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Les Maures n'exercèrent leur domination sur le Roussillon que pendant trente-trois ans. Pépin les vainquit à Narbonne, et Charlemagne les repoussa au-delà de l'Ebre : le domaine des eaux, qui avoit appartenu exclusivement au souverain, fut déclaré aliénable et prescriptible.

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Le second titre est celui qui traite des canaux d'arrosage et de leurs dépendances. «Un canal d'arrosage, dit l'auteur, est une dérivation » artificiellement opérée sur un cours d'eau naturel, en vertu d'une » concession. La coutume assujettit le concessionnaire à obtenir de gré » à gré, ou par des formes légales, le terrain nécessaire à l'établissement » du canal et de sa digue. La pente du terrain, le voisinage des terres » cultivées, la largeur du lit de la rivière, l'éloignement des montagnes, » ont modifié les moyens d'opérer le barrage destiné à protéger la déri»vation. Il a fallu calculer les obstacles, prévoir tous les inconvéniens, » et concilier, autant que possible, les droits des propriétés riveraines » avec les intérêts de l'agriculture. Une digue n'est établie que pour » favoriser l'arrosage des terres; mais dans les cours d'eau rapides, elle » déverseroit sur les riverains une partie de celle que la nature avoit » encaissée dans un lit, et l'étendue et la fréquence des dommages pour»roient excéder les avantages d'un canal. Cette considération et d'autres » encore, qui tiennent toutes à la nature des lieux, aux besoins des » co-usagers, ainsi qu'aux droits de propriété, ont déterminé dans » l'usage plusieurs espèces de digues.

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Une planche qui accompagne le mémoire les représente; elle est dessinée par M. Léveillé, ingénieur en chef du département des Pyrénées-orientales, auquel ce département et la ville de Perpignan ont de grandes obligations pour des améliorations considérables dans tous les genres de travaux publics, tels que constructions, ponts, canaux, routes, plantations, pépinières, &c. Il y a des digues fixes et des digues mobiles les fixes sont au nombre de quatre, savoir, celles en poutres, celles en maçonnerie, celles qu'on pave, et celles qui sont ferrées. Les digues mobiles sont les plus simples; le cultivateur en fait usage dans sa propriété, quand elle est sur le même niveau que le cours d'eau: souvent une motte de terre, un petit fossé transversal, protégé par une dune de sable, quelques fascines assujetties, peuvent opérer la déviation; si un orage détruit cette petite digue, le lendemain tout se répare. Quand cette espèce est insuffisante, on a recours à une plus dispendieuse; c'est celle à chevalet. M. Jaubert de Passa décrit ces diverses espèces de digues, et il pense que, quelque importantes qu'elles soient, elles ne doivent pas prévaloir sur la conservation des propriétés riveraines. La construction des canaux dépend de différentes circonstances:

l'économie et l'intérêt général doivent être pris en considération; la nature du terrain et les difficultés que présente la configuration des lieux, obligent souvent de s'écarter des bases adoptées. L'intelligence des habitans a su jusqu'à présent balancer les avantages et les inconvéniens des projets qu'ils ont exécutés.

Le

partage des eaux n'est pas l'opération la plus facile; elle doit être faite avec équité, soit qu'elle s'effectue par de grandes dérivations ou par des saignées. Elle se fait au moyen d'ouvertures circulaires dans des pierres placées verticalement sur le bord du canal; chaque branche se subdivise ensuite et l'usage en est prescrit par un réglement. On évalue le volume des eaux par meule, c'est-à-dire, par la quantité qu'il faut pour faire tourner une meule de moulin à farine; on l'estime encore par ail ou par un diamètre de neuf pouces. La mesure par meule est bien variable, car la quantité d'eau doit être plus ou moins considérable, selon sa chute, sa pente, et selon ce que la roue du moulin pourroit en prendre.

Au troisième titre est une statistique générale des canaux d'arrosage dans les Pyrénées-orientales. Cet article est étendu, parce que l'auteur non-seulement prend chaque canal à son origine, et le suit jusqu'à sa transmission, soit dans d'autres canaux, soit dans les rivières, soit à la mer, soit dans des sables, où il y en a qui se perdent; mais il s'attache spécialement à l'histoire de ces dérivations, aux motifs qui les ont fait établir, aux conditions imposées et au mode de constructions de conservation et d'usage. Pour traiter cette partie aussi bien que l'a fait M. Jaubert de Passa, il a fallu fouiller dans les archives et autres actes du pays; de telles recherches ont sans doute coûté beaucoup de temps à l'auteur, et doivent intéresser ceux des habitans du département qui aiment à connoître comment et par quels degrés on est parvenu à faire jouir un certain nombre de localités d'un genre d'industrie, le seul qui pût porter l'abondance dans les productions.

D'après ce que M. Jaubert de Passa a exposé au troisième titre de son mémoire, l'ancienneté de l'arrosage est incontestable dans la province du Roussillon; mais cette industrie n'a reçu son entier développement que sous les comtes et les premiers rois de Majorque et d'Arragon.

L'auteur s'est réservé pour le titre suivant, c'est-à-dire, pour le quatrième, de traiter en détail tout ce qui concerne un des canaux les plus importans, et le plus ancien du pays. Il porte les noms de Las canals, ou canal de Perpignan. On ne peut, par des pièces authentiques, fixer son premier établissement; on sait seulement qu'il existoit dès 1341. Le code coutumier, les archives de l'hôtel de ville, font

mention d'un grand canal, construit au milieu de la plaine qui sépare cette ville de la montagne du Canigou. Primitivement il ne fut établi que pour la commune de Thuyr et ses usines, segua real de Tohyr. Ce n'est que dans le x.° siècle que l'histoire parle de Perpignan, autrefois simple bourg, et devenu ville par l'influence et la protection des comtes, par les constructions de plusieurs monumens, par son palais et ses remparts. A mesure qu'elle s'est accrue, elle a eu plus besoin d'eau; des concessions lui ont donné des facilités pour s'en procurer; le canal dont il s'agit en a été le moyen. L'auteur rend compte de ces diverses concessions et des travaux qui furent faits pour amener les choses au point où elles sont. Il donne l'extrait des divers réglemens pour l'entretien, la conservation, l'usage et le fermage des eaux. Des tableaux indiquent la pente du canal, sa longueur en toises, la dénomination de différens ails, l'époque des concessions pour plusieurs communes, et sur-tout pour celle de Perpignan. D'après les calculs de l'auteur, le canal a 15,478 toises, sur environ 47 toises 5 pieds 4 pouces 2 lignes de pente; c'est à-peu-près une toise de pente pour 325 toises de longueur, ou pied pour 54 toises, ou 2 lignes 2/3 par toise. Un autre tableau désigne les heures et les jours de la semaine où chacune des communes qui ont droit au canal, peut en tirer l'eau. L'auteur n'a point oublié de faire connoître le mode d'administration et la police du canal.

Le cinquième titre comprend l'analyse des lois et usages sur les cours d'eau. «Il ne suffisoit pas, dit-il, à l'agriculture d'avoir apprécié » les avantages de l'irrigation et d'avoir vaincu les obstacles qui sem» bloient s'opposer à son établissement, il falloit encore que l'usage de » ces nouveaux cours d'eau fût réglé de manière à assurer les droits de » tous ceux qui avoient contribué à leur construction. Point de propriété » sans lois qui la protégent, et nos canaux étoient la propriété d'asso»ciations formées par des intérêts et des besoins semblables. De là ces > lois particulières qui en réglèrent l'usage: consenties par les co» usagers, autorisées par l'administration ou par les seigneurs, elles for» mèrent ce qu'on appela par la suite les coutumes de Perpignan. » On lira sans doute avec intérêt cette cinquième partie de l'ouvrage, qui est le complément des autres: l'auteur y cite les lois relatives à la jouissance des eaux; il les discute et en indique les abus.

Pour l'intelligence des dérivations' d'eau dans le Roussillon, l'auteur a joint à son ouvrage une carte, qu'il doit aussi à M. Léveillé ; elle donne des idées suffisantes de l'origine des rivières, des canaux qu'elles ont servi à former, et de tout l'ensemble des irrigations. Cette

carte comprend la plaine du Roussillon, séparée du Languedoc par les Corbières, et de l'Espagne par les Albares, bornée à l'est par la Méditerranée, et à l'ouest par le Canigou.

L'ouvrage de M. Jaubert de Passa, qui a exigé des recherches étendues, n'est pas seulement destiné à satisfaire la curiosité; mais il peut encore présenter de l'instruction à ceux qui se trouveroient dans des positions à établir dans leur pays un bon système d'irrigation.

TESSIER.

SUR LE MODE D'ÉDUCATION DU PEUPLE EN ÉCOSSE, et particulièrement sur un genre d'éducation très-influent, appelé Écoles paroissiales.

IL est impossible de visiter l'Écosse et d'observer avec attention le peuple qui l'habite, sans être frappé de ses habitudes religieuses et morales, de sa probité, de sa patience au travail, de l'élévation de ses sentimens, et sur-tout du degré d'instruction qui le distingue. Si l'on cherche, comme il est naturel de le faire, les causes qui développent en lui cette supériorité de civilisation, il s'en présente aussitôt plusieurs dont le rare concours est sans doute d'une efficacité évidente: telles que la haute instruction des familles élevées, les soins qu'elles se donnent pour le peuple, l'affection de celui-ci pour elles, resté unique, mais reste précieux et désormais sans danger, de ce dévouement absolu et presque filial que l'ancien système des clans avoit établi. A ces heureux rapports, il faut joindre les effets plus récens d'un état politique régulier, stable, d'un grand développement dans l'agriculture, et de l'immense débouché offert au travail de la population écossaise par sa complète réunion avec la riche et florissante Angleterre. Mais on ne tarde pas à reconnoître que ces avantages d'administration et de position n'auroient jamais pu devenir aussi fructueux qu'ils le sont pour ce pays, si une éducation plus qu'ordinaire dans son étendue, et sur-tout une éducation parfaitement appropriée à une existence laborieuse, n'avoit donné au peuple d'Écosse les moyens d'en tirer tout le parti qu'il en tire. Ayant eu, pendant un séjour de plusieurs mois, l'occasion et la facilité d'observer un phénomène moral aussi remarquable, on m'a aisément fait voir qu'il étoit, au moins en très-grande partie, l'effet d'une institution qu'une longue ex-périence a consacrée, et portée à un degré de perfection qu'il seroit difficile de surpasser. J'ai recueilli avec soin les renseignemens qui pouvoient faire connoître et apprécier à fond un instrument si précieux de

bonheur public, espérant que quelque jour ces observations pourroient devenir utiles dans ma patrie. Je remplissois d'ailleurs, en le faisant, un devoir qui m'avoit été imposé par une personne très-éclairée, qui occupoit alors un rang élevé dans l'administration en France. Telle fut l'origine de l'écrit que l'on va lire, et dans lequel l'aridité des détails n'a pour excuse que leur utilité.

Le système entier de l'éducation et de l'instruction publique en Écosse se compose de trois sortes d'établissemens.

Pour le degré le plus élevé, il existe des universités, composées d'un ou de plusieurs colléges, soutenus en partie par des fondations anciennes, en partie par des rétributions payées par les étudians. Chacun de ces établissemens est indépendant des autres et de la couronne ; il se gouverne lui-même d'après ses propres lois, et n'est soumis à aucune juridiction extérieure pour ce qui concerne son enseignement.

Au dessous des universités, il y a des établissemens locaux, appelés académies et grammar schools. Les académies sont en général destinées à l'enseignement des sciences naturelles, physiques et mathématiques; les grammar schools, à l'enseignement de la grammaire anglaise, latine et grecque, toujours dans un degré inférieur à l'université, et préparatoire pour ceux qui veulent poursuivre leurs études, mais suffisant pour la plupart des jeunes gens qui se destinent aux professions moyennes. Ces établissemens sont formés volontairement par chaque ville, sous le patronage des magistrats; ils sont entretenus en partie par la ville, en partie sur des rétributions payées par les élèves, et dont le taux est fixé : ils sont uniquement destinés à des

externes,

Enfin l'enseignement primaire est donné dans de nombreux établis semens, qu'il faut distinguer en trois classes: 1.° les écoles particulières, tout-à-fait entretenues par les rétributions des élèves, presque toujours externes; 2.° les écoles de charité, la plupart conduites suivant les méthodes de Bell et de Lancastre, entretenues par des souscriptions volontaires qui les rendent tout-à-fait gratuites, ou leur permettent de n'exiger qu'une très-légère rétribution; 3.o les écoles paroissiales, ainsi appelées parce qu'il doit y en avoir au moins une dans chaque paroisse: ces dernières sont établies dans toute l'Écosse par un acte du parlement. On ne s'étendra pas ici sur les deux degrés supérieurs d'instruction : dans ce qui va suivre, il ne sera question que des écoles du troisième degré, qui sont destinées à l'enseignement primaire.

Parmi celles-ci, les écoles particulières et les écoles lancastériennes

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