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pléter la batterie y furent amenés en plein jour, et la batterie fut compléte ment armée. Cette opération fut faite avec la plus grande bravoure par les canonniers du capitaine Caffort, et à neuf heures et demie du matin la batterie commença son feu. La nouvelle batterie d'obusiers, également terminée, put ouvrir son feu à la mème heure, mais celle de mortiers ne put tirer qu'à deux heures après midi.

Les feux de la place furent promptement éteints, et à midi on commença a battre en brèche. Le soir, la brèche était déjà bien indiquée, et la nature de la muraille fit connaître qu'elle était moins facile à renverser qu'on ne l'avait pensé jusqu'alors. Son épaisseur était de 4 mètre 40 centimètres; mais elle était appuyée contre d'anciennes constructions qui rendaient cette épaisseur extrêmement considérable. Le revêtement de l'escarpe était en pierre de taille calcaire d'une grande dureté : ces pierres étaient cubiques, et avaient de 60 centimètres à 80 centimètres de côté.

Quelques démonstrations furent faites par les Arabes contre le 47° et le 3e de chasseurs, placés sur la hauteur en arrière du Coudiat-Aty; mais elles furent facilement contenues.

Le gouverneur-général, voulant faire une dernière tentative pour amener la soumission de la place, adressa une proclamation aux habitants. Un jeune Arabe du bataillon turc se présenta pour remplir cette périlleuse mission. Admis dans la place, il revint le lende main sans y avoir été maltraité, mais rapportant une réponse verbale qui annonçait de la part des habitants l'intention de s'ensevelir sous les ruines de la place.

Pendant la nuit, l'épaulement de la nouvelle batterie de brèche fut construit. Vers deux heures du matin, l'arinement commença; mais, au moment où la première pièce de 24 descendait la pente qui conduisait de la batterie de Nemours à la batterie de brèche, l'ennemi, qui découvrait probablement au clair de lune l'opération que nous nous préparions à faire, dirigea sur ce point et sur la place d'armes un feu de mousqueterie remarquable par son activité, qui obligea à suspendre momentanément le travail. En même temps quel

ques Arabes se montrèrent sur notre gauche, et nous firent craindre une attaque de ce côté. M. le lieutenantcolonel de Lamoricière, qui commandait la garde de tranchée, fit serrer les troupes contre le parapet, leur défendit de tirer, et prescrivit d'attendre P'ennemi à la baïonnette. Ces dispositions imposèrent aux Arabes, qui rentrérent dans la place. Peu à peu le feu se ralentit, et l'on put reprendre le travail, qui ne cessa d'être inquiété pendant toute la nuit.

Le 12, au point du jour, les pièces destinées à armer la nouvelle batterie de brèche étaient placées derrière son épaulement; mais l'approvisionnement n'avait pu être fait, et il fallut le transporter en plein jour, en parcourant à découvert un espace de trois cents mètres pour aller du dépôt de tranchée au ravin, d'où débouchait la place d'armes; deux cents hommes d'infanterie furent employés à ce travail, et l'exécutèrent sans accident et avec une intrépidité remarquable.

La batterie de Nemours fut réarmée pendant la nuit, et les mortiers continuèrent leur feu, qui n'avait pas cessé malgré la nuit.

Vers huit heures et demie, le gouverneur-général, se rendant à la tranchée avec S. A. R. monseigneur le duc de Nemours pour examiner les travaux de la nuit, fut emporté par un boulet de canon, au moment où il arrivait au dépôt de tranchée. Le maréchal-de-camp Perregaux, chef de l'état-major-général, fut blessé au même moment d'une balle à la tête. Je dus à l'instant même prendre le commandement en chef de l'armée, et ordonner toutes les mesures pour terminer promptement l'opération dont la responsabilité pesait désormais sur moi seul.

A neuf heures, les batteries en arrière de celle de brèche commencéèrent à tirer; elles firent bientôt taire le feu de la place, et la mousqueterie elle-même cessa de se faire entendre.

A une heure, la batterie de brèche continua sa brèche commencée, et vers le soir l'état de cette brèche était tel qu'on put fixer l'assaut pour le lende

main.

La place d'armes fut prolongée à gauche de la batteric de brèche, pour mettre la garde de tranchée à l'abri d'une

attaque à revers. Le travail fut exécuté avec beaucoup de dévouement par les Zouaves, dirigés par une compagnie de sapeurs du génie.

A cinq heures, un parlementaire, envoyé par le bey Achmet, fut amené en ma présence, et me remit une lettre dans laquelle le bey me proposait de suspendre les opérations du siége, et de renouer les négociations. Cette démarche me parut avoir pour but de gagner du temps, dans l'espoir que la faim et le manque de munitions nous obligeraient bientôt à nous retirer. Je refusai de faire cesser le fen de mes batteries, et le parlementaire partit avec une lettre dans laquelle j'annonçais à Achmet que j'exigeais la remise de la place, comme préliminaire de toate négocia

tion.

Les batteries reçurent ordre de tirer pendant toute la nuit à intervalles inégaux, de manière à empêcher l'ennemi de déblayer la brèche, et d'y construire un retranchement intérieur.

Le 43, à 3 heures et demie du matin, la brèche fat reconnue par M. le capitaine du génie Boutault et M. le capitaine de zonaves de Garderens. Le rapport de ces deux officiers fut qu'elle était praticable, et que l'ennemi n'avait pas cherché à en déblayer le pied. A quatre beares, je me rendis dans la batterie de brèche avec S. A. R. monseigneur le duc de Nemours, qui devait, comme commandant de siége, diriger les colonnes d'assaut, et M. le général Fleury. Les colonnes d'attaque, au nombre de trols, furent for mées. La première, commandée par M. le lieutenant-colonel de Lamoricière. fut composée de quarante sapeurs, trois cents zouaves, et les deux compagnies d'élite du 2o léger.

La deuxième colonne, commandée par M. le colonel Combe, ayant sous ses ordres MM. Bedead et Leclerc, chefs de bataillon, fut composée de la compagnie franche du 2 bataillon d'Afrique, de 80 sapeurs du génie, de 100 hommes du 3 bataillon d'Afrique, 100 bommes de la légion étrangère, et 300 hommes du 47".

La troisième colonne, aux ordres de M.le colonel Corbin, fut formée de deux bataillons, composés de détachements pris, en nombré égal dans les quatre brigades.

La première et la deuxième colonne furent placées dans la place d'armes et dans le raviny attenant; la troisième at formée derrière le Bardo.

La batterie de brèche reprit son feu, exclusivement dirigé sur la brèche ; les autres batteries dirigèrent le leur sur les défenses de la place qui pouvaient avoir action sur la marche des colonnes d'assaut.

A tept heures, j'ordonnai l'assaut. S. A. R. monseigneur le duc de Nemours lança la première colonne, dirigée par M. le lieutenant-colonel de Lamoricière; elle franchit rapidement l'espace qui la séparait de la ville, en gravit la brèche sous le feu de l'ennemi. Le colonel de Lamoricière et le chef de bataillon Vieux, aide-de-camp de M. le lieutenant-général Fleury, arrivèrent les premiers au haut de la bréche, qui fut enlevée sans difficulté. Mais bientôt la colonne engagée dans un labyrinthe de maisons à moitié dêtruites, de murs crénelés et de barricades, éprouva la résistance la plus acharnée de la part de l'ennemi. Celui-ci parvint à faire écrouler un pan de mur qui ensevelit un grand nombre des as saillants, et entre autres le chef de bataillon de Sérigny, commandant le bataillon du 2 léger.

Des que la première colonne eut dépassé la brèche, je la fis soutenir par deux compagnies de la deuxième colonne; et successivement, à mesure que les troupes pénétraient dans la ville, des détachements de deux compagnies vinrent appuyer les mouvements de la tête de colonne.

La marche des troupes dans la ville devint plus rapide après la chute du mur, malgré la résistance de l'ennemi. A droite de la brèche, après avoir fait chèrement acheter la possession d'une porte qui donnait dans une espèce de réduit, les Arabes se retirerent à distance et bientôt après une mine fortement chargée engloutit et brula un grand nombre de nos soldats. Plusieurs pêrirent dans ce cruel moment; d'autres, parmi lesquels je dois citer le colonel Lamoriciere, et plusieurs officiers de zonaves et du 2 léger, et les cfficiers du génie Vieux et Leblanc, furent griévement blessés. A la gauche, les troupes parvinrent a se loger dans les misons voisines de la brèche, les sapeurs

du génie cheminérent à travers les murs, et l'on parvint ainsi à tourner l'ennemi: lamême manœuvre, exécutée à la droite, força l'ennemi à se retirer, et décida la reddition de la place.

Le combat se soutint encore pendant près d'une heure dans les murs de la ville; enfin les Arabes, chassés de position en position, furent rejetés sur la Casbah ; et le général Rullière, que je venais de nommer commandant supé rieur de la place, y arrivant en même temps qu'eux, les força à mettre bas les armes. Un grand nombre cependant périt en cherchant à se précipiter du rempart dans la plaine.

Le calme se rétablit bientôt dans la ville. Le drapeau tricolore fut élevé sur les principaux édifices publics, et S. A. R. monseigneur le duc de Nemours vint prendre possession du palais du bey.

Des ordres sévères furent donnés pour empêcher le pillage et faire respecter les mœurs et la religion du pays. Le cheick et les autorités de la ville furent maintenus dans leurs fonctions, et par leurs soins la population fut tranquillisée sur son sort, et les relations entre les Français et les Arabes ne tardèrent pas à s'établir.

Pendant les opérations du siége, la brigade du général Trézel, placée sur le Mansourah, fut constamment attaquée par les Kabyles: chaque jour ils descendaient du Sidi-Méad, et venaient inquiéter la droite de notre position. Des obusiers de montagne furent dirigés sur ce point pour appuyer l'infanterie, et la bravoure des troupes commandées par le général Trézel parvint à triompher dans les attaques qu'elles eurent à soutenir. Les zouaves, les 2 et 47 légers, le 11 et le 23 de ligne, prirent part à ces différents combats, et plusieurs militaires de tous grades méritent d'être cités honorablement.

Tel est, Monsieur le ministre, le tableau fidèle des opérations de cette campagne, qui n'est pas sans gloire. L'armée a eu à lutter contre le mauvais temps et la difficulté du terrain. Elle a supporté avec une résignation admirable les privations qui lui ont été imposées, et son dévouement ne s'est pas démenti un seul instant.

L'artillerie a construit neuf batteries avec une célérité remarquable; elle a

exécuté d'immenses mouvements de matériel pour armer et approvisionner ces batteries, malgré la pluie et la difficulté extrême des chemins.

Les troupes du génie ont secondé les travaux de l'artillerie avec un zèle et un empressement dignes d'éloges; tous ses moyens, en personnel et en matériel, ont été constamment employés ; et, pendant l'assaut, les officiers, sous-officiers et sapeurs du génie se sont montrés sur tous les points à la tête des colonnes: plusieurs ont été tués, et un grand nombre blessés plus ou moins grièvement.

Les troupes d'infanterie ont constamment été employées aux travaux de l'artillerie. Chaque jour de nombreux travailleurs ont été fournis, et tous se sont fait remarquer par leur résignation à supporter le mauvais temps, et par leur courage sous le feu de l'ennemi. L'assaut a été livré avec la plus remarquable intrépidité.

Le roi a perdu plusieurs serviteurs dévoués. J'ai l'honneur de vous en adresser l'état nominatif : mais je dois un juste tribut d'éloges à la mémoire du brave colonel Combe, blessé mortel. lement pendant l'assaut. Son calme et sa résignation seront toujours présents à la mémoire de ceux qui l'ont vu descendre de la brèche frappé d'un coup mortel, et qui l'ont entendu nous dire : « Ceux qui ne sont pas blessés mortellement pourront se réjouir d'un aussi beau succès; pour moi, je suis heureux d'avoir pu faire encore quelque chose pour le roi et pour la France. » Quelques heures après, il avait cessé d'exis

D

ter.

Je voudrais pouvoir citer, Monsieur le ministre, les noms de tous les officiers, sons-officiers et soldats qui ont bien rempli leur devoir; mais je dois me borner à vous désigner ceux qui se sont particulièrement distingués.

Je nommerai en première ligne S. A. R. monseigneur le duc de Nemours, M. le lieutenant-général baron de Fleury, et MM. les maréchaux-de-camp Trézel et Rullière.

Le commandant du siége cite d'une manière particuliere MM. le capitaine de Salles, major de tranchée, et les lieutenants Mimont et Letellier, aidesmajors; ces officiers ont rempli avec le plus grand zèle les fonctions pénibles qui leur étaient imposées; ils ont pris

part nuit et jour aux travaux et aux opé rations les plus difficiles et les plus périlleux.

L'armée a remarqué l'empressement et l'habileté avec lesquels M. le docteur Baudens a dirigé le service difficile des ambulances, et le zèle qu'ont montré tous les officiers employés à l'état-major de menseigneur. le duc de Nemours: S. A. R. cite en particulier le capitaine de hussards Ney de la Moskowa.

Dans l'artillerie, MM. le colonel de Tournemine, les chefs d'escadron Maléchard, d'Armandy; les capitaines Courtois, Caffort, Le Bœuf, Munster; les lieutenants Bornadon et Beaumont; les maréchaux-des-logis Caprettan et Heilmann, et le brigadier Seingeot, se sont fait particulièrement remarquer par leur zèle et leur bravoure.

Je citerai encore, Monsieur le ministre, dans le génie, MM. les chefs d'escadron Vieux et de Villeneuve, les capitaines Niel, Boutault, Hacket (qui a été tué), Leblanc, Potier (blessé à mort), les lieutenants Wolf, Renon et Borel-Vivier.

Dans le corps royal d'état-major, le chef d'escadron Despinoy; les capitaines Borel, Mac-Mahon, de Creny; le lieutenant de Cissey.

Dans la cavalerie: MM. Laneau, colonel du 3 chasseurs; les capitaines Richepanse, officier d'ordonnance du général Rullière; de Belleau, du 3° chasseurs, et le sous-lieutenant Galfalla, des spahis réguliers.

Enfin, dans l'infanterie :

Le colonel Combe, du 47; le lieutenant-colonel de Lamoricière, des zouaves; les chefs de bataillon Montréal, du 3a d'Afrique; Bedeau, de la légion étrangère, et Leclerc, du 47; les capitaines Levaillant et de Garderens, des zouaves; Houreaux, du 3 bataillon d'Afrique; Saint-Amand, de la légion étrangère; Canrobert, Taponier et Blanc de Loire, du 47° de ligne; Méran, Raindre, de la légion étrangère; de Roaut, Marulay, du 17 léger; Guignard, de la compagnie franche; de Rilly, du bataillon des tirailleurs d'Afrique ; les lieutenants Desmaisons, officier d'ordonnance du général Rullière; Jourdan, Adam, du bataillon d'Afrique; Dufresne, du 47; Nicolas, du 23 de ligne; les sous-officiers Léger et Debœuf, du 3 bataillon d'Afrique; Justaud et Dose, de la légion étrangère; Mariguet et Vincent, da 47° de ligne; les grenadiers et voltigeurs Dessertenne, caporal; Colman, Reileio, da 47; Perés et Jourdat, du 17 léger ; Courtois, sergent de zouaves; et Quatrehomme, caporal; le chef de bataillon de Sérigny, du 2 léger, tué dans la brèche; le capitaine de Leyritz, les sousofficiers Debray et Beugnot, du même corps.

Constantine, le 26 octobre 1837. Le lieutenant-général, commandant en chef l'armée d'expédition de Constantine,

Comte VALÉE.

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Mesures de longueur.

Myriamètre.--Dix mille mètres.

Kilométre. -Mille mètres.

Hectomètre.-Cent mètres.

Décamètre.-Dix mètres.

et mesures (1) (dix-millionėme partie du quart du méridien terrestre). Décimètre.-Dixième du mètre. Centimetre.-Centième du mètre. Millimétre.-Millième du métre. Mesures agraires.

Hectare. — Cent ares ou dix mille mėtres carrés.

(1) L'étalon prototype en platine, déposé aux Archives le 4 messidor an 7, doune la longueur légale du mêtre quand il est à la

Mètre.-Unité fondamentale des poids température zéro.

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Hectogramme.--Gent grammes.
Décagramme.-Dix grammes.
Gramme.-Poids d'un centimètre cube
d'eau à quatre degrés centigrades.
Décigramme.-Dixième de gramme.
Centigramme.-Centième de gramme.
Milligramme.-Millième du gramme.

Monnaie.

Franc.-Cinq grammes d'argent au ti-
tre de neuf dixièmes de fin.
Décime.-Dixième du franc.
Centime.-Centième de franc.

Conformément à la disposition de la loi du 18 germinal an 3, concernant les poids et les mesures de capacité, chacune des mesures décimales de ces deux genres a son double et sa moitié.

Vu pour être annexé à la loi du 4 juillet 1837.

LOUIS-PHILIPPE.

Par le roi :

Le ministre secrétaire-d'état au département des travaux publics, de l'agriculture et du commerce,

N. MARTIN (DU Nord).

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