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il faut bien que celui que Périclès construisit ensue fût différent de ces deux murs, ce qui oblige nécessairement à en supposer un troisième : ce dernier, bâti par Périclès, étoit fort près du mur boréal ou du Pirée; tous deux constituoient ce que les anciens appeloient un mur double; et c'est en effet ce que prouve un passage de Thucydide auquel on n'avoit pas fait attention (1), en sorte que ces deux murs ensemble n'en faisoient qu'un; on explique de cette manière tous les passages des anciens qui semblent établir qu'il n'y avoit que deux longs murs. Ce système est développé fort au long dans notre mémoire: il ne nous a été possible que d'en exposer ici le principal résultat.

L'ouvrage de M. Leake est terminé par des recherches sur les diverses portes d'Athènes, outre celles du Pirée et Dipylon, dont il a déjà parlé. II place au midi, comme M. Boissonade et nous l'avons fait, les portes itoniennes, que d'autres avoient mises au nord. Cette dernière section, qui traite de points très-délicats et très-obscurs, contient une multitude de recherches et d'observations où l'on trouve une critique sûre et une érudition étendue.

En somme, l'ouvrage de M. Leake peut être regardé comme ce qu'on a écrit de plus complet et de plus exact jusqu'à ce jour sur la topographie d'Athènes. L'atlas qui l'accompagne est composé de huit planches gravées avec beaucoup de soin; savoir, 1.° un plan d'Athènes et de ses portes, d'après un levé exact du terrain; 2.° un plan particulier d'Athènes et de ses antiquités; 3.° un plan particulier de l'Acropolis, pour lequel M. Cockerell a fourni de précieux renseignemens; 4.° les Propylées; 5. une vue d'Athènes, prise de l'Ilissus; 6.° et 7.° deux vues de l'Acropolis, à l'ouest et au sud, la représentant dans l'état où elle devoit être sous Périclès: elles sont dues à M. Cockerell; 8.° un dessin au trait des deux tympans du Parthenon.

LETRONNE.

CHIMIE AGRICOLE DE H. DAVY.

On pourroit croire, au premier aperçu, que les applications de la chimie à l'agriculture sont extrêmement bornées mais lorsqu'on réfléchit à l'augmentation de poids qui survient dans les plantes à mesure qu'elles accomplissent leurs fonctions, et aux moyens que

(1) Thucyd. 11, 13.

Y

l'homme emploie pour atteindre le but qu'il se propose en cultivant la terre, on est obligé de prendre une opinion contraire de l'influence que la chimie est susceptible d'exercer sur l'agriculture. Les plantes sont fixées au sol; il faut donc qu'elles trouvent autour d'elles les élémens qui sont indispensables à leur accroissement; autrement elles périroient avant le terme que la nature a prescrit à leur existence: il faut, en outre, certaines conditions pour qu'elles puissent s'assimiler ces élémens. L'objet de l'agriculteur est de mettre à la portée des végetaux qu'il a intérêt de cultiver, les matières propres à les nourrir, et en second lieu de rendre les circonstances extérieures le plus favorables possible au complet développement de ces êtres.

La chimie moderne, en faisant connoître la nature des matières ōrganiques et en prouvant que leurs élémens existent dans l'atmosphère, dans l'eau et dans les différens terrains propres à la végétation, a toutà-coup dévoilé l'origine des corps qui entrent dans la composition des plantes; et dès-lors on a espéré qu'un jour, en expliquant plusieurs procédés ruraux, fruits de nombreux essais, elle conduiroit l'agriculteur qui se laisseroit diriger par elle à en découvrir d'autres, ou au moins qu'elle lui rendroit plus facile la pratique des anciens procédés, en en Taisonnant l'usage.

Les Anglais, qui sont si disposés à saisir tout ce qui est utile aux progrès de leur civilisation, soit qu'ils le trouvent chez eux, soit qu'ils le trouvent chez les autres, ont bien senti l'importance de l'application de la chimie à l'art de cultiver la terre: c'est ce qui a déterminé le comité d'agriculture de Londres à charger sir H. Davy de traiter de cette application dans un cours spécial. Les Élémens de chimie agricole que nous allons examiner, sont le recueil de leçons faites par un des premiers savans de notre siècle, sur un sujet entièrement neuf et d'une importance majeure. Le silence que la plupart des journaux ont gardé sur un ouvrage qui a été traduit deux fois en notre langue, et qui est digne à tous égards de fixer l'attention des lecteurs français, nous servira d'excuse auprès de ceux qui penseroient que les élémens de chimie agricole ont paru depuis trop long-temps pour être aujourd'hui l'objet d'un examen. Nous croyons servir la science, sans être désagréable à sir H. Davy, en discutant quelques parties de son livre; et d'avance nous nous plaisons à reconnoître que si nos critiques sont fondées, nous devons cet avantage aux découvertes qui ont été faites postérieurement à la publication des Élémens de chimie agricole, découvertes qui, d'ailleurs, n'ont été souvent qu'une suite de l'heureuse influence que les brillans travaux de l'auteur lui-même ont exercée sur la science.

L'ouvrage est divisé en huit leçons.

Dans la première, l'auteur définit ce qu'il entend par chimie agricole : il expose l'objet des leçons suivantes. Le coup d'œil qu'il jette sur l'ensemble de l'ouvrage, prépare l'esprit aux connoissances qui seront développées postérieurement, en même temps qu'il en fait concevoir l'importance. On voit par cet exposé que sir H. Davy embrasse dans son plan tout ce qui se rattache à l'agriculture, et qu'il a senti qu'on ne pouvoit appliquer la chimie à cet art, sans prendre en considération chacune des causes connues qui ont de l'influence sur les plantes, soit que la recherche de ces causes appartienne à la physique, soit qu'elle dépende de l'anatomie et de la physiologie.

Dans l'examen des leçons suivantes, nous distinguerons soigneusement les objets qui sont accessoires à la chimie agricole de ceux qui la constituent essentiellement; nous donnerons une attention toute particulière à ceux-ci, tandis que nous nous bornerons à indiquer les premiers.

Les végétaux sont formés de plusieurs élémens; ces élémens, en devenant parties constituantes d'un être organisé, ne perdent pas leurs propriétés distinctives et ne sont pas soustraits à l'action des forces qui les régissent dans la nature inorganique: ainsi, en passant de l'état brut à celui des corps organiques, ils ne changent pas de poids; la pesanteur reste donc constante: ils forment dans le végétal même des composés très-variés; ils ne cessent donc pas d'ètre soumis à l'affinité: enfin la plupart des composés qu'ils forment étant susceptibles de prendre l'état solide, il est visible que la cohésion agit dans les corps organisés aussi bien que dans les corps inorganiques. Sir H. Davy, en parlant de ces forces, rapporte à chacune d'elles les effets généraux qu'elles présentent dans les plantes. Il regarde comme une chose très-probable que la pesanteur est la cause de la direction verticale des racines et des tiges ; il se fonde sur les expériences de Knight. Ce savant ayant attaché sur la circonférence d'une roue susceptible de tourner dans un plan vertical, des semences de féves de jardin qui avoient été plongées dans l'eau jusqu'à ce que la germination commençât, observa que, quelle que fût la position de ces semences, leurs radicules se portoient au dehors de la circonférence de la roue, en faisant un angle à-peu-près droit avec l'axe. Knight ayant ensuite fixé des graines sur la circonférence d'une roue qui tournoit dans un plan horizontal, observa que, quand celle-ci faisoit deux cent cinquante tours par minute, les radicules se portoient également au dehors de la circonférence, et les plumules vers le centre; mais en même temps celles-ci s'élevoient au-dessus du plan de la roue, et les radicules s'abaissoient au-dessous, de manière que l'axe de la

plante faisoit un angle de 10 degrés avec ce plan: lorsque le mouvement de la roue étoit plus lent, l'angle étoit plus ouvert. Ces expériences font voir que, si la pesanteur des graines qui germent est balancée par une force centrifuge, la direction des racines est dans le sens de la résultante des forces; d'où Knight et sir H. Davy concluent, avec assez de probabilité, que dans les circonstances ordinaires, où la pesanteur exerce librement son action sur les plantes qui se développent, c'est cette force qui détermine leur direction verticale. Sir H. Davy remarque qu'une conséquence de la direction verticale des racines, c'est que, sur un plan incliné, il ne peut pas croître un plus grand nombre de végétaux, au moins de ceux qui ont une racine pivotante, que sur la base de ce plan.

L'auteur attribue à la cohésion en général la permanence des formes végétales, et il regarde la cohésion des particules de l'eau, et leur affinité pour la substance vasculaire des plantes, comme la cause première de l'introduction de l'eau du sol dans les racines qui y végètent.

Les principaux effets de la pesanteur, de la cohésion et de l'affinité dans l'économie végétale, étant décrits, l'auteur parle de l'influence de la chaleur, de la lumière et de l'électricité. Le premier de ces agens dilate les corps: dans beaucoup de cas, il augmente la tendance qu'ils ont à s'unir entre eux; il facilite aussi l'ascension des liquides dans les tubes capillaires. La lumière favorise puissamment la production des substances sapides, colorées, odorantes, résineuses et huileuses; tout le monde sait combien les plantes qui croissent dans l'obscurité sont fades, pâles et aqueuses; enfin si l'influence de l'électricité est moins apparente que celle des agens précédens, il est impossible cependant de ne pas fa reconnoître: sir H. Davy cite des expériences d'après lesquelles des graines céréales électrisées positivement, se sont développées plutôt que des graines électrisées négativement.

Après avoir examiné les forces qui animent les corps, l'auteur envisage ceux-ci sous le rapport de leur composition; il en distingue de simples et de composés; il fait observer avec raison que les corps que nous regardons comme simples peuvent être réellement composés : mais, pour être fidèle aux principes universellement admis par les chimistes modernes, il faut s'arrêter aux résultats de l'expérience, et conséquemment regarder comme un élément, toute substance qu'on n'a pu réduire en plusieurs sortes de matières par les procédés actuels de l'analyse chimique. Sir H. Davy indique les propriétés principales des corps simples les plus répandues, et quelques-unes de leurs combi

naisons les plus remarquables; il donne en même temps le nombre proportionnel de chacun d'eux, c'est-à-dire, le nombre qui exprime en poids la proportion suivant laquelle les corps s'unissent pour former des composés définis, le poids de l'un des corps simples étant pris pour terme de comparaison: sir H. Davy a choisi l'hydrogène; il en exprime le poids par 1.

Tels sont les objets de la seconde leçon.

La suivante est consacrée à deux sujets distincts. Le premier se rapporte à la structure des végétaux, tant qu'on les considère comme formés de tiges, de feuilles, de fleurs et de semences, et que l'on considère ensuite chacune de ces parties comme formée d'un tissu cellulaire et d'un tissu vasculaire. Ce sujet est traité avec concision, parce qu'il est entièrement du ressort de l'anatomie et de la physiologie végétales; mais, avant de passer outre, nous citerons l'opinion de l'auteur sur la cause de la forme hexagonale du tissu cellulaire, si facile à apercevoir dans les plantes dont le tissu est lâche. Suivant lui, elle n'est que le simple résultat de l'action mutuelle des parties solides, de même que les alvéoles des abeilles doivent la symétrie de leur structure, non pas à l'art de l'architecte qui les a construits, mais à la seule pression que des cylindres ductiles ont exercée les uns sur les autres. M. Wollaston, qui a émis cette dernière opinion après Buffon, l'a établie sur ce que les alvéoles construits par des abeilles isolées sont cylindriques et non hexagonaux.

Le second sujet de cette leçon est des plus importans: mais, quoique sir H. Davy y ait donné une grande extension, nous pensons qu'il ne l'a pas traité de la manière la plus convenable; c'est ce qui nous engage à soumettre quelques réflexions à nos lecteurs.

Les végétaux sont formés d'oxigène, d'azote, de carbone, d'hydrogène, de chlore, de soufre, de phosphore, de silicium, d'aluminium, de magnesium, de calcium, de sodium, de potassium, de manganèse. et de fer. Mais dans aucune de leurs parties nous n'apercevons ces élémens à nu; tous forment des combinaisons binaires, ternaires ou quaternaires. Par la raison que ces combinaisons se présentent d'abord à notre observation, quand nous essayons d'analyser une plante par des moyens peu énergiques, tels que des dissolvans foibles, et même par des moyens absolument mécaniques, et en outre, qu'en comparant les propriétés des substances séparées à celles qui appartenoient à la plante avant qu'elle fût soumise à l'analyse, on peut se convaincre que ces substances ne sont pas de nouvelle formation, nous sommes ainsi conduits à reconnoître deux ordres de substances dans les végétaux:

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