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Laeken le 12 juin 1859, et décédé dans cette même résidence le 22 janvier 1869; -3° Stéphanie-Clotilde-Louise-HerminieMarie-Charlotte, née à Laeken le 21 mai 1863, mariée, le 10 mai 1881, à l'archiduc Rodolphe, prince impérial d'Autriche, héritier du trône; 4o Clémentine-Alberte-MarieLéopoldine, née à Laeken le 30 juillet 1872.

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Au début de leur mariage, ces augustes époux firent de nombreux voyages dans les principaux États de l'Europe, et poussèrent leurs excursions jusque sur les côtes de l'Égypte et de l'Asie-Mineure. Au retour le Duc de Brabant rentra au Sénat, dont il était membre depuis qu'il avait atteint sa majorité politique; il prit une part active à toutes les discussions importantes, et prouva ainsi maintes fois combien les moindres rouages des affaires politiques étaient familiers à sa facile intelligence, combien il se consacrait à l'étude des questions qui intéressent le pays.

Toutefois, cet horizon si riant devait inopinément s'assombrir. La grave maladie qui, depuis longtemps déjà, éloignait le Roi de la capitale, prit brusquement un caractère alarmant. Un nouveau deuil devait se lever pour le pays: Léopold Ier

mourut le 10 décembre 1865!

La Belgique pleura longtemps la perte qu'elle avait faite, et elle gardera à jamais le souvenir du premier de ses Rois, qui fut pour elle un ami dévoué, un constant appui. Mais ses trop justes regrets ne lui firent pas oublier ses légitimes espérances. La patrie ne meurt point, et si de toutes parts s'éleva ce cri douloureux : « le Roi est mort! » tous les Belges, maîtrisant leur affliction, et se ralliant autour du trône, firent retentir avec force le cri de : « Vive le Roi! >>

C'est ainsi que le Duc de Brabant, succédant à son père, monta sur le trône.

Le 17 décembre 1865, le Roi Léopold II fit son entrée solennelle dans la capitale, et vint au sein des Chambres réunies prononcer le serment constitutionnel. Le 17 décembre, un pacte sacré fut conclu entre Léopold II et le peuple belge :

tous deux se sont compris, tous deux se sont liés par une mutuelle confiance, par une mutuelle sympathie. Le 17 décembre sera toujours une grande date dans les Annales de la Belgique.

Le règne de Léopold Ier a su concilier les traditions monarchiques, les nécessités de l'ordre, et les irrésistibles tendances de la démocratie. Il a compris que son devoir était de gouverner par la force d'une direction habile, sans jamais engager avec les Chambres un conflit dont la Constitution ne lui aurait pas permis de sortir victorieux; et c'est ainsi que, dans tout le cours de son règne, l'opposition est restée affaire de partis et de luttes parlementaires; elle n'est jamais remontée jusqu'au trône; elle ne s'est jamais attaquée à la Constitution.

Le pouvoir du Roi est un modérateur qui n'oppose d'obstacle invincible à aucune expression de la volonté populaire; de là sa solidité. Barrez un fleuve, ses flots s'amoncelleront jusqu'à ce qu'ils aient emporté l'obstacle; de cette barre, faites une digue, et vous enfermerez le courant dans son lit. « Il y a, disait Léopold Ier dans une circonstance difficile, il y a, dans les pays qui s'occupent eux-mêmes de leurs affaires, de ces émotions rapides, contagieuses, se propageant avec une rapidité qui se constate plus aisément qu'elle ne s'explique, et avec lesquelles il est plus sage de transiger que de raisonner. » Simples et belles paroles, qui laissent voir le tempérament du vrai politique, et qui résument en peu de mots toute la difficile mission de Roi constitutionnel, mission que Léopold II remplit avec tant de tact et de prudence, en mettant constamment en pratique les sages préceptes de son regretté père.

La charité ne connaît pas de frontières!... L'Association internationale africaine, fondée en 1876, et due à l'intelligente et généreuse initiative de Léopold II, en est une preuve nouvelle.

« La science, a écrit de Humboldt, nous a révélé les traces caractéristiques des révolutions nombreuses que le globe a éprouvées. Tout en dédaignant les égarements d'une géologie

fantastique, elle a ouvert, par l'accroissement constant des objets d'observation, par l'étude perfectionnée des débris organiques enfouis dans les couches superposées des roches, de nouvelles voies pour pénétrer dans les profondeurs du temps et de l'espace. C'est là un des grands triomphes de la raison humaine, une manifestation de sa puissance. L'application heureuse des méthodes scientifiques, l'appréciation plus juste des rapports qui enchaînent tous les phénomènes et toutes les forces de la nature, doivent exercer une influence bienfaisante sur les études géographiques, en agrandissant l'horizon qu'elles dominent; sur l'histoire, en démêlant dans les migrations des peuples et dans l'état de leur culture les effets de la configuration du sol et de la variété des climats; sur la physique du globe, en l'élevant à cette généralité d'aperçus qui embrassent à la fois les couches ondoyantes de l'Océan aérien, la terre qu'elles enveloppent et fécondent, la distribution de la vie, depuis les sommités neigeuses, resplendissantes de lumière, jusqu'aux sombres abîmes des

mers. >>

Ces éloquentes paroles sont un fidèle exposé des aspects divers sous lesquels Léopold II examine l'Afrique centrale, dont nous ne parlons qu'avec un sentiment de défiance de nos forces, que nous ne saurions dissimuler. Mais telle est l'étendue des connaissances rassemblées dans les travaux relatifs à cette question; telle est grande la précision de tant de remarques savantes, de tant de faits nettement observés et décrits, appuyés de théories qui les coordonnent et les énoncent en lois, que quiconque, à l'exemple de Léopold II, fera de l'Afrique centrale l'objet d'une étude de science et d'économie sociale autant qu'une intéressante occupation du loisir, ne pourra rester indifférent aux accents de cette majestueuse philosophie.

Si la question est envisagée à un autre point de vue, au lieu d'admirateurs, ces projets de civilisation et de transformation auxquels nous applaudissons, rencontreront des adversaires

qui diront à qui voudra les entendre, en parlant de leurs lointaines excursions sur le sol africain notre âme vibre encore aux émotions infinies que la vue des ruines de Carthage avait éveillées confusément, lorsque nous mîmes pied à terre. Là finit le charme, s'évanouit le prestige. De loin nous avions entrevu l'Orient; nous nous trouvions face à face avec les plus ridicules imitations de l'Europe. Que dire de ces soldats, accoutrés à l'européenne, dont les jambes arquées semblent pleurer leurs larges pantalons! Plus de turban gracieusement enroulé autour de ces têtes fortes et s'arrangeant comme un léger nuage pour faire ressortir l'éclat de ces beaux yeux noirs et la douce sévérité de ces faces brunies. Plus de ces babouches élégantes; plus de ces vêtements aux couleurs éclatantes. On se rappelle les employés des ambassades turques, qui se traînent flegmatiquement et en souffrance avec leurs hideuses redingotes et leurs immenses bonnets rouges; eh bien! figurez-vous cent, mille, une foule enfin de ces hommes tristes, dépoétisés, portant leur costume comme une punition! Quel affligeant spectacle! Combien est plus beau le pauvre élégamment drapé dans ses haillons! Il a conservé au moins toute sa noblesse, toute sa fierté; ses yeux ne rougissent pas de la lumière. Dans son bon sens il proteste contre ces funestes innovations; il se porte avec orgueil comme le représentant des habitudes et des mœurs de son pays.

Et c'est pourtant cela que l'on appelle la régénération de l'Orient! C'est dans cette voie que l'Europe ne craint pas d'encourager tous ces petits princes capricieux qui n'ont réussi jusqu'à présent qu'à épuiser les ressources de leurs Etats et à se faire abhorrer par leurs peuples.

Ah! que la civilisation est une chose triste et funeste! non pas la civilisation qui reste chez elle, dans ces beaux foyers d'Europe; qui s'excite avec une ardeur toujours nouvelle aux progrès et aux améliorations; s'élevant avec mesure, avec sagesse, d'un degré à un autre; entourée de lumières,. écoutant la voix de l'expérience et du passé; aimant mieux

un mal léger que l'habitude lui a appris à supporter, que les épreuves chanceuses qui pourraient la conduire peut-être à un état meilleur. Non! de cette civilisation-là nous sommes les plus sincères admirateurs, et nous lui avons toute reconnaissance pour les bienfaits que nous recevons chaque jour d'elle. Mais nous parlons de cette civilisation devenue follement conquérante; enivrée d'un orgueil exagéré et qui s'est mise sans pudeur en voyage à travers le monde pour tout plier à son niveau, pour imposer partout ses goûts et ses caprices sans respect du passé, sans souci de l'avenir. Oh! celle-là nous la détestons, et comme une ennemie implacable, elle nous chasse de rivage en rivage dès que nous touchons du pied la terre d'Orient. De Constantinople, elle nous a poursuivis à Smyrne; de Smyrne en Syrie, puis en Égypte, puis en Afrique.

O voyageurs, que l'amour du beau pousse en Orient, pleurons sur la ruine de nos espérances! Adieu, bassin magique de la Méditerranée, avec tes mille peuples divers, aux costumes pittoresques, aux mœurs naïves, hospitalières et pleines de charme! Adieu, villes orientales, riches de précieuses étoffes, embaumées d'essences odorantes, folles de luxe, de fêtes et de volupté! Adieu, constructions délicates épanouies aux rayons d'un brûlant soleil, vous disparaissez chaque jour refoulées et détruites par la civilisation! Hélas! il ne vous restera bientôt plus rien de votre passé, et vous marchez en aveugles vers un avenir sans espoir!

Quelques aventuriers, poussés à bout par la faim, plus audacieux que capables, se présentent devant un prince oriental, lui parlent de l'Europe, de ses institutions, des merveilles de l'industrie. Le prince, aussitôt, emporté par son orgueil, s'engoue de toutes ces belles choses et, sans savoir si son pays est assez riche, si son peuple a besoin de régénérer ses mœurs, sans respect pour les croyances, il commence à combattre les usages les plus chers à la multitude, il bâtit, il fonde, il ruine, il défigure ses sujets, pour assurer sa tyrannie,

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