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'est que mon corps, que mes sens, que mon e et cette partie même de moi qui pense 30 je dis, qui fait réflexion sur tout et rele-même, et ne se connaît non plus ele reste. Je vois res effroyables espaces univers qui m'enferment, et je me are attache à un coin de cette vaste étene, sans que je sache pourquoi je suis plu

é en ce lieu qu'en un autre, ni pour: ce peu de temps qui m'est donné à re m'est assigné à ce point plutôt qu'en autre de toute l'éternité qui m'a précédé le toute celle qui me suit.

Je ne vois que des infinités de toutes s, qui m'enferinent comme un atome, et e une ombre qui ne dure qu'un instant

Trefour.

Tout ce que je connais, est que je dois b. mourir; mais ce que j'ignore le plus ætte mort même que je ne saurais évi

Comme je ne sais d'où je viens, aussi sais où je vais ; et je sais seulement sortant de ce monde je tombe pour jau dans le néant, ou dans les mains beu irrité, sans savoir à laquelle de lex conditions je dois être éternelleTen partage. Voilà mon état, plein de re, de faiblesse, d'obscurité. Et de tout e conclus que je dois donc passer tous urs de ma vie sans songer à ce qui doit iver. Peut-être que je pourrais trouver que éclaircissement dans mes doutes; je n'en veux pas prendre la peine, ni un pas pour le chercher : et après, en at avec mépris ceux qui se travaillee ce soin, je veux aller sans prévoyance is crainte tenter un si grand événeet me laisser mollement conduire à la dans l'incertitude de l'éternité de ma hon future.»

1 souhaiterait avoir pour ami un homme Iscourt de cette manière ? Qui le choieutre les autres pour lui communises affaires ? Qui aurait recours à lui ses afflictions?

elin à quel usage de la vie le pourraitsuner ?

vérité, il est glorieux à la religion r pour ennemis des hommes si dérailes; et leur opposition lui est si peu ereuse, qu'elle sert au contraire à l'éta

ent de ses principales vérités. Car la Aretienne ne va principalement qu'à ir ces deux choses: la corruption de la re et la rédemption de Jésus-Christ. Or,

e servent pas à montrer la vérité de la ption par la sainteté de leurs mœurs, ervent au moins admirablement à monla corruption de la nature par des sens si dénaturés.

u'est si important à l'homme que son Den ne lui est si redoutable que l'éterE ainsi, qu'il se trouve des hommes Zelents à la perte de leur être et au péane eternitée de misère, cela n'est point arel. Ils sont tout autres à l'égard de es les autres choses: ils craignent jusI plus légères, ils les prévoient, ils les

sentent; et ce même homme qui passe lant de jours et de nuits dans la rage et dans le désespoir pour la perte d'une charge, ou pour quelque offense imaginaire à son honneur, c'est celui-là même qui sait qu'il va tout perdre par la mort, sans inquiétude et sans émotion. C'est une chose monstrueuse de voir dans un même cœur et en même temps cette sensibilité pour les moindres choses et cette étrange insensibilité pour les plus grandes.

C'est un enchantement incompréhensible, et un assoupissement surnaturel, qui marque nne force toute-puissante qui le cause.

Il faut qu'il y ait un étrange renversement dans la nature de l'homme pour faire gloire d'être dans cet état dans lequel il semble incroyable qu'une seule personne puisse être. Cependant l'expérience m'en fait voir en si grand nombre que cela serait surprenant, si nous ne savions que la plupart de ceux qui s'en mêlent se contrefont et ne sont pas iels en effet. Ce sont des gens qui ont ouï dire que les belles manières du monde consistent à faire ainsi l'emporté. C'est ce qu'ils appellent avoir secoué le joug, et qu'ils essayent d'imiter. Mais il ne serait pas difficile de leur faire entendre combien ils s'abusent en cherchant par là de l'estime. Ce n'est pas le moyen d'en acquérir, je dis même parmi les personnes du monde qui jugent sainement des choses, et qui savent que la seule voie d'y réussir est de se faire paraître honnête, fidèle, judicieux, et capable de servir ulilement son ami; parce que les hommes n'aiment naturellement que ce qui leur peut être utile. Or, quel avantage y a-t-il pour nous à ouïr dire à un homme, qui nous dit qu'il a donc secoué le joug, qu'il ne croit pas qu'il y ait un Dieu qui veille sur ses actions; qu'il se considère comme seul maître de sa conduite et qu'il ne pense en rendre compte qu'à soi-niême ? Pense-t-il nous avoir portés par là à avoir désormais bien de la confiance en lui, et à en attendre des consolations, des conseils et des secours dans tous les besoins de la vie? Prétendentils nous avoir bien réjouis, de nous dire qu'ils tiennent que notre âme n'est qu'un peu de vent et de fumée, et encore de nous le dire d'un ton de voix tier et content? Est-ce donc une chose à dire gaiement? et n'est-ce pas une chose à dire tristement au contraire, comme la chose du monde la plus triste?

S'ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l'honnêteté, et si éloigné en toute manière de ce bon air qu'ils cherchent, qu'ils seraient plutôt capables de redresser que de corrompre ceux qui auraient quelque inclination à les suivre, Et, en effet, faites-leur rendre compte de leurs sentiments et des raisons qu'ils ont de douter de la religion, ils diront des choses si faibles et si basses qu'ils vous persuaderont du contraire. C'était ce que leur disait un jour fort à propos une personne : Si vous continuez à discourir de la sorțe, leur di

gré les dogmes, les préceptes, les pratiques. Chacun prenant pour mesure de sa religion ses propres lumières, il n'y aura plus une religion commune; et, dans celle variété, dans cette contradiction universelle, il ne restera pas un dogme certain, pas une loi sacrée, pas un rit constant. Mais en plaçant une partie de la religion au-dessus des pensées humaines, Dieu réprime l'essor témé raire de la raison. L'esprit s'arrête avec res pect devant ces barrières sacrées qu'il ne franchira jamais; son impuissance le retient dans la subordination; et, dans le nuage épais que les mystères étendent devant ses yeux, il voit la nécessité d'une autorité qui l'éclaire. Ainsi, l'obscurité des mystères engendre la soumission; la soumission fire la doctrine, établit l'empire de la loi morale, fait observer les pratiques du culte. Tandis qu'égarées dans la mer immense des opi nions, les nations qui ignorent le Seigneur sont, selon l'expression de l'Apôtre, comme des enfants flottants et emportés par chaque vent de doctrine; fixé par l'ancre de la foi, le fidèle reste ferme dans sa croyance, et voit sans' effroi les flots des erreurs venir se bri ser contre la parole éternellement stable sut laquelle Jésus-Christ l'a fondée.

sail-il, en vérité, vous me convertirez. Et il avait raison; car qui n'aurait horreur de se voir dans des sentiments où l'on a pour compagnons des personnes si méprisables? Ainsi ceux qui ne font que feindre ces sentiments seraient bien malheureux de contraindre leur naturel pour se rendre les plus impertinents des hommes. S'ils sont fachés dans le fond de leur cœur de n'avoir pas plus de lumière, qu'ils ne le dissimulent pas cette déclaration ne sera point honteuse. Il n'y a de honte qu'à n'en point avoir. Rien n'accuse davantage une extrême faiblesse d'esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d'un homme sans Dieu; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du cœur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles; rien n'est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. Qu'ils laissent donc ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables; qu'ils soient au moins honnêtes gens, s'ils ne peuvent être chrétiens, et qu'ils reconnaissent enfin qu'il n'y a que deux sortes de personnes qu'on puisse appeler raisonnables ou ceux qui servent Dieu de tout leur cœur parce qu'ils le connaissent, ou ceux qui le cherchent de tout leur cœur parce qu'ils ne le connaissent

pas.

L'unité de la doctrine est pour nous tout à la fois un dogme et une nécessité. En l'e seignant à son Eglise, Jésus-Christ en a fai le lien le plus fort de sa communion. C'es la chaîne par laquelle il nous réunit ton sous son autorité; on ne peut en détache un seul anneau sans lui ôter toute sa fore

En faisant de la foi un devoir, l'obscurit de nos mystères en fait encore un mérite la foi ne pourrait pas être une vertu, si ell rendait les vérités qu'elle présente pri lantes d'évidence; mais, en les couvrant é partie d'un nuage, elle met un prix à nolf croyance. Cette vertu est un bienfait de notr religion envers l'humanité.

Mais pour ceux qui vivent sans le connaître et sans le chercher, ils se jugent euxmêmes si peu dignes de leur soin, qu'ils ne sont pas dignes du soin des autres; et il faut avoir toute la charité de la religion qu'ils méprisent pour ne les pas mépriser jusqu'à les abandonner dans leur folie. Mais parce que cette religion nous oblige de les regarder toujours, tant qu'ils seront en celte vie, comme capables de la grâce qui peut les éclairer; et de croire qu'ils peuvent être dans peu de temps plus remplis de foi que nous ne sommes, et que nous pouvons au contraire tomber dans l'aveuglement où ils sont; il faut faire pour eux ce que nous voudrions qu'on fit pour nous si nous étions à leur place, et les appeler à avoir pitié d'eux-mêmes et à faire au moins quelques pas pour tenter s'ils ne trouveront pas de lumières. Qu'ils donnent à cette lecture quelques-unes de ces heures qu'ils emploient si inutilement ailleurs quelque aversion qu'ils y apportent, peut-être rencontreront-ils quelque chose, ou du moins ils n'y perdront pas beaucoup. Mais pour Elle place la clarté du côté des preuves ceux qui y apporteront une sincérité parfaite qui sont les fondements de la foi; l'obscu et un véritable désir de rencontrer la vérité, du côté de la nature des dogmes, qui rité, j'espère qu'ils y auront satisfaction, et qu'ils seront convaincus des preuves d'une religion si divine. PASCAL.

NÉCESSITÉ DES MYSTÈRES. Supposons pour un moment ce que désire si vivement l'incrédulité, que chaque homme ait le pouvoir de comprendre toutes les vérités de la religion: aussitôt il prétendra avoir le droit de les décider; il s'en établira le juge, adoptera et rejettera à son

Elle était inconnue aux peuples qui igne raient notre Dieu les esprits n'en conce vaient point l'idée; les langues manquaien de termes pour l'exprimer. Admirable dis position de la miséricorde divine! En mo! tipliant les motifs de notre croyance, daigne encore nous en tenir compte, elle en vironne ses dogmes tout à la fois de lumière et de ténèbres de lumières, pour qu'il soil raisonnable de les croire; de ténèbres, pour nous donner un mérite à les croire.

sont l'objet de la foi.

ell

Ainsi les vérités saintes que vous profes sez réunissent tous les caractères qui alli rent et qui fixent la vénération. Caractère de raison leur obscurité n'est point un m tif pour les rejeter, et ils sont soutenus des motifs de crédibilité les plus frappants. C ractère de sagesse : ils manifestent cele dont ils émanent, qui les a merveilleuse ment unis entre eux et adaptés à leur fin. Caractère de grandeur; ils étonnent l'esprit par leur majesté, et par la sublimité des

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Ce pieux et savant israélite vivait, comme Esdras, à la cour du roi Artaxercès-Longuemain. Il jouissait, comme lui, de l'estime et de la faveur de ce prince, dont il était échanson. Il obtint aussi la permission de retouruer à Jérusalem et de relever les murs de

cette ville infortunée. Il se livra à cette généreuse entreprise avec un courage au-dessus de tout éloge; il fit armer ses ouvriers Four repousser les ennemis qui venaient troubler les travaux. Il s'appliqua, comme Esdras, à la réforme des mœurs et au réablissement du culte du Seigneur. Il fit reler au peuple le serment de rester fièle à la foi de ses pères; et, après l'avoir gouverné pendant trente ans, il mourut réveré de tous ses concitoyens, qui gardèrent précieusement sa mémoire. Il passe pour Fauteur du second des quatre livres qui portent le nom d'Esdras, et qui commencent par ces mots: Ce sont là les paroles de NéAmias. On convient néanmoins que cet ouvrage n'est pas tel qu'il sortit de ses mains; car on y découvre plusieurs passages qui ont dû y être ajoutés par un autre écrivain. Ce livre a toujours été regardé comme ca

Bonique.

Les faits con tenus dans les livres d'Esdras et de Néhémias sont racontés avec une Loole simplicité. On n'y trouve rien qui ne Soit conforme au caractère antique des hisoires sacrées. On y fait le recensement des familles qui suivirent Esdras et Néhémias à Jerusalem, de celles qui renouvelèrent le serment de fidélité à Dieu : ils offrent un inlérèt touchant. Le spectacle d'un peuple malheureux, qui, après des maux infinis, une cruelle captivité, la. perte de ses proches, de ses amis, la ruine de ses villes, se revoit enfin sur sa terre natale, quoi de plus propre à nous attacher ? Aussi les livres saints ont-ils un attrait qu'on ne trouve dans aucune autre histoire. SALGUES.

NIDS DES OISEAUX.

Une admirable providence se fait remarquer dans les nids des oiseaux. On ne peut contempler saus être attendri cette bonté divine qui donne l'industrie au faible et la prévoyance à l'insouciant. Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers commencent leurs travaux. Ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d'un vieux mur, ceux-là maçonnent des bâti ments aux fenêtres d'une église, d'autres dérobent un crin à une cavale, ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce. Il y a des bûcherons qui croisent des branches dans la cime d'un arbre; il y a des filandières qui recueillent la soie sur un

chardon. Mille palais s'élèvent, et chaque palais est un nid, chaque nid voit des métamorphoses charmantes: un œuf brillant, ensuite un petit couvert de duvet. Le nourrisson prend des plumes; sa mère lui apprend à se soulever sur sa couche. Bientôt il va jusqu'à se percher sur le bord de son berceau, d où il jette un premier coup d'œil sur la nature. Effrayé et ravi, il se précipite parmi ses frères qui n'ont point encore vu ce spectacle; mais, rappelé par la voix de ses parents, il sort une seconde fois de sa couche, et ce jeune roi des airs, qui porte encore la couronne de l'enfance autour de sa tête, ose déjà contempler le vaste ciel, la cime ondoyante des pins, et les abîmes de verdure au-dessous du chêne paternel. Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent en recevant leur nouvel hôte, un vieil oiseau, qui se sent abandonné de ses ailes, vient s'abattre auprès d'un courant d'eau; là. résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse. CHATEAUBRIAND.

NIL (LE).

Le Nil offre aux voyageurs un merveilleux spectacle, soit qu'on ne considère que le phénomènes qui accompagnent son cours. volume de ses eaux, soit qu'on examine les J'ai vu naguère les sources du Scamandre, les rives du Simoïs, l'embouchure du Granique, et le lit poudreux de l'llissus et du Céphise tous ces fleuves si renommés n'auraient pas assez d'eau, surtout dans les chaleurs de l'été, pour remplir un des cacouler, et c'est dans la saison où la plupart naux du Delta; le Nil ne cesse jamais de des sources tarissent, lorsque la terre est desséchée par des torrents de feu, que le fleuve d'Egypte enfle ses eaux et sort de son lit; le Nil, selon l'expression d'un ancien, surpasse le ciel lui-même dans la distribu

tion de ses bienfaits, car il arrose la terre sans le secours des orages et des pluies; le débordement des fleuves est presque toujours un signal de calamités, et répand ordinairement la terreur; l'inondation du fleuve d'Egypte est au contraire la source de tous les biens, et, lorsqu'il déborde, des bénédictions se font entendre sur ses rives; ses eaux bienfaisantes, sans recevoir aucun tribut du pays qu'il parcourt, suffisent à tous les besoins des campagnes et des cités, abreuvent tous les animaux, toutes les plantes, remplissent un grand nombre de canaux dont plusieurs ressemblent à des riviè res, et se partagent en deux branches principales qui vont se jeter à la mer. Non-seulement les eaux du fleuve répandent la fécondité, mais le sol même qu'elles fertilisent est leur ouvrage. Vous connaissez la vénération des anciens Egyptiens pour le Nil, qu'ils regardaient comme une émanation divine de Knouphis à la tunique bleue et à la tête de bélier; ils avaient dans leur croyance religieuse un Nil terrestre et un Nil céleste,

comme nous autres chrétiens; nous avons une Jérusalem de la terre et une Jérusalem du ciel; le culte du fleuve divin n'existe plus, mais ses bienfaits nous restent; et les peuples reconnaissants l'appeilent encore le bon Nil, nom qu'on a toujours donné à la Providence.

Quelle est l'origine de ce fleuve miraculeux? C'est une question qu'on fait en vain depuis trois ou quatre mille ans. Cette ignorance des sources du Nil a donné lieu à beaucoup de fables pleines de poésie; car tel est l'esprit de l'homme, qu'il veut toujours tout savoir, et que, pour lui, il n'y a rien de plus poétique que ce qu'il ne sait pas. De toutes les espérances qu'on avait données au monde savant, de toutes les convictions qui s'étaient formées, il ne reste aujourd'hui qu'une opinion vague et confuse qui place les sources du Nil dans le Gébel-el-Kamar, ou les montagnes de la June, à plus de huit cents lieues des embouchures du fleuve.

Cependant les recherches n'ont point été abandonnées; on s'occupe maintenant de nouvelles tentatives; je dois vous dire que, pour mon compte, j'attends fort paisiblement les résultats de ces grandes entreprises si les nouveaux efforts des voyageurs sont couronnés d'un plein succès, je jouirai de la découverte, et j'applaudirai de tout mon cœur à ceux qui l'auront faite; si on ne découvre rien de ce qu'on a vainement cherché jusqu'à présent, l'ignorance où nous resterons aura aussi ses charmes ; car le Nil, avec ses sources toujours mystérieuses, ressemblera encore pour nous à la Divinité, qui ne se manifeste que par ses bienfaits, et ne cessera point de nous rappeler le temps où il était dieu.

MICHAUD.

Le Nil, l'un des plus grands fleuves du monde, prend sa source dans les montagues de l'Abyssinie, fait six cents lieues dans les déserts de l'Afrique, puis entre en Egypte ou plutôt y tombe, en se précipitant des cataractes de Syène, et parcourt encore deux cents lieues jusqu'à la mer. Ses bords constituent toute l'Egypte. C'est une vallée de deux cents lieues de longueur, sur cinq à six lieues de largeur. Des deux côtés elle est bordée par un océan de sables. Quelques chaines de montagnes, basses, arides et desséchées, sillonnent tristement ces sables, et projettent à peine quelques ombres sur leur immensité. Les unes séparent le Nil de la mer Rouge, les autres du grand désert, dans lequel elles vont se perdre. Sur la rivé gauche du Nil, à une certaine distance dans Je désert, serpentent deux langues de terre cultivables, qui font exception aux sables et se couvrent d'un peu de verdure. Ce sont les oasis, espèces d'iles végétales au milieu de l'océan des sables. Il y en a deus, là grande et la petite. Un effort des hommes en y jetant une branche du Nit, en ferait de fertiles provinces. Cinquante lieues avant d'arriver à la mer, le Nil se partage en deux

branches, qui vont tomber à soixante lieues l'une de l'autre, dans la Méditerranée, la première à Rosette, la seconde à Damielle. On connaissait autrefois sept bouches du Nil; on les aperçoit encore, mais il n'y en a plus que deux de navigables. Le triange formé par ces deux grandes branches et par la mer à soixante lieues à sa base et cinquante sur ses côtés; il s'appellé le Delta. C'est la partie la plus fertile de l'Egypte, parce que c'est la plus arrosée, la plus coupée de canaux.

Les vents étésiens, souffant d'une manière constante, du nord au sud, pendant les mois de mai, juin et juillet, entraînent tous les nuages formés à l'embouchure du Nil, n'en laissent pas séjourner un seul sur celle contrée toujours sereine, et les portent vers les monts d'Abyssinie. Là ces nuages s'agglomèrent, se précipitent en pluie pendant les mois de juillet, août et septembre, et produisent le phénomène célèbre des inondations du Nil. Ainsi cette terre reçoit, par les débordements du fleuve, les eaux qu'elle ne reçoit pas du ciel. Adolphe THERS.

NOEL.

Quand la saison des neiges est venue, quand toute la nature est attristée par un aspect de mort, les sonneries des grandes villes, les petites cloches des villages se mettent tout à coup à retentir joyeusement au milieu des ténèbres de la nuit. Et à ces sons sacrés qui semblent descendre du ciel, des cris se mêlent en s'élevant des cités el des hameaux.

Noël Noël! crient les enfants qui annoncent par leur joie la naissance de l'EnfantDieu.

Une grande, une sainte allégresse est survenue aux âmes chrétiennes, à cette fête de la Nativité du Sauveur,

Sous le plus misérable toit il y a eu du bonheur, quand les cloches ont annoncé que le divin Enfant nous est né.

Cette belle fête de Noël ! il n'y a pas une pauvre mère qui ne la comprenne, pas un enfant qui ne là désire.

Mais avant d'en dire toute la beauté, essayons d'en montrer l'origine.

César-Auguste, au faîte de la puissance, voulut savoir combien de millions d'hommes étaient courbés sous son sceptre, et il ordonna un recensement général de toutes lés nations composant l'immense empire ro main.

Pour faire ce dénombrement, Auguste nomma vingt-quatre commissaires, qu'il envoya sur tous les points du globe. Publius-Salpitias-Quirinus, et, selon les Grecs, Cyrinus, fut chargé du gouvernement de Syrie, dont dépendait la Judée.

Saint Luc nous apprend que ce fut là le premier dénombrement fait dans le pays pour les Romains. Le même Quirinus eat ordre d'en faire un second onze ans plus tard, étant toujours gouverneur de Syrie, lorsque l'empereur Auguste réduisit la Judée

en province romaine, après en avoir chassé voir (qu'elle croit éternel), veut non-sculeleroi Archélaüs, fils d'Hérode, et l'avoir ré-ment connaître tous les peuples, toutes les légué dans les Gaules. nations qui relèvent d'elle, elle veut plus : elle prétend, pour ainsi dire, connaître par leurs noms chacun de ses esclaves! Et voilà qu'un commissaire romain est envoyé en Judée pour forcer chaque homme et chaque femme à venir s'inscrire sur la longue liste des vaincus.

L'édit promulgué pour ce dénombrement général ordonnait à chacun, au plus riche comme au plus pauvre, au plus puissant comme au plus faible, de se rendre en la ville où il était né, ou dont sa famille était originaire, pour se faire inscrire sur le contrôle romain.

Or, Joseph et Marie, qui étaient tous les deux de la royale lignée de David, se rendirent en la ville de David, appelée Bethleem. Là, la vierge Marie, qui avait été saluée pleine de grâce par l'archange Gabriel, et. qui, aux yeux des hommes, passait pour l'épouse de Joseph, après avoir vainement cherché un logement dans une hôtellerie, fut obligée de se réfugier dans une partie du hameau toute pleine de rochers, où l'on avait creusé des maisons et des étables. Et ce fat ce lieu, si dédaigné et si humble, qui regut, à son entrée dans ce monde, le roi du ciel. celui à qui appartient toute splendeur et toute gloire.

Au moment où ce prodige s'opérait, où une vierge enfantait un Sauveur, dans le voiSnage de Bethléem, en un lieu nommé la Tour d'Ader, des bergers qui restaient dans les champs, veillant tour à tour à la garde de leurs troupeaux, aperçurent tout à coup une vive splendeur au milieu des ténèbres, et dans cette gloire un ange leur apparut et leur dit :

Ne craignez point, car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie c'est çu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Voici la marque à laquelle vous le recounaîtrez vous trouverez un enfant enTeloppé de langes et couché dans une crèche. » A l'instant même, il se joignit à Fange une troupe de l'armée céleste, louant Dieu et disant:« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! »

Quand la miraculeuse apparition fut passée, quand la nuit eut repris ses ténèbres, les bergers se dirent entre eux : Allons à Bethleem voir le Verbe qui nous a été annoncé. Et, sans perdre un instant, ils se hâterent vers l'étable où ils devaient trouver

l'enfant nouveau-né. Il était là enveloppé de langes, couché dans une, crèche. Marie et Joseph étaient près de lui. Les bergers, voyant que tout ce qu'avait dit l'ange était accompli, reconnurent dans cet enfant le Sauveur prédit à Israël; ils se mirent à louer el à glorifier Dieu.

Marie, la Vierge-Mère, écoutait tout ce que disaient les pasteurs, et gardait dans son cœur mémoire de leurs paroles.

Tel est, en peu de mots, tout l'historique de la fête de Noël. Saint Luc a été le narraleur de cette nativité, d'où date l'ère chré

Lienne.

Que de choses se voient dans cette courte histoire! Rome, orgueilleuse de son pou

Auguste veut savoir tout ce qui naît, tout ce qui vit sous son sceptre. Eh bien ! voilà un enfant qui vient augmenter le nombre de ses sujets; car cet enfant, devenu homme. dira un jour: Rendez à César ce qui est à César. Mais cet enfant qui vient au monde si pauvre et si humble, qui naît dans une étable, qui dort dans une crèche, renversera tous les faux dieux de Rome, tous les dieux d'Auguste et de César. Cet enfant est le Seigneur des seigneurs, Emmanuel, fils du Très-Haut, Roi des rois et des empereurs, maître des empires et des mondes. Et si une Rome nouvelle vit dans les siècles après la Rome antique, c'est qu'elle aura adoré, c'est qu'elle adorera l'Enfant annoncé aux bergers, l'Enfant né à Bethleem.

Au temps où les oracles disaient: Les dieux s'en vont, dans les souterrains de la ville éternelle, dans les catacombes creusées sous les temples de Mars, de Vénus et de Minerve, Jésus, né à Bethléem, était déjà adoré, et trois ou quatre siècles après sa naissance, la fête que nous décrivons aujourd'hui était déjà chômée.

Dans cette fête, que l'on pourrait nommer la fête des mères, des enfants et des pauvres, que d'encouragements pour tous; mais, spécialement, que de consolatious pour ceux que le monde ne compte pas parmi ses favoris! Avant le Christ, tous les honneurs, tous les respects étaient accordés à la puissance et à la prospérité; la bonne fortune avait des temples.

Avant le Christ, le pauvre pouvait gémir. l'esclave pouvait se plaindre; mais il n'y avait personne dans le monde païen pour les écouter. L'Olympe n'était peuplé que de riantes divinités; la richesse, la gloire, la volupté y avaient leurs dieux, mais l'adversité et l'infortune n'avaient pas le leur.

A présent que Jésus-Christ est né dans une étable; qu'enfant encore il a été forcé de fuir dans l'exil; que plus tard il a été persécuté, couronné d'épines et mis à mort; à présent, toutes les douleurs ont une oreille attentive qui les écoute, et l'espérance qui les console est une vertu qui leur est com. mandée.

C'est du jour de la naissance du divin Fils de Marie, que découlent toutes les consolations du Christianisme. De la petite montagne de Bethléem sont sorties des sources d'eaux vives qui guérissent nos plaies et allégent nos souffrances.

Les peuples font donc bien de se réjouir. quand la grande nuit ramène ses étoiles et sa Messe des cierges, ses cantiques sa sainte veillée; car ce jour a été un four de liberté et d'allégresse pour tous.

LEÇONS ET EXEMP. D3 LITT. CHRÉTIENNE. I.

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