Immagini della pagina
PDF
ePub

siamois, et chinois. Ils ont, malgré la lourdeur de leur constitution, beaucoup moins de disposition que les derniers à prendre un embonpoint excessif.

On remarque chez les Cochinchinois une plus grande recherche dans les vêtemens que chez les Siamois. En général leurs maisons sont mieux bâties et plus propres que celles des Thay; les demeures des riches sont ordinairement entourées de pelouses et d'arbres, disposés quelquefois avec beaucoup de goût. Sous le rapport moral, M. Finlayson ne balance pas à donner la préférence aux Cochinchinois sur leurs voisins. Soumis, comme eux, à un système d'administration oppressif, qui ne leur reconnoît aucune propriété, pas même celle de leur corps, ils ont bien moins de vices que les Siamois, en même temps qu'ils trouvent dans leur activité beaucoup plus de ressources. On a lieu d'être étonné qu'un pays où la loi militaire retient constamment sous les armes les deux tiers de la population, puisse se livrer encore à l'agriculture et aux arts utiles. Dans les branches de commerce où l'influence du gouvernement se fait le moins sentir, l'industrie des Cochinchinois a pris un développement qui promettroit à ce peuple, s'il avoit d'autres institutions, de brillantes destinées. A Siam, il est vrai, depuis l'époque de l'ambassade de Louis XIV, les revenus du monarque, le premier ou plutôt le seul négociant du pays, sont plus que triplés. Mais il ne faut pas se méprendre sur la cause de cette augmentation prodigieuse, et en faire honneur au génie siamois: c'est à la Chine qu'est dû cet accroissement remarquable, qui suffiroit seul peut-être pour modifier nos idées un peu exclusives sur l'immobilité absolue qui retient l'orient dans une perpétuelle enfance; ce sont des négocians chinois qui font seuls le commerce de Siam; la prospérité de ce pays date de leur établissement à Bankok, favorisé par un des derniers rois, et surtout par la nonchalance des naturels. A la Cochinchine, au contraire, dans ce pays dont le souverain consent cependant à se reconnoître tributaire de l'empire chinois, ces hommes si actifs sont bien moins nombreux, et le commerce n'y est pas comme à Siam totalement tombé entre leurs mains.

Les détails que M. Finlayson a donnés sur quelques croyances des Cochinchinois, semblent peu s'accorder avec l'assertion émise par lui que ce peuple n'a aucun sentiment religieux. Il seroit difficile, en l'admettant, d'expliquer le culte qu'il rend aux morts. Au reste, c'est un fait très-curieux que ce soit la seule institution religieuse où le guvernement intervienne. Hors de là il n'y a point de culte public, point d'éducation qui prépare le peuple à une croyance imposée par

l'état. Les mandarins se disent disciples de Confucius; mais le soin qu'ils prennent d'éluder toute question relative à un sujet religieux, tout en montrant le peu d'importance qu'ils y attachent, donne le droit de leur contester une connoissance fort approfondie de la doctrine du philosophe chinois. Le reste de la population adresse ses vœux à des génies presque toujours malfaisans, dont le nombre et les attributs varient de province à province. Les Cochinchinois se contentent de leur offrir quelques-unes des productions de la terre; ou lorsqu'ils se trouvent dans quelque circonstance difficile, ils jettent au vent des bandes de papier doré, ou placent, soit sur le seuil de leur porte, soit sur l'arbre le plus voisin de leur maison, une feuille de papier sur laquelle sont tracés des caractères et des figures magiques. Au reste, on peut se former une idée exacte de la religion des Cochinchinois par les extraits d'un ouvrage du P. Adrien de Sainte-Thècle, que M. Abel-Rémusat a fait insérer dans le Journal asiatique (1). On y trouve des renseignemens curieux sur la religion de Confucius celle des Tao-sse, et sur celle de Bouddha.

[ocr errors]

Nous terminerons ici notre analyse du livre de M. Finlayson. Les autres détails sur la Cochinchine contenus dans la dernière partie de ses notes sont plus connus du lecteur, et la description de la grandeur et de la beauté des fortifications qui défendent la ville de Hué, ne lui apprendroit que peu de chose. M. Finlayson fut frappé d'étonnement à la vue d'une ville si européenne à l'extrémité de l'Asie. Les fossés, les remparts, l'arsenal sur-tout, excitèrent son admiration. Mais ces grands ouvrages sont dus presque tous à l'influence française, qui étoit, il y a peu de temps encore, puissante dans ces contrées. Aujourd'hui les intérêts de la France ne sont plus soutenus que par les deux mandarins MM. Chaigneaux et Vannier, derniers restes de ta cofonie dont les services donnèrent au roi de la Cochinchine le moyen d'occuper le premier rang parmi les nations de l'Inde au-delà du Gange. Cependant, quoique les détails donnés par M. Finlayson soient en général peu nouveaux, nous ne doutons pas qu'on ne les lise avec intérêt dans son livre, où ils sont présentés avec cette simplicité et ce bon sens qui distingue l'ensemble de sa relation.

EUGÈNE BURNOUF (fils).

(1) Voyez Journal asiatique, tom. VI, p. 254.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE, ET SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES.

כל

EXTRAIT du discours prononcé par M. de Feletz aux funérailles de M. François de Neufchâteau, le 11 janvier 1828. « Les lettres perdent, par la » mort de M. le comte François de Neufchâteau, un des écrivains les plus » instruits, les plus laborieux, les plus ingénieux et les plus féconds; l'Académie » française, qui perd tout ce que perdent les lettres, a, de plus, à regretter » un de ses membres les plus assidus dans son sein, tant que sa santé le lui » a permis, les plus zélés pour la gloire de la compagnie, et qui, triomphant, » par ce zèle même, des douleurs d'une longue et cruelle maladie, a pris, » jusque dans ces derniers temps, le plus de part aux travaux qui l'occupent le plus habituellement, et y a apporté le plus de soins et de lumières; la » société, enfin, partagera ces regrets, en voyant disparoître un homme dont »l'esprit actif et le cœur bienveillant s'accordèrent constamment à rechercher » les moyens de l'enrichir, de l'embellir, de la rendre plus florissante et plus » heureuse par les progrès de l'industrie, du commerce, de l'agriculture et des arts. Quoique M. François de Neufchâteau ne fût pas le plus vieux de nos » écrivains et de nos gens de lettres, il est peut-être le plus ancien de tous, et » leur doyen dans la carrière littéraire; cette carrière ayant commencé pour » lui avec une sorte d'éclat à l'âge de treize ou quatorze ans son nom fut » proclamé, il y a plus de soixante ans, dans la république des lettres, et il n'a » cessé d'y être répété depuis. La vocation des lettres ne sauroit être plus »précoce: la sienne, dans un âge aussi tendre, s'annonça assez heureusement, » pour que le premier dispensateur de la réputation et de la gloire littéraire » à cette époque, lui adressât des vers flatteurs, trop flatteurs même sans doute; » mais c'étoit déjà une véritable gloire pour un enfant obscur de la Lorraine, » d'avoir fixé les regards d'un homme qui remplissoit l'univers de sa re

» nommée. »>

"

«Messieurs, a dit M. de Silvestre, secrétaire perpétuel de la Société royale » et centrale d'agriculture, huit jours sont à peine écoulés depuis que la Société » d'agriculture portoit, pour la quinzième fois, à sa présidence, le confrère honorable dont nous déplorons aujourd'hui la perte douloureuse: livré, » depuis plusieurs années, à des souffrances intolérables, la force de son » tempérament et celle de son caractère, tant de fois supérieures à des » dangers imminens, justifioient le vain espoir auquel nous aimions à nous » livrer. M. le comte François de Neufchâteau avoit un esprit vaste, une » érudition étendue; aucune partie de la littérature ne lui a été étrangère: » la jurisprudence et l'administration lui doivent d'utiles directions; l'histoire » et la critique littéraire ont trouvé en lui un judicieux investigateur; le » théâtre a vu ses succès, et tous les genres de poésie ont tour à tour exercé »sa plume élégante et facile. Mais l'économie publique, dont l'agriculture » étoit pour lui la base la plus fructueuse, fut toujours l'objet de sa plas

$7

haute prédilection: il s'animoit en parlant des progrès que déjà nous avons obtenus en ce genre; il s'animoit plus encore en parlant de ce qui »nous restoit à obtenir. François de Neufchâteau a vu ses premiers essais >> accueillis par la faveur publique: distingué dès son enfance par Voltaire, »honoré pendant toute sa vie par les hommes de lettres les plus recomman»dables, il sembloit, à la fin de sa carrière, oublier les hommages dont il avoit été l'objet; il sembloit avoir perdu le souvenir des hautes fonctions qu'il avoit exercées: mais son esprit, qui, jusqu'à ses derniers momens, » avoit conservé toute son énergie, se complaisoit à retracer les utiles » améliorations qu'il avoit encouragées pendant son ministère; il étoit heureux »sur-tout d'avoir provoqué, le premier, les expositions publiques des chefs» d'œuvre de notre industrię. »>

La Société asiatique de Paris vient de terminer la première série des cahiers de son journal, série composée de soixante-six numéros, depuis juillet 1822 jusqu'en décembre 1827. Prix, 100 fr., chez MM. Dondey -Dupré. La seconde série vient de s'ouvrir par le cahier publié en janvier 1827, sous le titre de Nouveau Journal asiatique, ou Recueil de mémoires, d'extraits et de notices, &c. Paris, imprimerie royale, librairie de Ponthieu, in-8., 96 pages (au lieu de 62). On voit que ce recueil prendra plus d'étendue dans cette nouvelle série: elle comprendra le rapport annuel de M. Abel-Rémusat sur les travaux de la Société. Prix de l'abonnement, 25 fr.; pour 6 mois, 14 fr. On remarque, dans le n.o 1, la première partie d'un mémoire de M. Étienne Quatremère sur des inscriptions puniques.

L'Académie des belles-lettres, sciences et arts de Bordeaux a publié les discours et mémoires lus dans sa séance publique du 31 mai 1827. Bordeaux, Brossier, 1827, in-8., 168 pages avec 12 planches. M. Capelle a ouvert la séance par un discours sur les progrès de la civilisation. M. Blanc Dutrouilh a rendu compte des travaux de l'Académie depuis le mois de mai 1826. Dans une notice sur M. Mazois, M. Lacour s'est exprimé en ces termes: « On voudroit en vain se le dissimuler, le romantisme fait invasion dans les » beaux-arts comme dans la littérature: il décrédite chez nos peintres d'histoire » les héros d'Homère et les sujets gracieux de la mythologie; il encourage chez » nos paysagistes et nos dessinateurs la recherche et l'imitation des ruines du » moyen âge; il menace l'architecture elle-même... Il habitue nos yeux à voir >> reproduire dans la décoration de nos appartemens, dans la forme des objets de luxe, les figures bizarres, les feuillages anguleux et embarrassés, les »méandres confus, les gouttes en échiquier, des ogives gothiques.... Les » habiles maîtres qui, déjà célèbres avant la découverte de ces beautés ru »niques et anglo-saxones, n'ont pas été séduits par elles, resserrés chaque » jour dans leur nombre, ne peuvent leur opposer que des conseils, auxquels »l'âge ôte la force et laisse peu de charmes. La jeunesse est présomptueuse; elle se croit toujours plus près du beau et du vrai que ses maîtres, &c. » Ces réflexions amènent l'éloge de l'érudition, du talent pur, du goût classique de M. Mazois. Les prix décernés et proposés dans cette séance ont été indiqués page 438 et 439 de notre cahier de juillet dernier.

La Société libre d'émulation de Rouen propose pour sujet de prix, de « présenter, d'après les écrivains originaux, les chartes, les monumens, &c., un tableau précis de l'histoire monumentale, civile, militaire, religieuse,

[merged small][ocr errors]

» littéraire et industrielle de la ville de Rouen, sous les ducs normands, depuis » Rollon jusqu'à la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant » inclusivement. » Les mémoires doivent être adressés francs de port à M. Corpille, à Rouen. Le procès-verbal de la dernière séance publique de cette société a été imprimé, avec les pièces accessoires, à Rouen, chez Baudry, 1.827, 115 pages in-8.*

Nous avons inséré dans notre cahier de novembre 1822, page 664-669, un Extrait du mémoire de M. Jomard sur un étalon métrique orné d'hieroglyphes, découvert dans les ruines de Memphis par M. Drovetti. M. Jomard vient de publier, comme on l'a vu dans notre cahier de décembre 1827, pag. 758,759, une lettre à M. Abel-Rémusat sur une nouvelle mesure de coudée trouvée à Memphis par le même consul général. Elle est trop étendue pour être insérée en entier dans ce Journal; mais nous croyons devoir en extraire quelques

morceaux.

« Jusqu'à présent on n'a encore trouvé qu'à Memphis des règles métriques divisées en doigts, ou mesures de coudée. On ne peut donc pas prononcer avec certitude sur l'espèce ou l'étendue des mesures qui furent usitées à Thèbes, ou même à Memphis, dans les temps qui ont précédé et suivi l'époque à laquelle ces règles appartiennent. Néanmoins, il est important de les étudier avec soin, et de les comparer, même minutieusement, avec le mètre français; c'est ce qu'ont fait les savans de l'académie royale de Turin, pour la première coudée découverte par le chevalier Drovetti, consul général de France en Égypte.... La nouvelle coudée est en bois dur, lourd et de couleur brune, semblable à celui de la première, appelé bois de Mércé; la forme est la même: c'est un long prisme aplati avec un pan coupé; il est seulement un peu plus épais. Les divisions, les signes numériques et tous les autres caractères sont analogues, mais exécutés avec encore plus de fini et de soin. La différence principale consiste en ce que le dessous de la règle est, ainsi que le dessus et la face latérale, couvert de signes d'écriture, tandis que, dans la coudée de Turin, il n'y a que quatre faces travaillées, et que le dessous est uni. Cette pièce est sans contredit une des plus intéressantes, sinon même la plus précieuse entre toutes celles du même genre qui sont actuellement connues, quoiqu'il existe une fente à un bout, et qu'il manque une vingtaine de caractères sur la face latérale, par suite de l'enlèvement d'an éclat du bois. Ainsi, le lecteur qui connoît déjà la première coudée de Memphis, sait d'avance que celle-ci est divisée en 28 cases ou doigts; qu'en procédant de droite à gauche, elle est numérotée des chiffres hiéroglyphiques III ⇒, II, II, III,, au 2;3, 4, 5, 6, et ainsi de suite jusqu'à 16, de manière que ce nombre 16 est sur la 15. case à partir de la droite. Sur la face ou bord droit antérieur, sont des divisions parfaitement indiquées par un enduit blanc, qui a été incrusté dans le bois très-artistement; il en est de même de tous les signes : c'est un travail très-remarquable et qui prouve l'habileté avec laquelle on travailloit et coupoit le bois; car la largeur de chaque trait des divisions est d'environ un demi-millimètre, et l'instrument renferme des lignes d'une finesse beaucoup plus grande. Les inégalités des

« IndietroContinua »