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de lire les Recherches sur Callot, publiées par M. Meaume en 1860; s'il avait écrit à Nancy, il aurait su que l'exemplaire de M. Noël, dont Brunet a parlé, se trouve dans une autre bibliothèque de la même ville; il aurait appris qu'un second exemplaire est conservé à Lyon, dans la Bibliothèque de l'Académie des Sciences, BellesLettres et Arts; que la description de cet exemplaire, envoyée par M. Dareste de la Chavanne à M. Meaume, a été publiée dans l'ouvrage de ce dernier, t. Ier, p. 101 et suiv. Il aurait su enfin qu'il existe deux exemplaires du livre de Callot à notre Bibliothèque nationale de Paris. Donc, M. Grenser ne sait pas mieux chercher qu'il ne sait écrire. L'existence de l'ouvrage que notre Allemand n'a pas su trouver est incontestable. Il est également certain que le Recueil des blasons est, pour la gravure, un des premiers ouvrages de Jacques Callot (Meaume, no 604). Quant aux dessins des armoiries, on doit, suivant toute vraisemblance, les attribuer à son père.

Du reste, l'ouvrage du héraut d'armes de Lorraine, qu'il soit du père ou du frère de notre célèbre graveur, n'a pas une grande autorité. Plusieurs blasons sont inexacts. Il ne faut pas s'y fier. C'est un autre membre de la famille Callot, Jacques IIIe du nom et neveu du graveur, qui a fait un nobiliaire fort estimé de l'ancienne Chevalerie lorraine. Il était prémontré, abbé de l'Etange et fils de Jean Callot, IIIe du nom, quisuccéda à son père dans la charge, de héraut d'armes. Son manuscrit autographe, en un volume in-fol., se conserve à la Bibliothèque de Nancy.

M. Grenser, qui croit tout savoir, n'a rien su de tout cela. Il a cru faire une grande découverte dans la Bibliotheca Uffenbachia. Nous prenons la liberté de lui dire que sa trouvaille est sans valeur, non pas seulement coique le nombre des armes de son manuscrit n'est pas pareil, mais parce qu'il ne peut être qu'une copie tronquée du recueil des blasons composé par Jean Callot, et gravé par son fils, recueil contenant au moins 206 blasons, tandis qu'il n'y en a que 157 dans le manuscrit allemand dont plusieurs feuillets ont pu être arrachés.

Ce qui nous le fait supposer, c'est que tous les noms commençant par O manquent complètement dans la liste allemande. Il y a cependant sept maisons d'assises dont les noms portent cette initiale Oberstein, Oyselet, Oriocourt, Ornes, Orran, Ourches et Oxey. Qu'aurait pu penser M. d'Ourches, dont le nom est si connu des bibliophiles, et qui est mort avant 1848, s'il avait vu une liste de chevalerie où son nom était omis, ainsi que celui de bien d'autres? Ne se serait-il pas récrié en lisant des noms estropiés à l'allemande : Moitrey pour Mais; Tournoy

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pour Tonnoy; Viniers pour Villiers, etc.? Que dire encore des noms commençant par la lettre M? La liste allemande n'en contient que seize, tandis qu'on en connaît, avec cette initiale, trente-huit parfaitement authentiques.

L'auteur de cette publication continue à se tromper en croyant qu'il existe encore bon nombre des familles de ce vieux duché dont les souverains ne relevaient que de Dieu et de leur épée dans les derniers siècles de son existence. En 1634, il n'existait tout au plus que sept ou huit familles de l'ancienne chevalerie d'origine purement lorraine. Quant au nombre des pairs fieffés, il est plus considérable; mais M. Grenser sait-il ce qu'étaient les pairs fieffés ?

Si nous voulions examiner en détail la liste du manuscrit germanique, il serait facile d'y signaler des noms de familles qui n'ont jamais fait partie de la chevalerie lorraine et dont les membres n'entraient pas aux assises. Quant aux omissions, il y en a d'incroyables. Que penser d'une liste de la chevalerie lorraine, où les du Châtelet sont omis? Cette liste donne bien Chastel ou du Chastel; mais cette famille n'a rien de commun avec celle des du Châtelet, dont les armes étaient celles de la maison de Lorraine.

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Quant aux nombreuses notes de M. Grenser, elles sont empruntées, avec plus ou moins d'exactitude, à des ouvrages héraldiques. Il y en a aussi de son cru, et ce ne sont pas les moins curieuses. Pour en faire apprécier la valeur, il suffira de citer celle qui est placée sous le nom de Neufchasteau, qui était effectivement celui d'une maison d'ancienne chevalerie, depuis longtemps éteinte. Voici cette note: «De cette famille était probablement le comte François de Neufchâteau, né en 1752 à « Listol de Grand; en 1797 ministre de « l'intérieur, puis sénateur à Dijon et en « 1806 à Bruxelles, mort en 1828 ». On n'est pas plus naïf. Les dates ci-dessus témoignent que M. Grenser a consulté une biographie quelconque, allemande peutêtre. Il aurait pu mieux choisir, et il se serait épargné son probablement, s'il avait ouvert les Biographies Michaud ou Didot. Il y aurait vu que le nom de Neufchâteau a été ajouté à celui de François, longtemps après la naissance de ce personnage qui est né à Saffais en Vosges, le 17 octobre 1750. Il était fils d'un instituteur de village. Est-il besoin d'ajouter que, si François, dit de Neufchâteau, a reçu des armoiries comme comte de l'Empire, elles n'ont aucun rapport avec celles de l'ancienne famille de la chevalerie. Si M. Grenser s'était adressé à de bonnes sources, et non à des ouvrages inexacts, il n'aurait pas commis l'erreur que nous relevons. S'il avait, en outre, ouvert un dictionnaire de géographie, il aurait vu qu'il n'y

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a jamais eu de village appelé Listol de Grand.

ne ...

Je termine en signalant une erreur plus grossière encore, s'il est possible, que la précédente. Sous le nom de Vaudoncourt, M. Grenser a placé une note commençant ainsi: «De cette famille lorraine était Guillaume de Vaudoncourt, né en 1772, à VienIci l'annotateur n'énonce aucune probabilité; il affirme sans hésiter. Eh bien ! il se trompe encore. Le général de Vaudoncourt, mort en 1845, n'était pas noble d'origine. Il a été fait baron de l'Empire sous le nom usurpé de Vaudoncourt. Il put, dès lors, le porter légalement, quoique son vrai nom de famille fût Guillaume, auquel lui, ou son père, avait cru pouvoir ajouter le nom d'une petite terre située en Lorraine où il y a plusieurs communes du nom de Vaudoncourt. Et voilà comme on écrit l'histoire..... en Allemagne !

Ces citations suffisent pour faire juger la valeur de l'oeuvre. Nous aurions pu relever bien d'autres erreurs, soit dans la liste publiée d'après le manuscrit, soit dans les notes. Nous affirmons qu'il n'y a pas une page où l'on ne rencontre des inexactitudes. En réalité, l'auteur ne sait rien de vrai sur notre ancienne chevalerie.

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MM. les Allemands ont fait bien du mal à notre pauvre Lorraine. Nous gémissons sur le sort de nos frères de Metz et sur celui de notre pays démembré. Nos vainqueurs doivent se contenter de ce qu'ils nous ont arraché. Quant à notre passe, ne leur appartient à aucun titre. Nous ne leur permettons pas de le défigurer. Aussi, toutes les fois que nous en trouverons l'occasion, nous signalerons leur ignorance, qui n'a souvent d'égal que leur outrecuidance.

UN ACADÉMICIEN DE PONT-A-MOUSSON.

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Le Pataffio (XII, 673,729, 762). — M. Ch. Nisard, qui a retrouvé le nom de l'auteur du Pataffio, a aussi donné l'étymologie du mot "Patafioler, qui n'a, en effet, rien de commun avec l'ouvrage italien. Ce mot, dit-il, se trouve dans différents patois, et est usité même à Paris. En Picardie, selon M. l'abbé Corblet, on l'emploie exclusivement dans cette phrase: « Que le bon Dieu te patafiole! » On le dit, ajoute-t-il, par antiphrase, pour que Dieu vous bénisse ! » et en s'adressant à une personne dont on est mécontent. Je crois que M. Corblet a raison. Cependant, en Bourgogne et ailleurs, ce mot s'emploie dans une foule de circonstances, et cela sans antiphrase. Par exemple, parlant de quelqu'un qui nous impatiente, nous taquine et nous vexe, nous disons qu'il nous patafiole, et s'il arrive à la plupart de dire à quelqu'un : Que le bon Dieu vous patafiole on entend bien que ce n'est pas ! pour que Dieu le bénisse, mais pour qu'il aille au diable. C'est une bonne malédiction, et la charité y est tout à fait étrangère.

Je le répète, toutefois, M. Corblet a raison; seulement il aurait bien fait de nous dire pourquoi. Peut-être le pourraiton dire à sa place; essayons-le du moins.

Afoler, en patois bourguignon; affioler (Glossaire des Noëls Bourguignons, par Lamonnoye) signifiait: rendre fou, faire. enrager, nuire; et aussi : blesser, détruire, perdre. Suivent trois exemples, tirés du Roman de la Rose, vers 4860 et suiv., 13893 et suiv., 5480 et suiv.

Ainsi, en disant seulement aux gens: Vous m'affolez, ce serait leur faire entendre qu'ils nous ennuient, nous importunent, nous font tourner la tête, et en souhaitant que Dieu les affolent, ce serait le prier qu'il les confondît et les damnât.

ce

Que ferons-nous maintenant de la syllabe pat? Nous la laisserons à sa place, ajoutant toutefois qu'elle est le résultat dune métathèse ou plutôt d'un métaplasme, et que cette métathèse ou métaplasme confirme la thèse de l'abbé Corbiet: « Que le bon Dieu te patafiole! » c'est-à-dire ne pas t'afiole. » Voilà le nœud dénoué. Panurge (Rabelais, liv. II, ch. XXI), s'adressant à une « haulte dame de Paris» dont il est amoureux et qu'il poursuit jusque dans les églises, lui fait une question où la métathèse pure, c'est-àdire celle qui consiste dans une transposition plutôt que dans une transformation de lettres, est d'une clarté et d'une impudence révoltantes. Mais si l'exemple est bon à invoquer, il ne l'est pas à citer.

M. Nisard aurait pu donner un autre exemple, moins cru, tiré du même auteur (femme Folle à la Messe, femme Molle à la Fesse). Son explication ne m'en paraît

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pas moins tirée par les cheveux et inacceptable. Ne saurait-on m'en fournir une meilleure ? A. D.

- Le chevalier Artaud de Montör, auteur de l'Histoire de Dante Alighieri, dit: « On attribue à Brunetto le Pataffio, livre obscène, et qui mériterait la mention faite par Dante dans l'Enfer; mais M. del Furia, bibliothécaire de la Laurentienne, n'est pas de ce sentiment et il nomme comme auteur de ces quolibets florentins un del Manetti. P. 49. » Le savant bibliothécaire se trompait, l'auteur reste inLA MAISON FORTE.

connu.

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- M. J. A. (de Marseille) nous semble chercher bien loin l'étymologie du verbe beuber, lorsqu'il l'a sous la main en changeant le b en v. Ces deux lettres, comme certaines autres, se confondent dans les divers idiomes de nos provinces. La belle Grêlée beubait, c'est-à-dire beuvait des lèvres en parlant, minau dait, faisait la moue, la petite bouche, comme les enfants... quand ils tettent!....

« Beuveurs très illustres ! » disait Rabelais en son temps... (Roquevaire, B.-du-Rhône.

M. A.

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Clef de la Vie de Bohême (XII, 707, 765). — Schaunard, dont le vrai nom est, en effet, Schann (ou Schanne), est, croyons-nous, fabricant de jouets à Paris. Il a composé la musique d'une chanson de Max Buchon, la Soupe au fromage, qui se trouve dans le no 82 des Chants et chansons populaires de la France (Henri Plon, édit.) et qui a été publiée plus récemment dans le Journal de Musique. A. C.

Sur un ancien conte: Le Singe et le Barbier (XII, 708). — Dans la 19e Nouvelle de Bonaventure des Perriers, sont racontées deux aventures du savetier Blondeau, dont la première a été l'une des sources de la fable de La Fontaine, le Savetier et le Financier, et la deuxième a beaucoup de rapport avec le conte dont il s'agit. En face de l'échoppe de Blondeau, habitait un quidam, propriétaire d'un singe. L'animal imitait tous les faits et gestes de Blondeau et, dès qu'il s'absentait, allait gâter son cuir à coups de tranchet. Pour s'en débarrasser, le savetier aiguisa un tranchet et se le passa plusieurs fois sur le cou, comme s'il se voulait égosiller, mais sans y toucher. Le singe voulut imiter cette nouvelle action; mais il se coupa la gorge. Il paraît que cette nouvelle est imitée d'un ouvrage d'Enéas Sylvius (Piccolomini), qui futpape sous le nom de Pie II Commentarii in dictis et factis Alphonsi regis. E.-G. P.

Ibrahim, bassa de Bude (XII, 708, 765). L'Intermédiairiste << habitant Paris et ayant des loisirs » dont E.-G. P. réclame l'assistance, en serait pour la perte desdits loisirs s'il voulait comparer le roman signalé par le Catalogue Lagondie, avec le Bacha de Bude, publié à Yverdon en 1765; car celui-ci n'a pu être retrouvé ni à la Bibliothèque Nationale, ni à l'Arsenal. Grimm (Corresp. littér., oct. 1765, VI, 2) rend ainsi compte du livre qui m'a échappé « Le Bacha de Bude est l'histoire, vraie ou fausse, du bacha qui défendit la capitale de Hongrie lorsqu'elle fut reprise pour la dernière fois par les Autrichiens. L'auteur avait gagé contre une femme de ses amies qu'il écrirait en moins d'un mois une histoire intéressante sans amour et qui ne serait ni un roman ni un conte. I a tenu parole tant bien que mal. » E.-G. P. voudrait-il nous dire quel est le conte suisse inspiré par le récit de cet auteur inconnu ? Je lui en serais personnellement reconnaissant.

MAURICE TOURNEUX. Ce roman a pour auteur Madeleine de Scudéry. L. M. F.

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Cette année.

Á la date du 1er sept. 1760, Grimm annonce cet ouvrage et, tout en le critiquant, l'attribue aussi à l'abbé de Voisenon. A. D.

Le Mouchoir bleu (XII, 709, 766). C'est en oct. 1829 qu'Et. Béquet le publia dans la Revue de Paris. Et dire que cet écrivain, au style aussi simple qu'élégant, est mort par suite d'excès de boisson, le A. D. 30 sept. 1838 !

ralité plus que douteusé, ce conte, qui | A Villeneuve, de l'imprimerie de l'Hymen. circula manuscrit pendant plusieurs an nées, fut attribué à Calonne, qui n'a ja mais rien écrit de ce genre. Il a pour au teur l'abbé de Voisenon. Favart, son ami, l'affirme dans sa Correspondance littéraire avec le comte Durazzo, sous les dates des 17 sept. et i oct. 1760. « Tant mieux pour elle, dit-il, est un petit roman de féerie, imprimé furtivement et débité sous le manteau. L'auteur, homme respectable par ses mœurs autant que par son état, fur obligé de faire cette debauche d'esprit dans sa jeunesse par complaisance pour une dame de la première condition (probablement la comtesse de Turpin, ajoute Gay dans la nouvelle édition qu'il en a donnée) qui avait exigé de lui un ouvrage dans le goût de Mizapouf, du Sopha, des Bijoux indiscrets, etc. Il ne s'attendoit pas que cette plaisanterie vit jamais le jour; elle paroît, j'en suis la cause innocente; j'étois possesseur du manuscrit. Un coquin de libraire me la vola il y a six ans. Il a cru qu'après un certain temps on n'y penseroit plus et qu'il pourroit en faire usage sans être soupçonné. Il vient de la faire imprimer à Liège; mais comme il n'y avoit eu aucune copie de cet ouvrage, sa friponnerie est manifeste; j'ai conseillé à l'auteur d'écrire sur-le-champ à M. de Choiseul pour faire arrêter le libraire et supprimer l'édition. Je suis d'autant plus sensible à cette infidélité que l'auteur m'honore de son amitié et d'une confiance intime..... >>

« Il n'a pas tenu aux gens malintentionnés qui se font un plaisir de nuire gratuitement que Tant mieux pour elle n'ait été Tant pis pour l'auteur. Ils ont prétendu y trouver les applications les plus graves; et cette bagatelle auroit été jugée fort sérieusement, si la sagesse du ministre n'eût pas reconnu que les interprétations que l'on y donnoit n'avoient de fondement que dans l'imagination fantastique de ces prétendus zélés, toujours ingénieux à trouver de la malignité dans les choses les plus indifférentes. M. de Choiseul auroit sévi contre les éditeurs sans cette réflexion judicieuse que proscrire un ouvrage, c'est le faire connaître ; que la défense réveille la curiosité et ne sert qu'à multiplier les éditions furtives, dangereuses par les conséquences que l'on tire du mystère. En effet, Tant mieux pour elle, dont on a débité en quinze jours quatre mille exemplaires sous le manteau, à cessé de faire du bruit aussitôt que l'on a eu permission de l'exposer en vente publiquement. Je prends la liberté. de présenter cette petite brochure à V. E. »> Voici le titre de la première édition parue en 1760:

Tant mieux pour elle.
Conte plaisant.

- J'ai moi-même, pendant longtemps, cherché en vain cette Nouvelle, que l'on ne peut lire sans émotion. Aujourd'hui, c'est chose plus facile, grâce à notre col-, labo Ed. Fournier, qui la communiqua au Figaro, où elle a reparu dans le Supplément de ce journal, le dimanche 14 mars 1875. L'envoi était précédé de quelques notes intéressantes, que voici: «Le fait que raconte Etienne Béquet n'a été qu'arrangé par lui. Il est vrai au fond. C'est à Orléans, où se trouvait en effet, alors en garnison un régiment de la garde suisse, qu'il se passa, ainsi que l'indiquent, au reste, les premières lignes de la nouvelle. Aussi, huit jours après la publication dans la Revue de Paris, le Journal du Loiret le reproduisit-il, moins comme roman que comme histoire pour les Orléanais, ce n'était qu'un « fait divers »>, merveilleusement raconté. >>

P. LE B.

Un chevalier de Breteuil (XII, 710). Dans un livre de M. Gustave Desnoiresterres, que nous allons encore citer, se rencontrent les renseignements demandés par « Un collectionneur de portraits. » Les Breteuil étaient trois frères: le ministre de Louis XVI, qui figura si impitoyablement dans le procès du collier; le bailli de Breteuil, ambassadeur de la Religion; et l'abbé de Breteuil, grand vicaire de Soissons, « le seul particulier peut-être, nous dit l'auteur de l'Almanach des Gourmands, qui ait eu à Paris une batterie de cuisine entièrement en argent. » Celui des trois qui doit nous occuper est le bailli, mais alors chevalier de Malte, l'amant en titre de madame de la Reynière, qui régnait en despote dans l'intérieur du financier. Grimod aura avec lui des démêlés incroyables au récit desquels son biographe a consacré quelques pages émouvantes. Le bailli de Breteuil, qui était bien de sa personne, était fort grand et fort maigre, comme l'indique ce vers célèbre que le fils irrévérencieux appliquait à sa mère et à l'amant de sa mère, en les apercevant au bras l'un de l'autre, au fameux et trop fameux souper du 1er février 1783:

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Et ces deux grands débris se consolent entre [eux. (Grimod de la Reynière et son groupe, Didier, 1877, p. 44, 87, 157. Le vers est le quatre-vingt-quinzième du chant IV des Jardins, de l'abbé Delille.)

C. G.

Le poulailler de Pontoise (XII, 739).

est de

La chanson contre Fontenelle
Racine. Elle se trouve dans ses Œuvres,

et n'a que deux couplets :

Adieu, ville peu courtoise,

Où je crus être adoré.
Aspar est désespéré.

Le poulailler de Pontoise
Me doit ramener demain
Voir ma famille bourgeoise,
Me doit ramener demain,
Un bâton blanc à la main.
Mon aventure est étrange.
On m'adoroit à Rouen.
Dans le Mercure galant
J'avois plus d'esprit qu'un ange.
Cependant je pars demain,
Sans argent et sans louange,
Cependant je pars demain,
Un bâton blanc à la main.

D'après une note de l'une de mes éditions (Lefebvre, 1833, in-8), ces couplets ont été attribués à Boileau et à Racine. Je dois dire cependant qu'ils ne se trouvent pas dans une autre édition de Racine donnée par Aignan, ni dans aucune de mes éditions de Boileau. Je n'en trouve aucune trace dans le Boloana, ni dans la Correspondance de Boileau avec Racine. On sait que l'Aspar était une tragédie de Fontenelle, sur laquelle Racine a fait une charmante épigramme. Cela donne de la probabilité à l'attribution qui lui est faite des couplets contre Fontenelle.

Quant à l'expression: un bâton blanc à la main, voici comment l'explique Littré: Sortir d'une place le bâton blanc à la main, se disait d'une garnison qui se rendait en consentant à sortir sans armes et sans bagages. Figurément: sortir d'un emploi, d'une administration avec le bâton blanc ou le bâton blanc à la main, en sortir pauvre. On dit de même: il est venu en cette ville le bâton blanc à la main, il y est venu pauvre. C'est dans le premier sens qu'il faut l'entendre à propos de Fontenelle, dans le Dictionnaire comique de Leroux: « Il a été réduit au bâton blanc », c'est-à-dire, il a été absolument ruiné et contraint de sortir de sa maison le bâton blanc à la main. E.-G. P.

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estoient allez en Normandie avec un baston en leur poing (Alain Chartier, Hist. de Charles VII, p. 72). « Il fut permis aux hommes d'armes de sortir avec un bâton à la main. » (De Barante, Hist. des ducs de Bourgogne, t. IV. P. 404. Cf. Estienne, Apologie pour Hérodote, notre édition, I, 95.) RISTELHUBER.

Potron-Minet (XII, 740). — Littré: Dès le patron-jaquet, ou le patron-minet. Locution adverbiale: De très grand matin. On a dit potron :

Il avançait pays, monté sur un criquet, Se levant tous les jours dès le potron-jaquet. (CARTOUCHE, chant VIII, p. 50.)

On trouve aussi : La dame du poitronjaquet est moins ingrate (Sévigné, 271). Enfin, quelques personnes disent dès le paître au minet ou au jaquet. Il s'est levé dès le poitron-jaquet (Oudin, Curiosités franç.). Etymologie: Bourguignon: paustron-jaiquai, patron-jacquet, grand matin; normand: dès le paître jaquet. On a dit que potron signifiait le petit, et que la locution signifiait: le petit du minet (chat) ou du jacquet (nom de l'écureuil en Normandie). Il est vrai que jacquet signifie écureuil; mais cela n'explique pas le sens de la locution. La vraie leçon est: dès le paître au jacquet, au minet, ou dès le paître jacquet, c'est-à-dire, dès le moment où le chat, l'écureuil va au paître, c'est-à-dire de grand matin. Patron en est une singulière corruption. Je n'apprends rien à M. B., qui a consulté Littré, mais je ne partage pas ses doutes sur les explications qui précèdent, je les crois solides et concluantes. Je les mets sous les yeux des Intermédiairistes, pour qu'ils les approuvent ou les combattent, tout prêt à me rendre si l'on me donne de bonnes raisons. E.-G. P. L'Intermédiaire s'était levé lui-même dès le potron-minet. En voir la preuve I, 419, 499, 564. G. I.

- Dans je ne sais quel roman de Balzac, on trouve : potron la chatte (?) K. B.

Laïcisation.-Sécularisation (XII,739).

Laïque, Laïcus, Aaïxós. Rac.: Aaós, peuple. Cela va tout seul. Pour le mot siècle, employé comme synonyme de monde, la question est moins simple. Le mot latin sæculum comportait des acceptions très diverses, et quelquefois très éloignées du sens étroit attribué au vocable français qui en est dérivé. Lucrèce l'emploie fréquemment pour désigner les diverses tribus du règne animal :

Aurea pavonum ridenti imbuta lepore
Sæcla.
(Ch. II, v. 501.)
Saperent fera sæcla ferarum. (III, v. 754.

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