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VI. et VII. Comme ces romances ont été composées en divers temps et par différens auteurs, celles qui sont placées sous les n.“ VI et VII, racontent autrement la défaite de Florinde. J'aurois aimé à traduire la VII. en entier. Florinde, qui résiste encore au roi, lui adresse ces paroles touchantes :

Mientras por vos vieste sangre
Defendiendo vuestros reynos,
En otra batalla infame
La suya estays ofendiendo.

El pelea con los Moros,
Yo con christianos peleo;
Aunque ya mas pareceys

Vos Moro, y christianos ellos.

« Tandis que mon père, défendant vos royaumes, prodigue pour » vous son sang, vous, par une entreprise infame, vous attaquez son » honneur.

» Il combat contre les Maures; moi, je suis attaquée par les chrétiens. » Aussi à mes yeux les Maures sont des chrétiens; et vous, vous n'êtes » qu'un vil Maure. »

VIII. Florinde exprime ses plaintes et son désespoir.

IX. Le comte Julien arrive; outré de colère et d'indignation, il médite une horrible vengeance. Il excuse à ses propres yeux le projet coupable de perdre l'Espagne entière, en s'écriant:

Que rey tirano e aleve

Vassalos traydores cria.

« Ce sont les rois tyrans qui font les sujets traîtres. »

Il décide donc que Rodrigue doit perdre l'honneur, le sceptre et la vie.

La romance est terminée par cette strophe:

Esto el conde don Julian
Legendo un papel, dezia,
Que recibió de la Cava,
Contandole sus desdichas.

Y obligada toda España
Por el gusto de Rodrigo.
Si dizen quien de los dos
La mayor culpa ha tenido:
Digan los hombres, LA CAVA,
Y las mugeres, RODRIGO.

« C'est ainsi que s'exprimoit le comte Julien, en tenant les yeux fixés » sur la lettre par laquelle sa fille l'instruisit de son malheur. >>

X. C'est une sorte d'ode adressée à Rodrigue pour lui reprocher ses

torts.

XI. Rodrigue a combattu contre les Maures; il est vaincu, il fuit, et s'écrie: « Hier j'étois roi de toute l'Espagne, aujourd'hui je ne suis pas » roi d'un seul hameau; hier j'avois des villes et des châteaux, aujour» d'hui il ne me reste rien; hier j'avois des serviteurs, aujourd'hui je » suis abandonné. »

Il termine ses plaintes en invoquant la mort.

XII. Un officier, confident du roi, annonce à la reine la perte de la bataille: la reine s'évanouit de douleur; reprenant ensuite ses sens, elle raconte le songe qui lui a prédit ses malheurs, et court se cacher dans les montagnes des Amerias.

XIII. Rodrigue fugitif, après la bataille de Xérès, déplore son sort, se reproche son crime, et dit entre autres choses:

Amada enemiga mia,

De España segunda Elena;

O si yo naciera ciego,

O tu sin beldad nacieras!

« Oma chère ennemie, nouvelle Hélène pour l'Espagne, que ne » suis-je né sans yeux, ou que ne naquis-tu sans beauté! »

Et il s'écrie enfin: « Adieu Espagne, que l'étranger subjugue!»> XIV. Errant dans les montagnes, il rencontre un berger, et le prie de lui indiquer un hameau, une chaumière pour se reposer. Le berger répond qu'il n'y a, dans les lieux d'alentour, qu'un hermitage. Rodrigue espère y cacher sa vie : il accepte du berger un peu de nourriture.

El pan era muy moreno;

Al rey muy mal le sabia:
Las lagrimas se le salen,
Detener no las podia,
Acordandose en su tiempo
Los manjares que comia.

« Le pain étoit noir; il fut amer pour le roi: il versa des larmes qu'il >> ne pouvoit retenir, lorsqu'il songeoit aux festins qu'on lui servoit » dans son palais. »

XV. et XVI. Rodrigue s'accuse devant Dieu, se repent, et arrive chez l'hermite dont le berger lui a indiqué la demeure. « Je suis, lui

» dit-il, l'infortuné Rodrigue, qui hier étoit roi ; je veux faire péni»tence. » Le saint homme l'accueille avec bonté, l'encourage, lui promet le pardon du ciel, et lui déclare qu'en expiation de son crime, il doit être renfermé dans un tombeau avec une couleuvre vivante. Rodrigue se soumet. Trois jours après l'hermite le visite, la couleuvre ne l'avoit pas encore attaqué. Le lendemain l'hermite revint; Rodrigue répondit que la couleuvre le dévoroit, et qu'il en recevoit le genre de punition qui convenoit à son crime.

Come me ya por la parte

Que todo la merecia,
Por donde fue el principio

De la muy grande desdicha.

L'hermite l'encourage; Rodrigue supporte avec constance la douleur et la mort, et son ame va droit au ciel.

XVII. Pendant que la couleuvre dévoroit le roi, il avoit exprimé ses sentimens:

La voz de mi deshonor

Sera eterna para siempre,
Y ten me fama por malo
Como otros por buenos tiene.
Si la fama, y la memoria,
Y el mundo enmudeciesse,
Cegassen los coronistas
Par que esto no escriviessen.

Ha, si el vivir se acabasse,
Ha, si la muerte viniesse!
Mas creo que soy tan malo,

Que aun la muerte no me quiere.

« Le bruit de mon déshonneur sera éternel; et la renommée, qui proclame les noms des gens de bien, proclamera mon nom comme » celui d'un criminel.

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» Oh! si la renommée, les souvenirs et le monde entier pouvoient » se taire, l'histoire ne transmettroit pas les récits qui m'accuseront.

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» Du moins, si je pouvois mourir enfin, si l'instant fatal arrivoit! mais » je crois que je suis tellement en horreur, que la mort même me >> rejette. »

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XVIII. Le comte Julien paroît, pour livrer aux Maures la place de Carmone, ce qui consomme la perte entière de l'Espagne.

Pour compléter cette suite de tableaux poétiques, l'éditeur a placé dans

les notes la belle ode de Frai Luis de Léon, intitulée LA PROPHECIA DEL TAJO.

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« Le roi Rodrigue reposoit, sans témoins, à côté de la belle CAVA, » sur les bords du Tage; tout-à-coup le feuve lève la tête et parle de » la sorte au roi:

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Coupable ravisseur, tu choisis un funeste moment pour goûter » les plaisirs de l'amour; j'entends le cri des guerriers, le bruit des » armes et le rugissement de Mars que la colère et la fureur accom>>pagnent.

» Ah! ce plaisir d'un instant que tu savoures, combien coûtera-t-il » de larmes! et cette beauté, née en un jour de malheur, combien de » maux elle causera à l'Espagne! Quels revers, quelle perte pour l'empire des Goths!

» Ce sont les gémissemens, les douleurs, les guerres, la mort, » l'incendie, les maux les plus cruels, que tu serres maintenant dans tes » bras ; c'est ton infortune éternelle et celle de tes sujets (1). »

Dans les strophes suivantes, le fleuve annonce l'arrivée du comte Julien et des Maures, leurs succès; et l'ode est terminée par cette strophe:

« Pendant cinq jours, Mars furieux tint la victoire incertaine entre

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les deux armées; et le sixième, hélas! tu fus condamnée, ô chère patrie, au joug des barbares (1)! »

Ce recueil très-intéressant sera recherché par les amateurs de la littérature espagnole; et si, comme j'aime à l'augurer, il s'en fait une nouvelle édition, j'invite l'éditeur à indiquer au bas de chaque romance l'ouvrage d'où elle a été tirée, et à faciliter ainsi les recherches des personnes qui voudroient ou les vérifier ou les traduire.

J'aurai bientôt occasion de parler d'une traduction que M. Abel Hugo a faite en prose des romances historiques espagnoles.

RAYNOUARD.

in three

A DICTIONARY OF THE CHINESE LANGUAGE, parts, &c.; by R. Morrison, D. D.: vol. I, n.o 1v. Macao, 1820, in-4.°

UNE nouvelle livraison du grand dictionnaire chinois-anglais, que le révérend Morrison publie à Macao, est arrivée cette année en Europe. Cette livraison, qui contient trois cent soixante-dix pages grand in-4.o, complète le tome I." de la première partie, c'est-à-dire, de celle où les caractères chinois sont arrangés suivant l'ordre des deux cent quatorze radicaux, vulgairement appelés clefs, et elle s'étend jusqu'au quarantième inclusivement. On voit par-là que cinq volumes suffiront pour contenir toute cette première partie. Mais l'auteur annonce l'intention de publier à l'avenir la suite de cet important ouvrage par volumes entiers, et non plus par cahiers. Il se propose aussi d'interrompre encore une fois l'impression de la première partie, et de donner prochainement la troisième, qui se composera d'un dictionnaire anglais-chinois. Enfin il déclare qu'il est redevable à MM. Klaproth et Montucci, ainsi qu'à un autre homme de lettres, d'observations critiques auxquelles il a accordé l'attention qu'elles méritoient. Cette magnifique entreprise, le système d'après lequel elle est conçue, et la manière dont elle est exécutée, ont déjà été, dans ce Journal, f'objet d'une suite d'articles (2) où nous avons

(1)

El furibundo Marte

Cinco luces las hazes desordena

Igual a cada parte;

La sexta, ay! te condena

O cara patria, á barbara cadena.

(a) Voyez nos cahiers de juin et d'août 1817, et de juillet 1821.

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