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parfait, tient pour certain qu'il est l'œuvre de maître François : Imperfect, but certainly genuine (Common-place Book, III, 277). G. B.

Bibliographie lyonnaise (XIII, 7, 62, 88, 119). Comme l'exactitude, même minutieuse, doit être de règle dans notre cher Intermédiaire, je prends la liberté de redresser une légère inexactitude (bien excusable, comme on le verra) qui s'est glissée, dans la réponse de notre collabo H. G., au sujet de la Bibliographie lyonnaise du XVe siècle, d'A. Péricaud. Cette Bibliographie comprend en réalité 4 parties, tirées à 200 exempl., in-8, (Péricaud, détail curieux, n'a jamais rien publié que dans ce format.) — La re partie (L. Perrin, 1851, 112 pag.) est la seule qui ait été imprimée plusieurs fois. La re édit, (1840 1841) renfermait un certain nombre de notes et d'extraits que Péricaud ne repro duisit pas dans cette réimpression, de peur d'annihiler complètement (ainsi qu'il le déclare, Introd., pag. 17) son premier tra, vail, Les 2e et 3e parties ont été imprimées chez Chanoine (1852, 60 pag., et 1853, 32 pag.) A la page 31 du dernier fascicule, on lit, en effet Fin de la 3e et dernière partie; mais Péricaud, qui était convaincu qu' «< en bibliographie, comme en bien d'autres choses, on n'a jamais fini, » et qui, au reste, avait le culte des retouches, publia en 1859, chez le même Chanoine, une 4 partie, de 24-vij p. Ces vij dernières pages contiennent la notice des nombreux ouvrages imprimés et manuscrits de l'auteur. Parmi les manuscrits, je signalerai: «Bibliographie lyonnaise du XVIe siècle, suivie d'un catalogue des imprimeurs et des libraires de Lyon au même siècle. >>

Je dois ajouter qu'un magistrat éminent, bibliophile des plus érudits, prépare, en cé moment, avec le plus grand soin, après les plus persévérantes recherches, une Biblio graphie lyonnaise du XVIe siècle; mais je craindrais d'être indiscret si j'en disais plus long. P. LE B.

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C. L. Beaunier, poète (XIII, 39, 84, 121, 145). Je persiste à croire qu'il n'y a pas eu de poète du nom de Beaunier. L'auteur de la cantate intitulée Thrasybule se nommait Alexandre-Louis Bertrand Robineau dit Beaunoir. Il est né à Paris, le 4 avril 1746, il y est mort d'une maladie de langueur, le 5 août 1823. Sa femme, Louise-Céline Cheval, qui a plusieurs fois collaboré avec lui et aussi travaillé seule, est morte le 19 janvier 1821, à 55 ans. Si M. H. de l'Isle a sous les yeux une cantate de Thrasybule, portant imprimé le nom de Beaunier et non de Beaunoir, il faut croire ou à une faute d'impression, bien peu probable, ou à un pseudonyme; car il serait bien curieux que, la même année, C.-L. Beaunier et A.-L. Beaunoir eussent fait chacun une cantate sur le même sujet, à moins qu'il n'y eût eu un concours (ce que ne dit pas Mahul, dans la notice sur Beaunoir). Ce nom d'emprunt était l'anagramme de Robineau. En 1814, Beaunoir a fait un drame en 3 actes et en prose, intitulé Thrasybule, non représenté, E.-G. P.

Des lits et du coucher aux siècles antérieurs (XIII, 69, 148, 180, 269, 302). Les Evangiles des Quenouilles, qui remontent au XVe siècle (la première édition a été donnée par Colard Mansion, Bruges, vers 1475), et qui, au milieu du récit des croyances populaires de nos aïeux, donnent de précieux renseignements sur leurs moeurs et leurs usages, constatent qu'ils portaient des chemises au lit : « Il n'y a point de faulte, dist l'une « des filleresses, qui veult estre quitte de « la quauquemaire (cauchemar), si s'en<< dorme les bras en croix, et qui si se doute du luiton (lutin), si veste sa che<< mise ce devant derrière. » A. D.

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-Dans un opuscule intitulé: « De re ves«tiariâ, libellus ex Bayfio excerptus; additâ « vulgaris linguæ interpretatione, in « adolescentulorum gratiam atque utilita« tem (Lugduni, 1536)», je relève, entre autres, les passages suivants et les transcris içi (comme contribution à l'étude des deux questions connexes : 1 Des lits... etc. 2 Nos bons aïeux ont-ils couché nus?).

dicit:

I Page 9. De vestimentis intimis. Cap.II. Camisiam quam vulgus appellat chemise, nos recte et latine imam, sive intimam, tunicam dicere possumus. Quidam interulam vocant... Et quia nonnulli ex veteribus (ut nunc quoque à nobilibus et ditioribus quibusdam aulicis fieri solet) non eâdem interulâ utebantur noctu, quam interdiu itaque factum est, ut ab antiquis comicis Tv Euvntys diceretur, quam nos verbum è verbo, si voluimus tunicam dormitoriam, dicemus; vulgus camisiam nocturnam appellat, chemise de nuict. II... Pallia etiam pro linteis quibus in lecto utimur, sumpsit Juvenalis (saty. VI): « Advocat Archigenem, onerosaque pallia jactat ». Horatius vestem nocturnam « Vestem nocturnam maculant, ventremque supinum». Les draps du lict. -III Page 60:... pallia lecti dicebantur, les draps du lict. Ovidius in Amoribus; « Nec in lecto pallia nostra sedent », Viennent ensuite les vers de Juvenal et d'Horace déjà cités. IV Stragula item à sternendo, une couverture, dicitur quidquid insternitur alicui rei... Præterea toris stragula super imponebantur, couvertures de lictz, que ob id toralia dicta sunt. Horatius in Servium: « Et Tyrias dare circum illota toralia vestes... >> etc. serait bon aussi de consulter l'ouvrage original de Baïf, mais on le rencontre difficilement. Enfin le Dict. des Antiquités romaines et grecques, de Rich (Didot, 1861), fournit sur le sujet des indications précieuses, appuyées de figures reproduites d'après l'antique. Voir notamment aux mots: Tunica § 9, Colobium, Indutus, Lectus, Lectulus, Pluteus § 3, Anaclintireum, Pulvinar, Pulvinus, Cervical, Culcita, Torus, Toral, Aulæa, Scamum (figure), etc. ELDEPAL.

-

Il

Il résulte des réponses faites que l'usage de coucher nu n'était pas général dans les temps anciens. Sans doute on voit des tableaux du XVe et du XVIe siècle, dans lesquels les mourants sont nus; mais on en voit d'autres où ils sont vêtus, Du reste, un bibliophile m'a raconté que, voyageant avec un confrère belge, il y a quelques années, il le vit se glisser dans son lit entièrement nu. En résulte-t-il que cette habitude soit générale en Belgique ? Ce serait juger comme l'Anglais de Sterne, qui, débarqué à Boulogne et repartant immédiatement, avait vu une femme

366 rousse. Son carnet de voyage porta que « En France, les femmes sont rousses.» A. P.

Dix ou douze (XIII, 101, 157, 202, 243).

Par la sambleu, collabo docteur, vous n'y allez pas de main morte, et me voilà bel et bien taxé de radicalisme, voire même d'absolutisme radical! Et tout cela, parce que je condamne la routine! Veuton me permettre une espèce, comme on dit au Palais? J'achète un objet qui, d'ordinaire, se vend par douzaines, et dont, tout naturellement, le prix m'est donné sur cette base. Avec le système cher au docteur By, il me faut faire mentalement, à la façon du jeune Inaudé, des calculs fantastiques pour arriver à me rendre compte si le prix qu'on me réclame n'est point forcé. Avec le système décimal, au contraire, point de calculs, point d'efforts. C'est pourquoi, n'eût-il que cet avantage, le système décimal aurait toutes mes préférences.

Et maintenant, cher docteur, nous entendrons la messe ensemble, si vous y tenez tant que cela ! R. M.

P. S. — Puisque j'ai été amené à m'occuper de nouveau de cette question, je rectifierai une erreur qui s'est glissée dans ma note (XIII, 202). J'ai nommé l'Etat, et l'Etat n'a point à intervenir. Il ne reconnaît ni la douzaine, ni la dizaine; il n'admet que l'unité. R. M.

Le dernier Autodafé (XIII, 133). Les décisions du tribunal de l'Inquisition contenaient habituellement toutes les recherches de la cruauté la plus raffinée et la plus vexatoire. Le 21 nov. 1778, Don Pablo Antonio José Olavidès, qui avait occupé des postes importants et fait beaucoup en faveur de l'agriculture et du commerce en Espagne, mais qui était l'ami et le correspondant de Voltaire et avait contribué à l'expulsion des Jésuites en 1767, ayant été accusé d'hérésie et d'apostasie, fut, après deux années de détention préventive dans les prisons du Saint-Office sans aucune communication avec sa famille, déclaré incapable de posséder jamais aucun office, banni à perpétuité à vingt lieues de la Cour, des Maisons royales et de toutes les grandes villes, même du Pérou, sa patrie. Le jugement ajoute qu'il ne pourra plus monter à cheval ni en voiture, et ne pourra s'habiller que d'étoffes grossières et couleur de paille, pour representer le san benito; que pendant huit ans il sera renfermé dans un couvent, sous l'inspection de deux moines qui ne le quitteront jamais; qui lui enseigneront pendant les quatre premières années son catéchisme, et qui auront soin de le faire jeûner tous les vendredis au pain sec et à l'eau et de lui faire dire, tous les jours, son chapelet, avec sept Ave Maria et un Credo. N'est-ce

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pas, à l'égard d'un homme intelligent, le comble de la vexation et de la barbarie ? Diderot a publié une notice sur cette victime du fanatisme.-Olavidès, ayant obtenu d'aller prendre les eaux en Catalogne, parvint à tromper ses gardiens et se réfugia en France, en 1780. Charles III, cédant aux instances de son confesseur, fit réclamer le fugitif, mais éprouva un refus du cabinet de Versailles. Un gentilhomme ordinaire du roi, De la Bastide, en 1779, n'a pas eu honte de publier dans le Courrier de l'Europe une justification des principes qui ont dicté ce jugement inique. Il ne s'est pas contenté de vouloir prouver que c'était un acte de justice, il a voulu persuader même que c'était un chef-d'œuvre de clémence et d'humanité. Je dois ajouter que plusieurs des juges, dont La Bastide a dû regretter que l'opinion n'eût pas été adoptée, avaient voté pour la peine de mort.

Après bien des vicissitudes, Olavidès obtint de rentrer dans sa patrie en 1798. C'est alors que, sans ambition comme sans ressentiment, il se plaisait à répéter, dans l'agréable retraite qu'il avait choisie : «En moi l'Inquisition, pour la première « fois sans doute, a fait un sage et un heuA. D.

<<< reux.»>

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Le Régiment de la Calotte (XIII, 135, 188, 207). L'ouvrage indiqué par R. M. (Les Sociétés badines) est indispensable à consulter. Cette Société burlesque paraît avoir eu pour ancêtre la République de Babin, autre Société joyeuse, fondée en Pologne vers le milieu du XVI⚫ siècle. Un ouvrage cité par Dinaux: Journée calotine publié en 1732, contient un traité (factice) d'alliance entre la République Babinienne et les Etats Calotins:

Désormais tout bon Calotin
Traitera l'aimable Babin,

Et de grand cœur, de cher confrère :
Ainsi l'association

Se fit par acclamation.

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Mélac (XIII, 164, 218, 273). Je m'étais trop pressé de dire (XIII, 218) que ce nom ne se trouvait dans aucun recueil biographique. Ce personnage est l'objet d'un long article dans la Chronologie historique militaire de Pinard (Paris, 1761), t. IV, p. 385. Tous ses états de service y sont détaillés. D'après cette biographie,

la ville de Landau ayant été reprise le « 16 nov. 1703, le Roi en rendit le gou<< vernement à Mélac, qui y rentra le 18 « et y mourut. »

-

Cela est en désaccord avec ce que dit Saint-Simon : « Mélac, retiré avec deux valets en un coin de Paris, ne voulant voir qui que ce fût, depuis sa belle défense de Landau et le bâton de Villars, mourut subitement (1704). Le Roi lui donnait 10,000 écus par an et quelque chose de plus. Il avait près de 80 ans »> (Saint-Simon, Edit. Chéruel, III, 72). Voilà un petit problème qui sera sans doute résolu par la monographie que prépare M. Léo Drouyn. Rien au Dict. de Jal. Quant à la responsabilité de Mélac, en ce qui concerne le ravage du Palatinat, il ne faut peut-être pas l'exagérer. Il me semble que, dans son Hist. de Louvois, C. Rousset impute à ce dernier l'initiative de cette mesure. Les Allemands en ont d'ailleurs tiré de cruelles représailles en 1870 : les ruines de Saint-Cloud, ainsi que celles de Bazeilles, sont encore debout pour l'attester; et, si les horreurs de 1690 n'étaient pas motivées, « nos amis » d'outre-Rhin ne contesteront pas que celles de 1870 ne l'étaient pas davantage : cuique suum!

P. L.

A. Nalis peut voir l'Histoire d'Otlav Jarl, célèbre pirate norvégien, qui vint sur les côtes de France, et eut une nombreuse descendance, dès Guillaume le Conquérant, qui s'établit soit en France, soit en Angleterre, et y eut des descendants haut placés qui occupèrent des emplois militaires et autres. L'auteur est le comte de Gobineau. Là, se trouvent tous les détails désirés sur le général de Mélac et sa famille. L'ouvrage, publié à Paris, date de deux ou trois ans. (Genève.)

L. S. B.

Un livre imprimé aux couleurs nationales (XIII, 168, 221, 275). - Le Liseur indique la une rareté (XIII, 275), car le Roi Louis-Philippe Ier, etc., a été tiré sur papier ordinaire. Même observation pour le « Dictionnaire des Immobiles. » LA MAISON FORTE.

Autre livre imprimé aux trois couleurs « La Science du Bonhomme Richard, par Franklin, Imprimeur américain, suivie de l'Histoire du Sifflet, et du Testament de Fortuné Ricard. Nouvelle

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- « Manuscrit de 1905 ou l'Explication des Salons de Curtius au 20° siècle, par Gabriel Fictor » (Paris, Ambroise Tardieu et Co, 1827, 2 vol. in-12). Chaque biographie comprise dans cet ouvrage est imprimée alternativement sur papier bleu, blanc et rouge (ou plutôt rose, devenu très pâle avec le temps). Dans celle de M. de Peyronnet (le beau Peyronnet !), on trouve la réponse de Zelmire aux Stances de ce ministre Sur l'indifférence, réponse qui eut alors un très grand succès, et se terminait ainsi :

De la milice de Bordeaux

Que l'habit vous prêtait de charmes !
Au pas vous marchiez sans égal,
Fier du pompon national...

Que vous étiez beau sous les armes !

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Dr A. FELS.

Heure des repas (XIII, 197, 250, 307, 330). Je trouve dans une lettre communiquée par M. Amédée de Bast, en 1861, à un journal qui se piquait de garder sans altération le souvenir des usages et des mœurs de nos pères; cette lettre qui rend compte d'une conversation est adressée, par M. Charles-André de Saint-M..., président des enquêtes au parlement de Toulouse (pendant son voyage à Paris), à son frère, M. le comte de M..., capitoul de Toulouse, sous la date du 11 avril 1556 (mardi de Pâques): « .... M. le premier président du Parlement, que j'ai rencontré hier au soir au parquet du procureur général, m'a prié de vous inviter à dîner chez lui aujourd'hui même ; il m'a fait le même honneur et nous nous rendrons ensemble à son logis...... Les audiences du matin de notre grand'chambre commencent à huit heures et finissent à dix; par conséquent, M. le P. P. dîne ordinairement à dix heures et demie précises. Mais pendant les vacances de Noël, de Pâques et de Pentecôte, il se permet une légère infraction à la règle qu'il a établie : il ne se met donc à table qu'à onze heures.

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Mémoires de l'abbé Sieyes (XIII, 198, 309). Un petit P. S. à ma note sur la véritable orthographe du nom de Siéyes: Camille Desmoulins nous donne, lui aussi, la prononciation du nom, et elle est d'accord avec l'orthographe. Voici ce qu'il dit : « L'abbé dont vous n'avez pu déchiffrer le nom est l'auteur du livre trois fois réimprimé : Qu'est-ce que le Tiers? L'abbé Syeyes; on prononce Syess. » (3 juin 1789. Euvres de C. Desmoulins, Ebrard, 1848, t. II, p. 7.) C. VATEL.

Je possède une assez volumineuse correspondance adressée par un chanoine de N.-D. de Chartres à son cousin, chanoine de N.-D. du Puy. J'extrais d'une de ces lettres, datée du 18 mai 1790, les passages suivants, où il est question de Siéyes:

« Le 21 avril, nous nous assemblâmes en Chapitre, après vespres, et le 22, un jeudi, nous continuâmes notre délibération, après la messe, pour délibérer sur plusieurs décrets de l'Assemblée Nationale, relatifs à la religion et aux propriétés ecclésiastiques. Tous, excepté deux chanoines, déclarâmes que nous protestions contre ces décrets, quand même il s'agiroit de verser notre sang pour conserver le dépôt de notre foy, les usages, les maximes de l'Eglise. Les deux chanoines, qui ne se sont point unis au corps du Chapitre, se rendirent à l'Hôtel de Ville, le même jour ou le lendemain, et y protestèrent contre ce que nous avions fait. De là il s'éleva des rumeurs dans l'assemblée de la Ville, et il fut décidé, par MM. de la Municipalité, qu'on enverroit un huissier, au Chapitre de Notre-Dame, pour avoir une copie exacte de notre délibération. Nous nous assemblâmes de nouveau et nous donnâmes, par les mains de nos deux secrétaires, la copie bien contrôlée. On ne fut pas content, et l'on dit qu'elle n'étoit point telle qu'elle avoit été couchée dans les registres. Nous nous laissâmes calomnier, et nous fîmes imprimer à Paris notre réclamation, dont nous avons distribué quantité d'exemplaires dans la ville de Chartres. Les officiers de la milice bourgeoise nous envoyèrent un huissier pour avoir les noms de tous les chanoines qui avoient opiné. Nous refusâmes de luy répondre en disant que nous ne reconnaissions point le tribunal de la milice bourgeoise. Enfin, on éclata ouvertement dans la ville contre nous; on prétendit que nous avions calomnié, dans notre protestation, un de nos confrères nommé Syeyes, député à l'Assemblée Nationale. Il faut

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sçavoir que cet abbé Syeres a fait une brochure, dans laquelle il y a plusieurs propositions hérétiques, et qui ont été condamnées par le concile de Trente, dans Luther et dans Calvin. De plus, dans son écrit, il détruit tous les Ordres religieux, et toutes les cathédrales, diminue le nombre des curés dans le Royaume; mais il donne à eux seuls l'exercice de la religion et l'administration des sacremens avec les évêques; il veut que tous les ecclésiastiques, en général, portent l'habit séculier, et tous le costume des gens du monde; il veut que ceux qui auront vocation pour être ecclésiastiques soient examinés par les municipalités; il veut que les diacres et les sous-diacres se fassent relever de leur vœu par l'Ordinaire; il veut qu'il n'y ait plus de corporation dans l'Eglise, ny Doctrinaires, ny Sulpiciens, ny Lazaristes. C'est luy qui est la cause que les trois Ordres se sont réunis dans la salle de l'Assemblée, en déclarant que, si le Clergé et la Noblesse ne se réunissoient avec le Tiers, ce Tiers auroit tout le pouvoir de la Nation, et fairoit tout ce qu'il jugeroit à propos. C'est luy qui, dans une brochure intitulée le Tiers-Etat, a dit que le Tiers étoit tout, et qu'il avoit dans ses mains le sceptre de la Nation. C'est luy qui a écrit et qui a opiné dans l'Assemblée pour que les prêtres se marient, et dont différentes brochures annoncent le désordre de sa conduite. En conséquence, le Chapitre de Chartres a décidé, le même jour, qu'on écriroit à Monsieur l'Evêque pour qu'il luy ôtât les lettres de Grand-vicaire, et sa confiance. Dans l'acte de notre réclamation il est nommé, ou plutôt désigné, comme membre de l'Eglise de Chartres, qui a en horreur ses principes blasphématoires, et qui s'empresse de les désavouer, dans la crainte qu'un scandale, donné par un de ses membres, ne ternisse la gloire d'une Eglise qui s'est toujours signalée par la pureté de sa foy, et par son attachement inviolable aux lois de la discipline ecclésiastique. »

« Il y a eu un arrêté de l'Assemblée générale des électeurs du département, relativement aux protestations faites par le Chapitre de Chartres, le 21 avril, contre plusieurs décrets de l'Assemblée Nationale, où il est dit que l'Assemblée a unanimement improuvé les maximes scandaleuses, fausses, séditieuses et inconstitutionnelles qui se trouvent consignées dans les protestations dudit Chapitre; que tous les membres du Chapitre de Chartres, à l'exception du vertueux et patriote abbé Syeyes, personnellement attaqué par lesdites protestations, et encore à l'exception de MM. Thierry et Beaudoux, qui ont désavoué lesdites protestations et déclaré n'y avoir aucunement coopéré, seroient regardés et considérés comme déchus des droits de citoyens actifs, et, comme tels,

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incapables d'être élus en la présente assemblée, jusqu'à ce qu'ils soient venus se rétracter et qu'ils ayent prêté le serment civique. »

Il est à remarquer que le signataire de cette lettre, Jean-Bousco Ranchoup, chanoine depuis 1761, ne savait pas exactement comment s'écrivait le nom de son confrère. Cela s'explique, parce que Siéyes, successivement vicaire général, chanoine et chancelier de l'Eglise de Chartres en 1784, ne semble pas avoir fait un long séjour dans cette ville, et n'avoir pas eu de grandes relations avec les autres chanoines. Siéyes a noté lui-même << le soin extrême qu'il eut de ne jamais s'immiscer dans le ministère ecclésiastique. » - « Jamais, ajoute-t-il, il n'a prêché; jamais il n'a confessé; il a fui toutes les fonctions, toutes les occasions qui eussent pu le mettre en évidence cléricale. » Enfin, 1787, il fut nommé par le diocèse de Chartres « à la place administrative permanente» de Conseiller commissaire à la Chambre supérieure du Clergé de France, séante à Paris, et il quitta Chartres pour n'y plus revenir.

en

Je prends, en grande partie, ces derniers renseignements aux pages 11 et 12 de l'Autobiographie, si curieuse, que Sieyes publia sur lui-même, et qu'il eut l'idée originale de dédier à la Calomnie. Ce document est des plus importants, et, comme je le crois assez rare, en voici le titre «Notice sur la vie de Sieyes, Mem«<bre de la première Assemblée Nationale «<et de la Convention. Ecrite à Paris, en « messidor, deuxième année de l'Ere Républicaine (vieux style, juin 1794).

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« En Suisse, et se trouve à Paris, chez « Maradan, Libraire, L'an troisième » (in-8 de 66 pag.).

Une dernière remarque: Dans cette notice, le nom de Siéyes est partout écrit sans aucune accentuation. L'accent aigu signalé par M. Vatel ne constituerait-il · pas simplement un « point secret » du paraphe, comme il n'est pas rare d'en rencontrer du même genre dans d'autres signatures? C'est ce que je ne puis vérifier, n'ayant pas sous les yeux des signatures de ce personnage. Je pose la question sans avoir la prétention de la trancher. P. LE B.

Michel Morin (XIII, 227, 332). J'ai une plaquette in-32, du XVIIIe siècle, de 24 pages, avec bois, représentant M. Morin taillant des fagots, intitulée : « Eloge « funèbre de MICHEL MORIN, bedeau « de l'église et du village de Beauséjour, « en Picardie, décédé le 1er mai 1731, « accompagné de la Mort de son âne et « de son Testament ». Le testament est en vers burlesques, mais l'éloge et la mort de l'âne sont en prose facétieuse. La plaquette

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