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e le Fils de Dieu nous a révélé par cette iple et majestueuse parole: Sur cela les cheurs s'en iront au supplice éternel, et les utes à la vie éternelle.

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Le Père VENTURA de Raulica.

ETUDE (L) DE SOI-MEME.

Le précepte le plus commun de la philotie, tant païenne que chrétienne, est cede se connaitre soi-même, et il n'y a rien les hommes se soient plus accordés tas l'aveu de ce devoir c'est une de Vertes sensibles qui n'ont point besoin restes, et qui trouvent dans tous les es un cœur qui les sent et une lumière 5 approuve. Quelque agréable qu'on e l'illusion d'un homme qui se le dans l'idée qu'il a de lui-même, on ure toujours malheureux d'être trompé Test au contraire pénétré du sentiment puěle a exprimé dans ces vers :

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in bomme est méprisable à l'heure du trépas, ayant négligé le seul point nécessaire,

Beart connu de tous, et ne se connait pas.

'faut faire d'autant plus d'état de ces pes, dans lesquels les hommes se trouunis par un consentement si unanime, be sela ne leur arrive pas souvent. Leur meor, vaine et maligne les a toujours és à se contredire les uns les autres, dis en ont eu le moindre sujet. Cha--au ou rabaisser les autres ou s'en ger, en disant quelque chose de nou1- ne suivant pas simplement le 70 common. Ainsi il faut qu'une vérité bien claire, lorsqu'elle étouffe cette inon, et qu'elle les contraint à se réunir quelque maxime. Et c'est ce qui est mea l'égard de celle-ci car il ne s'est trouvé de philosophe assez bizarre prétendre que l'homme devait éviter econnaitre ; que si quelqu'un passait e jusqu'à cet excès, il ne le pourrait qu'en supposant que l'homme est si Aeureux, et que ses maux sont tellesans remède, qu'il ne ferait qu'augmen5. malheur en se connaissant soi-même, asi il faudrait toujours se connaître, conclure même ce bizarre raisonne t', qu'il est bon de ne se connaître pas. Mais ce qui est bien étrange, c'est qu'étant as à avouer l'importance de ce devoir, e le sont pas moins dans l'éloignement e pratiquer: car, bien loin de travailler ensement à acquérir cette connaissance, ne sont presque occupés toute leur vie du soin de l'éviter. Rien ne leur est plus que cette lumière qui les découvre s propres yeux, et qui les oblige de se le's qu'ils sont. Ainsi ils font toutes es pour se la cacher, et ils établissent repos à vivre dans l'ignorance et dans Val de leur état. NICOLE.

à

ÉTUDES.

UTILITÉ QUE LES JEUNES GENS PEUVENT RE-
TIRER DE LA LECTURE DES AUTEURS PRO-
FANES.

Nous croyons, mes chers enfants, que la vie présente n'est rien: tout ce qui se n'est pas un bien à nos yeux. La naissance, borne aux avantages temporels de celte vie la force, la beauté, la bonne mine, les hongrand dans le monde nous semble peu déneurs, l'empire même; tout ce qu'il y a de sirable: sans envier le prétendu bonheur de ceux qui possèdent ces avantages, nous portons plus loin nos espérances. Dans tout ce que nous faisons, nous nous proposons pour terme une vie future. Tout ce qui peut nous y conduire, nous disons qu'il faut l'aimer et le rechercher de toutes ses forces, mais qu'il faut mépriser tout ce qui nous écarte de ce but désiré.

Les saintes Ecritures nous apprennent ces vérités en nous instruisant par des dogmes mystérieux. Mais comme votre jeunesse ne vous permet pas encore de pénétrer dans leur profondeur, nous exerçons les yeux de votre esprit à regarder dans les livres qui ne leur sont pas opposés, comme dans des ombres et dans des miroirs. C'est ainsi qu'on applique les soldats à divers exercices qui paraissent des amusements, mais qui les rendent plus propres à des combats sérieux. Imaginez-vous qu'on nous propose un combat de la plus grande importance, et qu'il faut nous y préparer avec tout le soin dont nous sommes capables, nous occuper de la lecture des poëtes, des orateurs, de tous les écrivains qui peuvent nous servir à perfectionner notre âme. De même que, pour teindre les étoffes, les ouvriers emploient certaines préparations qui. disposent le tissu à recevoir la couleur pourpre ou toute autre couleur qu'ils veulent lui donner : ainsi si nous voulons empreindre en nous l'idée du beau assez fortement pour qu'elle soit ineffaçable, nous devons nous initier dans les sciences profanes, avant de vouloir entrer dans le secret des sciences sacrées. Par là nous nous accoutumons à ces vives lumières, comme on s'accoutume à regarder le soleil, en voyant son image dans l'eau.

Je vous ai montré suffisamment que les sciences profanes ne sont pas inutiles, il faut vous apprendre maintenant dans quelle source il faut les puiser. Pour commencer par les poëtes, dont les discours sont plus variés, nous ne devons pas nous attacher à tout ce qu'ils disent. Nous recueillerons les actions et les paroles des grands hommes dont ils nous parlent : nous les admirerons et nous tâcherons de les imiter. Mais, quand ils nous présenteront d'infâmes personnages, nous nous boucherons les oreilles pour ne pas les entendre, comme fit Ulysse, au rapport de ces mêmes poëtes, pour éviter le chant des sirènes. En écoutant de mauvais discours, on s'accoutume aux mauvaises.

actions. Nous devons donc veiller soigneusement sur notre âme, de peur que des maximes perverses ne s'insinuent dans le cœur par l'agrément des paroles, et que nous n'avalions le poison avec le miel. Ainsi, nous ne ferons aucune estime des poëtes médisants et satiriques, ni de ceux qui représentent les hommes livrés aux honteuses passions. Nous ne les écouterons pas lorsqu'ils mettent la félicité dans les plaisirs J'une table somptueuse qui retentit de chansons dissolues, et encore moins, lorsqu'ils parlent de la pluralité des dieux et de leurs querelles indécentes. Le frère, chez les poëtes, est en discorde avec son frère; les parents et les enfants se font une guerre implacable. Ils attribuent à leurs dieux des crimes que nous rougirions de nommer; et surtout à ce Jupiter, qu'ils annoncent comme la divinité suprême. Abandonnons ces horreurs au théâtre.

Je puis raisonner de même sur les écrivains en prose qui ne cherchent qu'à corrompre l'esprit de ceux qui les lisent. Nous n'imiterons pas ces orateurs qui ne se servent de leur art que pour tromper. Des chrétiens qui ont choisi la voie droite et véritable, à qui l'Evangile défend même les proces, ne peuvent s'accommoder du mensonge, ni dans les affaires judiciaires, ni dans aucune autre. Dans les auteurs profanes, il faut étudier ceux de leurs écrits où ils ont loué la vertu et blåmé le vice. Dans les fleurs, on se contente de regarder la couleur et de respirer le parfum; mais les abeilles en expriment un suc dont elles composent leur miel. De même, ceux qui, dans leurs lectures, ne cherchent pas uniquement leur plaisir, en tirent des maximes útiles qu'ils déposent dans leur esprit. Et, comme nous avons soin, en cueillant les roses, d'éviter les épines, de même, en recueillant dans les livres profanes tout ce qu'il y a d'utile, nous éviterons tout ce qu'il y a de nuisible.

Ce n'est pas un médiocre avantage que l'esprit des jeunes gens s'habitue à ce qui est honnête, que ces premières traces s'impriment dans leurs âmes encore tendres, assez fortement pour qu'elles ne puissent jamais s'en effacer. N'est-ce pas le désir d'exciter les jeunes gens à la vertu, qui a dicté à Hésiode ces vers qui sont dans la bouche de tout le monde, et dont voici le sens « Le chemin qui conduit à la vertu semble, au premier coup d'œil, rude, difficile, escarpé, ne promettant que des sueurs et de la fatigue: aussi n'est-il pas donné à tout le monde d'en approcher, à cause de sa raideur, ou d'arriver au sommet. Mais, une

qu'en parlant ainsi, Hésiode ne s'est proposé autre chose que de nous exhorter à devenir vertueux, et à ne pas nous laisser décourager avant d'être arrivés au but. Si nous trouvons d'autres écrivains qui célèbrent également la vertu, remplissonsnous de leurs préceptes, puisqu'ils nous conduisent au même terme.

Un homme habile à expliquer le sens des poëtes me disait que toute la poésie d'Ho mère est l'éloge de la vertu, et que tout e qui n'y est pas mis pour l'ornement tend cette fin.

Presque tous ceux qui ont écrit sur la sagesse ont loué la vertu dans leurs ouvrages, chacun suivant ses forces; nous devons les écouter, et tâcher de suivre leurs maximes dans notre conduite; car celui-là seul est sage, qui met en pratique sa philosophie ceux qui ne sont philosophes qu'en paroles ressemblent à des ombres fugitives (1). Le vrai sage me paraît ressembler à un peintre qui, représentant les plus belles figures d'hommes, serait lui-même le modèle de ceux dont il trace les portraits. Louer pu bliquement la vertu en termes magnifiques. débiter à ce sujet de longs discours, mais en particulier préférer le plaisir à la tempé rance, la cupidité à la justice, c'est imiter ces comédiens qui représentent souvent les rois et les princes, n'étant eux-mêmes n princes ni rois, et quelquefois même n'étant pas des hommes libres. Un musicien ne voudrait pas prendre une lyre mal accorder un coryphée ne voudrait pas diriger an choeur qui ne chanterait pas avec la plus parfaite harmonie. Et un homme sera en discorde avec lui-même! et il ne montrera pas une conduite conforme à ses discours! Il dira comme dans Euripide: Ma bouche a prononcé un serment auquel mon coeur n'a eu aucune part! Il sera plus jaloux de pa raître vertueux que de l'être réellement ! Mais, s'il faut en croire Platon, le dernier terme de la perversité, c'est de paraître juste quoiqu'on ne le soit pas.

Saint BASILE.

ÉTUDES DES CHRÉTIENS.

Cependant s'établissait une philosophie bien plus sublime, je veux dire la religien chrétienne, qui fit bientôt évanouir cette philosophie purement humaine, et décria encore plus les autres études moins sérieuses. La principale étude des Chrétiens était la méditation de la loi de Dieu et de toutes les saintes Ecritures, suivant la tradition des pasteurs qui avaient fidèlement conservé la doctrine des Apôtres. Ils appefois qu'on y est parvenu, alors on trouve laient tout le reste Etudes étrangères o que ce chemin est uni, doux, facile, plus extérieures, et les rejetaient, comme faisan agréable qu'un autre qui conduit au vice, partie des mœurs des païens. En effet, la plupart de leurs livres étaient inutiles ou dit le même poëte, parce qu'il est voisin de dangereux. Les poëtes étaient les prophètes du diable, qui ne respiraient que l'idolatrie

celui de la vertu. » Pour moi, il me semble

(1) Saint Basile fait allusion à un vers de l'Odyssée; c'est le devin Tirésias dont il est question

dans Homère.

el la débauche, et faisaient des peintures agréables de toutes sortes de passions et decrimes. Plusieurs philosophes méprisaient toute religion en général, et niaient qu'il pay avoir des miracles et des prophéties; tres s'efforçaient d'appuyer l'idolatrie par des allégories sur des choses naturelles, par les secrets de la magie. De plus, lear I morale était remplie d'erreurs, et roulait toate sur ce principe d'orgueil, que 'homme peut se rendre bon lui-même. Les urateurs étaient pleins d'artifices, de menvinges, d'injures ou de flatteries; et les sues les plus solides de leurs discours étaient es affaires dont les chrétiens ne cherchaient se retirer: ils auraient cru perdre le temps qui leur était donné pour acquérir éternité, s'ils l'eussent employé à la lecture des histoires étrangères, à des spéculations mathématique, ou à d'autres curiosités : et toujours ils y voyaient le péril de la vaait, inséparable des études les plus innotentes. Ainsi la plupart des chrétiens s'appliquient so travail des mains et des œuvres de charité envers leurs frères. Leurs écoles étaient les églises où les évêques expliquaient assid@ment les saintes Ecritures. Il y avait aussi des prêtres et des diacres occupés particulièrement à l'instruction des catéchumènes, et aux disputes contre les païens; chaque évêque prenait un soin particulier de l'instruction de son clergé, principalement des jeunes clercs qui étaient contimuellement attachés à sa personne pour lui servir de lecteurs et de secrétaires, le suivre et porter ses lettres et ses ordres. Ils apprenaient ainsi la doctrine et la discipline de l'Eglise, plutôt par une instruction domestique et un long usage, que par des lefons réglées.

On ne peut nier toutefois qu'il n'y eût plasieurs chrétiens très-savants dans les fares des païens, et dans les sciences profanes: mais si l'on veut bien l'examiner, on trouvera que la plupart avaient fait ces eludes avant d'être chrétiens. Ils savaient les employer utilement pour la religion. Tout ce qu'ils y trouvaient de bon, ils le revendiquaient comme leur propre bien, jarce que toute vérité vient de Dieu. Ils se servaient des bonnes maximes de morale qui se trouvent répandues dans les poëtes et dans les philosophes, et des beaux exempies de l'histoire, pour préparer la voie à la orale chrétienne. Au contraire, ils prenaient avantage de l'absurdité des fables, et de l'impiété de la théologie païenne, pour combattre par ses propres armes, et employaient aussi la connaissance de l'histoire pour les controverses contre les païens. C'était dans cette vue que Jules Africain avait composé cette célèbre Chronologie dont Eusèbe a pris la sienne: c'est dans ce dessein que le même Eusèbe a fait sa Préparation évangélique; et saint Clément Alexandrin, son Avis aux gentils et ses Stromates. Depuis, les Ariens et les autres hérétiques, qui se servirent de la philosophie pour combattre la foi, obligèrent aussi

les saints Pères de l'employer pour renverser leurs sophismes. Ainsi ils usaient des livres profanes avec une grande discrétion, mais avec une sainte liberté. D'où vient qu'ils regardèrent comme une nouvelle espèce de persécution, la défense que Julien l'Apostat fit aux chrétiens d'enseigner et d'étudier les livres des Grecs, c'est-à-dire des païens? On voit qu'il y avait dès lors des chrétiens qui faisaient profession d'enseigner les lettres humaines, ce qui n'était pas permis dans les premiers temps, si nous en croyons Tertullien. Mais les raisons qu'il allègue avaient cessé depuis la conversion des empereurs et la liberté entière du christianisme. Cet heureux changement fit tomber dans le mépris les philosophes mêmes. Saint Augustin témoigne que de son temps on ne les entendait plus discourir dans les gymnases, qui étaient leurs écoles propres ; que dans celles des rhéteurs on racontait encore quelles avaient été leurs opinions, mais sans les enseigner et sans expliquer leurs livres, dont même les exemplaires étaient rares que personne n'osait plus combattre la vérité sous le nom de stoïcien ou d'épicurien; et que, pour être écouté, il fallait se couvrir du nom de chrétien, ou se ranger sous quelque secte d'hérétiques. Ce n'est pas que saint Augustin même n'eût très-bien étudié tous les philosophes dans sa jeunesse ; et on peut dire qu'il était un philosophe parfait, puisque jamais il n'y a eu un homme d'un esprit plus pénétrant, d'une méditation plus profonde, d'un raisonnement plus suivi. La plupart des Pères Grecs étaient grands philosophes. Mais ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'entre les philosophes fameux de l'antiquité celui dont ils se servaient le moins était Aristote. Ils trouvaient qu'il ne parlait pas dignement de la Providence divine, ni de la nature de l'âme ; que sa logique était trop embarrassée, et sa morale trop humaine: car c'est le jugement qu'en fait saint Grégoire de Nazianze. Quoique Platon ait aussi ses défauts, les Pères s'en accommodaient mieux, parce qu'ils y trouvaient plus de traces de la vérité, et de meilleurs moyens pour la persua der. Au reste, il est évident que, s'ils méprisaient Aristote, ce n'était pas qu'ils ne pussent le bien entendre, et mieux sans doute que ceux qui l'ont tant élévé depuis.

Ce qui avait le plus décrié la philosophie profane, c'est que l'on voyait partout de vrais philosophes; c'était les bons chrétiens, particulièrement les moines. Ce mépris des honneurs, de l'opinion des hommes, des richesses et des plaisirs; cette patience dans la pauvreté et dans le travail, que Socrate et Zénon avaient tant recherchée, et dont ils avaient tant discouru, les solitaires la pratiquaient, et beaucoup plus excellemment, sans disputer et sans discourir. Ils vivaient dans une tranquillité parfaite, vainqueurs de leurs passions, et continuellement unis à Dieu. Ils n'étaient à charge à personne; et sans écrire, sans presque parler, sans se montrer que rarement, ils instruisaient tout

le monde par leur exemple et par l'odeur de leurs vertus. Il ne faut donc pas s'étonner de la grande vénération qu'ils s'attirèrent, ni juger de ces anciens moines par ceux que l'on voyait avant les dernières réformes, dont le relâchement avait rendu méprisable ce nom si honoré des anciens. Il faut songer que c'étaient de vrais disciples de saint Antoine, de saint Basile, de saint Martin et des autres saints, dont ils pratiquaient les règles, et dont ils imitaient les vertus. Car les monastères étaient de véritables écoles, où l'on apprenait, non pas les lettres humaines et les sciences curieuses, mais la morale et la perfection chrétienne et on l'apprenait moins par la lecture que par l'oraison et la pratique effective, par les exemples vivants des frères et par les corrections des supérieurs. Cette perfection des monastères y attirait les hommes les plus sages et les plus raisonnables; et souvent on était obligé de les y aller chercher pour le service et le gouvernement des églises. Ceux que l'on tirait ainsi des monastères gardaient ordinairement les exercices de la vie monastique dans l'état du sacerdoce, et les enseignaient à leurs disciples; et de là vint l'alliance de la vie monastique avec la cléricature, qui fut si ordinaire depuis le v siècle. Plusieurs évêques vivaient en commun avec leurs prêtres, ce qui leur donnait plus de facilité de les instruire dans la science ecclé siastique et pour les jeunes clercs, ceux qui n'étaient pas auprès de l'évêque, vivaient avec quelque saint prêtre, qui vellait particulièrement à leur éducation. Il y avait encore des écoles profanes où l'on enseignait la grammaire pour la nécessité d'écrire et de parler correctement la rhétorique, qui devenait de jour en jour plus forcée et plus puérile l'histoire, que l'on commençait à réduire toute en abrégé : la jurisprudence, qui demeurait toujours, ne dépendaut non plus de la religion que du reste : et les mathématiques qui sont les fondements de plusieurs arts nécessaires à la vie.

Les études souffrirent une grande diminution par la ruine de l'Empire d'Occident, et l'établissement des peuples du Nord: il n'en resta presque plus que chez les ecclésiastiques et les moines. En effet, il n'était guère demeuré de Romains, hors le clergé, que des paysans et des artisans serfs pour la plupart les Francs et les autres barbares n'étudiaient point, et s'ils avaient quelques usages des lettres pour le commerce de la vie, ce n'était qu'en latin; car ils ne savaient point écrire en leur langue. Les études profanes comme les humanités et l'histoire, furent les plus négligées. Il n'était pas bienséant à des ecclésiastiques de s'y occuper; et l'on sait avec quelle vigueur saint Grégoire reprit Didier, évêque de Vienne, de ce qu'il enseignait la grammaire. D'ailleurs, ayant moins de livres et moins de commodités pour étudier, que dans les siècles précédents, ils s'appliquaient au plus néces

saire, c'est-à-dire à ce qui regardait immé diatement la religion. FLEURY.

EUCHARISTIE (L'),

MÉMORIAL PERpétuel de la RÉDEMPTION.

La plus grande des œuvres de Dieu n'es pas la création du monde, mais la rédemption du monde. Pour créer le monde, Die n'a eu à triompher que du néant; mais, pour le racheter, il a dû triompher du ma et le mal résiste à Dieu, plus que le néant,

C'est pour cela qu'aux yeux du plus grand esprit, de la plus étonnante personnalité du christianisme, saint Paul, le mystère de Dieu fécondant, par un mot, le néant, et en faisant sortir l'univers, n'a été, en quelque sorte, qu'un jeu, un rien. Dieu, disait-il, a appelé ce qui n'était pas; et ce qui n'était pas lui a répondu comme ce qui est; el voilà tout: a Vocal ea quæ non sunt, sicut ea qua sunt » (Rom. IV, 17); et c'est encore pour cela que, longtemps avant saint Paul, David avait renfermé, lui aussi, dans ces deux mots, toute l'histoire de la création: Dieu dit, et le tout fut fait; Dieu commanda, et le tout fut créé : « Ipse dixit. et facta sunt; ipse mandavit, et creata sunt. » (Psal. xxx, 9. Mais quant au mystère du Fils de Dieu fal homme, répandant son sang et mourant pour l'homme, saint Paul l'a appelé le chefd'œuvre de la sagesse et de la puissance de Dieu, où la sagesse et la puissance de Dieu elles-mêmes apparaissent dans tout l'éclat de leur majesté, dans toute la splendeur de leurs prodiges; Prædicamus Jesum Christum, et hunc crucifixum, Dei virtutem et Dei sapientiam. (I Cor. 1, 23, 24.) Et un autre prophète, faisant allusion au même mystère, a dit: C'est l'oeuvre propre de Dieu, c'est l'œuvre de Dieu par excellence, accomplie vivifiée au milieu des temps, et réunissant en elle-même et dominant par elle-même tous les temps: Domine, opus tuum, in medio annorum vivifica illud. Habac. II, 2.)

Mais, à la différence des œuvres de l'homme, qui, à peine achevées, deviennent des événements passés, et dont les inscrip tions et les monuments par lesquels on prétend leur assurer l'éternité ne font que prêcher la caducité et la mort; la grande œuvre de Dieu, l'oeuvre merveilleuse, im mense de la restauration de l'univers par croix, achevée depuis dix-huit siècles, est une œuvre toujours présente, toujours subsistante, toujours vivante, toujours durable. Car, ainsi qu'il l'avait fait annoncer, dans les termes les pins clairs, par son prophète, Dieu, dans l'excès de sa miséricorde el de sa bonté, en a voulu perpétuer le souvenir dans l'ineffable et délicieux mystère de l'Eucharistie, où il se donne toujours luimême en nourriture à ceux qui le craignent vraiment; c'est-à-dire à ceux qui le servent, l'aiment et l'adorent: Memoriam fecit mirabilium suorum misericors et miserator Do minus: escam dedit timentibus se (Psal. cx

4.

L'Eucharistie est donc Dieu compagnon de notre exil, Dieu objet de notre culte, Dieu açant nos péchés el nous comblant de ses ces, Dieu, en même temps, prix de notre chat, aliment de nos âmes, gage de notre ortalité; l'Eucharistie est le, mystère mystères, la merveille des merveilles, prodige des prodiges, résumant en elle seme, renouvelant toujours par elle-même tous les mystères, toutes les merveilles, tous les prodiges de la rédemption: Memonam fecil mirabilium suorum misericors et Brator Dominus: escam dedit timentibus se. LE PÈRE VENTURA DE RAULICA. EUCHARISTIE (L')

ET LE SAINT SACRIFICE DE LA MESSE.

Nous avons remarqué ailleurs, d'après le saint Augustin, que le culte est ainsi mé du mot latin colo (je cultive), parce que, par le culte, nous cultivons, en quelque sorte, le cœur de Dieu et y faisons germer la miséricorde, et que Dieu cultive notre cœur et y produit la vertu. Or, cette culture précieuse, de deux côtés, se faisant particulièrement par le sacrifice, le sacrifice est de l'essence du culte, et l'âme du culte, et tout culte se résume dans le sacrifice. Mais Eucharistie n'est pas seulement un grand mystère et un grand sacrement; elle est aussi le plus auguste, le plus préreux des sacrifices; et cela autant par l'excellence de sa victime et la perfection de son immolation, que par la fécondité merTeilleuse de ses effets; et par conséquent l'Eucharistie est aussi la perfection du caite.

Le sacrifice se définit généralement : L'offrande d'une chose extérieure et sensible que le prêtre légitimement ordonné fait à Dieu, et par laquelle la chose offerte est thangée en une autre, ou est détruite"; set tout cela afin de signifier que la créature raisonnable ronnati le domaine absolu du Dieu créateur sur elle, et s'yassujettit; el afin de rendre par ce File, à ce Dieu Très-Haut, le culte suprême de latrie qui lui est dû. En effet, en offrant à D'eu la chose créée, nous le reconnaissons Créateur, Auteur et Maître de toutes les choses; et, en la consumant et en la détruisant, nous avouons, 1° que le Dieu qui a créé le tout du néant n'a pas besoin de nos dons extérieurs; 2° qu'en le regardant comme le seul maître de notre vie, nous ne voulons pas en abuser, mais l'employer comme l'hostie que nous lui offrons pour sa gloire; 3 que nous sommes même prêts à Conner cete vie pour lui, quand et comment lui plaira de nous la redemander; et enfin que, dans notre qualité de pécheurs, nous nous croyons indignes de jouir de cette ne et obligés de la lui sacrifier; mais que, sachant bien que ce Dieu de bonté n'exige pas que nous nous donnions nous-mêmes la tort, nous entendons substituer d'autres victimes qui meurent pour nous, afin de satisfaire sa justice et obtenir les secours de sa miséricorde.

Telle est, mes frères, la grandeur, l'importance, la nécessité de l'acte religieux qu'on appelle « sacrifice acte transcendant, immense, dont l'homme n'a pu puiser l'idée en lui-même; acte qu'il n'a pu inventer de lui-même ; acte qui n'a été connu et réalisé par tous les humains, dans tous les temps et dans tous les lieux (de manière que l'histoire religieuse de tous les peuples de l'univers se résume dans l'histoire de leurs sacrifices), que parce que c'est Dieu lui-même qui l'a révélé et l'a établi dans le monde, dès l'origine du monde. Or, par l'Eucharistie et dans l'Eucharistie, JésusChrist n'a offert et nous autres chrétiens n'offrons, d'après son institution et ses ordres, que son propre corps, œuvre du SaintEsprit, et divinisé par son union hypostatique avec la Personne divine du Verbe; nous n'offrons que la victime la plus pure, la plus sainte, la plus noble, la plus auguste, la plus parfaite; et par conséquent le sacrifice de l'Eucharistie est le plus pur, le plus saint, le plus noble, le plus auguste, le plus parfait de tous les sacrifices.

Car, qu'a fait notre divin Sauveur à sa dernière Cène? En consacrant séparément le pain et le vin, et en mettant directement sous les accidents du pain son corps, et sous les accidents du vin son sang, il a luimême séparé son sang de son corps. Voilà donc une véritable immolation: car l'immolation n'est que la séparation du sang du corps de la victime.

Il renferma en même temps tout son corps sous chaque parcelle du pain, et son sang Sous chaque goutte du vin. C'est-à-dire qu'il cacha, sous ces humbles espèces, nonseulement sa divinité, mais son humanité aussi ; il s'y amoindrit, s'y anéantit lui-même; il s'y plaça dans l'état d'insensibilité de la mort: car, à l'exception près de sa parole divine, qui le révélait à la foi des disciples, rien ne parlait de lui, rien ne l'indiquait, rien ne le révélait à leurs sens comme se trouvant tout entier présent dans les espèces consacrées. Enfin, par la communion qui suivit cette consécration, et par la destruction entière des espèces mangées, il cessa de s'y trouver renfermé: il n'y fut plus sous la forme sacramentelle, et, hors des effets de sa grâce, il ne resta plus rien de lui, sous cette forme mystérieuse de victime, ni sur la table de la consécration, ni dans l'intérieur des communiants. Voilà donc une véritable mort, une destruction entière de la victime, par rapport aux sens, ce qui est une condition essentielle du sacrifice. En accomplissant cette action sublime, l'action par excellence, comme l'appelle l'Eglise, (Can. Mis.), le divin Sauveur rendit graces à son Père, Gralias agens; il se reconnut, en lant qu'homme, inférieur à lui, et il l'honora comme son maître et comme son Dieu. En même temps il dit: Ceci est mon corps qui est donné pour vous. Ceci est mon sang qui est répandu pour vous, pour la rémission des péchés « Hoc est corpus meum quod pro vobis datur; Hic est sanguis meus qui pro

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