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DES SAVANS.

MAI 1828.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

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JOURNAL

DES SAVANS.

MAI 1828.

SUR quelques Inscriptions inédites trouvées dans la Cyrénaïque par M. Pacho.

LES

SECOND ARTICLE.

ES quatre inscriptions que nous allons maintenant communiquer à nos lecteurs n'ont aucun intérêt littéraire; mais elles se recommandent à leur attention sous d'autres rapports.

Les deux premières ont été trouvées à Ptolémaïs. C'est moins leur contenu qui les rend intéressantes, que la place qu'elles occupent. En effet, les pierres sur lesquelles elles sont gravées font partie du soubassement d'un temple: l'une d'elles est dans une situation renversée ;

on l'a tronquée, pour donner à la pierre les dimensions dont on avoit besoin. Il est donc évident que ces pierres ont servi comme matériaux dans la construction de l'édifice. Avant de connoître cette particularité, et à la seule vue du dessin représentant les ruines de ce temple, j'avois dit à M. Pacho que cet édifice n'étoit pas antérieur à la domination romaine. Ces inscriptions mettent le fait hors de doute, comme on va le voir.

II. Celle qui est dans une situation renversée est disposée ainsi :

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Il est facile de voir que les deux premières lignes ont été tronquées, par le motif indiqué plus haut: pour pouvoir les rétablir, il est nécessaire de savoir quelle a été leur longueur. Heureusement cette circonstance capitale se déduit de la position des mots н полIΣ, qui forment à eux seuls la troisième ligne, puisqu'on ne peut douter qu'ils n'aient dû occuper à très-peu près le milieu de l'inscription. On en conclut avec certitude qu'il manque seulement huit à dix lettres aux deux lignes tronquées.

Maintenant, si nous cherchons, dans la série des princes Lagides, quelle peut être cette reine Arsinoë, fille de Ptolémée et de Bérénice, nous ne trouverons que la seconde femme de Ptolémée Philadelphe, et sa sœur, fille de Ptolémée Soter et de Bérénice. L'inscription entière

étoit donc:

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« La ville [ de Ptolémaïs honore par ce monument] la reine Arsinoë, » déesse socur, fille de Ptolémée et de Bérénice, dieux sauveurs. >> C'est une dédicace qui fut probablement placée sur la base d'une statue érigée peut-être à l'époque et à l'occasion du mariage d'Arsinoe avec son frère, en 276 avant J. C.

III. L'autre inscription est entière, sauf quelques erreurs de copie faciles à corriger. La voici :

ΒΑΣΙΛΕΑ ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΝ ΤΟΝ ΒΑΣ...Ε.Σ

ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΚΑΙ ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣΚ.. ΕΟ

ΠΑΤΡΑΣ ΑΔΕΛΦΟΝ ΟΕΟΝ ΟΙΛΟΜΗΤΟΡΑ
ΗΠΟΛΙΣ.

Βασιλέα Πτολεμαῖον, τὸν βασιλέως
Πτολεμαίου και βασιλία της Κλεο

πάτρας ἀδελφὸν, θεὸν φιλομήτορα
ἡ πόλις.

« La ville [de Ptolémaïs honore par ce monument] le roi Ptolémée, » frère de Ptolémée et de la reine Cléopâtre, dieu Philométor. >>>

C'est la première fois, à ma connoissance, qu'un roi Lagide est désigné, dans une inscription, par les mots FRÈRE de tel et de telle, au lieu de FILS de tel roi et de telle reine. Mais cette désignation s'explique facilement, ce me semble, et sert à donner la date précise de l'inscription.

Le roi dont Philométor est ici qualifié le frère, est Évergète II, fils, comme lui, de Ptolémée Épiphane. La reine Cléopâtre ne peut être que la Cléopâtre, sœur de tous les deux, d'abord femme de Philométor, et qui, après la mort de ce premier mari en 147, fut épousée en 146 par son autre frère Évergète II, et partagea le trône avec lui. Il est donc certain que l'inscription est postérieure à la mort de Philométor. Mais comme on est également sûr que, l'année suivante, Évergète II répudia cette sœur Cléopâtre, pour épouser la fille de cette princesse et de son frère (1), on a l'année précise de la dédicace, c'est-àdire, l'an 145 avant notre ère. Cette dédicace est un hommage rendu à Philométor par les habitans de Ptolémaïs, peu de temps après la mort de ce prince. Sans doute la ville lui avoit décerné une statue de son vivant; mais sa mort étant survenue avant qu'elle fût terminée, on dut le désigner nécessairement, dans la dédicace, par le titre de roi, et de dieu Philométor, en y ajoutant celui de frère des deux princes qui occupoient alors le trône.

Il est clair que des statues en l'honneur d'Arsinoë Philadelphe et de Ptolémée Philométor n'ont pas été détruites tant qu'a duré la dynastie des Lagides. Ce ne peut être qu'après leur domination que ces statues, ainsi que les dédicaces qui contenoient le nom des princes, ont pu être

(1) Recherches pour servir à l'hist, de l'Égypte, p. 153.

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