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dix fois sous autant de formes différentes. Les particularités de sa dernière naissance conviennent assez bien avec ce qu'on raconte de celle de Chakia-mouni ou Gôtama. Dans ses diverses transformations, il est toujours poursuivi par un ennemi nommé Kamita, qui, de son côté, éprouve en enfer diverses métamorphoses et finit par instituer la cérémonie des cinq feux, moyen de purification ou de pénitence qui consiste à se tenir entre quatre brasiers ardens, la tête exposée au soleil. Ceux qui voudront prendre la peine de comparer cette longue légende avec celles qui s'appliquent à la vie merveilleuse du principal personnage de la religion bouddhique, telle qu'elle est rapportée dans les livres barmans, tibétains ou chinois, y pourront trouver matière à de curieux rapprochemens. Mais nous ne regretterons pas de passer sous silence des détails insignifians, et qui, pris en eux-mêmes, sont absolument dépourvus d'intérêt.

Parmi les mérites attribués à Parswanatha, durant son existence terrestre, on compte l'entier accomplissement des huit karmas, c'està-dire, de tout ce qui dépend des facultés de l'esprit et des sens, dans leurs différens rapports, comme ayant pour objet l'apathie ou indifférence systématique. Les Digambaras (Gymnosophistes) comptent, sous les huit karmas, cent quarante-huit prakritis ( natures ou modifications). M. Delamaine s'étend un peu sur ce sujet curieux, et nous aimerious à le suivre dans cette exposition, s'il n'avoit, comme plusieurs auteurs dévoués aux mêmes études, et comme on l'a reproché justement à Anquetil, conservé un si grand nombre de termes originaux, que l'intelligence du samscrit est indispensable pour comprendre pleinement le mémoire qu'il a écrit en anglais. Le premier karma renferme le pouvoir de cacher la sagesse, ce qui est le moyen d'être obscur au dehors et d'avoir intérieurement une lumière sans bornes, comme quand on ferme les paupières pour fortifier la faculté de voir. La privation de ce genre de perfection entraîne le séjour sur la terre durant trente kror (10,000,000) de sagaropamas. Les degrés de l'intelligence, en tant qu'elle peut être entravée par le corps, s'évaluent suivant que l'on peut connoître ce qui se passe à cinq kos (1) à la ronde, à cinq cents, ou dans les trois mondes. Les Tirthankaras doivent aussi jouir, à leur naissance, de la faculté de pénétrer les cœurs des autres hommes. Le second karma se rapporte aux effets de la contemplation, du sommeil, de la veille, du somnambulisme. Un certain degré de somnolence conduit au septième enfer. D'après le

(1) Le koss est d'environ 1076 mètres.

troisième karma, celui qui ne fait pas de distinction entre le plaisir et la peine le bonheur et l'adversité, fait voir une sagesse profonde. Celui qui se montre sensible à cette différence aura trente kror de sagaropamas de naissance à parcourir dans le monde. Dans le quatrième karma, on fait entrer les quatre migrations d'une même personne, de l'état de dieu à celui d'homme, de celui d'homme à celui de brute, ou dans l'enfer. Il s'agit ici de la situation de l'esprit devenu comme égaré par une sorte d'ivresse. De là les passions, la joie, la pitié, et d'autres affections morales tout aussi disparates; le sort des hommes qui renaissent femmes, parce qu'ils ont pensé à une femme à l'instant de leur mort, et des femmes qui deviennent hommes par le même

moyen.

Au cinquième karma se rapportent les passages des ames en différentes substances, sans changement dans leur nature, et les naissances qui ont lieu dans l'enfer. Dans la sixième, on classe les êtres d'après leur intelligence, à commencer par les terres, les plantes, les coquilles qui s'anéantissent ou périssent, les animaux de dernière classe, comme les vers, puis les abeilles, les mouches, &c., qui ont peu d'intelligence, jusqu'aux animaux supérieurs et à l'homme, qui possèdent l'entendement. Celui qui vient à bout du septième karma obtient le moukti (ou l'absorption) et façonne l'existence imparfaite, comme le potier travaille les vases d'argile. Telle est la manière dont s'exprime l'auteur, en déclarant qu'il est en outre question, dans cet endroit, de différens objets relatifs à la transmigration, mais qui ont été tout-à-fait inintelligibles pour lui. Le huitième karma traite de l'avarice, de la richesse, de la possession, du plaisir et de la pauvreté,

Telles sont les notions que M. Delatnaine a recueillies dans un livre indien, au sujet des karmas. On a vu, dans l'analyse du dernier mémoire de M. Colebrooke, une exposition toute différente de ce même sujet, puisée à d'autres sources par le savant président de la Société asiatique de Londres. Il est utile de comparer ces versions, et de voir comment divers auteurs ont présenté leurs idées sur ce point important de la doctrine djaïna. Quoiqu'on soit encore bien éloigné de pouvoir dissiper toutes les obscurités que tant de travaux ont laissées dans cette matière, on voit aisément qu'on aura la clef de toutes ces difficultés, quand on sera parvenu à Lien saisir le dogme fondamental du bouddhisme, une substance unique infiniment diversifiée dans l'univers, et dont les altérations ont donné naissance aux êtres soumis à l'imperfection qui constitue les individus et leurs rapports entre eux.

La troisième livraison des Transactions, dont les parties consacrées

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à la philosophie indienne nous ont arrêté si long-temps, contient en outre beaucoup d'autres travaux intéressans et que nous regrettons de ne pouvoir faire connoître en détail. Tels sont de curieux extraits de la gazette de Péking, par M. Davis; des détails statistiques sur la population de l'ancienne capitale des Rohillas, par M. Glyn; la relation d'un voyage dans l'intérieur de Sumatra, communiquée par le chevalier Stamford Raffles; deux mémoires qui se rattachent par leur sujet à celui que nous avons spécialement étudié dans ce dernier extrait, l'un sur des inscriptions des temples de la secte des Djaïnas, dans le Bihar méridional, par M. Colebrooke, l'autre sur un temple de Parswanatha à Samet-Sikhar, par M. Francklin; et un troisième mémoire de M. Buchanan sur la secte même des Srawaks, où l'on trouveroit de quoi compléter la dissertation de M. Delamaine. Un appendice qui termine le volume, conformément à ce qui a lieu dans les Recherches asiatiques de Calcutta, contient des observations thermométriques et barométriques, des tables météorologiques dressées dans l'île du Prince de Galles par le major Coombs, et une liste des dons reçus par la Société. Les planches lithographiées qui accompagnent le volume, se rapportent au traité de calligraphie chinoise et aux extraits de la gazette de Péking par M. Davis, ainsi qu'à divers sujets de paléographie indienne traités par M. Colebrooke et le chevalier Alexandre Johnston.

Nous ne pouvons, en finissant ces extraits, nous dispenser d'exprimer de nouveau le regret de n'avoir pu, dans cinq articles successivement insérés en ce Journal depuis trois ans, parvenir à donner une idée complète des utiles travaux contenus dans le premier volume des Transactions de la Société asiatique de Londres. Heureusement, durant ce temps, on en a tiré, pour d'autres recueils, beaucoup de matériaux intéressans en ce qui concerne la littérature et la géographie. Les morceaux qui se rapportent à la philosophie, ne nous semblent pas avoir obtenu toute l'attention qu'ils méritoient; et c'est une des raisons qui ont dû nous engager à fixer la nôtre de préférence sur des mémoires dignes par leur extrême importance, aussi bien que par le nom de leurs auteurs, de prendre rang parmi les meilleurs dont les antiquités indiennes aient fourni la matière.

J. P. ABEL-RÉMUSAT,

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE ET SOCIÉTÉS ACADÉMIQUES.

LE lundi, 3 novembre, l'Académie royale des sciences a élu M. Puissant à la place restée vacante dans la section de géométrie depuis le décès de M. de Laplace.

L'Académie royale des inscriptions et belles-lettres vient de publier le tome XVIII du Recueil des Ordonnances des rois de France, rédigé par M. le marquis de Pastoret, l'un de ses membres.

Le jeudi, 20 novembre, l'Académie française a tenu une séance publique pour la réception de M. de Barante. On y a entendu le discours du récipiendaire, la réponse de M. Jouy, directeur, des vers sur l'inspiration poétique par M. Lebrun, et la lecture du programme suivant : « S. Exc. le Ministre de l'intérieur ayant décidé qu'une médaille seroit frappée pour perpétuer le souvenir du voyage que le Roi vient de faire dans les départemens de l'Est, a pensé que la poésie devoit être appelée aussi à célébrer ces heureuses journées, où, suivant les expressions mêmes de sa lettre, « le Roi a pu juger par lui-même » de l'amour que ses peuples portent à sa personne, et où les peuples ont pu lire sur les traits de leur Roi et apprendre de sa bouche jusqu'où vont sa bonté et »sa paternelle sollicitude pour eux. » En conséquence, le Ministre a arrêté qu'il seroit accordé un prix de 1500 fr. à l'auteur du meilleur poëme sur le voyage du Roi en 1828, et que ce prix seroit décerné par l'Académie française, dans la séance des quatre Académies, le 24 avril 1829. L'Académie française s'honore d'avoir à transmettre ce noble appel aux poëtes, les laissant libres sur le genre et la forme de leur composition, en un sujet où c'est l'inspiration sur-tout qui fait le poëte. Les ouvrages envoyés au concours ne seront reçus que jusqu'au 1.es avril 1829. Ce terme est de rigueur. Ils devront être adressés francs de port au secrétariat de l'Institut avant le terme prescrit, et porter chacun une épigraphe ou devise qui sera répétée dans un billet joint à la pièce et contenant le nom de l'auteur, qui ne doit pas se faire connoître. Les concurrens sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au concours; mais les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies, s'ils en ont besoin. »

La Société d'horticulture de Paris a tenu, le 9 août, une séance publique, présidée par M. le vicomte de Martignac, ministre de l'intérieur. M. Soulange Bodin, secrétaire général de la société, y a lu un Compte rendu des travaux auxquels elle s'est livrée pendant l'année 1827-1828, imprimé depuis chez M.me Huzard, 32 pag. in-8. Cette société publie un journal mensuel, pour lequel on s'abonne rue Taranne, n.o 12, à raison de 15 fr. pour une année ou 12 cahiers.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Essai sur l'universalité de la langue française, ses causes, ses effets et les

motifs qui pourront contribuer à la rendre durable; lu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres les 15 et 22 septembre 1.826, par M. Allou. 1. partie: causes tant historiques (à partir des troubadours) que philosophiques; 2. partie; effets; notes. A Paris, impr. et libr. de Firmin Didot; au Mans, chez Belon, libraire-éditeur, 1828, in-8.; xxxiij et 435 pages.

Notice sur le voyage littéraire en Orient de M. Schulz, et sur les découvertes qu'il a faites récemment dans les ruines de la ville de Sémiramis en Arménje, par M. Saint-Martin: lue à l'Académie des inscriptions le 11 avril 1828, et à la Société asiatique dans sa séance générale du 29 du même mois, Paris, impr. royale, 30 pages in-8. Cette notice a été insérée dans notre cahier d'août dernier, pag. 451-464.

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Remarques géographiques de M. Jomard sur les parties inférieures du cours du Sénégal et de celui de la Gambie, accompagnées de deux cartes et d'une note sur les positions de Tombouctou et de Ségo. Paris, impr. d'Éverat, 1828, in-8.o, 24 pages extraites du Bulletin de la Société de géographie, n.o 63.

Mémorial portatif de chronologie, d'histoire industrielle, d'économie politique, de biographie, &c. (par M. de l'A...in); nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée. Paris, impr. de Firmin Didot, libr. de Verdière, 1828, in-12, xiv et 778 pages en très-petits caractères. Pr. 12 fr. La première édition de cet ouvrage a été annoncée dans le Journal des savans, janvier 1822, pag. 59. Mais l'auteur a donné beaucoup plus d'étendue à ses recherches. Deux parties qui n'occupoient ensemble que 264 pages dans l'édition de 1822, remplissent tout le premier volume de la seconde. L'une de ces parties est intitulée Histoire politique et littéraire, et se compose d'une table chronologique de tous les événemens mémorables; de détails. relatifs aux annales ecclésiastiques, aux ordres morastiques, aux ordres hono rifiques et de chevalerie; aux famines, incendies et désastres : elle est terminée par des listes chronologiques de rois et de prinees.-L'autre partie, qui commence à la page 204, a pour titre général, Industrie: elle renferme des notices sur l'histoire des sciences et des arts, disposées par ordre alphabétique, depuis aérostat jusqu'à zoologie. Nous remarquerons parmi les plus instructives celles qui con. cernent les horloges, les établissemens d'humanité (pag. 317-419), l'impri merie, les journaux, les laines, le papier (pag. 517-539), les théâtres ( pag. 636-672, &c.). Ces notices se terminent à la page 721, et sont suivies d'articles intitulés églises, palais, obélisques, pyramides, e. canaux de navigation, dates des découvertes géographiques, voyages autour du monde, Le tome II contiendra, 1.° des particularités sur des phénomènes extraordinaires, aérolithes, comètes, &c.; 2.o des séries de faits statistiques; 3.o plusieurs actes politiques publiés depuis le xv. siècle; 4.° une table biographique; 5. une table des matières traitées dans l'ouvrage. Ce recueil peut tenir lieu de beaucoup d'autres, et nous n'en connaissons point, du même genre, qui réunissent un aussi grand nombre de notions utiles.

: Histoire universelle de l'antiquité, par Fred. Chret. Schlosser, conseiller intime et professeur à l'université de Heidelberg; traduit de l'allemand par M. de Golbéry, conseiller à la cour royale de Colmar, correspondant de Plastitut, &c. Strasbourg et Paris, Levrault, 1828, 3 vol. in-8.", xj, 533, 541, et 45 pages. Le tome 1. de cet ouvrage est annoncé dans notre cahier d'avril 1827, pag. 252: il contient quatre sections; I. temps ante-histor

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