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près et avec une exactitude suffisante, dans un récit rapide, la distance respective de deux événemens. On ne doit nullement, comme on l'a fait, en conclure que les Grecs de ces époques reculées n'avoient pas des moyens d'exprimer d'une manière plus précise la succession des temps. Quoi qu'il en soit sur ce point, les savans modernes qui, tels que Larcher, Clavier et quelques autres, ont regardé ces supputations généalogiques comme la seule chronologie des Grecs, sont convenus, à l'imitation de quelques anciens, de les évaluer à raison de trois générations par siècle. C'est une convention assez généralement admise.

Cette méthode suffit quand on veut seulement mettre en rapport deux faits isolés, et indiquer à-peu-près leur distance: mais on conçoit sans peine qu'elle doit être souvent en défaut, quand on s'en sert pour rendre raison d'un grand nombre de faits, lorsqu'on veut indiquer leur place respective et trouver la véritable succession des individus et des événemens. La nature dans la réalité ne procède pas avec une telle régularité, et l'on ne tarde pas à reconnoître que, dans la pratique, il faut faire de nombreuses exceptions à cette règle. Pour arriver au résultat qu'il se proposoit, M. Petit-Radel ne devoit et ne pouvoit pas se servir de cette méthode, dont les inconvéniens sont palpables; il y a suppléé avec avantage en recherchant par des moyens très-divers, très-compliqués, souvent très-ingénieux, quel pouvoit être à-peu-près l'âge des individus à l'époque d'un événement quelconque. L'usage de cette méthode, renouvelé un grand nombre de fois, lui donne les moyens de rendre raison, d'une manière simple et naturelle, des relations nombreuses et très-variées que l'histoire attribue à plusieurs personnages des premiers temps de la Grèce. Il a dressé pour le tout un vaste tableau, résultat de travaux et de combinaisons pénibles, et qui est destiné à faire connoître et à expliquer les relations qui ont existé, selon les historiens de l'antiquité, entre cinq cent cinquante huit personnages, choisis dans les principales dynasties qui régnèrent durant les sept premiers siècles de l'histoire grecque.

Comme ce tableau généalogique et historique est la partie principale, essentielle, du travail de M. Petit-Radel; comme la partie la plus considérable de son livre en est réellement l'explication, et que tout le reste s'y rapporte encore plus ou moins directement, je vais m'attacher à en donner l'idée la plus juste qu'il ne sera possible.

Quoique l'auteur ait pris, comme je l'ai déjà dit, pour base principale de son travail les généalogies des races royales d'Argos, de Lácédémone et de l'Arcadie, il a admis dans son tableau les princes des autres états de la Grèce qui ont eu des relations ou contracté des alliances avec

ces trois dynasties: seulement il ne s'est pas astreint à rapporter dans le même détail les généalogies de leurs familles. L'examen et l'usage du tableau de M. Petit-Radel feront voir cependant qu'il n'a pas craint de pousser jusqu'à ces familles les conséquences de ses combinaisons. Il retrace aussi la filiation des principales dynasties héroïques de l'ancienne Grèce, et il rappelle les noms de la plupart des individus dont l'antiquité nous a transmis le souvenir.

Les généalogies dressées, comparées et disposées par M. PetitRadel, remplissent tout l'espace de temps compris entre les époques les plus reculées des origines grecques et l'époque de la prise ou de la guerre de Troie. Il divise tout cet espace de temps en périodes ou degrés dont la durée est supposée être de dix ans ; il dispose d'après cette hypothèse la date de la naissance de chacun des individus dont il rapporte les noms, et il partage de la même façon la durée de la vie de chacun de ces individus, de manière à pouvoir rattacher ensuite à chacune de ces petites périodes les diverses circonstances de l'histoire de chacun d'eux. On conçoit sans peine combien ont dû coûter et de temps et de soins les combinaisons minutieuses qui ont été nécessaires pour amener les dispositions dont ce tableau généalogique présente le résultat. Le savant académicien a pris pour base de son travail l'époque de la prise de Troie, événement dont il place la date en l'an 1199 avant notre ère. M. Petit-Radel m'a fait l'honneur d'adopter sur ce point un des résultats des recherches encore inédites que j'ai faites depuis long-temps sur l'ancienne chronologie grecque.. C'est à sa prière que j'ai ajouté à son ouvrage une note dans laquelle j'expose d'une manière abrégée les motifs que j'ai pour placer, comme je le fais, en l'an 1199 avant notre ère, la date du plus célèbre événement de l'histoire héroïque de la Grèce.

Il étoit de la plus grande importance pour l'objet que se proposoit M. Petit-Radel de trouver un événement célèbre qui pût donner une base commune à toutes les généalogies dont il vouloit expliquer la succession et les rapports; il étoit tout-à-fait necessaire de rencontrer une période de l'histoire grecque qui pût présenter l'existence simultanée d'un grand nombre d'individus pris dans ces diverses familles. L'histoire de la guerre de Troie présente cet avantage. Les détails fournis par Homère et par les autres auteurs sur les princes qui prirent part à ce grand événement, sont assez nombreux et assez circonstanciés pour qu'on puisse en déduire, avec une vraisemblance suffisante, l'âge que pouvoient avoir à cette époque Agamemnon, Ménélas, Achille, Nestor, Ulysse, Idoménée, et les autres chefs de la Grèce. Ce point établi,

l'auteur remonte jusqu'à l'origine des familles grecques, par une série d'espaces ou degrés de dix ans qu'il pousse jusqu'au nombre soixantetreize, ce qui forme une période de sept cent vingt ans, la date de la prise de Troie, base du tableau, étant prise pour une unité seulement. La date de la naissance d'Inachus est ainsi remontée à l'an 1920 avant notre ère. C'est à ce personnage, l'un des plus anciens de l'histoire héroïque des Grecs, que remontent directement ou indirectement toutes les races royales de cette nation. L'indication numérique de ces degrés ou périodes décennales et des années qui y répondent, est placée aux deux extrémités du tableau; et comme ce tableau a un fort grand développement, l'auteur, pour en faciliter l'usage et pour abréger les recherches, a eu l'utile précaution de répéter en plusi urs endroits la série numérique de ces degrés. Je dois remarquer seulement qu'il n'a pas fait mention de tous ceux de ces degrés qui se rapportent aux époques les plus reculées de l'histoire grecque. Au-delà du 48. degré antérieur à la prise de Troie, il s'est contenté de les indiquer de quatre en quatre ou de deux en deux. Des indications plus détaillées auroient contraint d'augmenter sans utilité l'étendue de ce tableau, puisque les anciens ne nous ont transmis presque aucun renseignement sur ces temps éloignés.

retracent

Deux colonnes placées à l'extrémité gauche du tableau y la succession des rois d'Argos et d'Athènes, dont la chronique d'Eusèbe et les marbres de Paros font connoître la chronologie. Toutes les combinaisons généalogiques du tableau sont subordonnées à ces indcations chronologiques, qui n'ont rien d'hypothétique, puisqu'elles sont fournies par les anciens eux-mêmes. Elles paroissent présenter d'ailleurs un caractère de certitude suffisant. Ces indications, qui n'appartiennent point à l'auteur, sont les véritables régulatrices de son travail, elles en contrôlent les combinaisons et les résultats: il faut de toute nécessité que les divers personnages placés dans le tableau, s'y trouvent à des degrés qui, correspondent aux dates chronologiques que l'histoire leur assigne. Cette condition paroît remplie dans le travail de M. PetitRadel; je n'ai rien remarqué de forcé et d'arbitraire dans la position chronologique des rois argiens et athéniens, telle qu'elle résulte des combinaisons généalogiques; ces combinaisons s'accordent sans difficulté avec les indications des anciens.

Le tableau généalogique donne la succession des princes ou chefs de race qui gouvernèrent Argos, Thèbes, la Thessalie, l'Arcadie, Athènes, Mégares, la Laconie, Trézène, la Béotie, Égine, l'Étolie, l'Élide, l'île de Crète; on y trouve aussi les rois de la race

de Dardanus et de celle des Pélopides. On ne se borne pas à y marquer la filiation de la plupart des personnages héroïques mentionnés dans les monumens de l'antiquité, on y assigne la place et les dates probables des événemens les plus célèbres et auxquels ils prirent part. On y rapporte la fondation des villes, le départ des colonies et l'invention de plusieurs arts. On remarque encore en haut du tableau une série de chiffres romains, répétée également au bas, et qui en partage toute la longueur en cinquante-huit portions. Cette série de chiffres ne se rattache en rien aux combinaisons scientifiques ou systématiques du tableau; elle n'a d'autre destination que d'en rendre l'usage plus commode et d'y abréger les recherches. C'est ainsi que, dans les cartes et les plans chargés de détails, on désigne par une double série de lettres et de chiffres les carrés qui en partagent l'étendue. Au moyen de ces chiffres et des degrés décennaux marqués à droite et à gauche, il est facile de retrouver la position exacte des divers personnages mentionnés dans l'explication méthodique et développée qui accompagne ce tableau. On est alors en état de s'assurer du degré de vraisemblance et de probabilité des renseignemens que les auteurs anciens nous fournissent sur les relations de famille de ces individus avec des personnages qui appartiennent à d'autres races. La cinquante-neuvième et dernière colonne, à la droite du tableau, a un objet fort différent; elle contient diverses dates contradictoires et fausses qui résultent des systèmes émis par quelques savans modernes sur divers points de l'ancienne histoire grecque. Ce tableau pourra être fort utile aux professeurs élémentaires d'histoire, qui y trouveront les moyens de donner de l'intérêt et un aspect nouveau à une partie de leur enseignement, composée ordinairement de listes fort ennuyeuses et sans utilité appa

rente.

Un grand nombre de signes de formes très-variées, dispersés dans le champ du tableau, sont destinés à exprimer d'une manière abrégée, beaucoup de faits ou de circonstances utiles à connoître et à rapprocher, mais dont l'indication développée n'auroit pu trouver place sur ce tableau, déjà fort chargé de détails qui ne se rapportent pas directement aux combinaisons généalogiques qui sont le principal objet de l'auteur. Ces signes sont destinés à rappeler des alliances matrimoniales, c'est-à-dire, des mariages; des batailles gagnées ou perdues, des sacerdoces, des envois de colonies par mer, des alliances, des érections de monumens héroïques en l'honneur de plusieurs des anciens personnages de l'histoire grecque, &c. &c.

Un coup-d'œil jeté rapidement sur le tableau dont je viens de m'ef

forcer de donner une juste idée, fera comprendre sans peine l'étendue et la difficulté de cette entreprise; elle ne fait pas moins d'honneur à la persévérance qu'à la science de son auteur. Ce n'est qu'après des recherches sans nombre, un dépouillement complet des monumens de l'antiquité, beaucoup de tâtonnemens et des combinaisons souvent multipliées et souvent infructueuses, qu'il a pu arriver à une rédaction ou plutôt à une disposition définitive.

Ce n'est pas en ce moment que j'émettrai mon opinion sur les résultats que ce savant académicien pense avoir obtenus. Je n'exposerai point encore les observations que j'ai à faire, soit sur leur ensemble, c'est-à-dire, quant à l'idée que l'on doit avoir, selon moi, de la certitude de l'histoire héroïque, soit sur les détails, c'est-à-dire, sur la probabilité plus ou moins grande de l'existence des divers individus indiqués dans le tableau, ou sur la manière dont leur filiation est établie. Il seroit difficile de juger de l'importance de ces résultats, sans avoir donné l'analyse du texte destiné à faire connoître en détail le système de l'auteur, la marche qu'il a suivie et la masse entière de ses recherches. Le texte est divisé en deux parties fort distinctes: la première, intitulée Discours préliminaire, est en quelque sorte la partie théorique ou spéculative de l'ouvrage, celle qui traite des principes généraux qui doivent diriger dans l'étude et dans l'appréciation des témoignages que l'antiquité nous a transmis sur l'histoire des premiers temps de la Grèce. La seconde partie, ou la partie qu'on pourroit appeler d'application, contient d'abord l'explication sommaire, puis l'explication méthodique et très-développée du tableau général dont j'ai déjà parlé. Je réserve pour un second article ce que j'ai à dire de ces deux parties; je m'arrêterai seulement ici sur quelques circonstances de la préface placée en tête de l'ouvrage et relative aux travaux du même genre entrepris à une autre époque et dans un autre pays. Thomas Gale et Heyne, dans leurs éditions d'Apollodore, en 1675 et en 1783, avoient dressé des tables généalogiques des familles héroïques de la Grèce, en suivant les indications du mythographe grec. Après eux, et sans doute à leur imitation, Clavier composa, en 1809, de nouvelles tables pour l'histoire des premiers temps de la Grèce. Comme eux, il étoit éditeur et traducteur d'Apollodore. Les uns comme les autres, ils se bornèrent à dresser des généalogies isolées; aucun d'eux ne s'avisa de les combiner et de les confronter pour en assurer l'exactitude. Les premiers essais en ce genre tentés par M. Petit- Radel furent communiqués à l'académie des inscriptions dans les séances des 19 avril, 28 juin et 16 août 1822. Ce n'est que long-temps après qu'il connut les travaux entrepris sur

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