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taché mon épée, j'ai dû la déposer devant vous pour que cette souillure fût effacée; et j'ai compris qu'un jugement solennel pouvait seul me la rendre pure et sans tache, telle que je l'ai toujours portée pendant trente ans.

» Messieurs, je serai fier et heureux de la tenir de vous, et vous n'aurez jamais à regretter de me l'avoir rendue ; comme mon sang, comme ma vie, elle sera toujours au service de la France. » De longs applaudissements éclatent dans l'auditoire.

Le conseil entre en délibération; aprés dix minutes d'absence, il revient et rend un jugement de non-culpabilit à l'unanimité.

La Gazette des Tribunaux, qui avait envoyé un de ses rédacteurs à Marseille, termine ainsi le récit de cette mémorable séance:

Les applaudissements les plus vifs éclatent dans toutes les parties de l'assemblée.

La garde est introduite; M. le vicomte de Rigny est amené par l'officier de service, et M. le greffier lui donne lecture du jugement du conseil.

M. le commandant-rapporteur s'approche du général de Rigny, lui remet son épée, et l'embrasse avec effusion.

Les membres du conseil entourent le général et lui donnent tous l'accolade. Le respectable général Colbert, vieux soldat de l'armée d'Egypte, M. le général Saint-Amand, dont le crâne, ouvert par deux larges coups de sabre, présente de si honorables cicatrices, ne sont pas maîtres de leur émotion et fondent en larmes. Cette émotion gagne l'assemblée, et des applaudissements prolongés éclatent de toutes parts.

Une foule immense, réunie dans la rue Thubaneau et sur le Cours, suit M. le géneral de Rigny jusqu'à son hôtel. Tous les officiers qui ont servi sous ses ordres lui servent d'escorte et lui adressent leurs félicitations.

Ainsi, ajoute le Sémaphore, le peuple a confirmé le jugement du conseil. Ce qui s'est passé est la plus complète, la plus éclatante justice qu'un brave pût exiger. Elle honore à la fois ceux qui l'ont rendue et celui qui y a trouvé un ample dédommagement de huit mois de tortures morales. Le pays et l'armée doivent être satisfaits.

4. Paris. Théâtre Français. 1re représentation de CLAIRE OU LA PRÉFÉRENCE D'UNE MÈRE, Comédie en trois actes et en prose, par M. Rozier. — Une fille malheureuse de la préférence dont sa sœur est l'objet de la part de leur mère commune, voilà ce que M. Rozier a voulu montrer, mais ce que sa pièce ne montre nullement. On ne se douterait jamais, en effet, à voir madame Dormesnil, qu'elle préfère Euphrosine à Claire, malgré la tristesse et le dépérissement de celle-ci. Elle a au contraire la meilleure des mères, comme elle peut s'en convaincre au dénouement. Il n'y avait vraiment que malentendu entre madame Dormesnil et Claire, et ce n'était pas la peine de prolonger ce malentendu pendant trois actes, à l'aide d'une foule de scènes écrites d'un style emphatique et négligé, plus invraisemblables, plus absurdes ou plus inutiles les unes que les autres; la plupart du temps sans aucune connexion entre elles; où tous les personnages parlent et agissent à contre-sens, et qui ont justement essuyé les rigueurs du public.

5. Académie royale de Musique. 1re représentation de LES MOHICANS, balletpantomime en deux actes, de M. Guerra, musique de M. Adam. — Ce ballet, malheureusement pour lui, ne rappelle aucune des situations dramatiques qui abondent dans le célèbre roman de Cooper. Un pêle-mêle peu intéressant de combats et de danses, entre les Anglais et les Mohicans, quelques malencontreux coups de fusil, de vieilles décorations, des costumes grotesques, telles sont les causes qui ont rendu presque nulle la musique de M. Adam, et fait outrageusement siffler cette triste composition chorégraphique.

6. Etablissement des voitures cellu laires pour le transport des forçats. - Il a été décidé par l'administration qu'à l'avenir le transférement des forçats des prisons centrales au bagne n'aurait plus lieu au moyen de ces chaî nes, contre lesquelles depuis longtemps se soulevaient des sentiments de morale publique et d'humanité, mais par des voitures cellulaires faites exprès. Déjà, il y a trois jours, l'essai de la voiture cellulaire a été appliqué avec succès au transport de prisonniers de Paris à Gaillon.

Aujourd'hui même, en présence de M. Macarel, conseiller-d'état, directeur de l'administration communale et dé-, partementale, et de plusieurs autres fonctionnaires de l'administration des prisons, ont eu lieu à six heures du matin les préparatifs de départ de la première voiture cellulaire, de la prison de la Roquette, pour le transférement des forçats au bagne de Brest.

Ce départ, qui naguère était un scandale, s'est fait avec le plus grand ordre. Douze condamnés ont été appelés, l'un après l'autre; chacun a été introduit dans sa cellule, on l'a fait asseoir. Il a passé ses jambes dans des anneaux à charnières, garnis de laine et réunis entre eux par des chaînons de dix-huit pouces. Ces anneaux ont été vissés avec une clé anglaise; de telle sorte que le pied pose à terre, et qu'ainsi le corps et les bras ont la liberté de leurs mouvements.

Dans le voyage de Paris à Gaillon, un prisonnier ayant fait observer à l'entrepreneur de ce système de ferrement que ses jambes pliées étaient un peu à l'étroit et que le frottement des genoux pourrait à la longue le faire souffrir, on a confectionné des genouillères en fer qui, sans gêner en aucune façon les flexions de cette partie de la jambe, préviennent la douleur que pouvait occasioner ce frottement.

Après l'introduction des condamnés dans la voiture, deux gardiens ont pris place. L'arme qui leur est donnée est une massue courte et petite, en chêne ou en orme, à gros clous de diamants émoussés.

Un brigadier de gendarmerie s'est assis ensuite sur le devant de la voiture, et un maréchal-des-logis a pris place dans le cabriolet de derrière, à côté des fils de l'entrepreneur.

Avant le départ, le maréchal-deslogis avait pris soin de donner lecture aux forçats placés dans la voiture du réglement affiché d'ailleurs dans chaque cellule.

Ce premier voyage n'a laissé rien à désirer au départ; tout porte à croire que l'expérience de la route réalisera les bons résultats préparés par l'administration.

Voici, en effet, ce qu'on écrivait de Brest, quelques jours après:

La premiére voiture cellulaire est

arrivée dimanche, 9 juillet, à Brest, avec douze forçats. Partis jeudi de la prison de la Roquette, les condamnés ont diné à Verneuil, à Vitré et à Guingamp, et au bout de soixante-douze heures ils étaient rendus sans accident à leur destination, qu'ils n'atteignaient précédemment qu'au bout de vingt à vingt-cinq jours.

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>> Les partisans du système cellulaire apprendront avec plaisir que cette première expérience a aussi justifié leurs prévisions et leur système ; car les douze forçats qui viennent d'arriver, et parmi lesquels se trouvait un récidiviste du bagne de Toulon, ont déclaré que certainement ils avaient fait le voyage d'une manière plus commode, physiquement parlant, qu'on ne le faisait autrefois; mais que moralement c'était là un détestable système, vu qu'ils étaient privés de société et des distractions de la route, ce qui la leur avait rendue excessivement pénible et ennuyeuse, ⚫

8. Windsor. Funérailles du roi Guillaume IV.- La foule était innombrable aux abords du château, et les personnes munies de cartes pour entrer par la porte de Henri VIII ont eu toutes les peines imaginables à pénétrer; quand les officiers ont annoncé que les barrières étaient fermées, un grand mécontentement a éclaté parmi les gens qui, malgré leurs billets, n'ont pas pu parvenir à se faire introduire. Au milieu de la foule immense qui se pressait près des barrières, plusieurs dames se sont trouvées mal de la chaleur, qui était véritablement insupportable. La ville de Wing était sens dessus dessous par l'affluence des visiteurs, et tous les articles de consommation étaient haussés de cent pour cent. Le prix moyen d'un lit était d'une guinée pour une nuit, et beaucoup de gens n'ont pu s'en procurer à aucun prix. Il s'est vendu une grande quantité de médailles et d'estampes représentant le feu roi, la reine douairière et S. M. la reine Victoire. Quelques-unes se sont vendues jusqu'à une demi-couronne, et il certain que, dans toute autre circonstance, on pour rait les avoir a un penny (10 cent.). Au milicu de l'immense quantité de gens qui encombraient la ville, il n'y a eu aucun désordre à réprimer. Cependant vers trois heures, l'affluence devenant

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immense, la police a eu assez de peine à la contenir jusqu'à la fermeture des portes. Les habits des hommes, les robes et les chapeaux des dames montraient par leurs déchirements et leur froissement, la peine et la difficulté qu'elles avaient eues à pénétrer. Pendant toute la journée, la grande cloche du château et celle des diverses paroisses n'ont pas cessé de sonner de minute en minute.

Le service divin a été célébré dans l'église paroissiale, où un sermon approprié à la triste circonstance du jour, a été prêché par le révérend M: Gosset. Un peu avant sept heures du soir, les troupes et les officiers ont pris leurs places. Un détachement de grenadiers s'est mis de chaque côté de la plate-forme, en dedans des barrières chaque soldat avait à la main un flambeau; des grenadiers à cheval de la garde et d'autres troupes à pied occupaient les cours intérieures. Plusieurs galeries et plateformes, construites en planches, ont été bientôt remplies de spectateurs, et toutes les fenêtres donnant sur les cours du château ont été occupées en un instant. Tous les préparatifs de la marche funèbre ayant été achevés par sir William Wods et ses hérauts d'armes, le cercueil royal a été placé sur un char recouvert de draps mortuaires, qui retombaient jusqu'à terre et balayaient le sol. Le corps a été pris dans la chambre de Waterloo; il devait passer le long de la galerie des Normands, traverser la tour de Henri Ier, la porte de Winchester et descendre dans la chapelle par la porte du Sud. Au moment où l'horloge du château sonnait neuf heures, une fusée a été tirée, et à l'instant les canons du fort ont commencé à tirer et ont continué de minute en minute. Le plus profond silence régnait partout, tant l'intérêt était vivement excité.

Le son bruyant des trompettes annonça alors que la procession était en marche. Elle s'avançait à pas lents, aux sons d'une musique mélancolique et des roulements de tambours recouverts d'un drap noir.

Le deuil était conduit par S. A. R. le duc de Sussex en longs habits noirs, portant l'étoile brodée de l'ordre de la Jarretière, et le collier du même ordre, assité de deux ducs et de six pairs, les princes du sang royal, S. A. R. le prince George de Cambridge assisté de deux gentilshommes,

les exécuteurs testamentaires désignés par le feu roi, S. A. S. le duc régnant de Saxe Meiningen, S. A. S. le prince de Leiningen, S. A. S. le prince Ernest de Hesse Philippetal Barchfeld, des gentilshommes d'armes, portant l'arme renversée, des yeomén de la garde, leur pertuisane renversée. Parmi les personnes qui tenaient le poêle nous avons remarqué le duc de Wellington, le duc de Richmond et le duc de Beaufort.

Après le sermon qui a eu lieu dans la chapelle du château, le doyen de Windsor a récité la prière des morts pendant que l'on descendait silencieusement le cercueil dans le caveau, et, au moment où il disparaissait à la vue des assistants, le doyen ayant prononcé la formule : « Nous confions son corps au tombeau, la terre à la terre, la cendre à la cendre, la poussière à la poussière», le portier du collége a jeté sur le cercueil quelques poignées de poussière contenue dans un sac. On a remarqué que, pendant toute la cérémonie, le duc de Sussex n'a cessé de pleurer; il paraissait profondément affligė. Il en a été de même de S. M. la reine. Après que le doyen de Windsor a eu terminé les prières, le roi d'armes a prononcé les titres de sa défunte majesté, et a proclamé la reine Victoire sa vraie et légitime héritière, lui succédant au trône.

Quand toute la cérémonie a été terminée, S. M. la reine douairière, accompagnée de toute sa suite, a quitté le château pour se rendre à Bushy-Park. Nous ajouterons qu'immédiatement après qu'on a mis le feu à la dernière fusée, pour annoncer la descente du corps de S. M. dans le caveau, le drapeau royal qui flottait à mi-mât sur la Tour-Ronde depuis le décès du roi a été a mené.

14. Londres. Tutelle du roi d'Angleterre sur les idiots, les aliénés, etc. Le roi d'Angleterre est le tuteur né des idiots, des aliénés, des enfants trouvés et généralement de tous les bâtards; mais il est en même temps leur héritier. Un jury d'enquête s'est assemblé en vertu d'une commission scellée du grand sceau, et pour la première fois depuis l'avènement de la reine Victoria, à l'effet de constater qu'un M. Weston, enfant naturel, était mort sans progéniture

et sans avoir fait de testament; le jury ayant reconnu la vérité de ce fait, a declaré la fortune du défunt acquise à S. M. C'est une somme de près d'un million de francs dont hérite cette jeune fille de dix-huit ans, comme tutrice d'un homme qui en avait près de cinquante.

12. Procès grammatical. Le bureau de police de Brow Street, à Londres, a été saisi d'une question grammaticale, fondée sur un idiotisme de la langue anglaise. Sa Majesté, en parlant du roi, se dit llis Majesty (Son Majesté); mais en parlant de la reine, on doit dire Her Majesty (Sa Majesté). Or, un fourgon de la maison royale, conservant encore l'inscription qui signifiait fourgon de Son Majesté le roi, le fermier du droit de passage, à la porte de Kingston, a exigé le paiement du droit; il prétendait que Guillaume IV n'existant plus, la franchise n'appartenait qu'a Sa Majesté la reine, et qu'il aurait fallu faire substituer sur les voitures le pronom her au pronom his.

Le grand-maître des écuries royales a poursuivi le fermier N. Ramsdale, pour fait de perception illicite. M. Ramsdale a allégué pour sa défense, qu'il devait s'en tenir à la lettre de l'inscription.

Sir Frédéric Roe, magistrat, a opposé à cette subtilité un statut publié sous le règne de Guillaume III et de la reine Marie, et qui a prévu expressément la difficulté. Cette loi dit que l'on peut, en parlant de la personne du roi ou de celle de la reine, se servir indifféremment avec le mot Majesté, des pronoms his ou her. En conséquence, il a condamné le fermier à une amende de 10 shellings et aux frais.

15. Constantinople. Maurs de la Turquie. Les cris au feu! au feu! se firent entendre dernièrement dans le quartier d'Odown Kapoussy, au milieu de la nuit. Ces cris alarmants furent bientôt répétés par toute la ville, et quoiqu'on n'aperçût ni feu ni fumée du baut des tours ou des minarets, la foule ne courait pas moins de tous côtés pour arrêter les progrès de l'incendie. Après qu'on se fut convaincu qu'il n'y avait aucun danger à redouter, on apprit que le cri d'alarme avait été poussé par Ali-Aga, négociant. Le cadi l'ayant in

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terrogé sur ce fait, Ali-Aga lui montra une paire de souliers, non pas de ces jolies babouches qui renferment les petits pieds de femines, mais des souliers d'homme, et des souliers de chrétien qu'il avait trouvés dans sa maison. Voyez, dit-il au cadi, le pied d'un infidèle a souillé mon harem. Je les ai trouvés, ces souliers, en entrant dans mes appartements. Celui à qui ils appartiennent et sa coupable complice sont chez moi ; amenez vos gardes, qu'on les saisisse tous deux, qu'ils soient conduits devant le séraskier et qu'on venge les droits d'un mari outrage.» Malheureusement pour les parties accusées, le fait était vrai, et l'épouse coupable fut trouvée en conversation criminelle avec un jeune Grec d'une grande beauté. Le flagrant délit était si évident qu'il n'admettait point d'excuse. « Nous savions bien, dit la dame turque, que notre amour devait nous conduire à la mort. Nous en avons couru la chance; que la justice suive son cours. » La sentence de mort fut prononcée sans plus ample informé par le séraskier, et le lendemain matin les corps des deux coupa bles étaient pendus, l'un à la porte de Parmak-Kapou, l'autre à celle de Balikbazar. On avait attaché à chacun un écriteau, l'un portant ces mots : « telle est la punition infligée à tout infidèle qui viole le seuil du harem» ; l'autre, ceuxci: tel est le sort qui attend celles qui suivraient l'exemple de l'infidèle épouse Hatidjah. Les honneurs de la sépulture étant refusés aux corps des criminels en Turquie, ceux des deux coupables amants furent jetés les jours suivants dans le Bosphore.

Mais les supplices en Turquie, de même qu'à Venise, semblent ne pas être un motif infaillible pour préserver les maris du sort qu'ils redoutent. Le jour même où les corps des deux amants devaient jeter l'épouvante et l'effroi dans tous les cœurs, deux autres couples de délinquants, coupables du même délit furent surpris par la police. L'un des deux couples était dans le même costume que portaient Mars et Vénus lorsqu'ils parurent devant les dieux de l'Olympe, avec cette différence immatérielle qu'au lieu d'être à l'abri des regards indiscrets sous l'invisible réseau de Vulcain, le jeune Grec (car c'était encore un Grec, les Lovelaces du pays) et sa complice ne

furent préservés dos regards curieux que par les persiennes de la voiture dans laquelle ils furent conduits devant le cadi. Comme la dame se trouva être l'épouse d'un personnage de distinction, le magistrat ordonna que son exécution et celle de son complice seraient secrètes. Quant au jeune Grec, il appartenait à des parents riches et il n'avait pas trouvé d'autre moyen pour satisfaire la passion dont il était dévoré pour sa coupable amante, que d'entrer au service du mari en qualité de cocher. Je n'ai rien su touchant l'histoire de l'autre couple. Je crois inutile d'ajouter que, par suite de ces découvertes, la jalousie des musulmans s'est accrue à un degré extrême et que les eunuques sont hors de prix; dans moins d'une semaine leur valeur a triplé dans les marchés aux esclaves.

Il vient de paraître un firman qui ordonne que toutes les femmes devront être rentrées chez elles à la dixième heure, ce qui veut dire deux heures avant le cou cher du soleil; et, comme depuis quelque temps les dames turques avaient excité de grands soupçons par le goût soudain qu'elles avaient pris pour aller faire des emplettes dans les riches et élégantes boutiques de Para et de Galata, les propriétaires de ces magasins ne pourront en laisser franchir les portes à aucune femme turque, quels que soient son âge et sa condition, sous peine, en cas de contravention à cet ordre, d'être cloués par l'oreille à la porte de leur établissement. La fréquente répétition de ces abominations dans le sanctuaire sacré du harem, de même que de nombreux exemples arrivés depuis peu tant dans la capitale que dans les provinces du crime si rare et presque inouï chez le musulman, le suicide, sont, aux yeux des vrais croyants orthodoxes, un signe certain que la fin des temps n'est pas éloignée. Dans les quinze derniers jours, il y a eu dans la capitale trois cas de suicide de la part des Turcs. La manière dont un de ces malheureux s'est donné la mort est assez originale pour être connue des excentricités européennes. MehmetEffendi se promenait sur le Bosphore dans une barque et était en proie à une réverie profonde qui absorbait toutes ses facultés. Pendant qu'il se plaignait au batelier de la chaleur qui était accablante, il défaisait l'une aprés l'autre

toutes les parties de ses vêtements, jusqu'à ce qu'enfin il ne lui restât plus que sa chemise et ses caleçons. Après avoir pris le temps pour remplir et fumer une pipe et s'être plaint de nouveau de la chaleur, il se débarrassa des derniers vêtements qui lui restaient; et, sourd à toutes les remontrances du pudique batelier, il remplit de nouveau sa pipe et se mit à fumer in naturalibus. Sc. levant tout-à-coup du banc où il était assis, il s'écria: « Je ne puis supporter plus long-temps cette chaleur, les eaux du Bosphore peuvent seules me rafraîchir.» Cela dit, il s'élance dans la mer, et est emporté par le courant rapide.

17. Paris. Election académique. L'Académie des sciences a procédé aujourd'hui au remplacement de M. Girard dans la section de physique. Deux voix de plus en sus de la majorité voulue, se sont portées sur M. Pouillet au premier tour de scrutin, et il a été proclamé membre de l'Académie. Il y avait 50 votans, qui ont été réduits à 49 par un billet blanc. La majorité absolue était 25. M. Pouillet a obenu 27 suffrages, M. Cagnard-Latour, 42; M. Desprez, 5; M. Babinet, 3, et M. Peltier, 2.

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24. Cour d'assises. Affaire de la Quotidienne et du général Donnadieu. Au commencement de 1837, M. le général Donnadieu publia un ouvrage ayant pour titre: De la vicille Europe, des rois et des peuples de notre époque. Cet ouvrage avait fait peu de sensation, lorsque la Quotidienne, à propos des événements d'Alger, publia, dans son numéro du 26 juin, un article, contenant divers passages de ce livre, suivis de quelques réflexions. Cet article attira l'attention du ministère public sur l'œuvre du général; il crut y reconnaître les délits d'offense à la personne du roi, d'attaque aux droits que le roi tient du vœu de la nation, et d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement. Des poursuites furent en conséquence dirigées tant contre le général, les sieurs Allardin, éditeur, et Malteste, imprimeur, que contre M. de Lostanges, gérant de la Quotidenne.

M. l'avocat général Plougoulm,chargé de soutenir la prévention, commence par donner une analyse sommaire du livre incriminé, dont il résulte que.

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