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lorsqu'elles sont desséchées, qu'on n'a pu jusqu'à présent leur appliquer une nomenclature fixe. Il n'y a, dit l'auteur, que confusion dans tous les ouvrages qui en ont fait mention: il déclare que ce n'est qu'en les observant vivantes et en constatant les végétaux où elles sont implantées, qu'on peut les décrire avec exactitude; c'est de ce mode entièrement nouveau qu'il a fait usage.

Dans l'impossibilité de rapporter avec certitude les espèces d'orobanches décrites par les auteurs à celles qu'il a observées vivantes, c'est-à-dire, hors des herbiers, il a décrit de nouveau toutes celles qu'il a vues et qui sont tombées sous sa main; il a cru devoir leur donner les noms des plantes sur lesquelles elles vivent, en accompagnant les descriptions de planches lithographiées et de la synonymie, qu'il adopte toutefois avec réserve et doute.

Il divise les espèces en deux sections, savoir, les orobanches dont le calice est partagé par une seule bractée et une corolle quadrifide, et celles dont le calice est à quatre ou cinq divisions avec trois bractées et une corolle à cinq divisions.

It compte vingt-six espèces qui entrent dans la première section;.

ce sont:

1.° L'orobanche du genêt des teinturiers; elle est figurée.

2. La germanique, espèce nouvelle.

3.o La sagittée.

4. Celle du genêt cendré..

5. Celle du spartium joncier.

Ces quatre dernières ont été confondues avec la première, dont elles se rapprochent beaucoup.

6. L'orobanche du cytise à balais.

7.° Celle de l'ulex d'Europe.

8. Celle de la luzerne cultivée; elle est figurée.

9.° Celle du doricknium ligneux; aussi figurée.

10. Celle du trèfle des prés; figurée.

11.° Celle du lotier, faux cytise.

12.° Celle du lotier corniculé.

13. Celle de la féve; elle croît en Espagne et en Sicile, où elle nuit beaucoup aux produits de la culture de la féve de marais.

14. Celle du thym serpolet,

15.° Celle dite epithymum des anciens; figurée.

16. Celle du thym vulgaire, peu différente de la précédente. 17. Celle du gallium molluge; figurée.

18. Celle de la ronce frutescente; figurée.

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19. Celle de l'eryngium des champs; figurée. 20. Celle de la scabieuse colombaire; figurée.

21. Celle de la piéride épervière; figurée.

22.° Celle de la centaurée scabieuse.

23.° Celle de l'artémise des champs.

24. Celle de l'épervier piloselle.

Les espèces qui entrent dans la deuxième section sont seulement au nombre de trois:

1. L'orobanche de l'artémise commune.

2. L'orobanche vagabonde; celle-ci est la seule que l'auteur ait reconnue, et encore d'une manière peu certaine, comme vivant sur plusieurs plantes.

3. L'orobanche du chanvre; elle est figurée. Cette dernière cause beaucoup de perte aux cultivateurs.

Nous ne doutons pas que l'ouvrage de M. Vaucher ne soit accueilli par les botanistes, seule classe de savans qui sache bien l'apprécier. L'étude approfondie d'un genre tel que celui que nous venons de faire connoître, ne peut que concourir au progrès d'une branche qui n'est pas la moins intéressante de l'histoire naturelle.

TESSIER.

RAOULOU RODOLPHE, devenu roi de France l'an 923; dissertation historique, par M. l'abbé Guillon de Montléon, des Académies de Lyon, Mantoue, &c. Paris, imprimerie de Tastu, librairie de Dupont, rue Vivienne, et rue Garancière, n.o 16, 1827, 124 pages in-8.o, avec un tableau généalogique et trois planches.

DEUX questions historiques sont traitées dans cette dissertation: l'une, si Raoul ou Rodolphe, roi de France en 923, est le même personnage que Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane; l'autre pourquoi le cinquième de nos rois du nom de Charle (1) n'est appelé que Charle IV. Cette seconde question paroît la plus curieuse et àla-fois la plus simple; mais M. Guillon pense que, pour la bien résoudre, on a besoin d'examiner la première, qui est beaucoup plus compliquée.

(1) M. Guillon veut qu'on écrive Charle sans s, « parce que, dit-il, ce » mot n'en avoit point à l'origine de notre langue, comme en fait foi le nom

Dans l'état présent de nos livres d'histoire, Rodolphe II devient 'roi de la Bourgogne transjurane en 911 ou 912, après la mort de son père Rodolphe I.", fils de Conrad, comte de Paris, selon les uns, de Conrad le jeune, comte d'Auxerre, selon les autres. En 922, ce Rodolphe II épouse Berthe, fille de Burchard, duc de Souabe; il est vainqueur de Bérenger à Firenzuola en 923, revient en Bourgogne en 926, envahit la Souabe en 927, repasse en Italie en 933, réunit la Provence à son royaume en cette même année, et meurt en 937, laissant trois fils et une fille. D'un autre côté, Raoul ou Rodolphe, duc de Bourgogne, fils de Richard le Justicier, est appelé à régner sur la France en 923; il est couronné à Soissons avec son épouse Emma, sœur de Hugues le Grand: vainqueur des Aquitains, des Normands et des Hongrois, qu'il éloigne des frontières, il règne jusqu'en 636, époque où il meurt à Autun, ou, selon Lebeuf, à Auxerre, sans laisser d'enfans. Voilà deux Rodolphe contemporains, mais tout-àfait distincts.

Cependant, si nous remontons aux chroniques rédigées au x. siècle ou les plus voisines de cet âge, nous y rencontrons plus d'embarras. D'abord la chronique saxonne, écrite vers l'an 990, atteste que Rodolphe, fils de Richard et roi des Français en 923, étoit marié à cette même Berthe, fille de Burchard, qu'on donne pour femme à Rodolphe, roi de la Bourgogne du Jura, et l'identité de l'épouse semble garantir celle de l'époux; car Berthe resta unie au roi de la Bourgogne transjurane depuis 922 jusqu'en 937, date de la mort de ce prince, qui auroit survécu de quelques jours au roi de France, si ces deux monarques ne devoient pas être confondus en un seul. Its paroissent l'être dans plusieurs endroits de la chronique attribuée à Flodoard: on y lit pourtant que Rodolphe, roi de France, et l'empereur Henri dit l'Oiseleur, tenant une conférence à Soissons en 935, le roi du Jura Rodolphe s'y trouva aussi, ubi etiam Rodulfus rex Jurensis interfuit, paroles qui supposent la distinction des deux homonymes,

»Charle-Magne. » Cela ne nous paroît pas bien constant: les plus anciennes parties des Chroniques de Saint-Denys portent quelquefois Karle et Challe, plus souvent Karles et Challes au cas oblique aussi bien qu'au cas direct. II est vrai que le texte français de ces chroniques semble ne remonter qu'au XII. siècle; mais il est fort difficile de savoir quelle étoit, au X., l'orthographe française des noms propres. A l'égard de Charlemagne, il n'est pas étonnant qu'en reunissant deux mots en un seul on ait retranché la dernière lettre du premier. On a écrit Kallemaines, Challemaines, en transportant la lettres à la fin du mot composé.

mais que M. Guillon déclare interpolées, parce qu'elles sont inconciliables avec les autres récits, que l'intervention dont elles font mention eût été sans motif, et que d'ailleurs le tour de phrase ubi etiam &c. ne se rencontre en aucun autre passage de cette chronique. L'interpolation seroit plus manifeste, si ces mots manquoient en certains manuscrits, ou s'ils étoient ajoutés en marge; mais il paroît qu'il n'en est point ainsi.

Luitprand, autre écrivain du x. siècle, ne parle que d'un seul Rodolphe, roi des Bourguignons, et le dépeint comme un monarque si puissant, qu'il en faut conclure, selon M. Guillon, que c'étoit aussi le roi de France. L'auteur de la dissertation s'attache particulièrement aux paroles, Quo tempore Rodulfus, rex superībissimus, Burgundionibus imperabat: il critique les bénédictins qui, par purisme, dit-il, ont imprimé superbissimus (1); il veut qu'on lise superibissimus, qui seroit apparemment une sorte de superlatif de superus. Quoique Muratori ait adopté et défendu cette leçon, nous avons peine à croire qu'elle soit la véritable.

AuxI. siècle, Glaber et Hermannus Contractus distinguent expressément les deux Rodolphe; et, tout en avouant que ces chroniqueurs méritent une partie des reproches que M. Guillon leur adresse, nous avons peine à concevoir comment, sur des faits si publics et si peu reculés, ils auroient pu commettre une erreur si grossière ou hasarder un si audacieux mensonge. Toutefois il convient d'observer que les chroniques de Saint-Denys, rédigées, pour cette partie, au XII. siècle, et traduites en français au XIII., ne disent rien de Rodolphe, fils de Burchard, et ne font mention que du roi de France Raoul, fils de Richard, duc de Bourgoigne. Lorsqu'à la fin du xv. siècle et au commencement du XVI., on se mit à composer des corps d'annales, on ne fit de ce Raoul et du roi des Bourguignons Rodolphe II qu'un seul et même personnage: c'est l'idée qu'en ont Nicole Gilles, Gaguin, Paul Émile, et, plus tard, Paradin, Papire Masson, Jean de Serres en France, Lazius et Calvisius en Allemagne, Bardi, Sigonio, Bernardo Giunto en Italie. Elle se reproduit encore chez Duhaillan en 1627, et chez les éditeurs qui réimprimèrent en 1669 l'Inventaire de Jean de Serres. Néanmoins, à partir de 1589, presque tous nos historiens ou historiographes distinguent les deux monarques dont il s'agit : c'est ce qu'après Vignier, continuent de faire Gollut, Guilliman, del Bene, Fauchet,.

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(1) Page 138 du tome VIII (et non du tome IX) du Recueil des Historiens de France.

André Duchesne, Scip. Dupleix, Mezerai, du Bouchet, les SainteMarthe, Labbe, Cordemoi, Legendre, Daniel, Velly, et les auteurs de l'Art de vérifier les dates. M. Guillon donne lui-même une liste de ces nombreux contradicteurs de l'opinion qu'il embrasse: nous y ajouterons M. de Sismondi (pag. 355-381 du tome III de son Histoire des Français) (1).

Pour établir l'identité de Rodolphe, roi de France, et de Rodolphe, roi de Bourgogne, M. Guillon se livre d'abord à des recherches généalogiques; mais il avoue que c'est une matière très-compliquée, à cause du grand nombre d'enfans des deux sexes nés des premiers rois carlovingiens; et il présume d'ailleurs que les chroniqueurs du x1.° siècle ont été chargés de l'embrouiller encore davantage, afin qu'il devînt de plus en plus difficile de reconnoître les rejetons de la race détrônée. Quoi qu'il en soit, il est possible que Rodolphe II, roi de la Bourgogne. transjurane en 911, n'ait pas été le fils de Rodolphe I.", mais de Richard, comte d'Auxerre et marquis d'Autun, et qu'il ait été appelé en 923 à régner sur la France. La principale difficulté est de lui choisir une épouse entre Emma et Berthe: car, d'un côté, le monarque bourguignon est marié à Berthe, fille de Burchard; de l'autre, le roi de France Raoul a pour femme Emma, fille de Robert, roi en 922, et sœur de Hugues dit le Grand, le Blanc ou l'Abbé. On raconte que Hugues ne savoit trop en 823 s'il prendroit lui-même la couronne ou s'il la placeroit sur la tête de Raoul, et qu'il consulta sa sœur Emma qui lui répondit : « J'aime mieux baiser les pieds de mon époux que ceux de mon frère. » Pour adopter le système de M. Guillon, il faut rejeter cette anecdote au rang des fables, ou donner deux femmes à Raoul, qui n'auroit d'enfans que de Berthe. Conrad, l'un de ses trois fils, ne lui succéderoit en 937 que sur le trône de la Bourgogne transjurane. M. Guillon a fait beaucoup d'efforts pour éclaircir ces détails; mais ils sont tellement obscurs, qu'il s'embarrasse quelquefois lui-même dans l'exposé qu'il en veut offrir. Il dit par exemple: « (Richard) n'avoit » pu voir sans dépit que Charle le Chauve, pour qui Boson, déjà son » favori, avoit fait venir d'assez loin sa sœur Richilde, et qui la lui » avoit donnée pour femme, ou, suivant quelques-uns, pour concu» bine, à la mort de son épouse Hirmintrude, eût obtenu de ce monarque » les plus riches faveurs et une très-grande puissance, tandis que lui,

(1) M. Thierry n'a point examiné cette question, qui n'étoit pourtant pas étrangère à son sujet : il dit que Rad-hulf ou Raoul, roi de France, étoit beau-frère de Robert; il faut apparemment lire beau-fils.

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