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Ces deux derniers vers, dont la tournure est si originale et si piquante, sont restés dans la mémoire de tout le monde.

J.-B.-L. GRESSET (V. tom. 1, pag. 283 ). Les chefs-d'œuvre de ce poëte aimable sont le Méchant, Vertvert et la Chartreuse. Le Lutrin vivant et le Carême impromptu sont deux charmantes bagatelles, remarquables surtout par le talent de narrer et d'écrire. L'Építre à ma Sœur est encore digne de l'auteur; les Ombres et l'Építre au Père Bougeant se rapprochent un peu de la Chartreuse; mais l'Építre à ma Muse est d'un style inégal et foible de pensées. Nous ne parlons ni de la traduction des Églogues de Virgile, ni de la tragédie d'Édouard III, ni du Discours sur l'Harmonie, ni du Discours académique, ni, etc. etc. Quant à la Lettre sur la Comédie, elle passe pour un modèle de raison et de style.

ANTOINE GUÉNARD (n. 1726 - m. 1806). L'un des beaux morceaux de la littérature moderne et l'un des plus ignorés, est le Discours du P. Guénard qui a remporté le prix de l'Académie française en 1755 sur cette question : En quoi consiste l'esprit philosophique? les caractères qui le distinguent et les bornes qu'il ne doit jamais franchir, conformément à ces paroles de S. Paul: NON PLUS SAPERE QUAM OPORTET SAPERE SED SAPERE AD SOBRIETATEM. Ce beau discours a été réimprimé en mai 1821, Paris,

Didot l'aîné, in-12 de 24 pages, tiré seulement à 100 exempl. qui n'ont point été dans le commerce. Il semble en vérité que l'on craigne que les bons ouvrages ne soient trop répandus, tandis que les livres d'un tout autre genre sé réimpriment en profusion. Les morceaux les plus saillans de ce discours sont 1.o celui où l'auteur peint Descartes, qui par les deux nouvelles et sublimes conceptions d'appliquer l'algèbre à la géométrie et d'expliquer les phénomènes de la nature en les soumettant aux règles de la mécanique, se montra le premier homme d'un génie créateur dont la France pût s'honorer depuis la renaissance des lettres; 2.o le morceau où il peint l'alliance de l'esprit philosophique avec le génie des lettres et des arts dans les productions du goût, et où il en fait voir le danger; 3.o le très beau passage où il dévoile les abus et assigne les limites des facultés de la pensée dans les ouvrages de goût, ainsi que dans les matières de Religion. Rien peut-être en fait d'éloquence de raisonnement n'est supérieur à ce tableau dans lequel il expose la témérité et les écarts de la raison (1) sur les objets sacrés de la foi.

HÉSIODE (vers goo av. J.-C.). Le plus beau mor

(1) Ce passage m'en rappelle un d'un très bon livre de dom Jamin, bénédictin (Lecture chrétienne, p. 274), où il est dit : « La raison, considérée dans l'usage que l'homme en fait, est, pour me servir de l'expression de Montaigne, un pot à deux anses que chacun tire de son côté. Elle a besoin d'une autorité qui l'arrête dans un juste milieu et l'empêche de donner dans les extrêmes. » Et cette autorité est celle qui émane de la Religion.

ceau de sa Théogonie est le tableau de la guerre des Dieux contre les Géans, tradition fabuleuse dont il est le plus ancien auteur, ou du moins le premier connu qui en ait fait mention (1). La peinture du Tartare où les Titans sont précipités par la foudre de Jupiter offre des traits qui semblent avoir servi de modèle à Milton lorsqu'il représente avec tant d'énergie les gouffres infernaux où sont précipités les Anges rebelles. Dans le poëme des Travaux et des Jours, la description de l'hiver passe aussi pour un superbe morceau; on le compare ainsi que le précédent aux plus beaux endroits d'Homère; on y trouve la fable de Pandore, la naissance de Vénus, celle des Muses, filles de Mnémosyne et de Jupiter, etc.; mais aussi l'on y trouve des choses ridicules, triviales, superstitieuses, plus dignes de figurer dans le

(1) On ne peut guère disconvenír que la plupart des faits mythologiques, tels que celui que nous citons, n'aient pris leur source dans la Bible; la raison en est palpable: à mesure que les nations se sont multipliées, elles ont perdu de vue le peuple primitif, et n'ont conservé, par une tradition altérée, qu'une idée confuse des faits qui se sont passés chez le peuple fidelle; les poëtes sont survenus, et, à l'aide d'une imagination vive et brillante, ont habillé à leur manière ces faits primitifs sans chercher à en découvrir l'origine; ainsi leur âge d'or est une peinture idéale du bonheur dont eussent joui les hommes dans le paradis terrestre; leurs Titans foudroyés sont une image de la punition des anges rebelles; leur Vulcain est calqué sur Tubalcaïn; leur déluge de Deucalion, sur le déluge universel; leur Bacchus, sur Noé; leur Japet, sur Japhet; leur Hercule, sur Samson; leur fable de Philémon et Baucis, sur la destruction de Gomorrhe et Sodôme; leur Iphigénie, sur la fille de Jephté, etc., etc., etc.

calendrier de l'Almanach de Bále que dans un poëme.

HOMÈRE (vers 1000 aus av. J.-C.). Ce prince des poëtes grecs a laissé deux poëmes immortels, l'Iliade et l'Odyssée ; le premier l'emporte beaucoup sur le second sous tous les rapports; c'est en vain que l'on chercheroit dans l'Odyssée ces grands tableaux, ces grands caractères, ces scènes dramatiques, ces descriptions remplies de feu, cette éloquence du sentìment et cette force de passion qui font de l'Iliade un tout plein d'ame et de vie. Aussi nous n'entreprendrons pas de détailler toutes les beautés dont l'Iliade fourmille; il faudroit copier le poëme presque entier. Quoi de plus simple et de plus noble que la marche de l'ouvrage? Les quatre premiers chants sont très beaux; les motifs de la colère d'Achille sont exposés dans le premier de la manière la plus intéressante. Dans le troisième, on remarque le combat singulier entre Ménélas et Pâris, les deux principales causes de la guerre, et l'art avec lequel le poëte fait intervenir Vénus pour interrompre ce combat par lequel la guerre et le poëme eussent été terminés si Pâris eût été tué. La manière dont Hélène figure dans ce chant est très intéressante. Les adieux d'Hectoret d'Andromaque signalent le sixième chant. Mais le neuvième l'emporte sur tout ce qui l'a précédé ; Homère s'y montre aussi grand orateur que grand poëte. Tous les genres d'éloquence se rencontrent dans les discours de Phénix, d'Ulysse, d'Ajax

qui s'efforcent de fléchir l'inexorable Achille, et dans la belle réponse où le héros déploie son ame tout entière. Nous ne dirons rien de l'enlèvement des chevaux de Rhesus, ni de la mort de ce prince dans le dixième chant; mais le onzième est superbe ; les combats recommencent; et quoique le poëte en ait déjà décrit un grand nombre, ses nouveaux tableaux, tous variés, tous inspirés par un génie supérieur qui a pris de nouvelles forces, l'emportent sur les précédens. Les exploits d'Hector, de Sarpedon et autres remplissent le douzième chant. Dans le treizième, les Grecs reprennent courage, et le sort des combats est alternativement favorable aux Grecs et aux Troyens dans les suivans. Le seizième chant est remarquable par la mort de Sarpedon tué par Patrocle qui à son tour est vaincu et mis à mort par Hector. Le dix-huitième chant est consacré en partie à la description du bouclier et des armes que Vulcain, à la demande de Thétis, a forgées pour Achille. Le dix-neuvième voit Achille renoncer enfin à la colère qui jusqu'alors l'avoit rendu inactif, pour venla mort de son ami Patrocle, et il est tout disposé à voler au combat. Dans le vingtième, les Dieux ont la permission de Jupiter de se mêler au combat; ils se partagent donc; les armées se choquent avec furie ; le ciel est en feu, la terre tremble; et c'est là qu'est ce beau passage où Pluton effrayé craint que la terre ne s'entr'ouvre et ne laisse pénétrer la lumière dans son ténébreux séjour. La mort vole de toutes parts sur les pas d'Achille qui tue Polydore et

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