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être exposé d'une manière abrégée et en même temps satisfaisante, et que d'ailleurs il n'appartenoit pas, à proprement parler, à la grammaire, il traiteroit une autre fois de l'origine des accens et de leur usage.

J'ai omis de dire que tout ce dont nous avons parlé jusqu'ici n'est considéré par M. Ewald que comme les prolégomènes (Vorbereitender Theil de sa grammaire. Avant ces prolégomènes, il dit quelques mots de la langue hébraïque en général; puis il indique la division de son ouvrage, qui doit se composer de deux parties, la doctrine des ·formes (Formenlehre) ou l'étymologie, et la syntaxe. Mais, avant ces deux parties essentielles de la grammaire, il a jugé nécessaire d'en placer une autre qui leur sert de préparation, et dont l'objet est d'abord de faire connoître l'écriture et tout ce qui en dépend, et ensuite de poser, d'après la nature même et les qualités des lettres isolées ou des sy Habes, les principes qui doivent éclaircir l'origine et la constitution des diverses formes grammaticales. Cette partie préparatoire se divise en trois sections: la première (p. 7-46) traite des lettres et des voyelles; la seconde (p. 47-144), des signes qui s'ajoutent aux lettres, soit pour indiquer la syllabisation (c'est le premier chapitre), soit pour indiquer le ton et les rapports respectifs des mots (c'est le second chapitre); enfin la troisième traite des principes de la formation (des mots), principes qui servent en même temps de base à la doctrine relative au ton ou à l'accent prosodique. Nous allons dire un mot de l'objet de cette troisième section, avant de terminer cet article. Les racines hébraïques, pour le très-grand nombre, renfermant trois consonnes, sont susceptibles par cela même de subir dans leur intérieur, par le seul changement des voyelles, une grande variété de formes, que d'autres langues ne pourroient obtenir que par des crémens ou des additions extérieures. Dans cette association de trois- consonnes dont se forment les racines, on ne fait aucune distinction entre les lettres, en sorte que celles qui ont le moins d'affinité entre elles, relativement à l'articulation, se trouvent en contact immédiat de fà il suit qu'il seroit difficile de prononcer un grand nombre de ces racines monosyllabiquement; on a donc dû, pour conserver l'analogie, rendre toutes les racines dissyllabiques. Dans toute raciné, il n'y a d'essentiel que les trois consonnes; car c'est dans leur association que réside le sens ou l'idée principale attachée au mot: la variété des voyelles ne fait que modifier cette idée. Toutes les voyelles qui servent ainsi à modifier la racine, étoient, originairement brèves: par suite, quelques-unes, à raison de leur position, ont reçu la valeur pro

sodique d'une voyelle longue; il n'y a qu'un seul cas où, dans l'origine même, une modification de la racine s'est opérée par l'insertion d'une voyelle longue; il est évident que l'insertion d'une voyelle fongue est moins naturelle que celle des voyelles brèves, plus propres à la permutation.

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Les formations qui s'opèrent dans l'intérieur même de la racine, sont très-nombreuses; elles sont de trois sortes. Dans la première, il n'y a qu'une seule voyelle propre, placée après la première radicale, les deux autres radicales restant sans voyelles, comme male. Dans la seconde, la voyelle propre est placée après la seconde radicale, et le ton est toujours sur cette voyelle: la première radicale devroit proprement être sans voyelle; mais elle prend toujours, en conséquence d'une règle fondamentale, le kametz, comme and catab, and câtâb, ang cateb, ang câtôb, any câtoub, any carib dans la troisième, il y a insertion d'une voyelle longue après la première radicale, le ton restant toujours sur la voyelle composée, formée des deux dernières radicales, comme ani coteb. De nouvelles formations ont encore lieu par le redoublement d'une seule ou de deux des consonnes radicales, kitteb pap yérakrak. Mais il faut observer relativement à la première sorte de formation, qui ne devroit produire que les trois formes hp, malcpp, sefr etwapkodsch, qu'on en obtient régulièrement, par l'admission d'un ségol dépourvu de ton, les formes mélec, "DD sefer et a kôdesch. Quant à la seconde sorte de formation, dont le caractère propre est de n'avoir qu'une seule voyelle entre les deux dernières radicales, et qui cependant présente toujours un kametz après la première radicale, voici comment on justifie cette espèce de contradiction. Si une consonne se trouve seule au commencement d'un mot devant une syllabe tonique, et si d'ailleurs elle a une liaison intime avec la syllabe tonique (ce qui est toujours le cas, quand il s'agit d'une lettre radicale ), cette première consonne ne s'articule pas par le schéva; mais, tant à cause de sa proximité du ton, qu'en raison de la brièveté du mot et de l'étroite union que cette consonne a avec la syllabe suivante, elle prend toujours une voyelle proprement dite, et cette voyelle est toujours le kametz (l'a long), parce que le kametz est la plus courte des voyelles longues.

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J'ai exposé fidèlement les idées de M. Ewald, et je dois convenir que, dans sa manière de voir, tout est lié et forme un ensemble qui n'a

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pu être conçu que par un esprit observateur et éminemment systéma tique, qualité qu'on reconnoît également dans son traité de Metris arabicis, dont j'ai rendu compte dans ce journal. Mais je ne puis m'empêcher de penser que l'observation des phénomènes particuliers, et le desir de les ramener tous à un petit nombre de principes généraux, fa entraîné dans quelques illusions, et lui a fait poser pour règles générales ce qui n'est souvent que des pétitions de principe. Quelle preuve peut-on donner que, dans l'origine, les voyelles employées pour modifier la racine ont dû être brèves; que l'insertion d'une voyelle longue, pour former la première syllabe d'un mot dérivé sans addition de consonnes, est moins naturelle que celle d'une voyelle longue; que les formes des mots, et ip, ont dû être originairement The poet wap; que le kametz est la plus brève entre toutes les voyelles longues, et que dans les mots, tels que, ne, &c., le kametz n'est que le substitut d'un schéva; que les racines trilitères ne pouvoient pas être généralement monosyllabiques, sauf à ajouter une voyelle très-brève quand la rencontre de quelques gutturales,ou de quelques consonnes fortes, rendroit la prononciation difficile &c.! Pourquoi, en un mot, n'auroit-on pas pu faire en hébreu ce qu'on fait à chaque instant en syriaque, langue qui a tant d'affinité avec l'hé breu! Sans doute, quoique le système de prononciation d'une langue en particulier soit bien plutôt l'effet d'une disposition spéciale des organes de la parole et de l'ouïe, que le résultat d'une théorie savante, on peut, par l'observation des faits, y reconnoître des principes généraux et des exceptions, et en former à posteriori une théorie qui aide un étranger à retenir les phénomènes en les classant. Mais pour établir une semblable théorie, substituer aux formes usitées dans une langue, des formes supposées primitives dont on ne sauroit prouver l'existence à aucune époque, et dont celles qui existent réellement ne seroient que des altérations euphoniques, c'est, si je ne me trompe, abuser du principe de généralisation des faits. If arrive même quelquefois, quand on se laisse trop aller à de semblables idées systéma tiques, que deux propositions se servent alternativement de démonstration, et par conséquent ne sont ni l'une ni l'autre légitimement démontrées. Le cas suivant ne seroit-il pas un exemple de cette sorte de paralogisme?

On lit (p. 64): «Dans la catégorie des voyelles longues, les plus lon » gues sont le zéré et le cholem, qui toutefois ne sont pas parfaitement éga» les entre elles. Le kametz est ici la voyelle la plus brève et celle qui ap

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» proche le plus (de la classe des voyelles brèves ) : aussi voyons-nous » que, d'après un des caractères essentiels de la langue, c'est toujours le kametz qui survient, toutes les fois qu'une consonne qui proprement » devroit être sans voyelle (c'est-à-dire, n'être affectée que du schéva), » doit cependant, uniquement à cause du ton, prendre une voyelle longue. » Pour justifier la vérité de ce principe, l'auteur renvoie au S. 93: et que voyons-nous dans l'article auquel il nous renvoie! le fait même allégué ici, où le kametz, nous dit-on, remplace le schéva, parce que le schéva ne seroit pas suffisant pour faire sentir l'articulation; qu'il faut une voyelle effective, et pourtant de peu de valeur, et que le kametz est la plus courte des voyelles longues! Tout cet édifice, qui ne s'appuie que sur lui-même, ne sera-t-il pas renversé, si l'on nie cette assertion gratuite, que le kametz est une voyelle moins longue que le zéré et le cholem? Et d'ailleurs, si l'on vouloit substituer au schéva une voyelle réelle, et pourtant très-Lrève, pourquoi n'avoit-on pas recours au chatef-patah, ou à une des voyelles ou sémi-voyelles de la même catégorie !

Après avoir parlé des mutations qui ont lieu dans l'intérieur même de la racine pour exprimer diverses modifications de l'idée principale, M. Ewald passe aux formations qui se font par des augmens ou des crémens, c'est-à-dire, des additions soit de lettres, soit de syllabes avant ou après les radicales, et qui, dit-il, ne se trouvent jamais au milieu. Cette manière de s'exprimer pourroit être contestée par ceux qui regarderoient le redoublement d'une radicale, comme dans nou, l'insertion des lettres et', comme de vraies additions à la racine. Quant au et au on peut ne les considérer que comme des appendices des voyelles cholem, schourek ou chirek; mais, pour le redoublement d'une radicale, c'est assurément une addition qui a lieu dans l'intérieur même de la racine. Quoi qu'il en soit, tous les crémens et les augmens ne sont, suivant notre auteur, que des mots existant ďabord indépendamment et par eux-mêmes, mais qui, en s'unissant aux racines, ont été plus ou moins raccourcis ou contractés, et sont souvent devenus méconnoissables. Cela est vrai, sans doute, du plus grand nombre; mais je doute fort qu'on puisse étendre ce principe à la terminaison féminine, aux terminaisons et du pluriel des noms, à celle du duel, et au caractéristique des troisièmes personnes du futur.

Mais je dois me borner à ce que j'ai dit sur cette troisième section, malgré son extrême importance, et les nombreuses conséquences

que l'auteur déduit de ses principes, pour la connoissance systématique des formes grammaticales ainsi que de l'influence réciproque de ces formes sur la syllabe tonique, et de la syllabe tonique sur les formes grammaticales; car déjà cet article est bien long, et il me reste à parler de la partie étymologique et de la syntaxe, ce qui exigera encore, selon toute apparence, deux articles d'une étendue pour le moins égale à celui-ci.

SILVESTRE DE SACY.

EXAMEN critique des dictionnaires de la langue française, oa Recherches grammaticales et littéraires sur l'orthographe, l'acception, la définition et l'étymologie des mots, par M. Charles Nodier, chevalier de la légion d'honneur, bibliothécaire du Roi à l'Arsenal. Paris, Delangle frères, rue du BattoirSaint-André-des-Arcs, n.o 19, 1828, 1 vol. in-8.o

UN lexicographe qui trouvoit très-pénibles et très-fastidieux les soins nécessaires et indispensables pour faire un dictionnaire, et surtout pour le faire bon, composa en vers latins une épigramme dont voici le sens :

<< S'il est un homme que la sentence sévère du juge ait déjà condamné » à d'affreux tourmens et à un long supplice, qu'on ne le dévoue pas >> aux fers pesans et aux pénibles travaux du bagne que des masses de » métal ne soient pas suspendues à ses mains roidies; mais qu'il com» pose un lexique. En effet, que sont les autres supplices! ce cruel » travail renferme à lui seul tous les genres de tourmens (1). »

J'ai lieu de croire que, parmi les tourmens et les infortunes d'un lexicographe, l'auteur de l'épigramme comptoit pour beaucoup l'ennui et le désagrément de subir des critiques presque toujours fondées, quand un homme d'esprit et de goût examine avec sévérité un ouvrage

(1) Si quem dura manet sententia judicis olim

Damnatum ærumnis suppliciisque caput,
Hunc non fabrili lassent ergastula massa,
Nec rigidas vexent fossa metalla manus,
Lexica contexat. Nam cætera, quid moror! omnes
Panarum facies hic labor unus habet.

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