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des faiblesses de la nature, auxquelles on doit tant de vertus; son âme, ses principes, le ciel qui l'observe, voilà sa force et sa récompense. Le monde, cet, ingrat qu'il faut plaindre et servir, ne le connaît pas s'occupe-t-il, hélas ! d'un citoyen utile, qui n'a d'autre mérite que celui de vivre dans l'habitude d'un héroïsme ignoré ?

THIREL DE BOISMONT.

CYPRIEN (SAINT).

HISTOIRE DE SA CONVERSION.

J'étais dans les ténèbres je flottais sur la mer orageuse de ce monde, sans connaître la lumière et sans savoir où fixer mes pas; je pensais à ce que l'on me disait de la régénération, et je trouvais impraticable le moyen de salut proposé par la bonté divine; je ne pouvais concevoir comment un homme recevait dans le baptême le principe d'une nouvelle vie, comment il était possible qu'il cessât d'être ce qu'il était auparavant, qu'il devint un être nouveau, qu'en conservant le même corps il se dépouillât du vieil homme pour être entièrement renouvelé dans son intérieur. Comment, me disais-je à moi-même, un tel changement peut-il s'opérer ? comment quitter en un instant des habitudes invétérées dans lesquelles j'ai vieilli? comment un homme renoncera-t-il à ses premières inclinations, en 'restant toujours au milieu des objets qui ont si longtemps et si puissamment charmé ses sens? ces inclinations et ces habitudes dont je dois me dépouiller, me sont devenues naturelles et se sont attachées à mon être de la manière la plus intime. A-t-on des exemples d'un homme qui, après avoir vécu dans l'abondance et les délices, se soit réformé au point de devenir un modèle de tempérance et de frugalité. Peut-on se réduire à ne porter que des vêtements simples et pauvres quand on a toujours été

couvert d'or et de pierreries? Un homme qui a des vues de fortune, qui se complaît en lui-même, qui se glorifie de paraître avec les marques extérieures du pouvoir et de l'autorité, pourra-t-il jamais aimer l'obscurité d'une vie privée ?.... C'est une espèce de nécessité de se laisser dominer par l'amour du vin, enfler par l'orgueil, enflammer par la colère, dévorer par la soil des richesses, séduire par l'ambition et tyranniser par la volupté, lorsqu'on a é longtemps esclave de ces différentes pas sions. Voilà ce que je me disais à moi-mê me. Comme j'étais profondément plong dans de vieilles erreurs auxquelles il m paraissait impossible de m'arracher, cett pensée de désespoir, jointe à la complai sance que j'avais pour mes inclinations vi cieuses, ne faisait que leur donner une nouvelle force. Je m'embarrassais de plus en plus dans ma chaîne, qui m'était deve nue si naturelle que je la regardais comme une partie de moi-même. Mais aussitôt que les eaux du baptême eurent lavé les tache de mon âme, que mon cœur eut reçu la lu mière de la céleste vérité, que l'esprit de Dieu fut descendu sur moi et que par là je fus devenu une nouvelle créature, mes dif ficultés s'évanouirent, mes doutes furent résolus, et mes anciennes ténèbres se dissipèrent. Ce que j'avais jugé difficile et im praticable ne me parut plus tel. Je fus convaincu que je pouvais faire ou souffrir co que j'avais cru auparavant au-dessus des forces de la nature. Je vis que le principe terrestre, que je tenais de ma naissance, m'exposait au péché et à la mort, et que le nouveau principe que j'avais reçu de l'es prit de Dieu par la régénération me donnait de nouvelles idées, de nouvelles inclina tions, et me faisait diriger toutes mes pensées vers Dieu.

S. CYPRIEN. Trad. DE GUILLON.

DANGER DE L'ATHEISME.

Il y a deux sortes d'athées bien distinctes les premiers, conséquents dans leurs principes, déclarent, sans hésiter, qu'il n'y a point de Dieu, par conséquent point de différence essentielle entre le bien et le mal; que le monde appartient aux plus forts et aux plus habiles, etc. Les seconds sont les honnêtes gens de l'athéisme, les hypocrites de l'incrédulité : absurdes personnages, qui, avec une douceur feinte, se porteraient à tous les excès pour soutenir leur système; ils vous appelleraient mon frère en vous égorgeant; les mots de morale et d'humanité sont incessamment dans

leur bouche: ils sont triplement méchants, car ils joignent aux vices de l'athée l'intolérance du sectaire et l'amour-propre de l'auteur.

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aucun intérêt à être athée. Il est si doux pour uide songer que ses jours se prolongeront a delà de la vie! Avec quel désespoir ne quitterait-il pas ce monde, s'il croyait se séparer pour toujours du bonheur ! En vai tous les biens du siècle s'accumulerent sur sa tête, ils ne serviraient qu'à lui mare le néant plus affreux. Le riche peut Ja se tenir assuré que la religion augLentera ses plaisirs, en y mêlant une tendresse ineffable; son cœur ne s'endurcira point; il ne sera point rassasié par la jouissance, inévitable écueil des longues prospériés. La religion prévient la sécheresse de ame; c'est ce que voulait dire cette huile saule, avec laquelle le Christianisme consacrait la royauté, la jeunesse et la mort, pour les empêcher d'être stériles.

Le guerrier s'avance au combat: sera-t-il athée, cet enfant de la gloire? Celui qui Derche une vie sans fin consentira-t-il à Emart Paraissez sur vos nues tonnantes, nambrables soldats, antiques légions de La patriel Fameuses milices de la France, elenant milices du ciel, paraissez ! Deles aut héros de notre âge, du haut de la Cité sainte, que le brave n'est pas tout entier au tombeau, et qu'il reste après lui quelque chose de plus qu'une vaine re

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Les grands capitaines de l'antiquité ont été remarquables par leur religion: Epaminondas, libérateur de sa patrie, passait our le plus religieux des hommes; Xénoton, ce guerrier philosophe, était le modele de la piété; Alexandre, éternel exemple des conquérants, se disait fils de Jupiter; chez les Romains, les anciens consuls de la république, Cincinnatus, Fabius, Papirius Cursor, Paul Emile, Scipion, ne mettaient leur espérance que dans la divinité du Capitole; Pompée marchait aux combats en Invoquant l'assistance divine; César voulait descendre d'une race céleste; Caton, son rival, était convaincu de l'immortalité de ame; Brutus, son assassin, croyait aux Puissances surnaturelles; et Auguste, son Successeur, ne régna qu'au nom des dieux. Parmi les nations modernes, était-ce un crédule que ce fier Sicambre, vainqueur de Rome et des Gaules, qui, tombant aux pieds d'un prêtre, jetait les fondements de Tempire français ? Etait-ce un incrédule que ce saint Louis, arbitre des rois, et révéré Lème des infidèles? Du Guesclin, dont le cercueil prenait des villes; Bayard, chevaer sans peur et sans reproche; le vieux connétable de Montmorency, qui disait son chapelet au milieu des camps; étaient-ils des hommes sans foi? O temps plus merveileux encore, où un Bossuet ramenait un Turenne dans le sein de l'Eglise!

n'est point de caractère plus admirable que celui du héros chrétien : le peuple qu'il defend le regarde comme son père; il prolege le laboureur et les moissons; il écarte injustices: c'est une espèce d'ange de la erre que Dieu envoie pour adoucir ce Beau. Les villes ouvrent leurs portes au LEÇONS ET EXEMP. DE LITT. CHRÉTIENNE,

soul bruit de sa justice; les remparts tombent devant ses vertus; il est l'amour du soldat et l'idole des nations; il mêle au courage guerrier la charité évangélique; sa conversation touche et instruit, ses paroles ont une grâce de simplicité parfaite; on est étonné de trouver tant de douceur dans un homme accoutumé à vivre au milieu des périls: ainsi le miel se cache sous l'écorce d'un chêne qui a bravé les orages.

Concluons que, sous aucun rapport, l'athéisme n'est bon au guerrier.

Nous ne voyons pas qu'il soit plus utile dans les états de la nature que dans les conditions de la société. Si la morale porle tout entière sur le dogme de l'existence de Dieu et de l'immortalité de l'âme, un père. un fils, des époux, n'ont aucun intérêt à être incrédules. Eh! comment, par exemple, concevoir qu'une femme puisse être athée? Qui appuiera ce roseau, si la religion n'en soutient la fragilité? Etre le plus faible de la nature, toujours à la veille de la mort ou de la perte de ses charmes, qui le soutiendra, cet être qui sourit et qui meurt, si son espoir n'est point au delà d'une existence éphémère ? Par le seul intérêt de sa beauté, la femme doit être pieuse. Douceur, soumission, aménité, tendresse, sont une partie des charmes que le Créateur prodigua à notre première mère, et la philosophie est mortelle à cette sorte d'attraits.

La femme qui a naturellement l'instinct du mystère; qui prend plaisir à se voiler; qui ne découvre jamais qu'une moitié de ses grâces et de sa pensée; qui peut être devinée, mais non connue; qui, comme mère et comme vierge, est pleine de secrets; qui séduit surtout par son ignorance; qui fut formée pour la vertu et le sentiment le plus mystérieux, la pudeur et l'amour; cette femme, renonçant au doux instinct de son sexe, ira d'une main faible et téméraire chercher à soulever l'épais rideau qui couvre la Divinité! A qui pense-t-elle plaire par cet effort sacrilége? Croit-elle, en joignant ses ridicules blasphèmes et sa frivole métaphysique aux imprécations des Spinosa et aux sophismes des Bayle, nous donner une grande idée de son génie ? Sans doute elle n'a pas dessein de se choisir un époux: quel homme de bon sens voudrait s'associer à une compagne impie?

L'épouse incrédule a rarement l'idée de ses devoirs; elle passe ses jours ou à raisonner sur la vertu sans la pratiquer, ou à suivre ses plaisirs dans le tourbillon du monde. Sa tête est vide, son âme creuse ; l'ennui la dévore; elle n'a ni Dieu, ni soins domestiques, pour remplir l'abîme de ses

moments.

Le jour vengeur approche; le temps arrive, menant la vieillesse par la main. Le spectre aux cheveux blancs aux épaules voûtées, aux mains de glace, s'assied sur le seuil du logis de la femme incrédule; elle l'aperçoit et pousse un cri. Mais qui peut entendre sa voix? Est-ce un époux? Il n'y en a plus pour elle depuis longtemps il 1. 9

s'est éloigné du théâtre de son déshonneur. Sont-ce des enfants? Perdus par une éducation impie et par l'exemple maternel, se Soucient-ils de leur mère? Si elle regarde dans le passé, elle n'aperçoit qu'un désert où ses vertus n'ont point laissé de traces. Pour la première fois, sa triste pensée se tourne vers le ciel; elle commence à croire qu'il eût été plus doux d'avoir une religion. Regret inutile! la dernière punition de l'athéisme dans ce monde est de désirer la foi sans pouvoir l'obtenir. Quand, au bout de sa carrière, on reconnaît les mensonges d'une fausse philosophie; quand le néant, comme un astre fnneste, commence à se lever sur l'horizon de la mort, on voudrait revenir à Dieu, et il n'est plus temps: l'esprit, abruti par l'incrédulité, rejette toute conviction. Oh! qu'alors la solitude est profonde, lorsque la Divinité et les hommes se retirent à la fois! Elle meurt, cette femme, elle expire entre les bras d'une garde payée, ou d'un homme dégoûté par ses souffrances, qui trouve qu'elle a résisté au mal bien des jours. Un chétif cercueil renferme toute l'infortunée: on ne voit à ses funérailles ni une fille échevelée, ni des gendres et des petits-fils en pleurs; digne cortége qui, avec la bénédiction du peuple et le chant des prêtres, accompagne au tombeau la mère de famille. Peut-être seulement un fils inconnu, qui ignore le honteux secret de sa naissance, rencontre par hasard le convoi; il s'étonne de l'abandon de cette bière, et demande le nom du mort à ceux qui vont jeter aux vers le cadavre qui leur fut proinis par la femme athée.

Que différent est le sort de la femme religieuse! Ses jours sont environnés de joie, sa vie est pleine d'amour; son époux, ses enfants, ses domestiques la respectent et la chérissent: tous reposent en elle une aveugle confiance, parce qu'ils croient fermement à la fidélité de celle qui est fidèle à son Dieu. La foi de cette chrétienne se fortifie par son bonheur, et son bonheur par sa foi; elle croit en Dieu parce qu'elle est heureuse, et elle est heureuse parce qu'elle croit en

Dieu.

Il suffit qu'une mère voie sourire son enfant, pour être convaincue de la réalité d'une félicité suprême. La bonté de la Providence se montre tout entière dans le berceau de l'homme. Quels accords touchants! ne seraient-ils que les effets d'une insensible matière? L'enfant naît, la mamelle est pleine; la bouche du jeune convive n'est point armée, de peur de blesser la coupe du banquet maternel; il croft, le lait devient plus nourrissant; on le sèvre, la merveilleuse fontaine tarit. Cette femme si faible a tout à coup acquis des forces qui lui font surmonter des fatigues que ne pourrait supporter l'homme le plus robuste. Qu'est-ce qui la réveille au milieu de la nuit, au moment même où son fils va demander le repas accoutumé? D'où lui vient cette adresse qu'elle n'avait jamais

(1) Voyez aussi l'article: PROPHÈTES.

eue? Comme elle touche cette tendre fleu sans la briser! Ses soins semblent être le frui de l'expérience de toute sa vie, el cependan c'est là son premier-né! Le moindre bru épouvantait la vierge : où sont les armées, le foudres, les périls qui feront pâlir la mère Jadis il fallait à cette femme une nourritur délicate, une robe fine, une couche molle le moindre souffle de l'air l'incommodait: présent un pain grossier, un vêtement de bure, une poignée de paille, la pluie et les vents, ne lui importent guère, tandis qu'ele a dans sa mamelle une goutte de lait pour nourrir son fils, et dans ses haillons un con de manteau pour l'envelopper.

Tout étant ainsi, il faudrait être bien obs tiné pour ne pas embrasser le parti où nonseulement la raison trouve le plus grand nombre de preuves, mais où la morale, le bonheur, l'instinct même et les désirs de l'âme nous portent naturellement; car s'il était vrai, comme il est faux, que l'esprit tint la balance égale entre Dieu et l'athéisme, eucore est-il certain qu'elle pencherait beau coup du côté du premier : outre la moitié de sa raison, l'homme met de plus dans le bas sin de Dieu tout le poids de son cœur.

On sera convaincu de cette vérité si l'or examine la manière dont l'athéisme et religion procèdent dans leurs démonstra tions.

La religion ne se sert que de preuves gé nérales; elle ne juge que sur l'ordonnance des cieux, sur les lois de l'univers; elle ue voit que les grâces de la nature, les instincts charmants des animaux et leurs convenances avec l'homme.

L'athéisme ne vous apporte que de bonteuses exceptions; il n'aperçoit que des dé sordres, des marais, des volcans, des bêtes nuisibles; et comme s'il cherchait à se cacher dans la boue, il interroge les reptiles et les insectes, pour lui fournir des preuves cou) tre Dieu..

La religion ne parle que de .a grandeur de la beauté de l'homme.

L'athéisme a toujours la lèpre et la pester vous offrir.

La religion tire ses raisons de la sensibilit de l'âme, des plus doux attachements de vie, de la piété filiale, de l'amour, conjugal de la tendresse maternelle.

L'athéisme réduit tout à l'instinct de bête; et pour premier argument de sou sys tème, il vous étale un cœur que rien ne peu toucher.

Enfin, dans le culte du Chrétien, on nousi assure que nos maux auront un terme : on nous console, on essuie nos pleurs, on nous promet une autre vie :

Dans le culte de l'athée, les douleurs hu maines font fumer l'encens, la mort est le sacrificateur, l'autel un cercueil, et le néant la divinité. CHATEAUBRIAND. DANIEL (1).

Le livre de Daniel n'est qu'un simple récit

en style ordinaire, d'événements déjà arrivés ou qui doivent avoir lieu dans la suite des temps. A la vérité, Daniel fait un usage fréquent d'images paraboliques; mais il s'en sert seulement en prophète, annonçant l'ave nir par des visions, et sous le voile de l'allégorie, sans y joindre aucun emploi de coloris poétique. Les Juifs lui refusent le titre prophète; mais ils fondent leur opinion sur les raisons les plus frivoles, car ce qu'ils Francent sur les conditions du don de prophétie, sur les différences qui existent entre la prophétie véritable et l'inspiration de Esprit-Saint, n'a ni fondement, ni réalité, et n'est nullement appuyé sur l'autorité de la sainte Ecriture. Ils ajoutent que Daniel ne fat point soumis dès sa jeunesse aux usages et aux leçons de l'éducation prophétique, et que, dans la suite, il n'adopta point la maBière de vivre ordinaire aux prophètes. Nous ne voyons point en quoi cela pourrait affaiLlir l'opinion que Daniel ait été favorisé de Vinspiration divine et du don prophétique; mais nous y trouvons la cause pour laquelle peut-être son style est si différent de celui des autres prophètes, et s'éloigne si fort du caractère poétique, qu'on reconnaît presque également dans tous les autres, et qu'ils puisèrent, du moins en partie, comme nous l'avons montré plus haut, dans l'éducation qu'ils avaient reçue, et dans les écoles où ils araient été élevés. LOWTH.

A ces causes, il faut ajouter l'altération de a langue hébraïque, qui, pendant la captivité de Babylone, perdit tout son éclat poéLique. Et certes, on ne doit point s'étonner qu'au milieu de si grandes calamités les muses hébraïques aient manqué de loisir et de génie; il est bien difficile qu'une langue qui n'est plus en usage que parmi un peuple réduit à la misère la plus affreuse, conserve sa noblesse et son élévation, et qu'elle voie naftre des poëtes dignes de ce nom. Que l'on compare les productions des écrivains hébreux qui ont précédé la captivité, et de ceux qui l'ont suivie, on reconnaîtra dans ces derniers une altération et une révolution aussi marquée que celle qu'a éprouvée la langue latine. MICHAELIS.

DEFENSE DU LEGISLATEUR DES CHRETIENS.

Celse (1) invective contre l'auteur de notre religion, lui reprochant d'être né d'une pauvre villageoise qui ne vivait que du travail de ses mains. »Je sais bien que, dans l'ordre commun des choses, la noblesse de l'extraction et l'illustration de la patrie, les soins donnés à l'éducation, les richesses et les dignités que les ancêtres ont possédées, contribuent à donner aux hommes de l'éclat et de la célébrité. Mais lorsque, sans être soutenu par aucun de ces moyens, avec tout ce qu'il y a de plus contraire, on parvient à

(1) Philosophe païen, presque contemporain des apolres. Il est auteur d'un écrit violent contre le

s'élever de soi-même; à remplir la terre de son nom, à remuer tous les cœurs; à mettre tout l'univers en mouvement; un tel changement ne prouve-t-il pas un pouvoir plus qu'humain? Que, de cette proposition générale, l'on en vienne à une application particulière; ne demandera-t-on pas comment un homme né dans la pauvreté, dénué de toutes les ressources de l'éducation, sans aucune teinture des arts et des sciences qui servent à convaincre les esprits et à toucher les cœurs, a pu entreprendre d'établir une religion nouvelle, d'abolir les croyances de son pays, sans cependant déroger å l'autorité de ses prophètes, et de renverser les coutumes religieuses des Grecs? On demandera où le même homme qui, de l'aveu de ses détracteurs, ne dut rien à aucun homme, a pu puiser les connaissances également certaines et sublimes, qu'il est venu apporter au monde sur l'essence divine, sur les jugements de Dieu, sur les châtiments destinés au crime, sur les récompenses préparées à la vertu; a pu persuader les savants comme les ignorants, les esprits les plus relevés comme les plus grossiers, les hommes les plus éclairés, les plus capables d'examiner par eux-mêmes et de juger une doctrine dont la première vue n'offre rien que de rebutant. Un habitant de Sériphe reprochait à Thémistocle qu'il devait sa réputation, non à ses vertus guerrières, mais à sa patrie. Celui-ci répondit : « Il est vrai que si j'étais né à Sériphe, je n'aurais pas acquis tant de renommée; mais vous, riez jamais été Thémistocle. » Et notre Jéquand vous seriez né à Athènes, vous n'ausus, à qui l'on reproche d'être né dans un hameau, non de la Grèce ni d'aucun autre pays tant soit peu notable; d'avoir eu pour inère une femme pauvre, réduite à gagner sa vie par le travail de ses mains; d'avoir été contraint lui-même à fuir en Egypte; d'avoir exercé un vil métier dans une terre étrangère ; notre Jésus, le dernier en quelque sorte des Sériphiens, c'est lui qui a ébranlé, qui a changé l'univers, qui a fait ce que n'ont pu ni un Thémistocle, ni un Platon, ni tout ce qu'il y eut jamais de sages, de capitaines et de potentats ! ORIGÈNE.

DEISTE (LE) CONVERTI.

Un gentilhomme très-estimable, qui avait voyage dans la Palestine, m'a assuré que son compagnon de voyage, déiste plein d'esprit, cherchait, chemin faisant, à tourner en ridicule les récits que les prêtres catholiques leur faisaient sur les lieux sacrés et les saintes reliques. Ce fut dans ces dispositions qu'il alla visiter les fentes du rocher que l'on montre sur le Mont-Calvaire, comme l'effet du tremblement arrivé à la mort de Jésus-Christ, (Matth. xxvII, 51) et que l'on voit aujourd'hui renfermé dans le vaste dôme construit par l'empereur Constantin. Mais lorsqu'il vint à examiner ces ouvertures avec l'exactitude et l'atten

Christianisme; il a été victorieusement réfuté par Origène.

raître; Noé envoie une colombe hors de l'arche; mais comme celle-ci ne trouva pas où poser le pied, elle retourna vers l'arche. Noé l'envoie une seconde fois, et elle vint à lui vers le soir, portant à son bec un rameau d'olivier avec des feuilles vertes. Moïse pouvait décrire les ravages du déluge, et les affreux bouleversements qu'il avait opérés à la surface du monde. La trace en était encore récente, et ne s'est point effacée jusqu'à nos jours.

tion d'un naturaliste, il dit à son ami : Jecommence à être Chrétien. J'ai fait, continua-t-il, une longue étude de la physique et des mathématiques, et je suis assuré que les ruptures du rocher n'ont jamais été produites par un tremblement de terre ordinaire et naturel. Un ébranlement pareil eût, à la vérité, séparé les divers lits dont la masse est composée, mais c'eût été en suivant les veines qui les distinguent, et en rompant leurs liaisons par les endroits les plus faibles. J'ai observé qu'il en est ainsi dans les rochers que des tremblements de terre ont soulevés, et la raison ne nous apprend rien qui n'y soit conforme. Ici, c'est tout autre chose; le roc est partagé transversalement; la rupture croise les veines d'une façon étrange et surnaturelle. Je vois donc clairement et démonstrativement que c'est le pur effet d'un miracle, que ni l'art, ni la nature ne pouvaient produire. C'est pourquoi, ajouta-t-il, je rends grâces à Dieu de m'avoir conduit ici, pour que je contemplasse ce monument de son merveilleux pouvoir, monument qui met dans un si grand jour la divinité de JésusChrist (1). »

SEIGNEUX DE CORREVON.
DÉLUGE (LE).

La tradition du déluge s'est conservée chez tous les peuples, et se trouve consignée dans les livres les plus anciens que l'on connaisse. Les poëmes cosmogoniques de l'Inde, de la Perse, de la Chine, de la Scandinavie, contiennent l'histoire du déluge; les fastes mythologiques de Rome el de la Grèce en ont également perpétué le souvenir. Si l'on rapproche ces diverses traditions de la tradition hébraïque, il est évident que la version de Moïse est non-seulement la plus authentique, la plus vraie, mais encore celle qui, dans la peinture du déluge, offre à l'imagination les couleurs les plus sombres et les plus terribles; comme dans le récit de la nouvelle alliance, lorsque la colère de Dieu s'est apaisée, la narration biblique efface toutes les autres par la grâce et la douceur de ses images.

Ecoutez ces paroles de la Bible: Toutes les sources du grand abîme furent rompues, et les cataractes du ciel furent ouvertes; et le déluge se répandit durant quarante jours sur la terre, et les eaux se multiplièrent, et l'arche s'éleva au plus haut de la terre. (Gen. VII, 17). Ne croirait-on pas entendre le bruit des vagues du déluge? Ne semble-t-il pas qu'on voit les flots s'élever au-dessus des montagnes, et l'arche flotter majestueusement audessus de cet océan sans limites?

La scène change; les eaux se retirent, les sommets des montagnes commencent à pa

(1) Le tremblement de terre qui eut lieu à la mort de Jésus-Christ, dit un auteur de ce temps, est un monument d'autant plus irrécusable, que la manière dont le rocher du Calvaire s'est fendu, existe encore. Des voyageurs, et des historiens Très instruits, Muller, Fleming, Maundrell, Shaw, attestent que ce rocher n'est pas fendu naturelle

Mais loin de lui ces sombres images! la colère divine s'est apaisée; l'heure de la réconciliation est venue; voici la terre quisort des eaux, comme une création nouvelle; voici le nouvel Adam qui reçoit les commandements du Seigneur, le signe d'alliance brille dans les cieux.

On lit dans les Métamorphoses d'Ovide l'histoire de la création et du déluge, telle que les Romains l'avaient reçuela Grèce. Si l'on compare cette histoire, avec tous les ornements qu'y ajouta le génie profane, au simple et majestueux récit de la Genèse, on verra cet éclat de la poésie païenne pålir devant les rayons divins qui illuminaient les prophètes. De Genoude.

Les vastes plaines de la terre inondées par les eaux n'offrirent plus de carrière aux agiles coursiers, et celles de la mer en fureur cessèrent d'être navigables aux vaisseaux. En vain l'homme crut trouver une retraite sur les hautes montagnes mille torrents s'écoulaient de leurs flancs et mêlaient le bruit confus de leurs eaux aux gémissements des vents et aux roulements du lounerre; les noirs nuages se rassemblaient autour de leurs sommets et répandaient une nuit affreuse au milieu du jour. En vain, il chercha dans les cieux où devait reparal tre l'aurore, il n'aperçut autour de l'horizon que'de longues files de nuages redoublés; de pâles éclairs sillonnant leurs sombres et innombrables bataillons; et l'astre du jour, voilé par leurs ténébreuses clartés, jelait à peine assez de lumière pour laisser entrevoir dans le firmament son disque sanglant, parcourant de nouvelles constellations. Tout fut englouti dans les eaux : cités, palais, majestueuses pyramides, arcs de triomphe chargés des trophées des rois; et vous aussi, qui auriez dû survivre à la ruine même du monde, paisibles grottes, tranquilles bocages, humbles cabanes, asiles de l'innocence! Il ne resta sur la terre aucune trace de la gloire ou du bonheur des mortels, dans ce jour de vengeance, où la nature détruisait ses propres monuments.

Bernardin de Saint-Pierre.

ment, selon les veines de la pierre; mais qu'il l'est d'une manière évidemment surnaturelle. Si je voulais, Idit saint Cyrille de Jérusalem, nier que Jésus-Christ ait été crucifié, celle montagne de Golgotha, sur la quelle nous sommes présentement assemblés, me l'apprendrait. F. Dupuis, Jurisconsulte.

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