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rés de jurisdiction, venant enfin au synode natiosal, au-dessus duquel il n'y a parmi eux aucune puissance, ils en parlent en ces termes : Là sera faite l'entière et finale résolution par la parole de Dieu, à laquelle s'ils refusent d'acquiescer de point en point, et avec exprès désaveu de leurs erreurs, ils seront retranchés de Eglise. Il est visible que messieurs de la Religion prétendue réformée n'attribuent pas l'autorité de ce agement dernier à la parole de Dieu prise en elleHeme, et indépendamment de l'interprétation de l'Élise, puisque cette parole ayant été employée dans les premiers jugements, ils ne laissent pas d'en permettre l'appel. C'est donc cette parole comme interpétée par le souverain tribunal de l'Église, qui fait finale et dernière résolution, à laquelle quiconque ase d'acquiescer de point en point, quoiqu'il se te d'être autorisé par la parole de Dieu, n'est plus Perde que comme un profane qui la corrompt, et qui

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es abase.

la forme des lettres d'envoi qui fut dressée au Ade de Vitré en 1617, pour être suivie par les provides quand elles députeront au synode national, a encore quelque chose de bien plus fort. Elle est conque en ces termes : Nous promettons devant Dieu de mettre à tout ce qui sera conclu et résolu en Tale assemblée, y obéir, et l'exécuter de tout notre par, persuadés que nous sommes que Dieu y présidera, vous conduira par son Saint-Esprit en toute vérité et quité, par la règle de sa parole. Il ne s'agit pas ici de recevoir la résolution d'un synode, après qu'on a reconan qu'il a parlé selon l'Ecriture: on s'y soumet avant meme qu'il ait été assemblé; et on le fait, parce 'on est persuadé que le Saint-Esprit y présidera. Si tte persuasion est fondée sur une présomption huaine, peut-on en conscience promettre devant Dieu se soumettre à tout ce qui sera conclu et résolu, y bir et l'exécuter de tout son pouvoir ? Et si cette persion a son fondement dans une créance certaine l'assistance que le Saint-Esprit donne à l'Eglise as ses derniers jugements, les Catholiques mêmes en demandent pas davantage.

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sans

Ainsi la conduite de nos adversaires fait voir qu'ils enviennent avec nous de cette suprême autorité, aquelle on ne peut jamais terminer aucun doute de religion; et si, lorsqu'ils ont voulu secouer le jong, ils et nié que les fidèles fussent obligés de soumettre Jer jugement à celui de l'Eglise, la nécessité d'établir Fordre les a forcés dans la suite à reconnaître ce que leur premier engagement leur avait fait nier.

Ils ont passé bien plus avant au synode national nu à Sainte-Foy en l'an 1578. Il se fit quelque ouferture de réconciliation avec les Luthériens, par le moyen d'un formulaire de profession de foi générale et mune à toutes les Eglises, qu'on proposait de dresCelles de ce royaume furent conviées d'envoyer à Ome une assemblée qui se devait tenir pour cela, des ms de bien, approuvés et autorisés de toutes lesdites _fises, avec ample procuration POUR TRAITER, ACCORA ET DÉCIDER DE TOUS LES POINTS DE LA DOCTRINE,

et autres choses concernant l'union. Sur cette proposition, voici en quels termes fut conçue la résolution du synode de Sainte-Foy. Le synode national de ce royaume, après avoir remercié Dieu d'une telle ouverture, et loué le soin, diligence et bons conseils des susdits convoqués, et APPROUVANT LES REMÈDES QU'ILS ONT MIS EN AVANT, c'est-à-dire principalement celui de dresser une nouvelle confession de foi, et de donner pouvoir à certaines personnes de la faire, a ordonné que si la copie de la susdite confession de foi est envoyée à temps, elle soit examinée en chacun synode provincial ou autrement, selon la commodité de chacune province: et cependant a député quatre ministres les plus expérimentés en telles affaires, auxquels charge expresse a été donnée de se trouver au lieu et jour avec lettres et amples procurations de tous les ministres et anciens députés des provinces de ce royaume, ensemble de monsergneur le vicomte de Turenne, pour faire toutes les choses que dessus; même en cas qu'on N'EUT LE MOYEN D'EXAMINER PAR TOUTES LES PROVINCES LADITE CONFESSION, on s'est remis à leur prudence et sain jugement pour accorder et CONCLURE tous les points qui seront mis en délibération, soit pour la doctrINE ou autre chose concernant le bien, union et repos ae toutes les Eglises. C'est à quoi aboutit enfin la fausse délicatesse de messieurs de la Religion prétendue réformée. Ils nous ont tant de fois reproché comme une faiblesse, cette soumission que nous avons pour les jugements de l'Eglise, qui n'est, disent-ils, qu'une société d'hommes sujets à faillir; et cependant étant assemblés en corps dans un synode national qui représentait toutes les Eglises prétendues réformées de France; ils n'ont pas craint de mettre leur foi en compromis entre les mains de quatre hommes, avec un si grand abandonnement de leurs propres sentiments, qu'ils leur ont donné plein pouvoir de changer la même confession de foi qu'ils proposent encore aujourd'hui à tout le monde chrétien comme une confession de foi qui ne contient autre chose que la pure parole de Dieu, et pour laquelle ils ont dit en la présentant à nos rois, qu'une infinité de personnes étaient prêtes à répandre leur sang. Je laisse au sage lecteur à faire ses réflexions sur le décret de ce synode, et j'achève d'expliquer en un mot les sentiments de l'Eglise.

XXI. L'autorité du Saint-Siége et l'épiscopat.

Le Fils de Dieu ayant voulu que son Eglise fut une, et solidement bâtie sur l'unité, a établi et institué la primauté de saint Pierre pour l'entretenir et la cimenter. C'est pourquoi nous reconnaissons cette même primauté dans les successeurs du prince des Apôtres, auxquels on doit, pour cette raison, la soumission et l'obéissance que les saints conciles et les saints Pères ont toujours enseignée à tous les fidèles.

Quant aux choses dont on sait qu'on dispute dans les écoles, quoique les ministres ne cessent de les alléguer pour rendre cette puissance odieuse, il n'est pas nécessaire d'en parler ici, puisqu'elles ne sont pas de la foi catholique. Il suffit de reconnaître un chef

établi de Dieu pour conduire tout le troupeau dans ses voies, ce que feront toujours volontiers ceux qui aiment la concorde des frères et l'unanimité ecclésiastique.

Et certes, si les auteurs de la réformation prétendue cussent aimé l'unité, ils n'auraient ni aboli legouvernement épiscopal qui est établi par Jésus-Christ même, et que l'on voit en vigueur dès le temps des Apôtres, ni méprisé l'autorité de la chaire de saint Pierre, qui a un fondement si certain dans l'Evangile et une suite si évidente dans la tradition: mais plutôt ils auraient conservé soigneusement et l'autorité de l'épiscopat qui établit l'unité dans les Eglises particulières, et la primauté du siége de saint Pierre, qui est le centre commmun de toute l'unité catholique. XXII. Conclusion de ce traité.

Telle est l'exposition de la doetrine catholique, laquelle, pour m'attacher à ce qu'il y a de principal, j'ai laissé quelques questions que messieurs de la Religion prétendue réformée ne regardent pas comme un sujet légitime de rupture. J'espère que ceux de leur communion qui examineront équitablement toutes les parties de ce traité, seront disposés par cette lecture à mieux recevoir les preuves sur lesquelles la foi de l'Eglise est établie, et reconnaîtront en attendant, que beaucoup de nos controverses se peuvent

terminer par une sincère explication de nos sentiments, que notre doctrine est sainte, et que, selon leurs principes même, aucun de ses articles ne renverse les fondements du salut.

Si quelqu'un trouve à propos de répondre à ce traité, il est prié de considérer que, pour avancer quelque chose, il ne faut pas qu'il entreprenne de réfuter la doctrine qu'il contient, puisque j'ai eu dessein de la proposer seulement, sans en faire la preuve, que, si en certains endroits j'ai touché quelques-mes des raisons qui l'établissent, c'est à cause que la connaissance des raisons principales d'une doctr ne fait souvent une partie nécessaire de son exposi tion.

Ce serait aussi s'écarter du dessein de ce traité, que l'examiner les différents moyens dont les théologiens catholiques se sont servis pour établir ou pour éclaircir la doctrine du concile de Trente, et les diverses conséquences que les docteurs particuliers en ont ti rées. Pour dire sur ce traité quelque chose de solide et qui aille au but, il faut, ou par des actes que l'Egli se se soit obligée de recevoir, prouver que sa foi n'est pas ici fidèlement exposée; ou montrer que cette explication laisse toutes les objections dans leur force, toutes les disputes en leur entier; ou enfin faire voir précisément en quoi cette doctrine renverse les fondements de la foi.

EXTREME GRANDEUR ET EXTREME PETITESSE DE LA NATURE.

Que l'homme contemple la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent; qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers; que la terre lui paraisse comme un point, au prix du vaste tour que cet astre décrit ; et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'un point trèsdélicat à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre elle se lassera plus tôt de concevoir que la nature de fournir. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une circonférence nulle part. Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute puis sance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée.

Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est, au prix de ce qui est ; qu'il

BOSSUET.

Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu' connaît les choses les plus délicates. Qu'un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus pelites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes: que, divisant encore ces dernières choses il épuise ses forces en ces conceptions, e que le dernier objet où il peut arriver sol maintenant celui de notre discours; il pentesse de la nature. Je veux lui faire voir sera peut-être que c'est là l'extrême petidedans un abime nouveau ; je lui veux peindre non-seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la mature dans l'enceinte de ce raccourci d'atome. Qu'ils voie une infinité d'univers dont cha en la même proportion que le monde visible cun a son firmament, ses planètes, sa terre, dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même chose, sans fin e sans repos, qu'il se perde dans ces merveilles aussi étonnantes dans leur petitesse que

se regarde comme égaré dans ce canton dé- les autres par leur étendue : car qui n'ad

tourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix.

mirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers imperceptible luimême dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un toul,

à l'égard du néant, où l'on ne peut arriver? PASCAL.

EXTRÊME-ONCTION (L').

Mais c'est à la vue de ce tombeau, portique silencieux d'un autre monde, que le Christianisme déploie sa sublimité. Si la plupart des cultes antiques ont consacré la cendre des morts, aucun n'a songé à prépa rer l'âme pour ces rivages inconnus dont on ne revient jamais.

Venez voir le plus beau spectacle que puisse présenter la terre; venez voir mourir le fidèle. Cet homme n'est plus l'homme du monde, il n'appartient plus à son pays; toutes ses relations avec la société cessent. Pour lui le calcul par le temps finit, et il ne ale plus que de la grande ère de l'éternité. Un être assis à son chevet le console. Ce mitistre saint s'entretient avec l'agonisant de Immortalité de son âme, et la scène sublime que l'antiquité entière n'a présentée qu'une seale fois, dans le premier de ses philosophes Lourants, cette scène se renouvelle chaque jour sur l'humble grabat du dernier des Chretiens qui expire.

Enin le moment suprême est arrivé; un sacrement a ouvert à ce juste les portes du onde, un sacrement va les clore; la religole balança dans le berceau de la vie; ses beaux chants et sa main maternelle l'endormiront encore dans le berceau de la mort. Ele prépare le baptême de cette seconde naissance; mais ce n'est plus l'eau qu'elle choisit, c'est l'huile, emblème de l'incorruptibilité céleste. Le sacrement libérateur rompt peu à peu les attaches du fidèle; son Jme, à moitié échappée de son corps, devient presque visible sur son visage. Déjà il enlen les concerts des séraphins; déjà il est rét à s'envoler vers les régions où l'invite ceile Espérance divine, fille de la Vertu et de la Mort. Cependant l'ange de la paix, descendant vers ce juste, touche de son sceptre d'or ses yeux fatigués, et les ferme delicieusement à la lumière. Il meurt, et l'on ' point entendu son dernier soupir; il meurt, et, longtemps après qu'il n'est plus, ses amis font silence autour de sa couche,

car ils croient qu'il sommeille encore: tant ce Chrétien a passé avec douceur ! CHATEAUBRIAND.

EZÉCHIEL.

Ezécniel, inférieur en élégance à Jérémie, est presque l'égal d'Isaïe en élévation; mais cette élévation est d'un genre différent. Il est terrible, véhément, tragique, toujours sévère et menaçant : ses pensées sont hautes, pleines de feu, dictées par la colère et l'indignation. Il est riche en images pompeuses, effrayantes, souvent même capables de révolter. Son style est grand, plein de gravité, austère, un peu rude, et quelquefois négligé. Il emploie fréquemment la répétition, non pour l'agrément et la beauté, mais par indignation et par véhémence. Quelque sujet qu'il entreprenne de traiter, il le poursuit avec persévérance, s'y tenant exclusivement attaché, et ne s'en détournant que rarement, de sorte qu'il n'est presque jamais difficile de saisir la suite et la liaison de ses idées. Vaincu peut-être dans tout le reste par plusieurs des autres prophètes, il n'a jamais été égalé par aucun écrivain, dans le genre auquel la nature semble l'avoir uniquement destiné, c'est-à-dire en énergie, en véhémence, en majesté et en grandeur. Son élocution est infiniment claire; l'obscurité est presque toute dans les sujets. Ce qui en présente le plus, ce sont les visions qui cependant ne sont que des narrations purement historiques, de même que celles d'Osée, d'Amos et de Zacharie. La plus grande partie du livre d'Ézéchiel, c'est-à-dire tout le milieu, est poétique, soit qu'on en considère les sujets, soit qu'on s'arrête au style; mais les périodes en sont presque toujours si négligées et si peu régulières, que nous balançons souvent sur le jugement que nous devons porter à cet égard.

F

FAIBLESSE DE L'ESPRIT HUMAIN. Newton est sans contredit un des plus grands génies qui aient jamais existé : Sa Profonde science et sa pénétration dans les mystères les plus cachés de la nature demeureront toujours le sujet le plus éclatant de notre admiration, et de celle de notre posVérité mais les erreurs de ce grand homme doivent servir à nous humilier (2), et à nous faire reconnaître la faiblesse de l'esprit huwain, qui, s'étant élevé au plus haut degré

Voyez aussi l'article PROPHÈTES. (Les erreurs de Newton auxquelles Euler fait

Pour ce qui concerne le style, on peut ranger Isaïe, Jérémie et Ézéchiel, entre les écrivains hébreux, dans le même ordre qu'Homère, Simonide et Eschyle parmi les Grecs. LOWTH (1).

dont les hommes soient capables, risque néanmoins de se précipiter dans les erreurs les plus grossières.Si nous sommes exposés à

des chutes si tristes dans nos recherches sur

les phénomènes de ce monde visible qui frappe nos sens, combien serions-nous malheureux, si Dieu nous avait abandonnés à nous-mêmes à l'égard des choses invisibles, et qui regardent notre salut éternel 1 Sur cet important article, une révélation nous a été absolument nécessaire : nous devons en profiter avec la plus grande vénération; et,

allusion ici tombent sur quelques systèmes de physique, reconnus faux depuis.

lorsqué notre révélation nous présente des choses qui nous paraissent inconcevables, nous n'avons qu'à nous souvenir de la faiblesse de notre esprit qui s'égare si facilement, même dans les choses visibles. Toutes les fois que je vois de ces esprits forts qui critiquent les vérités de notre religion, et s'en moquent même avec la plus impertinente suffisance, je pense et je me dis à moimême Chétifs mortels, combien et combien de choses sur lesquelles vous raisonnez si légèrement, sont-elles plus sublimes et plus élevées que celles sur lesquelles cependant le grand Newton s'égara si grossièrement! EULER

FAUVETTE (LA).

Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil ou plutôt de la torpeur de la nature; les insectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l'air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers; tout nous présente les images de la langueur et de la dépopulation; mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante; et les feuillages renaissants et les bocages revêtus de leur nouvelle parure, sembleraient moins frais et moins touchants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer.

De ces hôtes des bois, les fauvettes sont les plus nombreuses, comme les plus ainables; vives, agiles, légères et sans cesse remuées, tous leurs mouvements ont l'air du sentiment; tous leurs accents, le ton de la joie; et tous leurs jeux, l'intérêt le plus touchant. Ces jolis oiseaux arrivent au moment où les arbres développent leurs feuilles et commencent à laisser épanouir leurs fleurs; ils se dispersent dans toute l'étendue de nos campagnes; les uns viennent habiter nos jardins ; d'autres préfèrent les avenues et les bosquets, plusieurs espèces s'enfoncent dans les grands bois, et quelques-unes se cachent au milieu des roseaux. Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouvements et les accents de leur tendre gaieté.

La fauvette à tête noire est de toutes les fauvettes celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu; il tient un peu de celui du rossignol, et l'on en jouit plus longtemps; car plusieurs semaines après que ce chantre du printemps s'est ta, l'on entend les bois résonner partout du chant de ces fauveltes; leur voix est facile, pure et légère, et leur chant s'exprime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées; ce chant semble tenir de la fraîcheur des lieux où il

se fait entendre; il en peint la tranquillité, il en exprime niême le bonheur; car les cours sensibles n'entendent pas sans une

douce émotion les accents inspirés par la nature aux êtres qu'elle rend heureus. BUFFON,

FENELON.

Son humeur était égale, sa politesse affectueuse et simple, sa conversation féconde et animée. Une gaieté douce tempé rait en lui la dignité de son ministère, et le zèle de la religion n'eut jamais chez lui pi sécheresse, ni amertume. Sa table était ouverte, pendant la guerre, à tous les officiers ennemis ou nationaux que sa réputation altirait en foule à Cambrai. Il trouvait encore des moments à leur donner, au milieu des devoirs et des fatigues de l'épiscopal. Son sommeil était court, ses repas d'une extrême frugalité, ses moeurs d'une pureté irréprochable. Il ne connaissait ni le jeu, ni l'ennui: son seul délassement était la promenade; encore trouvait-il le secret de la faire rentrer dans ses exercices de bienfaisance. S'il rencontrait des paysans, il se plaisait à les entretenir. On le voyait assis sur l'herbe au milieu d'eux, comme autrefois saint Louis sous le chêne de Vincennes. Il entrait même dans leurs cabanes, et recevait avec plaisir tout ce que lui offrait leur simplicite hospitalière. Sans doute ceux qu'il honora de semblables visites racontèrent plus d'une fois à la génération qu'ils virent naître, que leur toit rustique avait reçu Fénélon. LA HARPE

FETE-DIEU SUR MER.

C'était au temps où les rois de France pensaient que leurs armées de terre el de mer, étant composées de soldats et de ma rins chrétiens, avaient besoin d'aumôniers et dans les régiments et à bord des vais seaux; au temps où, ne rougissant pas de la croix, ils la faisaient voir à côté de leurs drapeaux et de leurs pavillons victorieux.

La flotte française était mouillée dans les parages de l'Ile-de-France, et les vagues sur lesquelles elle se balançait mollement étaient aussi azurées que le ciel. Dès le matin, dès l'instant où le sommet de chaque flot s'était doré des premiers rayons du soleil, chaque vaisseau avait arboré sa parure pour la solennité du jour : LA FÊTE

DIEU.

La veille, à la prière du soir, alors que le globe du grand astre, prêt à se plonger dans la mer, apparaissait entre les cordages des navires, au milieu des espaces sans bornes, l'aumônier avait annoncé aux matelots, aus soldats du bord, que le lendemain était la fête du Dieu de la nature; la fête de celui qui a creusé les profondeurs de l'Océan, el qui a hérissé la terre de hautes montagnes; la fête du Dieu qui soulève les vagues et qui fait croître les moissons.

Parmi les hommes qui avaient écouté le prêtre, il n'y en avait pas eu un qui ne se fût souvenu de cette fête, qu'il avait vu célébrer ou dans sa ville, ou dans son hameau natal, alors qu'il était encore avec sa mère et ses sœurs. Les marins perdent peu

les souvenirs de terre, ils en ont besoin dans les solitudes de l'Océan ; aussi, était-ce ree joie que les vieux matelots et les jeunes mousses s'étaient mis à l'ouvrage décorer leurs navires. Į pour

La propreté, ce luxe des vaisseaux, avait redoublé ce jour-là, et le pont de chaque navire aurait pu être comparé au plancher 'une maison bien tenue: les flammes longues et ellilées, étroites et gracieuses banderoles, se déroulaient, s'allongeaient, se recourbaient comme des serpents de diverses couleurs, et jouaient au haut des mais. Les pavillons bariolés de signaux, les avilons de France majestueux de blaneur, dottaient et claquaient au vent. Les ndes voiles, comme d'immenses drapeTas, se dessinaient en larges festons sur le a du ciel,

Le vaisseau amiral était comme la cathébra de la ville flottante; c'était de son word que la bénédiction devait être donnée toute la flotte.

Des habitants de l'ile avaient apporté, dès le point du jour, à nos marins, toute une moisson de leurs plus belles fleurs, et leurs légers canots et leurs yoles longues et sveltes, toutes chargées de .branchages, avaien semblé de petites îles portées et balas es par les flots.

Avec des ressouvenirs de village, les Eelots avaient employé ces tributs verdiants et parfumés à faire un magnifique reposoir au pied du grand mât du vaisseau a.ral.

Certes, il y a grand plaisir à voir les Clears s'épanouir aux lieux où elles sont ées; à voir s'étendre les branches sur les Felouses que les arbres ont percées pour andir. Mais il y avait aussi une douce senation à contempler ces dépouilles des bois des jardins, étalant leurs couleurs et ur verdure sur un vaisseau au milieu des agues; fleurs et palmes séparées et exis de terre, pour orner l'autel du Dieu de

nature.

Le matin, l'Ofice de la Fête-Dieu avait édé célébré dans les paroisses de l'ile; et Ters midi nos matelots avaient pu voir la

cession sortir de l'église des pampleuousses et passer auprès du tombeau de Pail et de Virginie.

Pour augmenter la majesté de la fête mae, des prêtres de l'Ile-de-France et de Jeunes missionnaires qui se rendaient dans

aussi de lointaines détonations aux sublimes bruits qui s'élevaient des flots; et, pour quelques instants, la teinte rose et dorée du ciel disparut sous l'épaisse fumée de tant de bonches à feu !

Tous ces tonnerres des hommes Le déplaisaient point à Dieu, car ils ne donnaient pas la mort ; ils n'étaient plus un signal de guerre, ils n'appelaient plus au carnage; mais à la prière, mais à l'adoration d'un Dieu d'amour et de paix; au calme qui régnait dans les airs et sur les flots, on eût dit que la nature se recueillait et faisait silence à l'approche du Créateur. Les vents. se taisaient, et les vagues ne bruissaient point contre les flancs des navires... Aussi, de toutes ces embarcations, on entendait par moments les voix des prêtres; et de loin on voyait par-dessus les têtes nues des matelots agenouillés, la croix et le Saint-Sacrement que les officiants portaient en procession autour du vaisseau amiral; au soleil couchant, l'ostensoir à rayons d'or brillait comme un autre soleil, et les mains jeunes et pures d'enfants vêtus comme des anges jetaient avec profusion des fleurs de toutes les couleurs et de parfums différents. Ces fleurs, en retombant sur le pont, formaient comme un tapis bariolé sous les pieds des prêtres; et traçaient la voie sainte à l'entour du vaisseau; par fois, la brise emportait pardessus les bastingages quelques-unes de ces fleurs, et elles allaient surnager quelques instants sur les vagues; ainsi font, sur les ondes agitées de la vie, la beauté et la grâce; on les voit un moment, on les admire, puis le flot qui les portait s'affaisse, s'entr'ouvre, et les engloutit.

Le reposoir qui avait été dressé au pied du grand mât était élevé sur plusieurs gradins; l'autel se trouvait ainsi placé de manière à être vu de toute la flotte.

Quel temple que celui-là! l'immensité sur la tête du prêtre! l'immensité sous ses pieds! et, pour annoncer le moment de la bénédiction, au lieu d'une clochette agitée par un petit choriste, une salve de cent canons, cent canons tonnant à la fois et disant aux soldats, aux matelots, à l'Océan, à la terre, au ciel : Adorez, voici le Dieu des armées!

Ce ne sont pas les hommes qui vivent sur mer, entre les hauteurs des cieux et les profondeurs de l'abime, qui ne savent pas prier; non, la vue des espaces sans bornes, l'infini qui les entoure, la grande voix de l'Océan, qui parle sans cesse au marin, lui ont agrandi l'âme et enseigné la foi;'

de, vinrent se joindre aux aumôniers des Taisseaux; le soir avait été choisi pour la trémonie du salut et de la bénédiction. Heure pleine de mystère et de charme; aussi pas un officier, pas un matelot,

beure où l'on prie mieux, parce que l'âme alors saisie d'un sentiment vague de Stesse; heure où les nuages du ciel semat des draperies de pourpre bordées

Dr.

Au moment où dans les villes on sonne ngélus, la cérémonie commença à bord de miral; cent un coups de canon l'aunoneat, et chaque vaisseau répondit à la re; et les batteries de terre mêlèrent

pas un soldat qui ne se prosternât saisi d'émotion, quand le Saint-Sacrement élevé dans les mains du prêtre bénit l'armée... Alors les étoiles commençaient à se montrer daus le ciel, on eût dit qu'elles aussi voulaient adorer, avec les hommes, le Dieu qui les a semées dans le firmament et qui sait le nom de chacune d'elles !

La nuit allait bientôt venir el tendre de ses voiles l'immense horizon; déjà les dots 17

LEÇONS ET EXEMP. DE LITT. CHRÉTIENne. 1.

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