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la langue latine. Nous ne pouvons faire bien connoître que par un exemple la méthode suivie par l'auteur.

« DEVOULOIR, verbe actif et neutre. Cesser de vouloir, avoir une volonté contraire. Ne vous, sire, n'estes mestre de votre service; et que chacun de nous cuide faire son prouffit en l'eschange, vous ne le devés desvouloir, ains vous doit plaire et le devés otroier. (Ass. de Jérus. c. 194.)

Mais amors me met en balance:

Quar ce que plus me fait doloir,

Me fait mon voloir desvoloir. (Amour et Jalousie, mss. de S.'-Germain.) Puisque la mère Dieu le veut

Ne le dois mie desvouloir. (Anc. Poëtes fr. ms. de la Clayette, in-4.o, fol. 798, col. r.)

-

Car ce que l'un vouloit une semaine, l'autre le dévouloit, et si vous montrerai la raison. (Froissart. Chron, vol. III, c. 95.) Je ne vouldroye ne n'oseroye desvouloir sa voulenté. (Perceforest, vol. VI, fol. 100, recto, col. 2. Voyez aussi Anc. Poëtes français avant 1300, ms. tom. IV, p. 1536.-Eustache Deschamps, Poés. manuscr. fol. 315, col. 4.) — Ménage prétend que ce fut Malherbe qui introduisit dans la langue le verbe dévouloir (voyez Observ. sur la langue franç. tom. I, c. 48). Cette opinion a été adoptée par Marmontel. Dévouloir, proposé par Malherbe, pour dire cesser de vouloir, dit l'illustre auteur de Bélisaire, n'a pas été reçu; mais que deux ou trois bons écrivains l'eussent adopté, il faisoit fortune et la langue y gagnoit un mot clair et précis. (Marmont. Elém. de littérat. Euvr. tom. X, p. 418.) Je dois observer que ce mot, comme on a pu le voir par les exemples rapportés plus haut, existoit dans notre langue bien antérieurement à Malherbe. Italien, isvolere [Mobili tutte et senza alcuna stabilità sono; in un' ora vogliono e isvogliono una medesima cosa ben mille volte. Boccac. Laberinto d'amore, 140]. »

Cette archéologie, quoique fort instructive, offrira pourtant une lecture agréable et variée. Les exemples et les observations y sont heureuseinent choisis. A ces divers titres, cet ouvrage se recommande à tous ceux qui veulent faire une étude approfondie du vocabulaire français : ils y reconnoîtront particulièrement que beaucoup de mots, réprouvés comme nouveaux, avoient plutôt le tort d'être trop anciens, et que le néologisme et l'archéologie, dans le sens que M. Pougens donne à ce dernier terme, se rapprochent ou quelquefois même se confondent. Quand Buffon se servit du mot intense, on s'en plaignit comme d'une nouveauté ; Jean de Meung avoit dit, plus de cinq cents ans auparavant :

Ceste bonté fut si intense,

Si communale et si extense

Par le monde généralment. (Testam. v. 1284.)

Nous attendrons le tome second de M. Pougens pour proposer... quelques considérations générales sur cet important travail, et sur l'espèce de néologisme qui consiste à reproduire des expressions vieillies.

DAUNOU.

NOTICE SUR UN RAPPORT DE M. DAVY, concernant les Expériences faites par ce Chimiste sur les Manuscrits d'Her

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AVANT de faire connoître les principaux résultats exposés dans le mémoire de M. Davy, je crois devoir rappeler quelques tentatives faites dans ces dernières années relativement au même objet, et dont il n'est point fait mention dans ce mémoire.

Celle de ces tentatives qui, d'après l'annonce favorable qu'en donnèrent les journaux allemands, et sur-tout d'après le specimen dont elle étoit accompagnée, sembloit promettre les plus heureux résultats, fut celle de M. Sickler. Appelé en Angleterre et invité à appliquer le procédé qu'il prétendoit avoir découvert, sur les manuscrits qu'on conserve à Londres, M. Sickler s'y livra à un travail qui ne paroît pas avoir répondu à l'attente qu'on en avoit conçue; du moins, depuis cette époque, a-t-on cessé d'entendre parler et de la découverte et même de l'auteur,

Ce fut postérieurement à ce malheureux essai, que deux savans anglais, M, le chevalier Tyrwhitt et M. le docteur Hayter, le dernier desquels avoit long-temps dirigé à Naples le déroulement des manuserits opéré suivant l'ancienne méthode, furent chargés par leur gouvernement de tenter un nouvel effort à Paris, et les manuscrits de l'Institut furent choisis pour cette expérience. Une commission de membres de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, composée de MM. Visconti, Boissonade et Raoul Rochette, fut nommée pour prendre part, ou plutôt pour assister à cette opération. Ces commissaires furent effectivement témoins d'un travail qui, au bout de si‹ mois, ne donna pour résultat que quelques parcelles détachées d'un papyrus réduit en charbon, et quelques mots, absolument sans suite et n'offrant aucun sens et aucune lumière sur le sujet même du manuscrit. Il paroît que ce sont les débris du manuscrit sur lequel M. Sickler

ла

avoit infructueusement travaillé, et ceux de cet autre manuscrit français communiqué, par l'obligeance du chevalier Tyrwhitt, à M. Davy, qui ont donné à celui-ci l'idée d'expériences nouvelles, tentées au moyen d'agens et de procédés chimiques. Effectivement, ce n'est que depuis très-peu de temps que les restes du manuscrit appartenant à l'Institut lui sont revenus, dans un état qui prouve qu'il a' subi beaucoup d'expériences; et quoique M. Davy se borne à dire qu'il tenoit de l'obligeance du chevalier Tyrwhitt le manuscrit sur lequel il a opéré, on peut présumer que c'est ce manuscrit qui lui a servi, comme aux commissaires de l'académie:

Quoi qu'il en soit, ce furent ces premières expériences essayées par M. Davy, et dont il rend compte dans la première section de son rapport, qui fui firent naître l'idée et concevoir l'espérance de dérouler tous les manuscrits d'Herculanum. En conséquence, M. Davy fat envoyé à Naples, où il passa deux hivers consécutifs, employant plusieurs personnes aux diverses opérations que lui suggéra l'examen des différens manuscrits, et dont le détail remplit la seconde section de son rapport.

Il ne m'appartient point d'exprimer d'opinion sur un mode d'expériences tout-à-fait étranger à mes connoissances; je ne puis, pour satisfaire la curiosité de nos lecteurs, qu'en exposer le résultat. Sur seize cent quatre-vingt-seize rouleaux manuscrits, originairement trouvés à Herculanum, et rédaits maintenant à douze cent soixante-cinq, par suite des travaux déjà entrepris et de présents faits à des gouvernemens étrangers, M. Davy assure qu'il n'en a trouvé, en janvier 1819, que quatre-vingts à cent vingt qui offrissent quelques chances de succès, ou du moins qui pussent servir à des expériences; et encore a-t-il re connu depuis que ce calcul étoit exagéré.'

M. Davy expose ensuite les différens caractères tirés de la couleur plus ou moins foncée, de la contexture plus ou moins compacte des manuscrits, et il décrit les opérations diverses qu'il a cru devoir suivre sur ces manuscrits, en raison de ces différens caractères. Je me borne à dire que la perte de la matière, occasionnée par le procédé chimique, varie de trente-huit à quarante-cinq, sur cent parties de papyrus:

C'est dans la troisième section de son rapport, que M. Davy a consigné plus particulièrement le résultat de ses travaux. Voici en résumé ce que contient à cet égard le mémoire de M. Davy.

Les manuscrits, couleur châtain-pâle, et dont le tissu est le plus lâche, tels que sont généralement les manuscrits provenant de Pompéi, offrent, au premier aspect, des caractères fort distincts, et paroissent former des colonnes complètes d'écriture; mais, dans le fait, le papyrus

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est tellement rempli de lacunes, que chaque ligne, dans son état actuel, se compose de lettres appartenant à différens feuillets, et ce n'est qu'après le déroulement, et à un examen attentif des colonnes d'écriture obtenues par ce procédé, qu'on reconnoît que les lettres en sont tirées de différens mots. Toutes les opérations tentées par M. Davy n'ont abouti qu'à lui procurer un petit nombre de caractères, I obtained enly a few characters, et jamais un mot entièr, and never an entire word; plus des cinq sixièmes du contenu disparoissoient dans toutes ces expériences, more than of their contents probably being always destroyed; si bien qu'il finit par déclarer désespérés, hopeless, des manuscrits de cette classe.

Deux manuscrits bruns de couleur et fermes dans leur contexture, dont les feuillets se détachoient et se dérouloient aisément, n'ont également offert aucun résultat, attendu que ces manuscrits étoient tellement pénétrés d'eau, qu'un très-petit nombre de feuillets contenoient encore des mots, et que le charbon qui entroit dans la composition des lettres, s'étant déposé sur les feuillets du manuscrit, ces lettres avoient presque entièrement cessé d'être visibles.

Des manuscrits noirs, dont les feuillets sont intacts et facilement séparés, il ne reste plus maintenant que des fragmens, parce que les meilleurs manuscrits de cette classe ont été déjà déroulés, c'est-à-dire, détruits, de sorte que l'on peut à peine, d'après ces fragmens si mutilés, se former une idée de ce que contenoit originairement le manuscrit auquel ils appartenoient.

Enfin les manuscrits noirs et compactes, qui forment la quatrième catégorie de M. Davy, ont résisté presque en totalité aux diverses expériences qu'il a imaginées pour en effectuer le déroulement, attendu que les fibres du papyrus se trouvent si fortement cimentées ensemble, so firmly cemented together, et pénétrées d'une telle quantité de matière terreuse, and so much earthy matter had penetrated them, qu'on n'en peut obtenir qu'une séparation très-imparfaite, et quelques vestiges de leures tout-à-fait insuffisans pour former des phrases.

M. Davy termine cette partie de son rapport en disant que, pendant deux mois qu'il a passés à Naples, continuellement occupé de cette opération, il a déroulé vingt trois manuscrits et en a examiné cent vingt autres. Il se plaint ensuite des difficultés que la mauvaise volonté des gardes du musée a opposées à la continuation de ses expériences, et qui l'ont enfin obligé de les abandonner. Mais il est difficile, à n'examiner que les résultats mêmes du travail de M. Davy, tels qu'ils sont consignés dans son rapport et que je viens de les rapporter, de ressentir

bien vivement les regrets qu'il exprime, puisque, de son propre aveu, le déroulement total ou partiel de cent quarante-trois manuscrits, n'a pas produit une seule phrase complète et intelligible; c'est ce que les facsimile gravés à la suite du rapport montrent d'une manière indubitable.

La quatrième et dernière section de ce rapport renferme, sous le titre d'observations générales, quelques aperçus sur l'état des manuscrits grecs et latins trouvés à Herculanum, qui ne m'ont semblé ni bien neufs, ni bien importans. Je terminerai cet examen rapide du travail de M. Davy, en répétant qu'il n'en résulte, pour la connoissance et la lecture des manuscrits d'Herculanum, rien de plus satisfaisant que tout ce qui a été jusqu'ici si vainement tenté.

RAOUL-ROCHETTE.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE,

ON vient d'achever la publication des Métamorphoses d'Ovide, traduction nouvelle, avec le texte latin, suivie de l'explication des fables, de notes géographiques, historiques, mythologiques, critiques, &c.; par M. G. T. Villenave, membre de plusieurs sociétés littéraires; 24 livraisons, 4 vol. in-4.° ou in-8., imprimés par M. Didot l'aîné, ornés de 144 gravures, d'après les dessins de MM. Moreau jeune, Lebarbier, Monsiau, Duvivier, Chasselat, &c. M. Ginguené, en annonçant le tome I.er en 1805, s'exprimoit en ces termes : « Cette » traduction a plus d'un mérite; elle a celui d'être exacte, et de ne laisser >> aucune obscurité sur le sens de l'auteur, de le rendre en fort bon langage, et >> d'offrir en général, ce qui est très-difficile et très-rare, une lecture suivie, où » le goût le plus sévère ne trouve, ni dans les mots, ni dans les phrases, rien qui » puisse le blesser. Les gravures sont exécutées avec soin; elles forment une » suite très-intéressante, et leur exécution répond à l'esprit qui paroît diriger toutes les parties de cette édition. Le texte et la traduction, placés en regard, » sont parfaitement imprimés et soutiennent la réputation des presses de » M. Didot l'aîné. Une pareille entreprise mérite, sous tous les rapports, des » éloges et des encouragemens.» Le prix de chaque volume varie, selon les conditions des exemplaires, depuis 8 francs jusqu'à 40. On a tiré trois exemplaires sur peau de vélin, à l'un desquels seront joints les dessins originaux. Le prix de ces exemplaires sera de 1000 francs. Le quatrième volume est terminé par une table des matières. L'ouvrage se vend à Paris chez l'éditeur, rue de la Monnoie, n.o 26, M. Klein; Belin, imprimeur-libraire, rue des MathurinsSorbonne, hôtel Cluny; Arthus Bertrand, I braire, rue Hautefeuille, n.o 23; Treuttelet Würtz, rue de Bourbon, n.o 17; Ponce, graveur, impasse des Feuillantines, n.o 1o. On trouve aux mêmes adresses la Vie d'Ovide, contenant des

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