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Strab. l. 14, pag. 655.

Il fit paraître une grande modération et une grande tranquillité d'ame dans une conjoncture capable d'émouvoir l'homme le plus doux et le plus patient. Il faisait une dissertation sur la colère1. Un jeune homme, pétulant et effronté à l'excès, lui cracha au visage, apparemment pour voir s'il mettrait en pratique les leçons qu'il donnait aux autres. Le philosophe, sans paraître ému, et sans hausser le ton, dit froidement : Je ne me fache point; mais néanmoins je doute si je devrais me facher. Ce doute convenait-il à un stoïcien?

ANTIPATER.

Antipater était de Sidon. Il est souvent parlé de lui dans le quatrième livre des Questions académiques comme de l'un des stoïciens les plus habiles et les plus estimés. Il avait été disciple de Diogène le Babylonien, et Posidonius fut le sien.

PANÉTIUS.

Panétius a été sans contredit un des plus célèbres philosophes de la secte stoïcienne. Il était Rhodien, et ses ancêtres avaient commandé les armées de la république. On peut placer sa naissance vers le milieu de AN. M. 3814. la 148 olympiade.

Il répondit parfaitement aux soins particuliers qu'on avait pris de son éducation, et se livra tout entier à l'étude de la philosophie. L'inclination, peut-être les préjugés, le déterminèrent en faveur de la secte des stoïciens, alors très-accréditée. Antipater de Tarse fut

I

<< Ei de ira quum maximè disserenti adolescens protervus inspuit. Tulit hoc ille leniter ac sapienter.

Non quidem, inquit, irascor: sed dubito tamen an irasci oporteat. › (SEN. de Ira, lib. 3, cap. 38.)

1. 1, n. 6.

son maître. Il l'écouta en homme qui connaissait les De Divin. droits de la raison: et, malgré la déférence aveugle avec laquelle les stoïciens recevaient les décisions des fondateurs du Portique, Panétius abandonna sans scrupule celles qui ne lui parurent pas suffisamment établies.

Pour satisfaire son désir d'apprendre, qui était sa passion dominante, il quitta Rhodes, peu touché des avantages auxquels semblait le destiner la grandeur de sa naissance. Les personnes les plus distinguées en tout genre de littérature se rassemblaient ordinairement à Athènes, et les stoïciens y avaient une école fameuse. Panétius la fréquenta avec assiduité, et en soutint dans la suite la réputation avec éclat. Les Athéniens, résolus Procl. in de se l'attacher, lui offrirent le droit de bourgeoisie: il les en remercia. « Un homme modeste, leur dit-il, au << rapport de Proclus, doit se contenter d'une seule « patrie. » En quoi il imitait Zénon, qui, dans la crainte Stoic. rep. de blesser ses citoyens, ne voulut point accepter la même grace.

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Le nom de Panétius ne tarda guère à passer les mers. Les sciences, depuis quelque temps, avaient fait à Rome des progrès considérables. Les grands les cultivaient à l'envi, et ceux que leur naissance ou leur capacité avaient mis à la tête des affaires se faisaient un honneur de les protéger efficacement. Voilà les circonstances dans lesquelles Panétius vint à Rome. Il y était ardemment souhaité. La jeune noblesse courut à ses leçons, et il compta parmi ses disciples les Lélius et les Scipions. Une amitié tendre les unit depuis ; et Panétius, comme le témoignent plusieurs écrivains, accompagna Scipion dans ses diverses expéditions. En

Hesiod.

pag. 151.

Plut. de

pag. 1034.

revanche, cet illustre Romain lui donna, dans une occasion éclatante, des marques de la confiance la plus flatteuse. Panétius fut le seul sur lequel il jeta les yeux, lorsque le sénat le nomma son ambassadeur auprès des peuples et des rois de l'Orient alliés de la république 1. Plut. in Mo- Les liaisons de Panétius avec Scipion ne furent pas inutiles aux Rhodiens, qui employèrent souvent avec succès le crédit de leur compatriote.

ral. p. 814.

On ne sait point précisément l'année de sa mort. Cicéron nous apprend que Panétius a vécu trente ans après avoir publié le traité des devoirs de l'homme, que Cicéron a fondu dans le sien mais on ne sait : pas en quel temps ce traité a paru. On peut juger qu'il le publia à la fleur de son âge. Le cas et l'usage que Cicéron en a fait en traitant la même matière sont de bons garants de l'excellence de cet ouvrage, dont la perte doit être regrettée. Il en avait composé beaucoup d'autres, dont on peut voir le dénombrement dans le méTome X des moire de M. l'abbé Sevin sur la vie et sur les ouvrages Mémoires de de Panétius, que je n'ai fait qu'extraire dans ce que j'en Belles-Lettr. ai rapporté ici.

l'Acad. des

Il faut avouer, à la louange des stoïciens, que, moins occupés que les autres philosophes de spéculations frivoles et souvent dangereuses, ils consacraient leurs veilles à l'éclaircissement de ces grands principes de la morale, qui sont le plus ferme appui de la société : mais la sécheresse et la dureté qui régnaient dans leurs écrits aussi bien que dans leurs mœurs rebutaient la plupart des lecteurs, et diminuaient beaucoup l'utilité

IP. Africani historiæ loquuntur, in legatione illa nobili quam obiit, Panætium unum omninò comitem

fuisse.» (Cic. Acad. Quæst. lib. 4, n. 5.)

qu'on en aurait pu tirer 1. L'exemple des fondateurs du Portique, Cléanthe et Chrysippe, ne séduisit point Panétius. Attentif aux intérêts du public, et persuadé que l'utile ne passe d'ordinaire qu'à la faveur de l'agréable, à la solidité du raisonnement il joignit la beauté et l'élégance du style, et répandit dans ses ouvrages les graces et les ornements dont ils étaient susceptibles.

POSIDONIUS.

Posidonius était d'Apamée en Syrie; mais il passa la plus grande partie de sa vie à Rhodes, où il enseigna la philosophie avec grande réputation, et fut employé au gouvernement avec un pareil succès.

Pompée, au retour de son expédition contre Mithridate, passa par Rhodes pour le voir. Il le trouva malade. Nous verrons dans la suite comment se passa cette visite.

ÉPICTÈTE.

Je ferais injure à la secte des stoïciens si, dans le dénombrement de ceux qui s'y sont attachés, j'omettais Épictète, celui peut-être de tous ces philosophes qui lui a fait le plus d'honneur par la sublimité de ses sentiments et par la régularité de sa conduite.

Épictète était né à Hierapolis, ville de Phrygie, visà-vis de Laodicée. La bassesse de son origine nous a dérobé la connaissance de ses parents. Il fut esclave

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I Stoici horridiores evadunt, asperiores, duriores, et oratione et moribus. Quam illorum tristitiam atque asperitatem fugiens Panatius,

nec acerbitatem sententiarum, nec disserendi spinas probavit : fuitque in altero genere mitior, in altero illustrior.» (De Finib. 1. 4, n. 1.78,79.)

AN. J. C. 94.

d'un Épaphrodite, nommé par

Suidas un des gardes de Néron; et c'est d'où lui fut donné le nom d'Épictète, qui signifie serviteur acheté, esclave. On ne sait ni par quel accident il fut mené à Rome, ni comment il fut vendu ou donné à Épaphrodite : on sait seulement qu'il fut son esclave. Épictète fut apparemment mis en liberté. Il fut toujours attaché à la philosophie des stoïciens, qui était alors la secte la plus parfaite et la plus sévère.

Il vécut à Rome jusqu'à l'édit de Domitien qui en chassa tous les philosophes. Si l'on en croit Quintilien 2, plusieurs d'entre eux cachaient de grands vices sous un si beau nom; et ils s'étaient fait la réputation de philosophes, non par leur vertu et leur science, mais par un visage triste et sévère, et par une singularité d'habit et de manières qui servait de masque à des mœurs très-corrompues. Peut-être Quintilien charget-il un peu ce portrait pour faire plaisir à l'empereur : ce qui est certain, c'est qu'on ne peut en aucune sorte l'appliquer à Épictète.

Au sortir de Rome, il alla s'établir à Nicopolis, ville considérable d'Épire, où il passa plusieurs années, toujours dans une grande pauvreté, mais toujours fort honoré et fort respecté. Il revint ensuite à Rome, sous le règne d'Adrien, de qui il fut fort considéré. On ne marque ni le temps, ni le lieu, ni aucune circonstance de sa mort: il mourut dans une assez grande vieillesse.

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