pastorales, et Robespierre des madrigaux! (Bordeaux.) EGO E. G.

Le procès des Saint-Simoniens (XII, 744; XIII, 29, 57).- Les renseignements bibliographiques fournis sur ce volume, qui était devenu fort rare, sont fort exacts; ils seront complets, si l'on ajoute qu'il a été réimprimé en 1878, et qu'il forme le tome 47° (un des derniers parus) des

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