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ma seule confiance dans la grâce du souverain Seigneur en qui je crois et en qui j'espère, il me semble que, pour cette foi que je chéris et que je regarde comme mon plus riche trésor, je ne craindrais point de donner mon sang ni de sacrifier ma vie. Il me semble que, bénissant la divine Providence, qui, dans le Christianisme, a fait heureusement succéder la tranquillité et la paix aux persécutions et aux combats, j'envie, après tout, le sort de ces Chrétiens à qui la conjoncture des temps fournissait des occasions si précieuses de signaler leur foi en présence des persécuteurs et des tyrans. Telles sont, à ce qu'il me paraît, mes dispositions, ô mon Dieu, tels sont mes sentiments, et tels ils doivent être. BOURDALOUE.

MYSTÈRES (DES).

Ne craignons pas d'élever nos regards vers chaque mystère en particulier.

La Trinité nous présente la Divinité multipliant ses personnes, et de tout son être versant continuellement sur nous d'inconcevables bienfaits.

L'Incarnation nous montre la dignité de notre nature, et nous apprend le prix de notre âme elle nous donne un Dieu pour législateur, un Homme-Dieu pour modèle; el, réunissant, à l'autorité infinie du maître qu'elle nous donne, la sublime perfection de ses exemples, elle nous élève à la plus haute sainteté, ôte tout prétexte à la désobéissance, enlève toute excuse à l'inobservation.

Le mystère de la Rédemption est le centre où viennent aboutir toutes les parties de la religion. Du haut de sa croix, Jésus-Christ embrasse tous les temps, et les rapproche: il réunit les oracles des prophètes et la prédication des apôtres, les voeux des patriarches et les actions de grâces de nos saints, les cérémonies de la Synagogue et les sacrements de l'Eglise, les antiques nolocaustes et le sacrifice de nos autels. Sur la croix viennent se manifester et se rejoindre tous les attributs divins: la sainteté offensée y trouve une réparation proportionnée; la justice suprême y reçoit une satisfaction suffisaute; la miséricorde infinie y épuise ses trésors; et la sagesse éternelle concilie tous ces grands intérêts par d'ineffables moyens que déploie la toute puis

sance.

Mortels, concevez au pied de la croix quel mal est le péché, puisque, pour l'expier, il a fallu un tel sacritice!

Le dogme de la Grace nous révèle le secret de notre faiblesse, et nous apprend d'où nous devons tirer notre force. Impuissants par nous-mêmes au bien, nous avons pour secours la puissance infinie. La nécessité de la grâce, en nous faisant sentir notre dépendance, nous ramène continuellement à Dieu; et cette grâce saiutaire, ce don céleste, supérieur à toutes les expressious de notre reconnaissance, loin d'altérer notre liberté, l'anime, la fortifie, et lève les obstacles qui l'arrêtent

Ce que tous les peuples avaient senti, sans qu'aucun homme osal jamais tenter de le résoudre, le péché originel nous l'explique l'homme n'est plus une énigme pour lui-même. Nous ne sommes plus étonnés de ces contradictions frappantes, qui semblaient supposer en nous deux natures opposées. Ce mystère concilie tout la su périorité des maux sur les biens, avec la sagesse suprême qui distribue les uns et les autres; l'inépuisable bonté du Créateur, avec les infirmités qui nous poursuivent de la naissance à la mort; la soif ardente du bonheur, avec l'expérience soutenue du malheur; la force de nos désirs, avec la faiblesse de nos moyens; l'amour inné qui nous porte vers la vertu, avec le penchant rapide qui nous entraîne vers le vice.

Ce que la religion nous apprend sur tous ces objets conserve encore, il est vrai, des obscurités. Que l'incrédulité, qui nous les reproche, y trouve donc enfin une solution plus claire! Les faits existent; nous les senions au dedans de nous; toutes les nations les avouent; ils sont d'une telle évidence, que nos adversaires eux-mêmes n'osent pas les révoquer en doute. Dans le Christianisme ils sont expliqués d'une manière obscure; dans tous les autres systèmes, ils ne le sont point. Injustes censeurs, qui voudriez que la révélation fit disparaître toutes les obscurités de ses mysières, vous ne demandez à vos sens, à votre sens intime, à votre raison, que de vous faire connaître les objets que Dieu a placés à leur portée: n'exigez de même des saintes Ecritures que ce qu'il a daigné y consigner; et, jouissant de ce qu'il veut bien vous apprendre dans l'ordre de la religion, comme dans celui de la nature, respectez ce qu'il veut vous cacher. DE LA LUZERNE.

MYSTÈRE DES MATHÉMATIQUES.

Voici la chose de toutes la plus importante, et celle pour laquelle les soins qu'on se donne sont le moins proportionnés à la grandeur de l'objet. Je parle de la religion, dont les uns se moquent sans l'entendre, que les autres adorent sans l'avoir jamais examinée, et dont un si petit nombre observe les véritables préceptes.

11 paraîtra peut-êire superflu de relever un préjugé qui se présente ici: mais j'en ai vu faire tant de parade, que je ne crois pas inutile de nous y arrêter un moment. Quel ques-uns pensent que l'esprit consiste à secouer le joug de la religion, et qu'il n'y a que les sols qui n'osent s'en affranchir...

Il n'est pas nécessaire que la vérité de la religion soit démontrée pour condamner l'impie, il suffit qu'elle soit possible. Le moindre degré de possibilité rend insensé tout ce qu'on dit contre: or, quels sont les esprits assez bornés ou assez faux pour croire l'impossibilité de la religion?

Ses dogines nous révoltent; mais la nature n'offre-t-elle pas à notre raison des choses révoltantes: les vérités mathémati

ques même, ne nous présentent-elles pas des faces par lesquelles elles nous scandalisent et sous lesquelles elles paraîtraient fausses à tous ceux qui ne sont pas assez géomètres Quel est l'homme qui, au premier abord, ne rejettera pas tout ce qu'on lui dit des incommensurables; qu'il y a des quantités telles que, divisées en parties si petites qu'on voudra, jamais les parties de T'une ne pourront mesurer l'autre exactement; qu'il y a des lignes qui, s'approchant toujours, ne parviendront jamais à se rencontrer; qu'il y a des suites infinies de

NAPOLÉON I"

DEMONTRANT LA DIVINITÉ DE JÉSUS-CHRIST.

Je connais les hommes, et je vous dis que
Jesus n'est pas un homme (2).

Les esprits superficiels voient de la ressemblance entre le Christ et les fondateurs d'empire, les conquérants et les dieux des autres religions. Cette ressemblance n'existe pas. Il y a entre le christianisme et quelque religion que ce soit, la distance de l'infini. Le premier venu tranchera la question comme moi, pourvu qu'il ait une vraie conDaissance des choses et l'expérience des Lommes.

Quel est celui de nous qui, envisageant Eavec cet esprit d'analyse et de critique que nous avons, les différents cultes des nations, ne puisse dire en face à leurs auteurs :

L

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Non, vous n'êtes ni des dieux, ni des Me agents de la Divinité; non, vous n'avez oint de mission du Ciel. Vous êtes plutôt les missionnaires du mensonge; mais, à AT coup sûr, vous fûtes pétris du même limon que le reste des mortels. Vous êtes bien de la race et de la famille d'Adam. Vous ne faites qu'un avec toutes les passions et tous les vices qui en sont inséparables, tellement les déifier avec vous. Vos temples et prêtres proclament eux-mêmes Votre origine. Votre histoire est celle des inventeurs du despotisme. Si vous exigeâtes de vos sujets le culte et les honneurs qui ne sont dus qu'à Dieu seul, vous fûtes inspirés par l'orgueil naturel au rang suprême. Et certainement ce ne fut ni la liberté, ni la conscience qui vous obéirent d'abord, mais

le qu'il a

(1) Grand géomètre, astronome, naturaliste, géographe. Il fut ami de Frédéric, et président de T'académie de Berlin.

Il mourut à Bale, en 1759, chez M. Bernouilli, eatre les bras de deux religieux. Depuis quelques années, ils était converti sincèrement à la religion, et, dès lors, il s'était constamment montré, quoique dans des circonstances assez critiques, fort audessus de la petite manie de l'esprit fort, et des froides railleries des ennemis de la Révélation. Il a rendu publics les motifs de son changement: un de ses principes était que la vraie Religon devait conduire l'homme à son plus grand bien, par les pus grands moyens possibles, et que la Religion

nombres, dont tous les termes ajoutés ensemble ne sont qu'une somme finie? Cependant ces merveilles ne sont que les suites nécessaires de la nature de l'étendue, dont l'idée est la plus simple et la plus claire de toutes celles qui appartiennent à l'esprit humain. Que devons-nous penser des phénomènes qui dépendent d'un Etre dont nous sommes si éloignés d'avoir l'idée complète! C'est n'être pas philosophe que de nier ce qui n'est pas impossible; c'est n'être pas homme que de braver un si grand péril. MAUPERTUIS (1).

N

la bassesse, le besoin et l'amour du merveilleux, l'ignorance et la superstition; voilà vos premiers adorateurs. »

Tel sera le jugement, le cri de la conscience de quiconque interrogera les dieux ou les temples du paganisme.

Reconnaire la vérité est un don du ciel et le caractère propre d'un excellent esprit; mais il n'est personne qui ne puisse rejeter tout de suite le mensonge. Ce qui est faux répugne, et se reconnaît à une simple vue.

Eh bien! il s'élève constamment un flot sans cesse renaissant d'objections contre la vraie religion, soit. D'où vient qu'on n'en fait aucune contre les fausses? C'est que, sans hésiter, tout le monde les croit fausses. Jamais le paganisme fut-il accepté comme la vérité absolue par les sages de la Grèce? ni par Pythagore ou par Socrate, ni par Platon, ni par Anaxagore ou par Périclès.

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Ces grands hommes se récréaient avec les récits du bon Homère, comme avec les riantes imaginations de la fable, mais ils ne les adoraient pas.

Au contraire, les plus grands esprits, depuis l'apparition du christianisme, ont eu la foi, et une foi vive, une foi pratique aux mystères et aux dogmes de l'Evangile; nonseulement Bossuet et Fénelon, dont c'était l'état de le prêcher, mais Descartes et Newton, Leibnitz et Pascal, Corneille et Racine, Charlemagne et Louis XIV. D'où vient cette singularité, qu'un symbole aussi mysté-, rieux et obscur que le symbole des apôtres ait été reçu avec un profond respect par nos plus grands hommes, tandis que des théogonies puisées dans les lois de la nature et qui n'étaient, à vrai dire, que des

de Jésus-Christ avait seule ce double avantage, Dans son Essai de Philosophie morale, il montre que la morale chrétienne l'emporte beaucoup sur celle même des Stoïciens. › DELAMBRE.

(2) Ce morceau est extrait du livre iutitulé: Sentiment de Napoléon sur le christianisme. Conversations religieuses recueillies à Sainte-Hélène, par le chevalier de Beauterne, Paris, 6 édition, 1845, in-12 de 210 pages. L'auteur dit dans une note:

Napoléon n'a jamais prononcé tout d'une haleine le magnifique plaidoyer qu'on va lire. L'auteur a donc réuni et rassemblé ce qui a été dit dans plus sieurs conversations en présence du général Bertrand ou du général Montholon. ▸

LEGONS ET EXEMPLES DE LITT CHRÉTIENNE, I.

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explications systématiques du monde, n'ont pu parvenir à en imposer à aucun homme instruit ? Qu'est-ce qui a le plus médit de l'Olympe païen, sinon les païens?

La raison en est bien naturelle; derrière le voile de la mythologie, un sage aperçoit tout de suite la marche et les lois des sociétés naissantes, les illusions et les passions du cœur humain, les symboles et l'orgueil de la science.

La mythologie est la religion de la fantaisie. Les poëtes, en déifiant leurs rêves, suivirent la pente naturelle à notre esprit, qui exagère sa puissance jusqu'à s'adorer lui-même, parce qu'il ignore ses limites.

Ici, tout est humain, tout crie en quelque, sorte: « Je suis l'œuvre de la créature. »> Cela saute aux yeux, tout est imparfait, incertain, incomplet, les contradictions fourmillent. Tout ce merveilleux de la fable amuse l'imagination, mais ne satisfait pas la raison.

Ce n'est point avec des métaphores ni avec de la poésie qu'on explique Dieu, qu'on parle de l'origine du monde et qu'on révèle les lois de l'intelligence.

Le paganisme est l'œuvre de l'homme. On peut lire ici notre imbécillité et notre cachet, qui sont écrits partout.

Que savent-ils de plus que les autres mortels, ces dieux si vantés, ces législateurs grecs ou romains, ces Numa, ces Lycurgue, ces prêtres de l'Inde ou de Memphis, ces Confucius, ces Mahomet? Rien absolument.

Ils ont fait un vrai chaos de la morale; mais en est-il un seul d'entre eux qui ait dit rien de neuf relativement à notre destinée à venir, 'à notre âme, à l'essence de Dieu et à la création? Les théosophes ne nous out rien appris de ce qu'il nous importe de savoir, et nous ne tenons d'eux aucune vérité essentielle. La question religieuse n'est pas même entamée par eux, tant leur théogonie est embrouillée, confuse, obscure!

Il est une vérité primitive qui remonte au berceau de l'homme, qu'on retrouve chez tous les peuples, écrite par le doigt de Dieu dans notre âme la loi naturelle, d'où dérive le devoir, la justice, l'existence de Dieu, la connaissance de ce que c'est que l'homme composé d'un esprit et d'un corps.

Une seule religion accepte pleinement la loi naturelle, une seule s'en approprie les principes, une seule en fait l'objet d'un enseignement perpétuel et public. Quelle est cette religion? le Christianisme.

La loi naturelle chez les païens, au contraire, était méconnue, défigurée, modifiée par l'égoïsme et dépendante de la politique. On la tolérait, mais on n'en reconnaissait point le caractère sacré. Cette loi n'avait ni temple, ni prêtres, ni d'autre asile que le langage, où Dieu la conservait par une sagesse de sa providence.

La mythologie est un temple consacré à Ja force, aux héros, à la science, aux bienfaits de la nature. Les sages n'y ont pas de place; en effet, les sages sont les ennemis

natureis de cette idolâtrie qui divinise la inatière.

Aussi, pénétrez dans les sanctuaires, vous n'y trouvez ni l'ordre, ni l'harmonie, mais un vrai chaos, mille contradictions, la guerre entre les dieux, l'immobilité de la Sculpture, la division et le déchirement de l'unité, le morcellement des attributs divins, altérés ou niés dans leur essence, les sophismes de l'ignorance et de la présomption, des fêtes profanes, le triomphe de la débauche, l'impureté et l'abomination adorées, toutes les sortes de corruption gisant parm d'épaisses ténèbres, avec un bois pourri, l'idole et son prêtre. Est-ce là ce qui glorifie Dieu, ou ce qui le déshonore?

a

• Sont-ce là des religions ou des dieux à comparer au christianisme?

Pour moi, je dis non. J'appelle l'Olympe entier à mon tribunal. Je juge les dieux. mais je suis loin de me prosterner devant de vains simulacres. Les dieux, les législateurs de l'Inde et de la Chine, de Rome et d'Athènes, n'ont rien qui m'en impose. Non pas que je sois injuste à leur égard ! non, je les apprécie parce que j'en sais la valeur. Sans doute les princes dont l'existence s fixa dans la mémoire comme une image d l'ordre et de la puissance, comme un idéal de la force et de la beauté, de tels princes ne furent point des hommes ordinaires.

Mais il faut aussi calculer dans ces résultais l'ignorance de ces premiers âges du monde. Cette ignorance fut grande, puisque les vices furent divinisés avec les vertus, tant l'imagination joua le rôle principal dans cette séduction curieuse ! ainsi la violence, la richesse, tous les signes et l'orgueil de la puissance, l'amour du plaisir, la vo lupté sans frein, l'abus de la force, sont les traits saillants de la biographie des dieux. tels que la fable et les poëtes les représentent, et nous en font un naïf récit.

Je ne vois dans Lycurgue, Numa, Confu cius et Mahomet, que des législateurs, qui ayant le premier rôle dans l'Etat, ont cherché la meilleure solution du problème 50cial; mais je ne vois rien là qui décèle la divinité; eux-mêmes n'ont pas élevé leurs prétentions si haut.

Il est évident que la postérité seule a divinisé les premiers despotes, les héros, les princes des nations et les instituteurs des premières républiques. Pour moi je reco nais les dieux et ces grands hommes pour des êtres de la même nature que moi. Leur intelligence, après tout, ne se distingue de la mienne que d'une certaine façon. Ils ont primé, rempli un grand rôle dans leur temps, comme j'ai fait moi-même. Rien chez eux n'annonce des êtres divins: au contraire je vois de nombreux rapports entre eux el moi, je constate des ressemblances, des faiblesses et des erreurs communes qui les rapprochent de moi et de l'humanité. Leurs facultés sont celles que je possède moimême; il n'y a de différence que dans l'usage que nous en avons fait, eux et moi, selon le but différent que nous nous som

mes proposé, et selon le pays et les circons

tances...

Il n'en est pas de même du Christ. Tout de lui m'étonne: son esprit me dépasse et sa volonté me confond. Entre lui et quoi que ce soit au monde, il n'y a pas de terme possible de comparaison. Il est vraiment un être à part ses idées et ses sentiments, la vérité qu'il annonce, sa manière de convaincre, ne s'expliquent ni par l'organisation humaine, ni par la nature des choses. Sa naissance et l'histoire de sa vie, la profondeur de son dogme qui atteint vraiment la cime des difficultés, et qui en est la plus admirable solution, son Evangile, la singularité de cet être mystérieux, son apparition, son empire, så marche à travers les siècles et les royaumes, tout est pour moi un prodige, je ne sais quel mystère insondable... qui me plonge dans une rêverie dont je ne puis sortir, mystère qui est là sous mes yeux, mystère permanent que je ne peux nier, et que je ne puis expliquer non plus.

Ici je ne vois rien de l'homme.

Plus j'approche, plus j'examine de près, lout est au-dessus de moi, tout demeure grand d'une grandeur qui écrase, et j'ai beau réfléchir, je ne me rends compte de

ΓΙΡΩ...

Sa religion est un secret à lui seul et provient d'une intelligence qui, certainement, u'est pas l'intelligence de l'homme. Il y a là une originalité profonde qui crée une série de mots et de maximes inconnues. Jésus n'emprunte rien à aucune de nos sciences. On ne trouve absolument qu'en lui seul l'imitation ou l'exemple de sa vie. Ce n'est pas non plus un philosophe, puisqu'il procède par des miracles, et dès le commencement ses disciples sont ses adorateurs. Il les persuade bien plus par un appel au sentiment que par un déploiement fastueux de méthode et de logique; aussi ne leur impose-t-il ni des études préliminaires, ni la connaissance des lettres. Toute sa religion consiste à croire.

En effet, les sciences et la philosophie ne servent de rien pour le salut, et Jésus ne vient dans le monde que pour révéler les secrets du ciel et les lois de l'esprit.

Aussi n'a-t-il affaire qu'à l'âme, il ne s'entretient qu'avec elle, et c'est à elle seule qu'il apporte son Evangile.

L'âme lui suffit comme il suffit à l'âme: Jusqu'à lui, l'âme n'était rien; la matière et le temps étaient les maîtres du monde. A sa voix, tout est rentré dans l'ordre. La science et la philosophie ne sont plus qu'un travail secondaire. L'âme a reconquis sa souveraineté. Tout l'échafaudage scolastique tombe comme un édifice ruiné par un seul mot:

LA FOI.

Quel maître, quelle parole qui opère une telle révolution I avec quelle autorité il enseigne aux hommes la prière, il impose ses croyances! et nul ici ne peut contredire, d'abord parce que l'Evangile contient la morale la plus pure, et ensuite parce que le

dogme, dans ce qu'il contient d'obscur, n'est autre chose que la proclamation et la vérité de ce qui existe, là où nul œil ne peut voir, et où nul raisonnement ne peut atleindre.

Quel est l'insensé qui dira: Non, au voyageur intrépide qui raconte les merveilles des pics glacés, que lui scul a eu l'audace de visiter.

Le Christ est ce hardi voyageur. On peut demeurer incrédule, sans doute; mais on ne peut pas dire: Cela n'est pas.

D'ailleurs, consultez les philosophes sur ces questions mystérieuses qui sont l'essence de l'homme, et aussi l'essence de la religion; quelle est leur réponse, quel est l'homme de bon sens qui a jamais rien compris aux systèmes de la métaphysique ancienne ou moderne, qui ne sont vraiment qu'une vaine et pompeuse idéologie, sans aucun rapport avec notre vie domestique, avec nos passions? Sans doute, à force de réfléchir, on parvient à saisir la clef de la philosophie de Socrate et de Platon; mais il faut être métaphysicien, et il faut de plus, avec des années d'étude, une aptitude spéciale. Mais le bon sens tout seul, le cœur, un esprit droit suffisent pour comprendre le christianisme.

La religion chrétienne n'est pas de l'idéologie ni de la métaphysique, mais une règle pratique qui dirige les actions de l'homme, qui le corrige, le conseille et l'assiste dans toute sa conduite. La Bible offre une série complète de faits et d'hommes historiques, pour expliquer le temps et l'éternité, telle qu'aucune autre religion n'est à même d'en offrir. Si ce n'est pas la vraie religion, on est excusable de s'y tromper, car tout cela est grand et digne de Dieu.

Je cherche en vain dans l'histoire pour y trouver le semblable de Jésus-Christ, ou quoi que ce soit qui approche de l'Evangile. Ni l'histoire, ni l'humanité, ni les siècles, ni la nature ne m'offrent rien avec quoi je puisse le comparer ou l'expliquer. Ici tout est extraordinaire; plus je le considère, plus je m'assure qu'il n'y a rien à qui ne soit en dehors de la marche des choses et au-dessus de l'esprit humain..

Les impies eux-mêmes n'ont jamais osé nier la sublimité de l'Evangile, qui leur inspire une sorte de vénération forcée! Quel bonheur ce livre procure à ceux qui y croient que de merveilles y admirent ceux qui l'ont médité !

Tous les mots y sont scellés et solidaires l'un de l'autre, comme les pierres d'un même édifice. L'esprit qui fie les mots entre eux, est un ciment divin qui tour à tour en découvre le sens ou le cache à l'esprit. Chaque phrase a un sens complet, qui retrace la perfection de l'unité et la profondeur de l'ensemble; livre unique, où l'esprit trouve une beauté morale inconnue jusque-là, et une idée de l'infini supérieure à celle mémne que suggère la création! Quel autre que Dieu pouvait produire ce type, cet idéal de perfection, également exclusif el original, où

personne ne peut ni critiquer ni ajouter, ni retrancher un seul mot; livre différent de tout ce qui existe, absolument neuf, sans rien qui le précède et sans rien qui lo suive

Vous parlez de Confucius, de Zoroastre, de Numa, de Jupiter et de Mahomet; mais il y a entre eux et le Christ cette différence, que de même que tout ce qu'il a fait est d'un Dieu, il n'est rien chez eux au contraire qui ne soit d'un homme. L'action de ces mortels fut bornée à leur vie, et ce fut, de leur vivant, qu'ils établirent leur culte à l'aide des passions, avec la force et à la faveur des événements politiques.

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Le Christ attend tout de sa mort: est-ce là l'invention d'un homme? non, c'est au contraire une marche étrange, une confiance surhumaine, une réalité inexplicable! N'ayant encore que quelques disciples idiots, le Christ est condamné à mort; il meurt objet de la colère des prêtres juifs, et du mépris de sa nation, abandonné et contredit par les siens. Et comment pouvait-il en être autrement de celui qui avait annoncé par avance ce qui allait lui arriver:

On va me prendre, on me crucifiera (disait-il), je serai abandonné de tout le inonde, mon premier disciple me reniera au commencement de mon supplice, je laisserai faire les méchants; mais ensuite la justice divine étant satisfaite, le péché originel étant expié par mon supplice, le lien de l'homme avec Dieu sera renoué, et ma mort sera la vie de mes disciples: alors ils seront plus forts sans moi qu'avec moi; car ils me verront ressuscité; je monterai au ciel, et je leur enverrai du ciel un esprit qui les instruira l'esprit de la croix leur fera concevoir mon Evangile; enfin ils y croirout, ils le prêcheront, ils le persuaderont à l'univers

tout entièr. »

Et cette folle promesse, si bien appelée par saint Paul la folie de la croix, cette prédiction d'un misérable crucifié s'est accomplie littéralement. Et le mode de l'accomplissement est peut-être plus prodigieux que la promesse.

Ce n'est ni un jour, ni une bataille qui en ont décidé; est-ce la vie d'un homme ? Non. C'est une guerre, un long combat de trois cents aus, commencé par les apôtres et entretenu par leurs successeurs, et par le flot successif des générations chrétiennes. Depuis saint Pierre, les trente-deux évêques de Rome qui ont succédé à sa primauté ont été comme Ini martyrisés. Ainsi trois siècles durant, la chaire romaine fut un échafaud, qui procurait infailliblement la mort à celui qui y était appelé. Et rarement les autres évêques, pendant cette période de trois cents ans, eurent une destinée meilleure.

Dans cette guerre, tous les rois et toutes les forces de la terre se trouvent d'un côté, et de l'autre je ne vois pas d'armée, mais une énergie mystérieuse, quelques hommes disséminés çà et là dans toutes les parties du globe, n'ayant d'autre signe de rallie

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Quel étrange symbole! l'instrument du supplice de l'Homme-Dieu, ses disciples en sont armés. Ils portent la croix dans l'univers avec leur conviction, flamme ardente qui se propage de proche en proche « Le Christ, Dieu, disent-ils, est mort pour le salut des hommes. Quelle lutte, quelle tempête, soulèvent ces simples paroles autour de l'humble étendard du supplice de l'Homme-Dieu !

Que de sang versé des deux parts! quel acharnement! Mais ici, la colère et toutes les fureurs de la haine et de la violence: là, la douceur, le courage moral, une résignation infinie. Pendant trois cents ans, la pensée lutte contre la brutalité des sensations, la conscience contre le despotisme, l'âme contre le corps, la vertu contre tous les vices. Le sang des chrétiens coule à flots. Ils meurent en baisant la main de celui qui les tue. L'âme seule proteste, pendant que le corps

se livre à toutes les tortures. Partout les chrétiens succombent, et partout ce sout eux qui triomphent.

Vous parlez de César et d'Alexandre, de leurs conquêtes, et de l'enthousiasme qu'ils surent allumer dans le cœur du soldat pour l'entraîner avec eux dans des expéditions l'amour du soldat, l'ascendant du génie et aventureuses; mais il faut voir là le prix de de la victoire, l'effet natnrel de la discipline militaire, et le résultat d'un commandeinent habile et légitime. Mais combien d'années l'empiro de César a-t-il duré? Combien de temps l'enthousiasme des soldats pour Alexandre s'est-il soutenu? Ils ont joui de ces hommages, un jour, une heure, le temps de leur commandement et au plus de leur vie, selon les caprices du nombre et du hasard, selon les calculs de la stratégie, eulin selon les chances de la guerre... Et si la victoire infidèle les eût quiités, doulez-vous que l'enthousiasme n'eût aussitôt cessé? Je vous le demande, l'influence militaire de César et d'Alexandre, a-t-elle fini avec leur vie? s'est-elle prolongée au delà du tombeau ?

Concévez-vous un mort faisant des couquêtes avec une armée fidèle et toute dévouée à sa mémoire? Concevéz-vous un fantomé qui a des soldats sans solde, sans espé rance pour ce monde-ci, et qui leur inspire la persévérance et le support de tous les genres de privations; hélas ! le corps de Turenne était encore tout chaud, que son armée décampait devant Montecucul!i. Et moi, mes armées n'oublient tout vivant, comme l'armée carthaginoise fit d'Annibal. Voită notre pouvoir à nous autres grands hommes! une seule bataille perdue nous abal, et l'adversité nous enlève nos amis. Que de Judas j'ai vus autour de moi! Ah! si je n'ai pu persuader ces grands politiques, ces généraux qui m'ont trahi, s'ils ont méconnu mon nom et nié les miracles d'un amour vrai de la patrie et de la fidélité quand même.... à leur souverain... Si moi, qui les avais si souvent

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