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n'est plus nous qui vivons, mais Jésus-Chri qui vit en nous. »

tance; ce qui nous nourrit et ce qui nous est directement donné en qualité de nourriture, c'est la chair de cet Homme-Dieu dont notre âme est sustentée et fortifiée, et, pour me servir du mot de Tertullien, engraissée. Or, quel honneur pour une chair, que ce soit elle qui nous rende tout spirituels, elle qui nous communique la grâce, et qui nous fasse vivre de la vie de Dieu même. Oui, je le répète, ce miracle seul élève la chair du Sauveur du monde à un ordre surnaturel et divin. »

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Aussi l'Eglise, voulant se conformer aux sentiments de Jésus-Christ, qui a prétendu honorer sa chair dans l'Eucharistie, considère cet auguste sacrement comme la splendeur de cette chair divine: c'est à elle que s'adresse directement l'hommage de nos adorations, et le triomphe qu'elle lui décerne est appelé la fête du Corps de Jésus-Christ; festum Corporis Christi. De sorte que l'identité est manifeste dans le langage de l'Evangéliste, qui appelle l'Incarnation « le Verbe fait chair », et dans celui de l'Eglise ou plutôt de Jésus-Christ lui-même, qui nomme l'Eucharistie le sacrement de son corps et de son sang, sacrement ineffable qui achève ce qui manquait à l'Incarnation et la complète. Par l'Eucharistie, en effet, le Verbe éternel voit rayonner de nouveau sur son front le glorieux diadème dont la Divinité l'avait couronné au jour de ses noces avec la nature humaine, au jour de la joie de son cœur, mais dont la Synagogue l'avait dépouillé pour y substituer une couronne d'épines au jour de ses douleurs et de ses ignominies. Donc l'Eucharistie est la gloire de l'Incarnation et le complément de ce touchant mystère : sublime développement tout à notre profit, qui devrait sans cesse tirer de nos lèvres des cris de joie et de recon-, naissance, parce qu'il met à découvert l'immense charité que Dieu a eue pour nous. Chose admirable ! l'amour qui est le principe des œuvres de Dieu en est aussi la fin: le suprême degré de l'amour c'est l'union, et, comme je l'ai dit déjà, le but de l'Incarnation c'est l'union de Dieu avec l'homme, ou l'amour dans son plus haut degré. Faire participer l'humanité à sa vie divine, tel est le dessein que s'est proposé le Tout-Puissant dans cet étonnant mystère pour cela, il s'est uni à une nature d'homme, afin que cette vie nous fût communiquée par JésusChrist, avec Jésus-Christ, en Jésus-Christ notre chef et notre roi, le premier né des créatures, en qui ont été bénies toutes les nations de la terre. Mais voici le merveilleux enchaînement : le Verbe incarné s'approprie la nature humaine en unité de personne; puis s'étant levé pour fournir sa carrière, cet astre brûlant d'amour veut illuminer tout homme venant en ce monde. L'Homme-Dieu élargit ses bras pour embrasser tous les hommes dans les étreintes de sa charité, et, par l'Eucharistie, il semble vouJoir se les approprier et se les unir tous, si ce n'est en unité de personne, du moins en unité d'esprit et de cœur, tellement que «< ce

Donc, et c'est cette conséquence que nou avons eue ici particulièrement en vue, do il existe une harmonie réelle entre l'Incarna tion et l'Eucharistie, de sorte que nous pou vons appliquer à celle-ci toutes les merveill de celle-là, et que le divin Jésus nous appara vivant dans son sacrement, comme il a réu aux jours de sa vie mortelle, consomman dans l'Eucharistie, l'œuvre divine qu'il commencée en se faisant homme.

Donc l'Eucharistie est la démonstration plus éloquente de l'Incarnation, et, pour servir de ce mot, la contre-épreuve irréc sable. Cette conclusion ressort des belles p roles du grand Bossuet: «Oh! je vo maintenant, s'écrie-t-il, et je counais q vous avez pris pour moi cette chair h maine; que vous en avez porté les infirm tés pour moi, que c'est pour moi que vou l'avez offerte; qu'elle est à moi. Je n' qu'à la prendre, à la manger, à la posséde à m'unir à elle. En vous incarnant dans sein de la sainte Vierge, vous n'avez p qu'une chair individuelle; maintenant, vo prenez la chair de nous tous, la mienne particulier; vous vous l'appropriez, elle es à vous vous la rendez comme la vôtre le contact, par l'application de la voire premièrement pure, sainte et sans tache secondement immortelle, glorieuse: jer cevrai le caractère de votre résurrecto pourvu que j'aie le courage de recevo.. celui de votre mort. Venez, venez, chair de mon Sauveur, charbon ardent, purifiez mes lèvres, brûlez-moi de l'amour qui vous liv à la mort. Venez, sang que l'amour a fa répandre; coulez dans mon sein, torrent flammes. O Sauveur! c'est donc ici vo corps, ce même corps percé de plaies. m'unis à toutes; c'est par là que votre sa s'est écoulé sur moi... >>

« Si les enfants se souviennent si tendr ment de leur père et de toutes ses bon lorsqu'ils s'approchent du tombeau où s corps est enfermé, combien notre souve et notre amour doivent-ils être excit lorsque nous tenons sous ces envelope sacrées, sous ce tombeau mystique, la proj chair de notre Sauveur immolée pour no cette chair vivante et vivifiante; el ce sa encore tout chaud par son amour et to plein d'esprit et de grâce?»

« O vérité de la chair mangée, je vo crois comme la vérité de la chair prise le Fils de Dieu, la vérité du Fils de D descendu du ciel. Mon Sauveur, avec que force vous nous confirmez voire Incarn tion! Ah! celui qui ne croit pas que reçoit réellement votre propre chair en propre et véritable substance, ne croit p comme il faut que vous l'avez prise, el n'a point de pari au pain de vie. »

Ainsi ce sacrement adorable expose yeux de notre foi cette manifestation te chante du Verbe de Dieu dans une ch humaine, né pour nous dans une pauvr élable et mort pour nous sauver sur un croix il nous la fait toucher en quelqu

arte; il nous met avec lui dans une société eement intimne, que nous le voyons, que us lui parlons, que nous nous reposons ar sa poitrine, et qu'il nous est permis de as écrier après nous en être convaincus ar une douce expérience : « Oui, le Verbe est fait chair, et il a babité parmi nous!» Dous avons vu sa gloire qui resplendit s le tabernacle, et cette gloire est digne Fils unique de Dieu; et nous avons ti les feux de son amour dont le foyer encore au tabernacle, d'où l'aimable was, plein de grâce et de vérité, épanche r sous les trésors infinis de son cœur O hommes! écoutez le témoignage an-Baptiste, ou plutôt celui de l'Eglise, Vous crie en vous montrant le Dieu de baristie : Il y a quelqu'un au milieu de que vous ne connaissez pas (Joan. 1, C'est lui qui a été placé au-dessus de pour être mon chef auguste; c'est lui voulu demeurer avec moi pour être zoux, mon soutien et ma vie; moi et enfants nous recevons tout de 'sa pléniWe Joan. 1. 16). Le Seigneur me conduit mae sa brebis, rien ne me manquera et na placé dans des pâturages fertiles a. xi, 1). Le Seigneur est ma lumière on salut, qui pourrai-je craindre .IVI, 1)? Ames fidèles, oh! venez avec resse puiser aux fontaines du Sauveur 1, 3). Ce n'est pas seulement la grâce, encore l'auteur de la grâce que nous elons dans le sacrement ineffable de aristie: Et de plenitudine ejus omnes accepimus, et gratiam pro gratia. Non, il est impossible de trouver plus de rs, plus d'identité que dans ces deux res d'amour : l'Incarnation et l'EuchaPartant, nulle autre harmonie ne être comparée à celle qui s'en pe si délicieusement pour la jubilation anges et des hommes.

L'abbé MAKREL (1). ARMONIES GENERALES DU GLOBE.

ne nous arrêtant qu'à celles qui nous le mieux connues, voyez comme le environne constamment de ses rayons moitié de la terre, tandis que la nuit tre l'autre de son ombre. Combien de rastes et d'accords résultent de leurs sitions versatiles! Il n'y a pas un point deux hémisphères où ne paraisse tour à fune aube, un crépuscule, une aurore, midi, un occident chargé de feux, et une tantot constellée, tantôt ténébreuse. saisons s'y donnent la main comme les res du jour. Le printemps, couronné de y devance le char du soleil; l'été ironne de ses moissons, et l'automne it avec sa corne chargée de fruits. En biver et la nuit, retirés sur les pôles onde, veulent donner des bornes à sa que carrière; en vain ils élèvent du

Auteur d'un livre solide, intitulé: Le Comde notre exil, ou la Vie eucharistique de LEÇONS ET EXEMP. de litt. ChrétiENNE.

sein des mers australes et boréales de nouveaux continents qui ont leurs vallées, leurs montagnes et leurs clartés : le père du jour renverse de ses flèches de feu ces ouvrages fantastiques, et, sans sortir de son trône, il reprend l'empire de l'univers. Rien n'échappe à sa chaleur féconde. Du sein de l'Océan il élève dans les airs les fleuves qui vont cou. ler dans les deux mondes. Il ordonne aux vents de les distribuer sur les fles et sur les continents. Ces invisibles enfants de l'air les transportent sous mille formes capricieuses: tantôt ils les étendent dans le ciel comme des voiles d'or et des pavillons de soie; tantôt ils les roulent en forme d'horribles dragons et de lions rugissants qui vomissent les feux du tonnerre. Ils les versent sur les montagnes d'autant de manières différentes, en rosées, en pluies, en grêles, en neiges, en torrents impétueux. Quelque bizarres que paraissent leurs services, chaque partie de la terre n'en reçoit, tous les ans, que sa portion d'eau accoutumée. Chaque fleuve remplit son urne, chaque naïade sa coquille. Chemin faisant, ils déploient sur les plaines liquides de la mer la variété de leurs caractères. Les uns rident à peine la surface de ses flots; les autres les sillonnent en ondes d'azur ; d'autres les bouleversent en mugissant et couvrent d'écume les hauts promontoires. Chaque lieu a ses harmonies qui lui sont propres, et chaque lieu les présente tour à tour. Parcourez à votre volonté un méridien ou un parallèle, vous y trouverez des montagnes à glace et des montagnes à feu; des plaines de toutes sortes de niveaux, des courbures, des fles de toutes les formes, des fleuves de tous les cours : les uns qui jaillissent et semblent sortir du centre de la terre, d'autres qui se précipitent en calaractes et paraissent tomber des nues. Cependant ce globe, agité de tant de mouvements, et chargé de poids en apparence si irréguliers, s'avance d'une course ferme et inaltérable à travers l'immensité des cieux.

Des beautés d'un autre ordre décorent son architecture et le rendent habitable aux êtres sensibles. Une ceinture de palmiers, auxquels sont suspendus la datte et le coco, l'entoure entre les brûlants tropiques; et des forêts de sapins moussus le couronnent sous les cercles polaires. D'autres végétaux s'étendent, comme des rayons, du midi au nord, et viennent expirer à différents degrés. Le bananier s'avance depuis la ligne jusqu'aux bords de la Méditerranée. L'oranger passe la mer, et borde de ses fruits dorés les rivages méridionaux de l'Europe. Les plus nécessaires, comme le blé et les graminées, pénètrent le plus loin, et, forts de leur faiblesse, s'étendent, à l'abri des vallées, depuis les bords du Gange jusqu'à ceux de la mer Glaciale. D'autres, plus robustes, partent des rudes climats du nord, s'avancent sur les crouves du Taurus et ar

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rivent, à la faveur des neiges, jusque dans le sein de la zone torride. Les sapins et les cèdres couronnent les montagnes de l'Arabie et du royaume de Cachemire et voient à leurs pieds les plaines brûlantes d'Aden et de Lahore, où se recueillent la datte et la canne à sucre. D'autres arbres, ennemis à la fois du chaud et du froid, ont leurs centres dans les zones tempérées. La vigne languit en Allemagne et au Sénégal. Le pommier, l'arbre de ma patrie, n'a jamais vu le soleil à plomb sur sa tête et, décrivant autour de lui le cercle entier de l'horizon, mûrir ses beaux fruits. Mais chaque sol a sa Flore et sa Pomone. Les rochers, les marais, les vases, les sables, ont des végétaux qui leur sont propres; les écueils même de la mer sont fertiles. Le cocotier ne se plaît que sur les sables marins, où il laisse pendre ses fruits pleins de lait audessus des flots salés. D'autres plantes sont ordonnées aux vents, aux saisons et aux heures de jour, avec tant de précision que Linnæus en avait formé des almanachs et des horloges botaniques. Qui pourrait décrire la variété infinie de leurs figures? Que de berceaux, de voûtes, d'avenues, de pyramides de verdure chargées de fruits, offrent de ravissantes habitations! Que d'heureuses républiques vivent sous leurs tranquilles ombrages! Que de banquets délicieux y sont préparés! Rien n'en est perdu. Les quadrupèdes en mangent les tendres feuillages, les oiseaux les semences, d'autres animaux les racines et les écorces. Les insectes en ont la desserte leurs légions infinies sont armées de toutes sortes d'instruments pour la recueillir. Les abeilles ont sur leurs cuisses des cuillers garnies de poils pour ramasser la poussière de leurs fleurs; les mouches, des pompes pour en sucer la séve; les vers, des tarières, des vilebrequins et des râpes pour en dépecer les parties solides; et les fourmis, des pinces pour en emporter les miettes. A la diversité de formes, de mœurs, de gouvernements, et aux guerres perpétuelles de tous ces animaux, vous diriez d'une multitude de nations ennemies qui vont bientôt s'entredétruire. A la constance de leurs amours, à la perpétuité de leurs espèces, à leur admirable harmonie avec toutes les parties du règne végétal, vous diriez d'un seul peuple qui a sa noblesse domaniale, ses charpentiers, ses pompiers et ses artisans.

D'autres tribus dédaignent les végétaux, et sont ordonnées aux éléments, au jour, à la nuit, aux tempêtes et aux diverses parties du globe. L'aigle confie son nid au rocher qui se perd dans la nue; l'autruche, aux sables arides des déserts; le flamant couleur de rose, aux vases de l'Océan méridional. L'oiseau blanc du tropique et la noire frégate se plaisent à parcourir ensemble la vaste étendue des mers, à voir du haut des airs voguer les flottes des Indes sous leurs ailes, et à circonscrire ce globe d'orient en occident, en disputant de rapidité avec le cours du soleil. Sous les mêmes atitudes,

des tourterelles et des perroquets m
hardis ne voyagent que d'ile en île, pro
nant à leur suite leurs petits, et ramas
dans les forêts les grains d'épiceries q
font crouler de branche en branche.
dant que ces oiseaux conservent une ter
rature égale sous les mêmes paralli
d'autres la trouvent en suivant le même
ridien. De longs triangles d'oies sau'
et de cygnes vont et viennent chaque
du midi au nord, ne s'arrêtent qu'aux li
brumeuses de l'hiver, passent sans s
ner au-dessus des cités populeuses de
rope, et dédaignent leurs campagne
condes, sillonnées de blés verts au n
des neiges, tant la liberté parait préfé
à l'abondance, même aux animaux!
autre côté, des légions de lourdes c
traversent la mer et vont au midi che
les chaleurs de l'été. Vers la fin de septe
elles profitent d'un vent de nord pourq
l'Europe, et, en battant une aile et pr
tant l'autre au vent, moitié voile, 1
rame, elles rasent les flots de la Médi
née de leurs croupions chargés de gra
se réfugient dans les sables de l'A
pour y servir de nourriture aux fame
habitants du Zara. Il y a des animat
ne voyagent que la nuit. Des millic
crabes descendent, aux Antilles, des
tagnes, à la clarté de la lune, en
sonner leurs tenailles, et offrent au
raïbes, sur les grèves stériles de leur
leurs écailles remplies de moelles es
Dans d'autres saisons, au contraire,
tues quittent la mer pour aborder aus!
rivages et entassent des sachées d'œuf
leurs sables chauds. Les glaces men
pôles sont habitées. On voit dans leur
et sous leurs promontoires flottants d
tal, de noires baleines chargées
d'huile que n'en peut donner un
d'oliviers. Des renards, revêtus de
précieuses fourrures, trouvent à vi
leurs rivages abandonnés du sole
troupeaux de rennes y grattent la nei
chercher les mousses, et s'avancent
mant dans ces régions désolées de!
à la lueur des aurores boréales. P
providence admirable, les lieux l
arides présentent à l'homme, dans
grande abondance, des vivres, des
des lampes et des foyers qu'ils n'o
produits.

Bernardin de Saint-
HENRI IV

EMBRASSANT LA VÉRITÉ CATHOLIQ

Sur les buit à neuf heures du m roi, tout vêtu de blanc, hormis le et le chapeau qui étaient noirs, étant des princes et officiers de la couron très-grand nombre de noblesse, et des Suisses de sa garde, tambour des officiers de la prévôté de son h ses gardes du corps et de douze tro fut conduit par les rues, qui étaien tapissées et jonchées de verdure et d

au travers d'une foule incroyable et des cris Continuels de vive le roi! L'archevêque de Bourges l'attendait à la porte de l'église à deux ou trois pas en dedans; il était assis sur une chaise de damas blanc, où sur les deux bouts du dossier étaient attachées les armes de France et de Navarre, et tenait le livre des Evangiles à la main. Le cardinal de Bourbon y était aussi, accompagné de plusieurs évêques et des religieux de l'abbaye, qui avaient la croix. Comme le roi fut au-dessous de la porte, l'archevêque de Bourges lui demanda : « Qui êtes-vous? » A quoi ayant répondu : « Je suis le roi,» il poursuit: « Que demandez-vous? - Je demande, dit le roi, d'être reçu au giron de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine. Le voulez-vous donc ? dit l'archevêque. Oui, répondit le roi, je le veux et le désire. » Et à l'instant, se jetant à geBoux, il fit sa confession de foi en ces termes: Je proteste et jure devant la face de Den tout-puissant de vivre et mourir en la religion catholique, apostolique et romaine, de la protéger et défendre envers tous au péril de mon sang et de ma vie, renonçant toutes hérésies contraires. » Puis il la donna à l'archevêque dans un papier, écrite et sigoée de sa main. L'archevêque lui fit baiser son anneau sacré et lui donna l'absolution et la bénédiction: cela fait, le cardinal et Jui, l'ayant relevé, le conduisirent avec tous les évêques au choeur de l'église, où il réitera à genoux la même confession de foi, devant le grand autel, sur les saints Evangiles; puis ayant été relevé par le cardinal et l'archevêque, il fut ouï en confession par T'archevêque, sous un pavillon derrière le grand autel, d'où il le ramena à un oratoire ou prie-Dieu couvert de velours cramoisi brun semé de fleurs de lis d'or, sous un dais de même; et là, ayant à sa droite le cardinal, et l'archevêque à sa gauche, les évêques tout autour, et derrière lui les princes, le chancelier, les officiers de la couronne et les cours souveraines, il entendit la Messe, alla à l'offrande et baisa la paix en grande dévotion. La Messe dite, quelques-uns de ses officiers firent largesse de pièces d'or et d'argent battues exprès, et il fut reconduit à son logis avec le même Ordre qu'il avait été amené à l'église, parmi les cris d'allégresse, le carillon des cloches, les fanfares des trompettes et les salves des canons. L'après-dînée, il assista au sermon que fit l'archevêque et à Vêpres. Au sortir de là, il fut visiter l'église des Saints Maryrs et Apôtres de France, à Montmartre; et élant retourné à Saint-Denis, il donna avis de sa conversion à tous les parlements, désirant qu'il en fût rendu grâces à Dieu par processions et prières publiques. Dès le soir, toute la campagne de ce côté-là, depuis Montmartre jusqu'à Pontoise, et, peu de jours après, les grandes villes de son parti en célèbrèrent la réjouissance par des leux de joie, des festins et des danses. Le Jeople même de Paris, merveilleusement hangé par cette conversion, ne parla plus

désormais de lui qu'avec beaucoup de res pect, sifflant ceux qui ne l'appelaient que le roi de Navarre, et prenant plaisir à entendre les autres qui louaient sa piété et sa clés mence. MEZERAY.

HEUREUX (LES).

Beati qui lugent, quoniam ipsi consola. buntur (Matth. v, 5): « Bienheureux ceux qui pleurent parce qu'ils seront consolés. » —Sire, si le monde parlait ici à la place de JésusChrist, sans doute il ne tiendrait pas à Votre Majesté le même langage. Heureux le prince, vous dirait-il, qui n'a jamais combattu que pour vaincre; qui n'a vu tant de puissances armées contre lui, que pour leur donner une paix plus glorieuse, et qui a toujours été plus grand, ou que le péril, ou que la

victoire.

Heureux le prince qui, durant le cours d'un règne long et florissant, jouit à loisir des fruits de sa gloire, de l'amour de ses peuples, de l'estime de ses ennemis, de l'admiration de l'univers, de l'avantage de ses conquêtes, de la magnificence de ses ou vrages, de la sagesse de ses lois, de l'espérance auguste d'une nombreuse postérité; et qui n'a plus rien à désirer que de conserver longtemps ce qu'il possède:

Ainsi parlerait le monde; mais, Sire, Jésus-Christ ne parle pas comme le monde.

Heureux, vous dit-il, non celui qui falt l'admiration de son siècle; mais celui qui fait sa principale occupation du siècle à vonir, et qui vit dans le mépris de soi-même et de tout ce qui passe; parce que le royaume du ciel est à lui. Beati pauperes spiritu, quoniam ipsorum est regnum cælorum.

Heureux, non celui dont l'histoire va immortaliser le règne et les actions dans le souvenir des hommes; mais celui dont les larmes auront effacé l'histoire de ses péchés du souvenir de Dieu même; parce qu'il sera éternellement consolé. Beati qui lugent, quoniam ipsi consolabuntur.

Heureux, non celui qui aura étendu par de nouvelles conquêtes lés bornes de son empire; mais celui qui aura su renfermer ses désirs et ses passions dans les bornes de la loi de Dieu; parce qu'il possédera une terre plus durable que l'empire de l'univers. Beati mites, quoniam ipsi possidebunt terram.

Heureux, non celui qui, élevé par la voix des peuples au-dessus de tous les princes qui l'ont précédé, jouit à loisir de sa grandeur et de sa gloire; mais celui qui, ne trouvant rien sur le trône même digne de son cœur, ne cherche de parfait bonheur ici-bas que dans la vertu et dans la justice; parce qu'il sera rassasié. Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam, quoniam ipsi saturabuntur.

Heureux, non celui à qui les hommes ont donné les titres glorieux de grand et d'invincible; mais celui à qui les malheureux donneront devant Jésus-Christ le titre de père et de miséricordieux; parce qu'il sera traité avec miséricorde. Beati misericordes, quoniam ipsi misericordiam consequentur.

Heureux enfin, non celui qui, toujours arbitre de la destinée de ses ennemis, a donné plus d'une fois la paix à la terre; mais celui qui a pu se la donner à soi-même, et baunir de son cœur les vices et les affections déréglées qui en troublent la tranquillité; parce qu'il sera appelé enfant de Dieu. Beati pacifici, quoniam filii Dei vocabuntur.

Voilà, Sire, ceux que Jésus-Christ appelle heureux; et l'Evangile ne connaît point d'autre bonheur sur la terre que la vertu et l'innocence.

Grand Dieu! ce n'est donc pas cette longue suite de prospérités inouïes dont vous avez favorisé la gloire de son règne, qui peut le rendre le plus heureux des rois. C'est par là qu'il est grand; mais ce n'est pas par là qu'il est heureux. Tout ce qui ne sanctifie pas l'homme, ne saurait faire le bonheur de l'homme. Tout ce qui ne vous met pas dans un cœur, ô mon Dieu, n'y met ou que de faux biens qui le laissent vide, ou que des maux réels qui le remplissent d'inquiétudes; et une conscience pure est la source unique des vrais plaisirs.

HIRONDELLE (L').

MASSILLON.

Le vol est l'éta! naturel, je dirais presque l'état nécessaire de l'hirondelle. Elle mange en volant, elle boit en volant, se baigne en volant, et quelquefois donne à manger à ses petits en volant... Elle sent que l'air est son domaine, elle en parcourt toutes les dimensions et dans tous les sens, comme pour en jouir dans tous les détails, et le plaisir de cette jouissance se marque par de petits cris de gaieté. Tantôt elle donne la chasse aux insectes voltigeants, et suit avec une agilité souple leur trace oblique et tortueuse; tantôt elle rase légè rement la surface de la terre pour saisir ceux que la pluie ou la fraîcheur y rassemble; tantôt elle échappe elle-même à l'impétuosité de l'oiseau de proie par la flexibilité preste de ses mouvements; toujours maîtresse de son vol dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction; elle semble décrire au milieu des airs un dédale mobile et fugitif, dont les roules se croisent, s'entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, descendent, se perdent et reparais sent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l'art du dessin, peut à peine être indiqué à l'imagination par le pinceau de la parole. GUENEAU DE MONTBELLIARD. HISTOIRE (L') EVANGELIQUE CONFIRMÉE PAR L'HISTOIRE PROFANE. Il n'y a pas un seul article de notre reli

(1) Né en Hollande; dès son enfance, il annonça les dispositions les plus extraordinaires, et il a fail exception à la plupart des génies précoces, en tenant tout ce qu'il avait promis. Grotius a été tout à la fois homine d'Etat habile, excellent juriscon

gion,"pas un seu. point de l'Ecriture qui ne soit établi sur des fondements inébranlables Les païens comme les Juifs avouent que Jésus a été attaché à une croix, et que lu et ses disciples ont fait beaucoup de mira cles. On a les ouvrages de Josèphe, ouvra ges très-estimés, qui parurent environ qua rante ans après l'ascension du Sauveur qu'on les lise; ils font mention d'Hérode de Pilate, de Festus, de Jean-Baptiste, d Gamaliel. La ruine de Jérusalem y est de crite avec toutes les circonstances de ce fameux événement. Les auteurs du Talmud ne s'éloignent pas du récit de Josèphe. Tacite dans ses Annales, n'a pas oublié la persécution que Néron alluma contre les chrétiens. Dans les premiers siècles, l'on n'avait pas encore perdu les ouvrages de quelques particuliers, comme ceux de Phlegon, ni ces registres publics qui attestaient la vérité de plusieurs faits que nous avons rapportés; les Chrétiens y renvoyaient leurs adversaires. C'est là qu'ils pouvaient apprendre qu'une étoile brillante avait annoncé l'heureuse nouvelle de la naissance du Sauveur du monde, et que toute la nature sembla donner des marques de tristesse, le jour de sa mort, par ce tremblement de terre el cette éclipse extraordinaire du soleil, qui se fit, contre l'ordre commun, dans un temps où la lune était en son plein. GROTIUS (1).

HOMME (L').

Tout marque dans l'homme, même à l'erlé rieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants: il se soutient droit et élevé; son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité; l'image de l'âme y est peinte par la physionomie l'excellence de sa nature perce à travers les traits de son visage; son port majestueus organes matériels et anime d'un feu divi sa démarche ferme et hardie, annoncent noblesse et son rang; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées il ne la voit que de loin et semble la dédai gner; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d'appui à la masse de som corps; sa main ne doit pas fouler la terre perdre, par des frottements réitérés, la nesse du toucher, "dont elle est le principal organe; le bras et la main sont faits pou cuter les ordres de la volonté, pour sals servir à des usages plus nobles, pour es les choses éloignées, pour écarter les obs cles, pour prévenir les rencontres et le ch de ce qui pourrait nuire, pour embrasse et retenir ce qui peut plaire, pour le mett à portée des autres sens. Lorsque l'âme tranquille, toutes les parties du visage so dans un état de repos; leur proportion, le union, leur ensemble, marqueut encore asse sulte, historien et poëte. Il se disposait à faire catholique, lorsque la mort le surprit. P sieurs auteurs, et entre autres le célèbre Pela qui avait eu d'étroites liaisons avec lui, certifieu

fait.

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