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talogue (t. IV, p. 219), semble attribuer ce poème à Parny: «Poème dans le goût de la Guerre des dieux. C'est le même talent, la même impiété et peut-être le même auteur. » Le Concile œcuménique pourrait bien être un épisode de la Christianide, restée inédite jusqu'à ce jour et dont quelques fragments seulement ont été donnés par la Décade philosophique. On sait que Parny a refait sa Guerre des dieux et qu'il l'a augmentée de nouveaux chants. Dans une lettre qu'il écrivait à Labouisse-Rochefort le 30 floréal an XII (voir le Bulletin du Bibliophile, p. 415 à 426), il lui disait: «Rassurez-vous, la Guerre des dieux, en vingt chants, est au fond de mon secrétaire, et je ne pense pas à l'en tirer. » Un peu plus tard, ce poème aurait eu 24 chants et était intitulé: la Christia nide. D'après la la Biographie Didot, le manuscrit de ce poème aurait été payé 30,000 francs par le gouvernement de la Restauration, qui voulait en assurer la destruction. Ce fait est-il exact? Le manuscrit a-t-il été réellement détruit? Parny a-t-il laissé d'autres œuvres inédites? Il est surprenant que, par ce temps de réimpressions de livres plus ou moins démodés, et souvent sans valeur littéraire, il ne se soit trouvé aucun éditeur pour entreprendre une belle édition des œuvres complètes du chantre d'Eléonore.

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On peut consulter, à ce sujet, une assez bonne quoique courte dissertation de M. Barthélemy, dans le t. III de ses Erreurs et mensonges historiques, ainsi que les autorités auxquelles il renvoie, telles que la Biographie Michaud, qui tient pour la clef avalée, mais qui est accompagnée d'une note signée: Gence, laquelle donne pour motif de la mort l'opération du trépan. Puis la notice de M. Bégin, le témoignage de la Harpe; un article du Magasin pittoresque; une note de V. Fournel, etc. De tout quoi il paraît assez positif que Gilbert jouissait d'une aisance trop complète pour légitimer un suicide de misère. D'autre part, la note de l'HôtelDieu recueillie par M. Jal est bien succincte, pour guider l'opinion dans un sens ou dans l'autre.

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En résumé, que croire? Selon nous, il faut admettre ce qui résulte de documents positifs, et, à défaut de ces derniers, comme c'est ici le cas, se rallier à une solution probable. Or, quand on a environ 5,000 liv. de rente, on ne se tue pas sous

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Un livre à titre bizarre (XIII, 424). Le livre que signale M. H. E. est, je crois, de Passerat (un des auteurs de la Satyre Ménippée). Il écrivit quelques éloges badins; celui de Rien se retrouve dans l'édition de ses Miscellana, la Haye, 1705, in-12. Divers écrivains se sont attachés à faire les éloges de Rien, de Personne, de Quelque chose. De l'Aulnaye a indiqué ces jeux d'esprit dans le Rabelaisiana, qui fait justice de quelques-unes des éditions qu'on a publiées des œuvres du célèbre curé de Meudon (Voir notamment celle de Paris, Ledentu, 1835, gr. in-8°).

F. M.

A la page 331 du Catalogue des livres composant la Bibliothèque poétique de M. Viollet-Leduc (Paris, Hachette, 1848), on it:

RIEN. A Henry de Mesmes, pour estraines. Traduit du latin de Jean Passerat en françois. QUELQUE CHOSE, TOUT. Paris, Estienne Prevosteau. S. d. (On a ajouté à cet exemplaire LE MOYEN, poème de la même impression, mais avec une pagination séparée.)

Nihil est un petit poème latin composé par Passerat et qui est compris dans le recueil de cet auteur que je viens de cataloguer. Rien est la traduction de Nihil, que composa Philippe Girard, Vendômois, fort peu connu d'ailleurs, et qu'il fit imprimer en 187 en y joignant par opposition le Quelque chose et le Tout. Ce sont des jeux mots d'un fort mauvais goût, à mon gré, et dont voici un échantillon. Après avoir célébré le talent de Passerat, il ajoute :

565 Mais laissons le vanter de sor Rien les louanges, Qu'il les fasse voler jusqu'aux peuples estranges. Quelque chose vaut mieux....

Un rien ne se peut concevoir,

Toucher, flairer, gouster, ni entendre, ni voir ; Quelque chose se voit, se conçoit, sert, se touche, Se faire par le nez, se gouste par la bouche.

Le Tout et le Moyen sont dans le même goût je ne sais s'ils sont aussi de Philippe Girard, Je n'ai trouvé ce dernier poème du Moyen, cité dans aucune Bibliographie.

Consulter Brunet, il mentionne toutes ces petites pièces, parues isolément, et dont l'édition de Caen n'est qu'une réimpression; mais pièces originales et réimpressions sont rarissimes, et 100 fr. (je dis cent francs), c'est «si peu que rien », ,par le temps qui court! UN LISEUR.

Histoire de Mürger......., par trois buveurs d'eau (XIII, 426). — D'après Quérard (Supercheries littéraires dévoilées, 2e édit., 1869, t. I, au mot Buveurs), les trois auteurs de ce livre sont MM. Lelioux, Noël et Nadar (pseudonyme de M. Tournachon). P. J.

-Pour peu qu'on veuille consulter l'avis placé par l'éditeur en tête de la 2o édition, on verra clairement que cet ouvrage n'est que le récit, sans homogénéité et sans suite, de trois amis de Mürger, jugeant et racontant séparément sa vie littéraire, en se plaçant chacun sous l'égide de ses propres et intimes souvenirs. C'est sous l'influence de ce système que le volume a été divisé en trois chapitres distincts et séparés, dont le premier semble écrit par Adrien Lelioux, le second par Léon Noël, et le troisième par Nadar, malgré l'aveu négatif fait par celui-ci de toute participation au cénacle des Buveurs d'eau. Cette affirmation se trouve confirmée, d'ailleurs, par le regretté Alf. Delvau, ce martyr d'une autre Bohême, qui a voulu payer son tribut de confraternité en écrivant à son tour une histoire de Mürger (1866, in-16, chez Bachelin-Deflorenne), et qui a cru ne pouvoir mieux clore son récit qu'en le dédiant (p. 135) aux Trois Buveurs d'eau, auteurs de l'Histoire de Mürger: Adrien Lelioux, Léon Noël et Nadar, Nous croyons inutile de citer les autres écrivains, qui ont certifié, plus tard, la vérité de cette touchante trilogie.

EGO E.-G.

-On lit, dans la Revue anecdotique des excentricités contemporaines, t. XIV (1862), p. 137: « Il a été écrit que la cendre de Mürger serait longtemps remuée.

« Les trois buveurs d'eau sont MM. Nadar, Léon Noël et Lelioux. Ce n'est pas que ces messieurs fassent leur habitude de boire de l'eau, mais ils étaient membres, en même temps que Henri Mürger, d'une Société dite « Buveurs d'eau », fondée à

566 peu près dans le même but que la Société du Cheval rouge, dont Théophile Gautier a parlé dans ses Souvenirs sur Honoré de Balzac.

« Il s'agit, dans ce livre, de Mürger avant le sevrage, de la sainte enfance de Mürger, et aussi de celle des trois auteurs, MM. Nadar, Noël et Lelioux, qui déposent, à chaque page, de leur sensibilité. Non plus que Rachel, ils ne seront jamais consolés! Il est dur, en quittant la vie, d'y lai ser de pareils amis... >>

La même Revue (t. 15) reproduit le Programme d'une soirée littéraire, donnée le 27 novembre 1840 par M. Nadar. On y lit : « A neuf heures, M. A. Léon Noël, « poète d'Orléans, exécutera les poses du « gladiateur mourant et de l'Apollon Py<< thien. - N. B. Les exercices exigeant

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« que M. A. Léon Noël, poète d'Orleans, << soit entièrement nu, pendant toute leur durée, les fenêtres seront soigneusement << ouvertes et les ventilateurs joueront.. « A dix heures, Cours d'anatomie prati« que sur M. A. Noël, poète d'Orléans. « N. B. Même jeu pour les ventilateurs. >> L'invitation qui précède ce Programme porte:

« La réunion sera brillante en notabi<< lités de toute espèce. Il y aura des femmes propres ! » UN LISEUR.

((

Diderot et M. Ed. Fournier (XIII, 454). La variante n'existe dans aucune édition; elle est due à la mémoire complaisamment infidèle de La Harpe. L'Intermédiaire s'est déjà occupé de la question (IX, 65, 119, 240). ASMODÉE.

La République française en 1808 (XIII, 456, 506). « D'autres soucis, ait le collabo Dr By, avaient empêché de faire graver un revers portant une légende impériale... Du reste, la monnaie d'or (ajoutet-il) était loin d'être, à cette époque, répandue comme aujourd'hui. ))) D'abord, remarquons, s'il vous plaît, qu'il n'y a aucune contradiction entre le titre d'Empereur (Imperator, Chef, celui qui commande) et la forme de gouvernement appelée République. En 1848, le général Cavaignac ne portait-il pas le titre de Chef du Pouvoir exécutif?

La monnaie d'or, dites-vous, était loin d'ètre, à cette époque, répandue comme aujourd'hui. D'accord, puisque Napoléon III et la 3e République en ont fait frapper pour environ SEPT MILLIARDS! Mais il ne faut pas oublier que Napoléon Ier en a frappé, à lui seul, pour plus de cinq cenis millions, c'est-à-dire presque autant que Louis XVIII, Charles X ́et Louis-Philippe Ier réunis.

Quant à prétendre que Napoléon Ier avait d'autres soucis qui l'ont empêché de faire graver un revers portant une légende

567 impériale... Oh! oh! Que notre collabo Dr By me permette de lui dire que je suis d'un avis absolument opposé au sien, parce que je ne crois pas qu'il ait existé un personnage ayant eu soin de sa gloire, sous toutes les formes, comme Napoléon Ier... L'Empereur avait «< d'autres soucis », il est vrai; mais il les rangeait en ordre de bataille, et, quand, à son avis, l'heure avait sonné, l'exécution immédiate suivait. Les autres ne perdaient rien pour attendre témoin le Décret sur la Comédie Française daté de Moscou.

Comme le dit fort bien le collabo Brieux, toutes les pièces à l'effigie de Napoléon Ier, avant 1809, portent : RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. J'ajoute qu'il y a: BONAPARTE, PREMIER CONSUL, sur celles de l'an XI et de l'an XII, et NAPOLÉON EMPEREUR sur celles de l'an XIII, l'an XIV, 1806, 1807 et 1808. La première pièce laurée est de 1807; aucune pièce italienne (NAPOLEONE IMPERATORE E RE) n'est laurée, du moins je n'en ai jamais vu. Toutes ces indications ne concernent que les pièces d'or de 20 fr. et de 40 francs. MAXIME B.

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La charge de Subdélégué au XVIIIe siècle (XIII, 457, 531). L'édit de création d'un Conseiller du roi, assesseur en chacune jurisdiction des Prévosts des Maréchaux, Vice-baillis, et Vice-sénéchaux et Lieutenants de robe courte, est du mois de décembre 1594. Les privilèges de ces officiers étaient assez étendus. Aux termes des édits des mois d'août 1666 et mars 1667, ils étaient exempts des taxes de l'avènement à la Couronne, des riches et aisés, des droits d'aydes, entrées de ville et pancartes, du ban et arrière-ban, de la contribution aux charges, emprunts et dettes des villes, du guet et garde, de toutes impositions ordinaires et extraordinaires, du logement des gens de guerre, de subsistances, de toutes tailles et taillon, de tutelle, curatelle et nomination de tuteurs. Enfin, par une déclaration du roi, du 6 mai 1692, ils furent maintenus << en la faculté de prendre la qualité de Noble et d'Ecuyer, avec le titre de nos Conseillers, tant et si longuement qu'ils seront revêtus de leurs charges seulement. »

Pour de plus amples renseignements, je renvoie à l'ouvrage suivant : « La Maré«< chaussée de France, ou recueil des Or<< donnances, Edits, etc., et autres pièces «< concernant la création, établissement, « fonctions..., prérogatives et privilèges de «<< tous les officiers et archers des maré«< chaussées. A Paris, chez Guil. Saugrain. « 1697, in-4. » P. LE B

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Symbolisme du bonnet phrygien (XIII, 485). Il parut, en l'an IV, une mince brochure in-8°, avec figures, intitulée : Origine et forme du Bonnet de la Liberté, par Gebelin.- Les Episodes et Curiosités révolutionnaires, par Louis Combes, contiennent un chapitre sur l'Archéologie du Bonnet rouge. ASMODÉE.

Il est facile de voir, l'histoire à la main, que le bonnet phrygien (pilos des Grecs, ou pileum des Latins) fut considéré partout, dans l'antiquité, comme un véritable symbole de liberté. Après avoir été en honneur chez les peuples pélasgiques, l'invasion des Hellènes l'importa chez les Grecs, et les Romains l'adoptèrent à leur tour comme un signe public de l'affranchissement de leurs esclaves; on en trouve des traces nombreuses dans leur numismatique et leur statuaire, sans parler des exemples qui figurent encore sur les ruines de leurs monuments. A mesure que le temps a marché, la signification historique du bonnet phrygien a traversé sans altération les siècles agités du moyen âge et de la Renaissance, où l'on vit successivement les corporations et la jeunesse des écoles s'y rattacher avec autant d'indépendance que d'amour.

Il ne faut donc pas nous étonner si cet emblème, issu d'une antiquité reculée, en s'infiltrant plus tard dans nos mœurs populaires, a remplacé sur la tête fragile du malheureux Louis XVI les insignes royaux que lui avaient légués ses aïeux. L'enthousiasme fut si grand, que le bonnet figura dans toutes les fêtes, et qu'il fit même son entrée dans l'Assemblée constituante, en dépit de l'opposition de Robespierre et de Saint-Just, à qui cette mutation radicale déplaisait. «< CE FURENT DONC LES GIRON

DINS,

GRANDS PARTISANS DU COSTUME, ET NON LES MONTAGNARDS, QUI DONNÈRENT NAISSANCE AU BONNET ROUGE, DEYENU, DEPUIS, UN SIGNE DE TERREUR ET DE DÉ

MAGOGIE POUR LES IGNORANTS. » (Champfleury, Histoire des faïences patriotiques, 2e édit. in 18. Dentu, 1867.) Emportées par l'élan général, les femmes surmontèrent leurs coiffures d'un petit bonnet révolutionnaire, et il n'est pas jusqu'à ceux que leur fortune ou leurs titres de noblesse devaient le plus éloigner de cet entraînement, qui ne cherchèrent de leur côté, dans ce symbole, le certificat menteur de leur civisme. Nous savons, hélas ! comment la Révolution apprécia cette conversion trop subite, par le sang qui coula sur les échafauds! On rapporte que, lors de la rentrée des cendres de Voltaire à Paris, les hommes qui portaient son cercueil étalaient déjà sur leur tête cette coiffure, qui devait être bientôt républicaine. Le 15 juillet 1792, Kellermann, qui fut plus tard duc de Valmy et maréchal de l'Empire, essaya de faire du

569 bonnet phrygien le symbole exclusif de la liberté française, en publiant un ordre du jour par lequel il ordonnait que cet insigne serait constamment placé au centre de l'armée et confié à la garde du plus ancien sous-officier. Il voulut même que, en récompense des belles actions, LES CORPS OU LES INDIVIDUS QUI LES AURAIENT ACCOMPLIES PORTASSENT LE BONNET COMME SIGNE ÉCLATANT DE LA VERTU GUERRIÈRE ET CIVIQUE. Ajoutons qu'il était difficile d'en mieux rehausser la qualité.

« A partir du 1er août 1792 (écrit encore Champfleury), le sceau de l'Etat porta of ficiellement une figure de la Liberté, armée d'une pique, surmontée du bonnet rouge, et pour légende: AU NOM DE LA NATION! Ceci n'empêcha pas qu'avant cette époque, c'est-à-dire en 1789, l'emblème national figurait sur les médailles que faisait frapper la « Mairie de Paris », et dont le vaisseau, entouré de lis, montrait ses mâts coiffés du bonnet phrygien. Nous remarquons, à propos du sceau de 92, que la pique elle-même, préférée au faisceau consulaire des Romains, fit partie du blason de la République et fut inséparable du bonnet, qu'elle étalait aux yeux de tous; il est vrai que l'arbre de la Liberté vint bientôt lui prêter son appui ou sa force; mais cette image, plus rustique que la pique, résista moins aux soubresauts de la popularité.

C'est ainsi que ce symbole, sorti de l'oubli en 89, au moment où naissait le drapeau national, n'a pas cessé d'être honoré ou toléré jusqu'au coup d'Etat de Brumaire, où Bonaparte voulut qu'on la fît disparaître, en même temps que les piques, les faisceaux et la Table des Droits de l'homme. Cependant cet ordre du maître n'empêcha pas de retrouver encore le bonnet légendaire sur les médailles du Conseil des Anciens. Nous l'avons vu reparaître en 1848 et figurer de nouveau sur les drapeaux de la garde nationale; on l'acclama, on le bénit alors avec autant d'enthousiasme que les arbres de la Liberté, et si l'accueil qu'on lui fit sous la 3e République sembla moins sympathique, ce fut, sans doute, la faute des fanatiques incorrigibles, qui mêlèrent son retour au souvenir des massacres de 93, afin de mieux préparer les excès criminels de l'insurrection communaliste de 1871. EGO E.-G.

« C'est à l'Opéra que Vestris fait applaudir, dans le ballet du Jugement de Paris, le fameux Corno, le Bonnet phrygien, l'ancêtre du Bonnet rouge, p.321, etc.: « Histoire de la Société française pendant la Révolution, » par Ed. et J. de Goncourt (Paris, E. Dentu, 1854, in-8). P. 430: Le bonnet rouge est la coiffure de toutes les têtes, la coiffure du logis, de la rue, du prétoire. La messe s'est dite en bonnet

570 rouge. En bonnet rouge, l'amour se fait. En bonnet rouge, l'armée se bat. Tout à l'heure, du bonnet rouge, le peintre Mouchet coiffait le roi Louis XVI. Le peintre d'histoire, Gibelin, fait un volume in-8 sur l'origine et la forme de ce bonnet de la liberté. Un bonnetier de la rue Saint-Denis en vend cent dix-sept douzaines, une après-midi, lors de cette apothéose des soldats de Châteauvieux, les inaugurateurs du bonnet rouge. Et cette coiffure de ce Jeannot, qui attirait la foule sur les tréteaux des boulevards, elle est le casque de la Révolution. Elle est gravée sur les gros sous; elle est le ralliement, le mot d'ordre, le mot de passe, une sauvegarde, un talisman; elle est la couronne des fêtes civiques. La Harpe, qui s'était décoiffé aux Jacobins et avait dit : « On prétend que le bonnet rouge raffermit les têtes républicaines; je déclare qu'il fait fondre la mienne », entendait murmurer et voyait affiché le lendemain : « A vendre, un bonnet rouge, doublé de taffetas de soie. S'adresser au portier de M. Panckoucke et demander le petit Lucain. » Et vite La Harpe remettait le bonnet libre. Un certain Jean-Claude Fougères, trouvant que le bonnet rouge l'enlaidissait, voulut le marier aux élégances : il proposa de faire du bonnet la calotte cardinalesque d'un chapeau à plumes de couleurs; muscadine motion qui fit Jean-Claude Fougères suspecté d'aristocratie. Et c'est une grande joie parmi tous les porteurs du populaire bonnet, quand ils lisent dans Carra : « Une jeune femme de Nîmes vient de donner à la patrie un enfant portant, en marque sur le front, l'emblème de notre liberté... Le bonnet civique se développe à mesure que l'enfant se fortifie, et aucune partie ne reste imparfaite. » Le bœuf ayant une cocarde sur la corne avait été vu par tout Paris. La légende de l'enfant au bonnet de liberté fit le tour de tous les Clubs de France. >>

«Que penser de cette empreinte congéniale?» comme le disait l'un des correspondants de l'Intermédiaire (III, 160: « Une singulière envie »)? Marie-AnneJoseph Mercier, de Landrecies, venait au monde le 1er ventôse an II (19 fév. 1794), portant, sous le sein gauche, le Bonnet de la Liberté, en couleur et en relief.

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L'ouvrage d'Esprit-Antoine Gibelin est intitulé «De l'origine et de la forme du Bonnet de la liberté. Paris, an II (1794), in-8, avec 5 planches » Quérard dit : Ouvrage où l'auteur a démontré que le bonnet de la liberté, dans la forme qu'on lui donnait pendant les désordres de notre Révolution, n'était point chez les anciens un emblème de la liberté, mais plutôt un signe d'esclavage.

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LA MAISON FORTE.

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Qualification de « Comte du Consistoire » (XIII, 486, 540). Il existe un petit livre fort commode pour l'interprétation des termes employés par les latinistes modernes pour désigner les personnes et les choses inconnues aux anciens. C'est l'Indiculus universalis, du P. François Pomey, dont il n'était pas rare de rencontrer journalièrement, il y a vingt-cinq ans, des exemplaires de l'une des diverses éditions, dans la Boîte à quatre sous des étalagistes en plein vent. Dans l'une des dernières de ces éditions, celle revue par l'abbé Dinouard, je trouve: Conseiller d'Etat, Sacri Consistorii Comes, Comes Consistorianus. P. LE B.

- Comte consistorial, nom d'une dignité dans l'Empire romain. Comes consistorii ou consistorialis, les conseillers d'Etat de l'Empire. On a appliqué cette expression aux Conseillers d'Etat français, au XVIe et au XVIIe siècle, en écrivant en latin. Du reste, encore aujourd'hui, le mol Consistoire n'appartient pas exclusivement aux protestants. Le Pape a son Consistoire, et les Juifs ont à Paris un Consistoire central, sept consistoires en France et trois en Algérie. UN LISEUR.

De quelle maladie François Ier est-il mort? (XIII, 487, 542.) — Mais, au contraire, voici comment s'exprime le Dr Corlieu : « François Ier est mort, le 31 mars « 1547, à l'âge de 63 ans, consumé à la « fois par les embarras politiques, par les << jouissances d'une vie de débauches, par << une maladie des voies urinaires, une fis<< tule au périnée, tristes restes de la sy«philis. » Cet extrait est emprunté à un Mémoire dudit Docteur, publié en 1872, sous ce titre : « La médecine de l'histoire. Etude médicale sur la dynastie des Valois, in-8°. » UN LISEUR.

Un adjectif artiste (XIII, 512, 543).—

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pu

Le seul mot grec dont on eût tirer l'adjectif spinthrien est ontvong (étincelle); mais il ne semble pas que cette expression ait jamais été prise dans un sens «< libidineux ». Il y a bien un substantif latin de forme absolument identique: spinther; on ne le trouve que dans Plaute (Menechm. III, 3), et nous en ignorerions la signification si le grammairien Festus (De verbor. signif.) n'avait pris le soin de nous apprendre qu'il désignait une sorte de bracelet ajusté, que les matrones de l'ancienne Rome portaient entre le coude et l'épaule. Est-ce ce mot qui, à raison de l'étroitesse relative et de la forme annulaire de l'objet dénommé, a donné naissance au vocable latin spinthria ou spintria (pædico), dont le pretendu adjectif français aurait été dérivé? Forcellini ne le pense prs; et moyennant une légère altération dont les exemples ne sont pas rares, il rattache le substantif latin spintria au mot grec optyxths: « annulus, podex, quâ parte tres exoleti, sibi invicem « juncti, libidinari solebant ». C'est évidemment à une manoeuvre de ce genre que Suétone fait allusion dans le passage suivant de la vie de Tibère : « Secessu « vero Caprensi, etiam sellaria excogitavit, sedem arcanarum libidinum, in quam « undique conquisiti puellarum et exole<< torum greges, monstrosique concubitus « repertores, quos spintrias appellabat, << triplici serie connexi, invicem incesta<< rent se coram ipso, ut adspectu deficien<< tes libidines excitaret >> (ch. 43). La Harpe, le seul traducteur de Suétone que j'aie sous la main, ne paraît pas avoir compris le sens monstrueusement obscène des mots triplici serie connexi. L'explication de la scène est clairement donnée par Ausone (Epigr. CXIX):

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De tribus incestis.

Tres uno in lecto: Stuprum duo perpetiuntur, Et duo committunt. Quatuor esse reor. - Falleris: extremis da singula crimina; et (illum

Bis numeres medium, qui facit et patitur.

Corpet a traduit très exactement cette épigramme effrontée, sans se soucier des scrupules dont Boileau fait généreusement honneur << au lecteur français ». Mais, à ce propos, est-il bien vrai que le lecteur français veuille être respecté? Je me figure que la remarque du bon Boileau fait bien rire les coryphées de « l'ECOLE NATURALISTE!... » JOC'H D'INDRET.

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