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marche sur eux, les attaque à coups de sabre, et les blesse; effrayés, ces deux fusiliers reculent et lui cèdent la place.

Cependant, M. d'Iboz de Talasac, adjudant sous-officier, dont la chambre est au-dessus de celle où dînaient les lieutenants, entendant tout ce bruit, descendit, et voyant cet horrible spectacle, remonta pour se débarrasser de sa capote et prendre son sabre. Redescendu aussitôt, il pénétra dans la chambre, et somma avec sang-froid Séverac de se rendre. Celui-ci, tournant lors ses efforts sur l'adjudant, fut bientôt mis hors de combat par ce brave sousofficier, qui, par un coup adroit, lui fit tomber le sabre de la main; alors Séverac le saisit corps à corps; mais il succomba.

Arrêté et conduit à l'hôpital ainsi que ses victimes, Séverac tenta de nouveau de se tuer, mais ne put y parvenir. Cet officier, que l'instruction représente comme d'un caractère sombre, inquiet, et d'un esprit peu éclairé, est d'ailleurs signalé comme étant rempli de zèle et de bonne volonté dans l'accomplissement de ses devoirs militaires. Malheureusement on avait jeté dans son esprit, par une lettre signée Bringuer, nom supposé selon toute apparence, des inquiétudes sur les assiduités que le major devait avoir auprès de sa femme, et ces soupçons avaient contribué encore à aigrir l'esprit de cet officier, qui voyait en tout l'intention de le blesser et de l'humilier.

La jalousie soulevée chez Séverac par cette lettre était telle, que ses camarades lui ayant dit un jour : « Si madame Séverac vient à Vannes, continuerez-vous à manger avec nous? » F....., dit-il, je défends à qui que ce soit de prononcer le nom de ma femme et de s'en occuper. » Prenant pitié de ce malheureux caractère, ses camarades faisaient tous leurs efforts pour ne pas l'irriter, et mettaient autant d'égards envers lui que possible.

Après la lecture des pièces, M. le président donne ordre d'introduire l'accusé.

Au bout de quelques minutes, la garde amène Séverac. Il est vêtu d'une redingote d'uniforme, sans épaulettes; il marche avec peine, et l'on voit que l'usage de son bras gauche est encore paralysé par sa blessure. Cet officier,

qui a l'apparence de la force, est cependant très-pâle, et sa figure exprime bien ce que l'on connaît déjà'de son caractère. Le maréchal-des-logis de gendarmerie l'aide à monter sur le banc des accusés, où il prend place entre deux gendarmes.

Dès qu'il est assis, M. le président Richard l'interroge. Il répond aux premières questions se nommer Gaspard Séverac, né à Marainville (Aude), ancien coutelier, puis sergent dans la garde royale, puis sous-lieutenant au 65o.

L'interrogatoire des témoins a commencé à l'audience du 14 mars. Leurs dépositions ne font que confirmer les faits soutenus par l'accusation, et s'accordent sur ce point, que le sous-lieutenant Séverac, d'un caractère ombrageux et susceptible, s'est rué à coups de sabre sur ces camarades sans qu'aucune provocation de leur part pût servir d'excuse ou de motif à de tels actes de violence. Ils s'accordent aussi à représenter l'accusé comme dominé par un sentiment de jalousie aveugle qui influait sur toutes ses actions et devait tôt ou tard le porter à des actes insensés. Cette opinion a été principalement émise par le médecin de l'hospice des aliénés de Rennes, qui a reconnu chez Séverac tous les symptômes de la monomanie dont son crime est la conséquence.

A l'audience du 18, Me Provins, défenseur de Séverac, dans une chaleureuse plaidoirie, émeut au plus haut degré l'auditoire; c'est un spectacle attendrissant que celui de plusieurs vieilles moustaches mouillées d'une larme furtive.

M. le capitaine rapporteur, dans sa réponse, s'attache à réfuter l'objection de monomanie, et cite plusieurs autorités médicales, pour démontrer que les faits de la cause ne se plient pas aux théories invoquées.

M. Richard, lieutenant-colonel d'artillerie, qui a présidé, dans cette longue et pénible affaire, avec un talent et une impartialité remarquables, demande à l'accusé s'il a quelque chose à ajouter à sa défense. Sur sa réponse négative, le conseil se retire à trois heures de l'aprèsmidi dans la chambre de ses délibérations.

Il rentre une heure après dans la

salle d'audience, et rend, par l'organe de son président, en l'absence de l'accusé, un jugement par lequel Gaspard Séverac, sous-lieutenant porte-drapeau au 65o de ligne, reconnu coupable d'homicide sur un de ses camarades et de tentative d'homicide sur plusieurs autres, mais sans préméditation, est condamné à la peine des travaux forcés à perpétuité et à la dégradation.

A l'issue de l'audience, il a été donné lecture à Séverac du jugement rendu par le conseil. Le condamné a écouté cette lecture debout, les yeux fixes, les bras croisés, et une légère émotion n'est venue contracter ses traits qu'au moment où il a entendu la partie du jugement relative à la dégradation. J'aime mieux la mort!» a-t-il murmuré tout bas.

28. Paris. Théatre Français. Première représentation de LA VIEILLESSE D'UN GRAND Ror, comédie en trois actes et en prose, par MM. Arnould et Lockroy, Ce grand roi, ou plutôt ce roi d'un grand siècle, c'est Louis XIV, survivant à ce siècle, aux poètes, aux orateurs, aux généraux, aux ministres qui en ont fait la gloire véritable. Aussi qu'elle est triste cette vieillesse du superbe monarque, entre le duc du Maine, son bâtard, et madame de Maintenon, à présent que Condé, Turenne, Colbert, Corneille, Racine, Molière, Bossuet ont disparu! Madame de Maintenon, pour amuser cet homme qui n'est plus amusable, suivant ses propres paroles, lui annonce qu'une ambassade solennelle lui arrive de Perse. Un vieux prêtre, qui doit servir d'interprète au prétendu ambassadeur, surprend le secret de cette mystification et la dévoile à Louis XIV. Il n'en ordonne pas moins que la cérémonie se fasse, et ce n'est qu'après avoir essayé complétement cette insulte qu'il s'indigne et s'emporte contre madame de Maintenon. Et pourquoi cette farce de l'ambassade persane? Dans le but, suiyant les auteurs, de flatter la vanité royale de Louis XIV, et de l'amener plus facilement à signer un testament qui assure la régence au duc du Maine, Toutes les petites tyrannies dont le roi fut la victime, de la part de madame de. Maintenon et de son protégé, à propos de ce testament, sont retra

cées dans le troisième acte. Enfin, Louis XIV, plus triste, plus humilié, plus malheureux que jamais, touche à ses derniers moments. Il demande en vain madame de Maintenon, le duc du Maine, les princes, sa cour... tout a fini; car il n'est pas encore mort, mais il n'est déjà plus roi. Quelque instructif et frappant que soit ce tableau, c'est à l'histoire et non à la scène qu'il appartient. Saint-Simon s'en était déjà emparé, avec quel génie, tous ceux qui ont lu ses Mémoires, le savent. Il n'est pas douteux que l'effet même de ces pages burinées par Saint-Simon n'ait inspiré aux deux auteurs l'idée de leur comédie, et ne leur ait fait espérer que cet effet pourrait être transporté sur le théâtre. Si cette espérance n'a pas été réalisée, on a du moins trouvé que l'étude du caractère de Louis XIV, en ses jours de vieillesse et de disgrâces, était consciencieuse et souvent intéressante, et que MM. Arnould et Lockroy avaient fait de louables efforts pour donner à leur ouvrage une apparence dramatique qu'il ne comportait peut-être

pas.

AVRIL,

1er. Paris. Académie royale de Musique. Retraite de Nourrit. — Il n'est pas ordinaire de voir un acteur se retirer d'un théâtre dont il fait la gloire, les délices et la fortune, au milieu d'une carrière dans tout son éclat, d'un talent dans toute sa puissance, d'une faveur dans tout son enthousiasme; aussi la situation de Nourrit, quittant l'Opéra à trente-quatre ans, quand un long ave nir de succès lui était assuré, a-t-elle singulièrement ému le public parisien. Que Nourrit ait cédé à un sentiment de modestie exagéré, en laissant la place entière à Duprez, qui n'en réclamait que la moitié, ou qu'il ait été blessé de la manière discourtoise dont on avait été chercher en Italie, pour lui susciter un concurrent, un ténor dont rien ne faisait sentir le besoin à l'opéra; une chose certaine, c'est que le grand artiste avait donné sa démission, et qu'il paraissait aujourd'hui, pour la dernière fois, dans une représentation à son bénéfice, devant un public qui l'aimait autant qu'il l'admirait. Né à Montpellier, en 1802, et destiné au commerce, après avoir

fait de bonnes études à Sainte-Barbe, Adolphe Nourrit avait montré de telles dispositions pour le chant, qu'il avait bien fallu y voir une vocation, et il dé buta le 9 septembre 1824 à l'Académie royale de Musique. Devenu en quel ques années grand chanteur et grand tragédien, il contribua puissamment aux mémorables succès de Rossini, d'Auber, de Meyerbeer et d'Halevy. Jamais on n'oubliera avec quelle supé riorité il a créé les principaux rôles du Siége de Corinthe, de la Muette, de Moise, du Comte Ory, de Guillaume Tell, de Robert-le-Diable, de Gustave, de la Juive, des Huguenots, de Stradella, etc. Tel il s'est encore montré aujourd'hui dans le rôle de Nangis des Hu guenots, avec toute la jeunesse, toute la beauté de son talent. Cependant, parmi cette foule élégante et parée qui était accourue pour rendre un dernier hommage à celui qui l'avait émue et charmée tant de fois, bien des visages étaient sans joie, bien des yeux mouillés de larmes, car peu d'artistes ont laissé d'aussi vifs, d'aussi sincères regrets. On ne pouvait se lasser de l'applaudir, de le redemander, et la scène a été jonchée sur ses pas de couronnes et de fleurs.

4. Saint-Sébastien. Une trève entre les carlistes et les cristinos. On écrit de cette ville: Il s'est passé hier sous nos yeux un épisode bien curieux:

La solennité du jour (c'était l'Annon ciation) et un beau soleil avaient fait sortir dans la campagne toutes les populations carlistes et christines. Il est d'usage immémorial qu'à pareil anniversaire on se rende dans la vallée de Loyola, où toutes les maisons se convertissent en hôtelleries pour recevoir les pèlerins des deux sexes, beaucoup plus dévots au plaisir qu'à la bonne Vierge. Nos jeunes filles déploraient de ne pouvoir faire pèlerinage, tandis que celles de Hernani et des villages voisins en avaient toute la liberté, sous la protection des forces carlistes qui occupent la localité. Pour se consoler elles étaient montées sur les hauteurs voisines, en compagnie de nombreux soupirants avec qui elles ont coutume de faire leurs dé. votions de là elles pouvaient voir, de Pautre côté de l'Uruméa, des groupes joyeux et animés, entendre leurs cas

taguettes, leurs tambours de basque, leurs chants et leurs appels provocateurs

Bientôt, des propos ont été échangés, des colloques se sont établis, des encouragements ont été donnés et accueillis. La séduction était trop forte: notre jeunesse, dont les pieds suivaient en cadence tous les mouvements des danseurs, et dont les doigts claquaient àl'unisson des castagnettes, a commencé à s'ébranler, entraînée vers la vallée comme par une fascination magnétique. Les plus timides sont restés en chemin; beaucoup d'autres se sont approchés des bords de la rivière; un bon nombre a cherché à se mêler aux carlistes.

Au même instant, les soldats des postes opposés, qui étaient déjà en conversation plus que bienveillante, ont redoublé réciproquement leurs démonstrations, et, laissant de part et d'autre leurs fusils à la garde des sentinelles, ils se sont réunis, se promenant ensuite bras dessus bras dessous, partageant fraternellement les cigares et le contenu des peaux de bouc, quitte à se faire deux heures après guerre à mort et sans quartier. C'est un singulier pays, un singulier peuple, une singulière guerre.

11. Londres. Assises criminelles.Horrible assassinat.- Un crime épouvantable qui, depuis près de quatre mois, absorbait l'attention du public anglais, ame. nait enfin lundi sur les bancs de la cour d'assises, ses auteurs, assurés aujourd'hui d'une déplorable célébrité. Ce sont, d'abord un homme d'une cin-. quantaine d'années, d'une figure repoussante, le nommé Greenacre, ancien charpentier - mécanicien, et sa concubine, Sarah Gale, d'une figure assez commune, d'une mise assez recherchée, et qui peut avoir de trentequatre à trente-cinq ans. Voici maintenant les faits de la cause.

Le 28 décembre dernier, on trouva enfermé dans un sac et placé sous une pierre dans Edgeware-Road, le corps d'une femme, ou plutôt le tronc, car il n'y avait ni tête ni extrémités, Le 6 janvier suivant, l'éclusier de Stepney (canal du Régent), éprouvant de la difliculté à fermer son écluse, découvrit avec horreur que l'obstacle était une tête humaine. Rapprochée du trone précédemment trouvé, cette tête s'y

rapporta parfaitement; il fut évident qu'elle en avait été séparée à l'aide d'une scie; et comme la tête était absolument vide de sang, les gens de l'art en conclurent que l'opération avait dù être faite sur un sujet encore chaud, el peut-être vivant. Plus tard les cuisses et les bras furent trouvés dans un étang.

Les circonstances atroces que cette mutilation semblait indiquer, exciterent au plus haut point le zèle des magistrats et des agents de police, et, suivant l'asage anglais, des sommes considérables furent offertes à quiconque livrerait le coupable à la justice, ou même lui fournirait quelques indices certains. Trois mois s'étaient écoulés, et on commençait à désespérer de jamais atteindre les meurtriers, le nom même de la victime étant demeuré inconnu. Son cadavre, convenablement préparé, continuait cependant d'être exposé, lorsqu'un M. Gay étant venu le voir comme les autres, le reconnut aussitôt pour celui de sa sœur, mistress Hannah Gay, veuve Brown. Il dit que sa sœur avait quarante-sept ans, qu'elle avait été long-temps cuisinière chez le fameux brasseur, M. Charles Barclay, et qu'elle y avait amassé une assez jolie fortune. Il ajouta qu'elle avait quitté le logement qu'elle occupait dans UnionStreet-Middlesex-Hospital, emportant dans un fiacre plusieurs malles, 500 livres au moins en argent (12,500 fr.), et 100 livres sterling, peut-être, de bijoux, argenterie, etc. Elle était accom. pagnée, lors de son déménagement, par un sieur James Greenacre, qu'elle devait épouser le lendemain, et dans le logement duquel elle transportait en conséquence ses effets. Depuis, on n'en avait plus entendu parler, non plas que de celui-ci.

Une fois mise sur la voie, la police s'occupa activement à rechercher James Greenacre; elle le découvrit enfin, et l'arrêta couché avec sa concubine, Sarah Gale, dans le logement de celleci, dans Saint-Alban Street-Lambeth. Il était temps: la chambre était jonchée de malles et de caisses toutes cordées; les accusés avaient retenu leur passage, et le lendemain ils partaient pour l'Amérique.

Amené devant les magistrats instructeurs, James Greenacre essaya d'abord de nier qu'il eût jamais connu

mistress Brown, puis il fit une confession suivant laquelle elle se serait tuée par accident, en tombant dans sa chambre.

» Voyant qu'elle ne se relevait pas, a-t-il ajouté, et qu'elle ne poussait pas un cri, je m'effrayai, je me levai, j'alJai à elle, je lui frappai dans les mains, je l'inondai de vinaigre plusieurs fois : elle était morte! Je n'essaierai pas de vous d'écrire l'état dans lequel je me trouvais; mon idée dominante fut que cette scène n'ayant pas eu de témoin, je pourrais passer pour l'avoir assassinée; c'est alors que je pris la fatale résolution de me débarrasser du cadavre, et que je le sciai pour le faire plus aisé. ment. Quant à cette femme, je nie absolument qu'elle ait été ma complice; il est vrai qu'avant l'événement elle vivait avec moi, mais je l'avais renvoyée, me croyant au moment d'épouser mistress Brown. Ce n'est qu'après m'être débarrassé du corps que je l'ai priée de revenir, ne me souciant pas de rester seul dans mon appartement. »

Cette prétendue confession, qui rappelle d'une manière si frappante cette de l'abbé Delacollonge, n'a point satisfait les magistrats; l'instruction a dû rechercher les antécédents de Greenacre et elle en a découvert d'affreux. Une fois il fut accusé d'avoir donné des drogues à une de ses maîtresses pour procurer son avortement, mais renvoyé faute de preuves. Une autre fois, il fit condamner comme diffamateurs à des dommages-intérêts considérables deux voisins qui l'avaient accusé du meurtre de l'un de ses båtards.

Quant à Sarah Gale, l'instruction a établi qu'elle était chez Greenacre le jour du crime, et qu'elle en avait partagé les produits.

Nous avons dit que cet horrible assassinat avait singulièrement ému la populace de Londres; elle l'a prouvé à sa manière, et chaque fois qu'il a fallu conduire les accusés au tribunal ou les ramener en prison, toute la police, réunie en bataillons épais, a dû escorter les voitures, et vingt fois elle a failli plier sous l'effort de la populace, qui voulait lui arracher les prisonniers pour les mettre en morceaux. Des accidents nombreux ont eu lieu à chaque audience, et un pauvre enfant de dix ans à été, entre autres, écrasé dans la foule.

1.24

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Les débats ont révélé les faits déjà connus, sauf l'étrange circonstance que voici : Quelques jours après la découverte successive des fragments du cadavre, et lorsque ce crime était l'objet de tous les entretiens, Greenacre déjeûnait paisiblement dans un cabaret, à peu de distance du lieu où l'on conduisait au supplice un autre assassin nommé Pegsworth. Une des personnes présentes s'écria : « Je voudrais bien que la premier que l'on pendra fût le misérable qui a coupé une femme en morceaux ; j'irais avec plaisir le voir attacher au gibet. A cette exclamation, Greenacre éprouva un tremblement nerveux qui faillit le trahir.

Une chose qui n'est pas extraordinaire à Londres, où l'on fait argent de tout, c'est que la maisonnette de Camberwell, où Greenacre avait établi son atelier de charpentier, et dans laquelle le crime a été commis, est devenue très-lucrative pour le propriétaire. La foule s'y porte, et paie, à l'envi, les 3 pence (6 sous) qui ont été fixés comme prix d'entrée.

Le propriétaire se flatte de faire en peu de temps une recette égale au moins à la valeur de l'édifice. Il n'est pas jusqu'à la dernière cuisine dans la quelle a été employée la malheureuse Hannah Brown qui ne reçoive la visite empressée des curieux.

Le verdict a été rendu le 14, à dix Het heures du soir. Greenacre a été condamné à mort et Sarrah Gale à la déportation pour la vie.

14. Paris. Election académique. M. Guigniaut, professeur à la Faculté des lettres, ancien directeur de l'Ecole normale, a été élu aujourd'hui membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres), en remplacement de M. Van-Praët, à la majorité de 18 voix sur 34. Ses concurrents étaient M. Paulin Pâris, de la Bibliothèque du roi, qui a obtenu 15 voix, et M. Marcel, ancien directeur de l'Imprimerie royale, qui en a eu 3, au premier tour de scrutin.

16. Génes. Tremblement de terre. On écrit de cette ville des détails pleins d'intérêt sur un tremblement de terre qui s'est fait sentir le 14 en divers endroits. D'affreux malheurs ont eu lieu

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sur plusieurs points, et partout les habitants, frappés de terreur, ont pris la fuite ou se sont vus menacés d'une mort affreuse. A Pivizzano, le plus grande partie de la population était rassemblée dans l'église principale pour entendre le sermon d'un missionnaire, quand une secousse très-forte se fit sentir. Tous les assistants poussèrent un cri terrible, et bientôt le désordre fut dans l'assemblée : les uns prirent la fuite, d'autres furent renversés, le plus grand nombre criaient et pleuraient; c'était un spectacle de terreur et de confusion. Le mal ne fut pas grand toutefois : quelques cheminées, quelques toits, quelques corniches tombèrent; plusieurs maisons furent crevassées, aucun habitant ne fut blessé.

A Ugliano, le tremblement de terre eut les plus épouvantables suites; les secousses furent telles qu'on vit les neiges, amassées sur la haute cîme du Pizzo, voler en tourbillons, et les rochers, se précipitant avec bruit, rouler jusqu'au bas de la montagne. Toutes les maisons du village s'écroulèrent à la fois. De 103 que l'on y comptait, deux seulement sont restées debout; encore y aurait-il danger à les habiter. De tout le reste on n'aperçoit plus que des tas de pierres. Par bonheur les habitants travaillaient hors du village. Quinze seulement étaient restés chez eux; huit sont morts, les autres ont été retirés de dessous les ruines, non sans de graves blessures.

Un malheureux revenait à sa cabane, portant sur ses épaules une botte de foin, quand une forte secousse le jeta par terre; il leva les yeux, vit ses deux filles qui l'appelèrent pour la dernière fois, et restèrent ensevelies sous les ruines. On raconte un grand nombre d'événements non moins déplorables. Depuis six heures du soir jusques au lendemain matin, on a compté trentedeux secousses. La montagne d'Ugliano présente de toutes parts des fentes et des éboulements. Le feu, qui a promptement éclaté dans les maisons renversées, aurait achevé de les détruire, si la pluie et la neige ne l'avaient éteint.

Les habitants, étourdis par leur malheur, n'ont pas même songé à chercher dans les ruines le peu qu'ils possèdent, et, après avoir retiré les blessés et les cadavres, ils demeurent immobiles,

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