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core, ont eu pour admirateurs et pour amis les Ampère, les Pelletier, les Freycinet, les Coriolis; ceux dont les noms se trouvent pelés dans les savantes notices que renfre l'Annuaire du bureau des longitudes. Sans doute, vous ne faites pas un crime 1 Jésuites de la découverte des aréoshs, Vous n'accusez pas de magie et de sor

ze ni le P. Lana, pour avoir donné en 170 la théorie des ballons, ni le P. BarGelemy de Gusmas, pour avoir osé, dès 'année 1720, s'élever dans les airs à LisPune en présence de toute la cour de Porozal.

Sans doute vous ne prétendez pas, en aine de la Compagnie de Jésus, enlever à la France la gloire d'avoir enseigné à l'Angletre la lactique navale; et regarder comme On avenu le savant traité du P. l'Hoste, traité qui, sous le nom de Livre du Tavite, était devenu le manuel de la marine poise.

bans doute vous n'exigez pas qu'en réimprant les œuvres de Laplace, on raye de

anique céleste ou de son système du Bonde les noms des Gaubil et des Boscoch; vous n'exigez pas que l'on bannisse es programmes de l'enseignement public, es cours du collège de France, de l'école dytechnique et de la Faculté des sciences, ila diffraction de la lumière découverte rle Jésuite Grimaldi, ni le théorème du suite Guldin, ni l'équation de ce Riccati, be célèbre d'un fils plus célèbre encore, tre de ce Jésuite, ingénieur et géomètre, aquel, pour prix des services qu'il avait ndus à l'Italie, la république de Venise cerna une médaille d'or. Vous n'exigez as que l'on interdise anx médecins l'emodu quinquina, si connu sous le nom poudre des Jésuites, ni de la quinine, Ne nous a léguée un des amis et des admiMleurs de la Compagnie de Jésus.

Sans doute vous ne faites pas un crime à Institut de France d'avoir tout récemment ué, approuvé, les travaux des Pères de la Compagnie de Jésus, leurs beaux ouvrages l'archéologie, leurs traités de calcul difféensiel, leurs observations astronomiques, T'avoir même accordé une médaille d'or Jux monographies des Pères Martin et Caaler. Vous ne faites point un crime à l'Acalenie des sciences, ni à la Société astronoque de Londres, d'avoir considéré le P. de Vico comme digne d'être inscrit sur la liste de leurs correspondants. Vous ne faites pas un crime à ce Père des témoignages d'estime et de considération qu'il a reçus de nos astronomes, pour avoir, le premier, observé, en 1835, le retour de la fameuse comele de Halley, ou pour leur avoir appris Coment il est possible de parvenir à observer en toute saison les satellites de Sa

turne.

Voyez-vous cette immense basilique, trop étroite encore pour contenir cette multitude innombrable d'hommes distingués par le rang ou le savoir; cette jeunesse active et studieuse qui s'y précipite à flots pressés,

à deux époques différentes de l'année ? Voyez quel religieux silence, quelle attention, quels témoignages de respect, quels élans de reconnaissance et d'amour accueillent ici la parole de vérité, qui, comme une céleste rosée, descend du haut de la chaire chrétienne pour rafraîchir les âmes, pour féconder les intelligences, pour vivifier les cours. Venez, joignez-vous à l'élite de la société, suivez les conférences de NotreDame, et vous reconnaîtrez que, pour dissiper toutes vos préventions, il vous aura suli d'entendre pendant une heure, chaque semaine, la voix douce et persuasive d'un disciple de saint Dominique, ou d'un Père de la Compagnie de Jésus. Oui, quand vous aurez suivi ces conférences, toutes vos difficultés seront résolues. Vous saurez alors si le siècle accueille ou repousse les Dominicains et les Jésuites; si les religieux fidèles à leur sainte vocation sont ou ne sont pas les hommes du siècle; s'ils favorisent ou s'ils contrarient le progrès des lumières et de la civilisation. Augustin CAUCHY. ORGUEIL (L').

L'orgueil est une enflure du cœur par laquelle l'homme s'étend et se grossit en quel que sorte en lui-même, et rehausse son idée par celle de force, de grandeur et d'excellence. C'est pourquoi les richesses nous élèvent, parce qu'elles nous donnent lieu de nous considérer nous-mêmes plus forts et plus grands. Nous les regardons, selon 'expression du sage, comme une ville forte qui nous met à couvert des injures de la fortune, et nous donne moyen'de dominer sur les autres.... Et c'est ce qui cause cette élévation intérieure qui est le ver des richesses, comme dit saint Augustin.

L'orgueil des grands est de même nature. que celui des riches, et il consiste de même dans cette idée qu'ils ont de leur force; mais comme, en se considérant seuls, ils ne pourraient pas trouver en eux-mêmes de quoi la former, ils sont accoutumés de joindre à leur être l'image de tout ce qui leur appartient, et qui est lié à eux. Un grand, dans son idée n'est pas un seul homme, c'est un homme environné de tous ceux qui sont à lui, et qui s'imagine avoir autant de bras qu'ils en ont tous ensemble, parce qu'il en dispose et qu'il les remue. Un général d'armée se représente toujours à lui-même au milieu de tous ses soldats. Ainsi chacun tâche d'occuper le plus de place qu'il peut dans son imagination, et l'on ne se pousse et ne s'agrandit dans le monde, que pour augmenter l'idée que chacun se forme de soi même....

C'est ce qui nous a produit tous ces titres fastueux qui se multiplient à mesure que Torgueil intérieur est plus grand ou moins déguisé....... Les nations orientales surpassent de beaucoup celles de l'Europe dans cet amas de titres, parce qu'elles sont plus sottement vaines; il faut une page entière pour expliquer les qualités du plus petit roi des

Indes, parce qu'il y comprend le dénombrement de ses revenus, de ses éléphants et de ses pierreries, et que tout cela fait partie de cet être imaginaire, qui est l'objet de sa vanité.

Peut-être même que ce qui fait désirer aux hommes, avec tant de passion, l'approbation des autres, c'est qu'elle les affermit et les fortifie dans l'idée qu'ils ont de leur excellence propre; car ce sentiment public les en assure, et leurs approbateurs sont comme autant de témoins qui les persuadent qu'ils ne se trompent pas dans le jugement qu'ils font d'eux-mêmes.

L'orgueil, qui nait des qualités spirituelles, est de même genre que celui qui est fondé sur des avantages extérieurs, et il consiste de même dans une idée qui nous représente grands à nos yeux, et qui fait que nous nous jugeons dignes d'estime et de préférence; soit que cette idée soit formée sur quelque qualité que l'on connaisse distinctement en soi, soit que ce ne soit qu'une image confuse d'une excellence et d'une grandeur que l'on s'attribue.

C'est aussi cette idée qui cause le plaisir ou le dégoût que l'on trouve dans quantité de petites choses qui nous flattent ou qui nous blessent, sans que l'on en voie d'abord la raison. On prend plaisir à gagner à toutes sortes de jeux, même sans avarice, et l'on n'aime point à perdre; c'est que quand on perd, on se regarde comme malheureux; ce qui renferme l'idée de faiblesse et de misère; et quand on gagne, on se regarde comme heureux, ce qui présente à l'esprit celle de force, parce qu'on est favorisé de la fortune. On parle de même fort volontiers de ses maladies, ou des dangers que l'on a courus, parce qu'on se regarde en cela comme étani protégé particulièrement de Dieu, ou comme ayant beaucoup de force ou beaucoup d'adresse pour résister aux maux de la vie. NICOLE.

ORIGINE DE L'IDOLATRIE.

L'homme, sorti des mains de son divin auteur et créé à son image, l'avait été pour l'innocence et pour la félicité. Son âme, tant qu'elle conserva cette auguste empreinte, commandait à ses sens; mais toujours libre de déterminer ses actions, elle se laissa séduire par l'admiration de sa propre beauté, et cessant de contempler son Créateur pour se contempler elle-même, elle chercha hors de Dieu le plaisir et le bonheur. Elle crut l'avoir trouvé dans la satisfaction des sens. Tout ce qui frappait ses regards et caressait son cœur, tout ce qui flattait ses passions et lui présentait l'image de la volupté, elle lui donna le nom de bien; et son ivresse allant toujours croissant, emportée de plus en plus par l'impétuosité de ses désirs, loin du but auquel seul elle devait tendre, elle s'est égarée jusqu'à croire qu'il n'y avait pour elle de divinité que dans ce qui se montrait à son imagination ou à ses sens. L'idée du Dieu Créateur s'effaça; on en vint jusqu'à

douter de son existence, ou bien à place côté de lui un être malfaisant, doué d' principe d'existence non moins éternel et dépendant, sans s'embarrasser des mons euses contradictions qui s'attachaient à tel système. Une fois abandonné à ce prot et aveugle attachement qu'il a pour même, l'homme ne vit rien au delà de sens; tout devint Dieu pour lui, à co mencer par les astres et les éléments dire Les vivants et les morts; les héros et qui s'étaient rendus fameux, soit parl exploits, leurs bienfaits ou leurs des vertes, soit par leurs crimes; les diver modifications de la matière eurent part à hommages. A mesure que le genre hum allait s'enfonçant dans l'idolatrie, plus frein, plus de règle. Les animaux e mêmes reçurent les homioages du culie vin; et tous eurent des autels, jusqu vices les plus honteux. Des créatures ins sibles, des êtres purement fantastiques. rent érigés en autant de puissances su rieures à la nature humaine. L'ignora mesurant la Divinité à sa faiblesse, la tribuait dans tout ce qui l'environnait, dégradait en la multipliant. Le génie lancolique ou guerrier, voluptueux ou g des nations différentes, prêta à ses d des formes ou des caractères analogues poésie leur composa des mœurs, des a tures, des besoins et des faiblesses blables aux nôtres; et la philosople même, complice de toutes les supes populaires, les accrédita par son s par ses hommages, et par de soles apologies. Saint ATHANAS

ORIGINE DU MAL.

L'homme est composé de deux subst d'esprit et de matière, d'une âme i gente et d'un corps organisé. Cette r différentes facultés, qui sont : la percep Jaquelle reçoit l'image et la connaissance objets; l'intelligence, qui les compare, les examine, et qui en juge; la volonté se porte et s'attache à ceux qui lui plais ou qui s'éloigne de ceux qui lui déplas la liberté, qui, après la connaissance l'examen, se détermine à faire une ch ou à ne la pas faire, à la choisir, ou à a jeter, selon qu'elle le juge à propos. On y ajouter encore un certain sentiment turel qui nous fait distinguer le bie a mal, le vertueux de ce qui ne l'est pas, l'inclination naturelle vers le bien.

Toutes ces facultés se trouvent égalem dans tous les hommes; mais elles trouvent pas en un degré également par dans chacun. Cette différence, qui est sa vent très-considérable, peut venir de des causes, dont les principales sont organisation plus parfaite dans les uns dans les autres; elle peut venir aussi d' grande différence dans la culture, l'insi tion et l'éducation. Aussi, parmi les hom connaissance et la pénétration, sewb'cs mes, en trouve-t-on qui, par la raison,

re assez peu au-dessous des pures intellires; et l'on en trouve aussi d'autres qui, rieur stupidité, paraissent être fort peu -dessus des brutes dépourvues de raison. A ces facultés spirituelles, il faut ajouter tre d'autres dispositions qui sont d'une ece différente, qui viennent du corps, et sont l'origine des passions. Il faut recontre aussi dans les hommes diverses eses de sensations et de sentiments qui ne ravent point, et ne peuvent point se ver dans les pures intelligences.

orme les connaissances de l'homme sont tés, et que les impressions que les choses 1r les sens peuvent être tantôt utiles, sére agréables, tantôt pernicieuses sans desagréables, il s'ensuit qu'il peut quel is tomber dans l'erreur, et faire un mais choix; il s'ensuit qu'il peut quel is être plus vivement ému par l'imon faite sur les sens, que par ce que représentent la raison et la loi inté; il s'ensuit qu'il ne donnera peut es toujours toute l'attention nécessaire otifs qui devraient l'attacher à ce qui plus juste, plus convenable, plus ver

II.

tact parfaitement libre, il peut donc, par Hectibilité de la nature, prendre un mauparti, abuser de sa liberté, et par conent pécher; et alors l'on voit que la véde origine du mal n'est que le mauvais que l'homme fait de son libre arbitre #ses facultés.

fendant cette défectibilité de la créa, ce pouvoir d'abuser de sa liberté, et éloigner du devoir, étant une suite néaire de sa nature, ne doit point être imle au Créateur, comme un manque de sse, de puissance, et de bonté; autre t, il faudrait dire que Dieu n'aurait rien créer, ou ne créer que des êtres infiniit parfaits. Mais l'un et l'autre de ces A points est également absurde. Y'alleurs, si l'on pouvait imputer au ateur, comme une faute, l'imperfection créatures, il n'y en aurait aucune qui ne crat en droit de se plaindre de son aur. Le caillou pourrait se plaindre de ce i n'est pas organisé comme la plante: la ate de ce qu'elle n'a pas le sentiment nne la brute; la brute, de ce qu'elle n'a sientendement comme l'homme; l'hom 4, de ce qu'il n'est pas aussi parfait que ge; l'ange, de ce qu'il n'approche pas tre plus des perfections du Créateur. is ce sont-là autant d'absurdités, et des surdités si grossières, qu'elles n'ont oul Soin de réfutation.

Ou sent au contraire que rien n'est plus opre à faire briller, et à nous faire admirer puissance du Créateur, que cette suborFation, cette variété, cette gradation de erfections dans les créatures; que tous ces tres, malgré leurs imperfections naturelles, ent convenables aux fins pour lesquelles eu les a faites, et qu'il a pu se proposer tae dignes de lui; que le pouvoir, donné Thomme, de faire le bien à son choix, de

donner la préférence à la vertu, de rendre volontairement ses hommages au Créateur, est le premier fondement de ce qui fait la véritable beauté du monde moral. Enfin, nous sentons tous au fond de l'âme, et tout homme qui use de sa raison, qui pense, qui réfléchit, le reconnaît également, qu'il n'y a que l'amour du vrai, du juste, du vertueux auquel l'homme se porte par choix, qui soit digne de louange, qui soit digne d'être estimé et respecté, qui présente sur la terre un spectacle véritablement propre à nous ́ intéresser.

Tout est donc bien de la part de Dieu : Vidit Deus cuncta quæ fecerai, et erant valde bona. Tout est bien de la part de l'homme qui use de sa liberté pour suivre les vues de Dieu. Le mal ne peut venir que de l'abus que l'homme ferait des facultés qu'il a reçues de son Créateur. On ne doit pas en rechercher une autre origine. Tout est ici d'accord avec ce que nous disent le sens intérieur, la raison, la révélation.

L'impie le sent comme tous les autres hommes. Il ne lui manque que la droiture et la sincérité pour en convenir. NONNOTTE.

ORIGINE DU POUVOIR.

Sire, c'est le choix de la nation qui mit d'abord le sceptre entre les mains de vos ancêtres : c'est elle qui les éleva sur le bouclier militaire et les proclama souverains. Le royaume devint ensuite l'héritage de leurs successeurs; mais ils le durent originairement au consentement libre des sujets. Leur naissance seule les mit ensuite en possession du trône; mais ce furent des suffrages publics qui attachèrent d'abord ce droit et cette prérogative à leur naissance. En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n'en doivent faire usage que pour nous..... Ce n'est donc pas le souverain, c'est la loi, sire, qui doit régner sur les peuples: vous n'en êtes que le ministre et le premier dépositaire; c'est elle qui doit régler l'usage de l'autorité, et c'est par elle que l'autorité n'est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protégé, une vigilance paternelle qui ne s'assure leur soumission que parce qu'elle s'assure leur tendresse. Les hommes croient être libres quand ils ne sont gouvernés que par les lois; leur soumission fait alors tout leur bonheur, parce qu'elle fait toute leur tranquillité et toute leur confiance. Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l'autorité, loin de l'étendre, l'affaiblissent; ils deviennent moins puissants dès qu'ils veulent l'être plus que les lois; ils perdent en croyant gagner: tout ce qui rend l'autorité injuste et odieuse l'énerve et la diminue. MASSILLON.

PAGANISME ET CHRISTIANISME.

Tertullien remarque qu'il y a deux différences considérables entre la religion des païens et celle de Jésus-Christ: la première ne tirait son autorité et sa vénération que de l'éclat extérieur de la pompe des solennités, de l'appareil des sacrifices et de la profusion de l'encens. Les païens formaient des images de leurs dieux des plus précieux de tous les métaux, afin que la matière même de leurs idoles leur donnât de l'autorité. Ils leur offraient des sacrifices magoitiques, afin que cette pompe extérieure surprit l'esprit en surprenant les yeux. Ils n'avaient que des mystères éclatants pour donner de la terreur ou de l'admiration aux peuples: De apparatu, de sumptu fidem sibi exstruunt. Ils n'avaient de la religion que sur la foi de leurs sens; ils ne jugeaient bien de leurs dieux que par les apparences, et ils ne les reconnaissaient pour tels que parce qu'ils étaient éblouis, et qu'ils croyaient voir dans leur culte des marques de leur grandeur ou de leur puissance. La seconde, je veux dire la religion de JésusChrist, fail agir les Chrétiens d'une manière bien différente: ils admirent parce qu'ils croient, et ne croient pas parce qu'ils admirent ils ne cherchent pas à contester le sens, ils veulent exercer leur foi ils ne sont point surpris par ces dehors éclatants, et ce n'est pas une vaine magnificence, mais une sainte simplicité qui rend leurs mystères vénérables.

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Autre différence encore plus considérable, c'est que les adorations des païens étaient aussi vaines que leurs idoles ils perdaient Jeur encens; et leur religion, qui était si magnifique dans l'action, était vaine et stérile dans son effet au lieu que la religion chrétienne est simple dans ses apparences et magnifique dans ses effets: Simplicitas in actu videtur, magnificentia in effectu repromittitur: elle oblige les fidèles à l'humilité, mais elle leur prépare une gloire qui ne finit point; elle les détache des biens temporels, mais elle leur prépare des récompenses éternelles. Quelques gouttes d'eau répandues, quelques paroles prononcées sur un enfant, le rendent enfant de Dieu et héritier du royaume éternel. Une simple onc tion nous fait devenir soldats de JésusChrist, nous rend invincibles à tous les assauts du démon ; et sous de faibles apparences se trouvent renfermés le corps et le sang de Jésus-Christ, la grâce même dans sa source, et la nourriture spirituelle de nos

âmes.

FLÉCHIER.

PAIX DE L'AME DANS LA SOLITUDE.

Quand je songe que, dans l'âge voisin de la vieillesse et de ses infirmités, me voilà seul sur la terre, comme un célibataire isolé

P

ou un homme personnel, qui n'a vu que i dans la nature; que le sein sur lequel m'appuie doucement, pour y chercher consolation, est le sein d'une bonne de 75 ans; que les objets, qui den vivre avec moi et auprès de moi, m'ot.m cédé si jeunes, dans le ton beau; qussi parcours tout cet espace qu'on appera vie, et que j'embrasse d'un coup d'œil longue chafue de besoins, de désirs, craintes, de peines, d'erreurs, de passin de troubles et de misères de toute sorte rends grâce à Dieu de n'avoir plus à so du port où il m'a conduit; je le remercie la tendre mère qu'il me laisse, et des a qu'il m'a donnés, et surtout de pog descendre dans mon cœur, sans le tro méchant et corrompu. Abl mon cher reposons toujours notre tête fatiguée ! chevet d'une bonne conscience; si l'arrosons de quelques larmes, ces la du moins n'auront rien d'amer.

Avant que de quitter la Savoie, j'ai visiter le désert de la grande Chartres c'est là un pèlerinage que j'aurais faire avec Thomas; mais fait-on jau qu'on désire? Comme il m'a man aurait monté auprès de moi, le long rivière ou plutôt d'un torrent, un serré entre deux murailles de roches sèches et nues, tantôt couvertes de arbres, quelquefois ornées par bante petites forêts vertes qui serpentent sur côtes. Il eût entendu, pendant deux le bruit du torrent qui s'indigne au m des débris de roches, contre lesquelles brise sans cesse. C'est une écume jailliss qui s'engloutit dans des profondeurs deux cents pieds, où l'œil la suit areca terreur curieuse, pour se reporter es vers des roches sauvages, haules, perpe culaires et couronnées à leurs pointes de petits ifs qui semblent être dans le Ce chemin étroit, ces hauteurs, ces tény religieuses, ces cascades admirables tombent en bondissant, pour grossir les e et la fureur du torrent, tout cela conduta turellement à la solitude terrible où s Bruno vint s'établir avec ses compagnosi y a plus de sept cents ans.

J'ai vu son désert, sa fontaine, sa ca pelle, la pierre où il s'agenouillait, def ces montagnes effrayantes, sous les regar de Dieu. J'ai visité toute la maison: jai les solitaires à la grand messe; j'ai avec un des plus jeunes dans sa cellule reçu toutes les honnêtetés du général e da coadjuteur; tout m'a fait un plaisir prof et calme. Les agitations humaines ne tent pas là. Ce que je n'oublierai jaus c'est le contentement céleste qui est vis

blement empreint sur le visage de ces re

ligieux.

Le monde n'a pas d'idée de celle pa c'est une autre terre, une autre nature. Ou

la sent, on ne la définit pas cette paix qui vous gagne. J'ai vu le rire et l'ingénuité de l'enfance sur les lèvres du vieillard; la gravité et le recueillement de l'âme dans les traits de la jeunesse. J'ai eu ma cellule où j'ai couché deux nuits; et c'est avec regret, c'est en embrassant deux fois de suite le coadjuteur, qui est un religieux admirable par ses vertus et par tout son extérieur, que je me suis éloigné de cette maison de paix.

Je vous assure, mon cher ami, que toutes tes idees de fortune, de succès, de plaisirs, tout ce tumulte de la vie, tout ce tapage qui est dans nos yeux, nos oreilles, notre imagination, restent à l'entrée de ce désert: et que notre âme nous ramène alors à la nature et à son Auteur. DUCIS.

PAIX (LA).

RTENS DE LA CONSERVER AVEC LES HOMMES.

On peut tirer de l'Ecriture une infinité de raisons pour nous exciter à conserver la pax avec les hommes par tous les moyens qui nous sout possibles.

Il n'y a rien de si conforme à l'esprit de la loi nouvelle que la pratique de ce detoir; et l'on peut dire qu'elle nous y porte par son essence même. Car, au lieu que la Cupidité, qui est la loi de la chair, désunissant l'homme d'avec Dieu, elle le désunit davec lui-même, par le soulèvement des passions contre la raison; et d'avec tous les autres hommes en l'en rendant ennemi, et Je portant à tâcher de s'en rendre le tyran; le propre au contraire de la charité, qui est elle nouvelle loi que Jésus-Christ est venu apporter au monde, c'est de réparer toutes les désunions que le péché a produites; de réconcilier l'homme avec Dieu, en l'assujetbissant à ses lois; de le réconcilier avec luiBeule, en assujettissant ses passions à la raison; et enfin de le réconcilier avec tous les hommes, en lui ôtant le désir de les dominer.

Or, un des principaux effets de cette charité à l'égard des hommes est de nous appliquer à conserver la paix avec eux, puisqu'il est impossible qu'elle soit vive et sincère dans le cœur sans y produire cette application. On craint naturellement de bles ser ceux que l'on aime; et cet amour nous faisant regarder toutes les fautes que nous commettons contre les autres comme grandes et importantes, et toutes celles qu'ils commettent contre nous comme petites et légères, il éteint par là la plus ordinaire Source des querelles, qui ne naissent le plus Souvent que de ces fausses idées qui grosSissent à notre vue tout ce qui nous touche en particulier, et qui amoindrissent tout ce qui touche les autres.

2 Il est impossible d'aimer les hommes sans désirer de les servir: et il est impossible de les servir sans être bien avec eux, de sorte que le même devoir qui nous charge des autres hommes, selon l'Ecriture, Pour les servir en toutes les manières dout

nous sommes capables, nous oblige aussi de nous entretenir en paix avec eux, parce que la paix est la porte du cœur, et que l'aversion nous le ferme et nous le rend entièrement inaccessible.

31 est vrai que l'on n'est pas toujours en état de servir les autres par des discours d'édification; mais il y a bien d'autres manières de les servir. On peut le faire par le silence, par des exemples de modestie, de patience et de toutes les autres verlus; et c'est la paix et l'union qui leur ouvrent le cœur pour les en faire profiter.

Or la charité embrasse non-seulement tous les hommes, mais elle les embrasse en tout temps. Ainsi nous devous avoir la paix avec tous les hommes, et en tout temps; car il n'y en a point où nous ne devons les aimer et désirer de les servir; et par conséquent il n'y en a point où nous ne devions ôter de notre part tous les obstacles qui s'y pourraient rencontrer, dont le plus grand est l'aversion et l'éloignement qu'ils pour raient avoir pour nous. De sorte que, lors même que l'on ne peut conserver avec eux une paix intérieure qui consiste dans l'union de sentiments, il faut tâcher au moins d'en conserver une extérieure, qui consiste dans les devoirs de la civilité humaine, afin de ne se rendre pas incapable de les servir quelque jour, et de témoigner toujours à Dieu le désir sincère que l'on en a.

De plus, si nous ne les servons pas actuellement, nous sommes au moins obligés de ne leur pas nuire. Or, c'est leur nuire que de les porter, en les choquant, à tomber en quelque froideur à notre égard. C'est leur causer un dommage réel que de les disposer par l'éloignement qu'ils concevront de nous à prendre nos actions ou nos paroles en mauvaise part; à en parler d'une manière peu équitable, et qui blesserait leur conscience, et enfin à mépriser même la vérité dans notre bouche, et à n'aimer pas la justice lorsque c'est nous qui la défendons.

Ce n'est donc pas seulement l'intérêt des hommes, c'est celui de la vérité même qui nous oblige à ne les pas aigrir inutilement contre nous. Si nous l'aimons, nous devons éviter de la rendre odieuse par notre imprudence, et de lui fermer l'entrée du cœur et de l'esprit des hommes, en nous la fermant à nous-mêmes; et c'est aussi pour nous porter à éviter ce défaut que l'Ecriture nous avertit: que les sages ornent la science, c'està-dire qu'il la rendent vénérable aux hommes, et que l'estime qu'ils s'attirent par leur modération fait paraître plus auguste la vérité qu'ils annoncent; au lieu qu'en se faisant ou mépriser ou hair des hommes, on la déshonore, parce que le mépris et la haine passent ordinairement de la personue à la doctrine.

Il est vrai qu'il est impossible que les gens de bien soient toujours en paix avec les hommes, après que Jésus-Christ les a avertis qu'ils ne devaient pas espérer d'être autrement traités d'eux qu'il l'a été luimême. C'est pourquoi saint Paul, en nous

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