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Pour revenir aux machines, il s'agit de savoir si un plus grand développement des causes de prospérité, et leur application à certaines branches d'industrie, ne pourroient pas les rendre nuisibles à l'intérêt général. M. Paris examine cette question, qu'il développe dans huit articles, où il établit des discussions pour éclaircir la matière. Nous ne nous occuperons pas de ces discussions, qu'il est bon de lire dans l'ouvrage; nous nous bornerons aux résultats et aux axiomes sur lesquels est fondée l'utilité des machines, même dans les cas où leur emploi pourroit paroître susceptible de quelque limitation.

La production est la source de la richesse.

Plus on facilite la production, soit par la division du travail, soit par l'emploi d'agens physiques, mécaniques et chimiques, et plus on obtient de services productifs.

Plus on obtient de produits pour une même quantité de services productifs, plus ils reviennent à bon compte ; plus on en crée et consomme, et plus le producteur gagne; plus le consommateur économise, et plus l'un et l'autre ils forment et accumulent de capitaux.

Plus les individus accumulent de capitaux, plus la nation s'enrichit. Plus la nation s'enrichit, plus sa population s'accroît, et réciproque

ment.

Plus sa richesse et sa population s'accroissent, plus elle se civilise et s'éclaire.

Enfin, plus cette nation se civilise et s'éclaire, plus elle devient libre, morale, heureuse et puissante.

M. Paris croit qu'au point où en sont les lumières, toutes les nations parcourront la progression indiquée par les assertions précédentes. Chaque état avancera en proportion de ce que le climat, la position topographique, sa population, la paix ou la guerre, et particulièrement les institutions politiques et religieuses, favoriseront ou contrarieront les progrès de son industrie. A cette occasion, il parle des avantages de la situation de la France, qui, par le grand essor qu'elle a pris relativement à l'industrie, s'est placée entre la Hollande et l'Angleterre.

L'auteur répond ensuite à des objections qu'il s'attend bien qu'on pourroit lui faire. En voici une à laquelle nous nous arrêterons. La multiplicité des manufactures, dira-t-on, bien que l'établissement des machines, pour celles qui en emploient, réduise de beaucoup le nombre des bras, prive l'agriculture d'une grande quantité d'individus, qui préfèrent ce genre de travaux, moins pénibles et plus lucratifs. M. Paris répond que, dans un état vaste et populeux, les intérêts de l'agriculture, de l'industrie et du commerce se confondent. Il ajoute : « On peut comparer

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» l'industrie générale à une plante, dont l'industrie agricole est la racine, » et les industries manufacturières et commerciales, les tiges. Si la racine » souffre, les tiges languissent; si les tiges sont malades, la racine, à » qui la circulation ne ramène plus qu'une sève appauvrie, dépérit. La » plante ne prospère que lorsque, toutes ses parties jouissant d'une égale vigueur, la sève fournie en abondance par la racine circule et s'éla» bore librement dans les tiges, qu'elle alimente et grossit, et redescend » en partie dans la racine pour la fortifier. Cet organe, devenu plus » robuste, remplit ses fonctions avec une nouvelle énergie, transmet » plus d'alimens aux tiges, qui lui rendent à leur tour plus de sucs » élaborés; échange de services qui ne s'arrête qu'au terme désigné par » la nature. » Il prétend «qu'en France, c'est l'agriculture nationale » qui presque seule alimente les arts, et, avec leur aide, le commerce, » et que la somme des importations est peu de chose, en comparaison » de la consommation; elle est d'ailleurs à-peu-près compensée par » les exportations; » d'où il conclut que les arts ne peuvent prospérer sans que l'agriculture partage leur prospérité. D'ailleurs, lorsque l'industrie fleurit par suite de l'emploi des machines ou d'autres moyens économiques de produire, on demande à l'agriculture plus de denrées, ce qui fait élever leur prix; celui des produits fabriqués diminue; de sorte que l'agriculteur vend plus cher ses récoltes et achète à meilleur

marché.

Pour venger la mécanique et la chimie du reproche qu'on lui a fait d'avoir moins aidé l'agriculture que les arts, M. Paris rappelle les découvertes auxquelles elles ont contribué à son avantage; telles sont les usines rurales, les anciens instrumens d'agriculture perfectionnés, et de nouveaux inventés, l'épuration des huiles de graines, leur emploi dans le savon, la conversion de la pomme de terre en alcool, ses préparations, les améliorations dans l'art de faire du vin, la fabrication du sucre de betteraves, de l'indigo de pastel, le perfectionnement de la teinture en garance, la carbonisation du bois en vase clos, la distillation du vinaigre pyro - ligneux, &c. &c.

Nous ne suivrons pas plus loin l'examen de cet ouvrage, dont la fin ne contient qu'une suite de réflexions et de conséquences déduites des principes établis précédemment. Nous pensons que l'auteur a bien saisi la question proposée par la société d'agriculture, commerce et arts du département de la Marne, qui lui a accordé le prix. On n'est point étonné qu'un tel sujet ait été adopté par cette société, qui possède, dans le chef-lieu de son département (Châlons-sur-Marne), une école intéressante pour les arts et métiers, où de pauvres enfans, en apprenant à

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TESSIER.

construire et à employer des machines, sont mis en état de gagner, leur vie et de perfectionner les arts.

SUPPLÉMENT à l'explication de l'Inscription grecque gravée sur le socle d'un obelisque égyptien trouvé dans l'île de Philé.

EN expliquant l'inscription de l'obélisque de Philé (1), j'avais établi comme certain que la copie de M. Cailliaud devoit représenter la même inscription que celle dont M. Belzoni a parlé dans son Voyage. Je ne m'étois pas trompé ; l'académie royale des belles-lettres vient de recevoir de M. W. J. Bankes un exemplaire de la copie qu'il a prise, le 10 oc tobre 1815, de l'inscription gravée sur le piédestal découvert et déblayé par ce savant voyageur; c'est la même que celle que M. Cailliaud avoit recueillie. A la copie de M. Bankes est jointe une gravure trèssoignée des hiéroglyphes inscrits sur les quatre faces de l'obélisque.

Comme cette inscription est d'une assez haute importance, il n'est pas inutile de faire connoître les observations auxquelles peut donner lieu l'examen comparé des deux textes.

La copie de M. Bankes n'offre aucune des fautes que j'ai corrigées dans l'autre ; et le texte qu'elle présente est, à peu de chose près, comme on va le voir, tel que je l'ai donné.

Ligne 7. La copie de M. Cailliaud porte ПPAIMATIKOI, j'ai lu ayani: celle de M. Bankes donne IPAMMATIKOI; mais je ne crains pas de dire que la leçon de M. Cailliaud est plus près de l'original, et d'assurer que l'on trouvera sur la pierre même le mot

ΠΡΑΓΜΑΤΙΚΟΙ.

Ligne 9. Elle est bien telle que M. Cailliaud l'a donnée; le mot maquias s'y trouve en toutes lettres, ainsi que & éxóvlas; ainsi j'ai eu raison de ne rien changer à ces deux leçons. La seconde, suffisamment autorisée déjà par les exemples que j'ai cités à l'appui, est confirmée par d'autres passages rassemblés dans la belle édition d'Aristenète, que M. Boissonade fait imprimer en ce moment. Ce savant critique m'a donné connoissance d'une scholie de Lucien qui lève tous les doutes qu'on pouvoit conserver sur la leçon guias, et confirme la conjecture

(1) Cahier de novembre 1822. J'ai fait tirer cet article à part, en y ajoutant Tout ce que j'en avois retranché pour ne pas excéder les bornes d'un article de Journal.

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que j'avois émise sur le sens de cette locution insolite. La scholie est ainsi conque: προσόδους, εἰσφορὰς ἢ ΠΑΡΟΥΣΙΑΣ (1); ce mot signife donc contributions, levée d'argent; ainsi les prêtres de Philé se plaignent de ce qu'on exige d'eux des contributions dont ils devoient être exempts. Ligne 10. Ma correction de cette ligne est pleinement confirmée. Ligne rr. La faute ΚΙΔΥΝΕΥΕΙΝ pour κινδυνεύειν, existe dans les deux copies; elle appartient sans doute à celui qui a gravé l'inscription sur le granit.

Ligne 14. Elle est complète et se termine par les lettres ZYTTENEΚΑΙ ΕΠΙΣΤΟ; la suivante commence par AOгPANI, conformément à la restitution : ΣΥΓΓΕΝΕ pour ΣΥΓΓENEI est encore une faute qui doit exister sur la pierre, puisque les deux copies la reproduisent.

Une courte inscription, que M. Gau vient de me faire connoître, confirme également ma conjecture sur le sens du mot Evglevns, parent, qui, sous les Ptolémées et les Séleucides, désignoit une certaine classe de dignitaires. Cette inscription, gravée sur le propylon du temple de Philé, porte:

ΘΕΟΔΩΡΟΣ 4. ΟΔΩΙΟΥ

ΤΩΝ ΣΥΓΓΕΝΩΙ ΚΩ
ΠΡΟΣ ΤΗΝ ΚΥ . 1/ 17 ΙΣΙ
ЛЕ

Ce qu'il faut lire Θεόδωρος [Δε]οδώρου των συγγενῶν ἥ]κω πρὸς τὴν κυρίαν ἴσιν Dear] μ[is], ou bien m] [vious]. « Théodore, fils de Diodore, un » des parens, est venu adorer la maîtresse Isis, déesse très-grande, ou » déesse de Philé. » Le mot ZugЛeves, employé ainsi absolument, ne Jaisse aucun doute sur le sens que je lui ai donné. Un autre fragment d'inscription, qui m'a été communiqué, porte

ΣΚΥΝΗ· Α ΠΑΝΙΣ

ΓΓΕΝΟΥΣ ΚΑΙ ΣΤ

La première ligne peut être το προσκύνημα Πανισκίωνος; le nom Πανισκίων existe dans une autre inscription de Philé; mais la seconde est nécessairement vers spazo, comme nous lisons dans l'inscription de l'obélisque, Lochus, parent et stratége.

Ligne 17. Il y a MHAENI sur la pierre, au lieu de undev. J'avois conjecturé qu'il en devoit être ainsi (1).

Ligne 18. Cette ligne finit avec les mots EN OI; le vide qu'avoit laissé M. Cailliaud n'existe point; ainsi il n'y a pas de place pour le

(1) Schol. ad Lucian. 1 Phalarid, 3.- (2) Pag. 37 de mon article tiré à part.

KAI que nous y avions inséré: en effet, le sens n'exige pas impérieusement cette particule.

Ligne 2r. Le texte porte ΥΠΑΡΧΕΙ ΠΑΡΑΥΤΗΙΕΙΣ, celui de M. Cailliaud donne...

ΠΑΡΑΥΤΗΙΚΕΙΣ.

J'avois lu mag' aums: d'après la copie de M. Bankes, ce seroit mag' aur qu'il faudroit lire; cette leçon est très-bonne et ne change rien au sens que j'ai suivi, pas plus que les autres variantes que je viens d'indiquer.

La planche sur laquelle M. Bankes a fait graver l'inscription du socle, porte une autre inscription qui se rattache au sens de la première, et qui confirme mes conjectures sur le sens de la requête des prêtres de Philé. : J'avois dit que le fait seul de l'existence de la requête, sur un monument public, attestoit que les prêtres de Philé avoient réussi dans leur demande, et j'avois prouvé qu'Evergète II, comme ses prédécesseurs, avoit dû protéger la religion égyptienne.

Or, M. Bankes a découvert, sur le listel de la corniche de la porte intérieure du pronaos, dans le plus petit temple de Philé, l'inscription suivante :

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ΒΑΣΙΛΕΥΣΠΤΟΛΕΜΑΙΟΣ ΚΑΙ ΒΑΣΙΛΙΣΣΑ ΚΛΕΟΠΑΤΡΑ ΑΔΕΛΦΗΚΑΙ

ΒΑΣΙΛΙΣΣΑ ΚΛΕΟΠΑΤΡΑΗΓΥΝΗΘΕΟΙΕΥΕΡΓΕΤΑΙ ΑΦΡΟΔΙΤΗΙ.

« Le roi Ptolémée et la reine Cléopâtre, sa sœur, et la reine Cléopâtre, » sa femme, dieux Évergètes, à Vénus.

Il est évidemment question ici du même prince que dans l'inscription du socle, c'est-à-dire, d'Évergète second et des deux Cléopâtres, dont l'une étoit sa sœur et sa femme répudiée, l'autre étoit sa nièce et sa femme. J'ai fait voir que cette indication des deux reines annonce une époque postérieure au retour de ce prince, qui revint occuper le trône en l'année 126 avant notre ère : il mourut en 118-117, en conséquence, la date de la requête doit être renfermée entre les années 126 et 117 avant notre ère. La dédicace à Vénus est évidemment de la même époque; et l'on peut présumer avec beaucoup de vraisemblance qu'elle se rapporte au même événement.

M. Bankes n'a désigné la place qu'elle occupe qu'en disant: Sur le listel de la porte, en dedans du portique (ou pronaos) du plus petit temple à Philé. Or, il est difficile de se méprendre sur l'édifice indiqué dans cette note; car il n'y a que cinq édifices à Philé qui puissent être qualifiés temples: ce sont, 1.° le grand temple d'Isis; 2.° le petit, situé à l'ouest; 3. un autre, périptère et sans distribution intérieure ; 4.° ce que les savans français ont appelé le temple de l'est, qui n'est qu'une

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