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être, à l'élever à tout ce qu'il y a de plus épuré dans la sensation et de plus sublime dans la pensée, que M. Massias arrive à sa conclusion, dont voici le résumé. Chaque être organisé possède en lui ce qui le fait être et rester ce qu'il est. Ses facultés, par une action infaillible, le poussent vers sa fin, et constituent l'instinct. Nos sentimens sont innés et leurs résultats directs sont invariables et nécessaires. L'amour de soimême est inséparable de toute créature; la justice, la pitié, la bienveillance, sont une portion de cet amour. Non moins que nos appétits, nos besoins intellectuels ont leur direction naturelle, qui enrichit l'esprit d'idées vraies et solides, et fournit la matière de belles et vastes combinaisons. C'est dans l'ordre moral sur-tout qu'il importe de suivre les directions originelles ; tout ce qu'elles prescrivent est sage et nécessaire. L'homme, après des milliers d'expériences, est obligé de reconnoître que la fin de cette vie n'est pas le bonheur, mais la vertu.

Je ne sais si l'extrait qu'on vient de lire donne l'idée d'un ouvrage bien méthodique et convenablement rédigé. Peut-être cette idée primitive d'action et de réaction, qui a complètement séduit l'auteur, et à laquelle il a tout ramené par des divisions et des classemens qui rappellent les distributions artificielles du moyen âge, pourra-t-elle lui faire tort dans l'esprit de ceux qui aiment par dessus tout les idées claires, et qui se défient des expressions énigmatiques, et de cette subtilité scolastique, qui consiste à présenter une opposition symétrique d'expressions comme une comparaison d'idées. Peut-être enfin le style de l'auteur, trop haché, trop inégal, et certaines formules de définitions qui reviennent trop souvent dans son livre, préviendront-ils contre lui les lecteurs superficiels. Tout cela n'empêchera pas de reconnoître dans ce livre une assez grande variété de connoissances, un grand fond de réflexions, beaucoup d'aperçus ingénieux ou solides, des vues saines, des conseils excellens et les plus pures intentions. Nous sommes bien trompés si ce n'en est pas assez pour dire qu'il a fait un ouvrage utile. J. P. ABEL-RÉMUSAT.

NOTE sur deux Inscriptions de la statue de Memnon, et sur celle du Nilomètre d'Éléphantine.

On sait que les jambes et les pieds du colosse de Memnon, à Thèbes, portent un assez grand nombre d'inscriptions grecques et latines, tracées par d'anciens voyageurs qui, étant venus visiter cette fameuse statue, voulurent attester qu'ils avoient entendu sa voix au lever du

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soleil. Ces inscriptions, dont quelques-unes sont intéressantes sous plusieurs rapports, ont été recueillies presque toutes par Pococke; et ses copies, où le texte est par-tout singulièrement défiguré, ont exercé plusieurs savans critiques, tels que d'Orville, Bouhier, Hagenbuch, Jablonsky, M. Jacobs, &c. M. Hamilton en a copié plusieurs que Pococke avoit négligées. Parmi les membres de la commission d'Égypte, M. Coquebert les avoit, dit-on, copiées en grande partie : malheureusement ses papiers ont été perdus. Aussi toutes celles qu'on trouve dans la Description de Thèbes ont été tirées du recueil de Pococke; il faut en excepter cinq, recueillies par M. Girard; le commencement de l'une d'entre elles a été parfaitement restauré par M. Boissonade (1). Dans le nombre de celles qui ne me paroissent pas avoir été entendues, j'en distingue deux qui peuvent offrir quelque intérêt; l'une, parce qu'on en a voulu tirer des conséquences relatives à l'édifice appelé Memnonium; l'autre, parce qu'elle montre qu'à une époque assez tardive, le fameux colosse rendoit encore des sons.

§. I. La première est ainsi conçue dans la copie de Pococke (2):

ΚΟΥΝΤΙ...

NEWKOPOCTO

САРАПІДОСТ

CEITOY MEMNONA

.ZA. PIANO.

Il est assez difficile de rien tirer d'un fragment mutilé à ce point. Les auteurs de la Description de Thèbes proposent de lire NEWKOPOC TOY ΣΑΡΑΠΙΔΟΣ ΚΑΙ ΤΟΥ ΜΕΜΝΟΝΟΣ; et ils concluent de cette restitution qu'il y avoit un temple de Sérapis dans le Memnonium de Thèbes (3). Cette conclusion, qui n'est pas sans importance, tombe avec la restitution, laquelle n'est réellement pas soutenable; car que deviennent les lettres CEITOY! et pourquoi change-t-on MEMNONA en MEMNONOC! M. Hamilton (4) en a donné une autre copie un peu plus complète que voici :

NEWKOPOC TO

САРАПІДОСТ

CEITOY MENONAI

MEMNONOCWPA

...ΑΔΡΙΑΝΟΥ...

(1) Comment. palæogr. in inscript. Act., ad calcem epist. Holsten. p. 446. (2) Dans la Descr. de Thèbes, p. 110, on a oublié la première ligne, et de CEITOY on a fait KAI TOY. (3) La même, p. 96.- (4) Ægyptiaca, p. 173.

Avec le petit nombre d'élémens nouveaux que fournit cette copie, on peut proposer une restitution certaine; remarquons en effet que les lettres CEITOY, qui commencent la troisième ligne, sont évidemment la fin d'un mot; or, ce mot ne peut être qu'une épithète de Sérapis ; indication précieuse qui nous avertit que les lignes précédentes ne sont point complètes; d'une autre part, les lettres MEN@NAI cessent d'avoir le moindre rapport avec Memnon, puisque MEMNONOC est à la ligne suivante; enfin ce génitif dépend nécessairement d'un verbe qui terminoit la ligne précédente: d'après cette analyse, qui repose sur des indications certaines, je lis sans hésiter:

KOINTIOC...

NEWKOPOC TO[Y MEгAAOY]
ΑΡΑΠΙΔΟΣ ΤΟΥ ΜΕΜ]
ΦΕΙΤΟΥ ΜΕΝΟΝ Α[ΚΟΥω]
MEMNONOC WPA[1...ETOYC]
Z AAPIANOY [tel mois, tel jour].

Moi, Quintius...

néocore

du grand Sérapis le Memphitique, après avoir attendu quelque temps, j'entends la voix de Memnon, à la .... heure du jour, la septième année d'Adrien, le . . du mois de... L'addition μjáλ, à la fin de la première ligne, n'est point douteuse; on trouve souvent A Hai μszády Zapámer (1); et sur plusieurs inscriptions, on lit News μezáno zapámdos (2). Quant à l'épithète

Meurs, je n'en doute pas davantage; rien de plus commun que la confusion du C avec l'o, et de celle de o avec, dans les copies d'inscriptions; en sorte que CEITOY ne peut provenir que de ЄITOY, ΦΕΙΤΟΥ, Le Serapeum de Memphis étoit célèbre (3), et regardé comme le plus ancien de l'Égypte (4). Nous trouvons sur des monumens já Zapáme ta cv Kavá6 (5); il est donc très-vraisemblable que le Sérapis de Memphis étoit désigné par les mots à à Méuper, ou bien o MuqimHS; car Eustathe appelle ce dieu Ζεὺς Μεμφίτης (6).

Le participe μévæv pour μeivas est analogue à ce qu'on trouve dans une autre inscription du colosse, ou les mots ἀναπλέων et καταπλέων ont le sens de αναπλεύσας, καταπλεύσας (7). Plusieurs autres inscriptions présentent ainsi l'énoncé d'une circonstance semblable: tantôt le voyageur a été obligé de revenir un autre jour, parce que le colosse s'est obstiné à garder le silence; tantôt il a été forcé d'attendre qu'il plût à Memnon de saluer sa mère.

Les deux lettres AI sont de toute nécessité le commencement du

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(1) Spon. Misc. erudit. p. 329. Vandal. Dissert. p. 300-302. — (2) Spon. p. 340-362. Reines. 1, 199. Gudius, CV, 7.-(3) Strab. XVII, p. 807. (4) Pausan. 1, 42. Eustath. ad Dion. Perieg. v. 255. — (5) Hamilton. Ægypt. p. 405.-(6) Loco citato. - (7) Hamilton. Egypt. p. 173.

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mot xava; en pareil cas on employoit indifféremment le présent ou le passé; ainsi : PETRONIVS. BALBVS. PRAEF, aeg. avdio. MEMNONEM (1); ailleurs AVDIT MEMNONEM (2): on peut citer encore celte inscription recueillie par M. Girard et M. Hamilton.

λ. INSSV LIVS. TENAX. PRIMIPILARIS, LEG. XII. PVLMINAL. ET. VALERIVS. PRISCVS. λ. LEG. XXII. ET. L. OVINTIVS. VIATOR. DECVRIO, AVDIMVS. MEMNONEM. ANNO. XI. NERONIS. IMP. XVII. KAL.

Selon les auteurs de la Description de Thèbes (3), cette inscription latine atteste que Julius Tenax, PULMINAL, Valerius Priscus et L. Ovintius, ont entendu Memnon. Je crois que jamais aucun Romain ne s'est appelé Pulminal; il faut lire sans aucun doute FVLMINAT., commencement du mot Fulminatricis ; c'est, comme on sait, l'épithète caractéristique de la XII. légion (4): OVINTIVS est très-probablement QVINTIVS, et λ. INSSVLIVs doit se lire A, INSTVLEIVs, comme dans la copie de M. Hamilton.

La troisième ligne se termine par l'indication de l'heure à laquelle le personnage a entendu le miracle: ce peut être la première, la seconde ou la troisième heure, car ces trois instans du jour sont indiqués dans les inscriptions. Toutefois il est plus souvent question de la première heure ; je n'essaierai donc pas de suppléer le chiffre après @PAI..., mais après ce mot, je placerai ЄTorc qui est certain.

La quatrième et dernière ligne commence par la lettre Σ qui ne sauroit être que la lettre numérique, indiquant l'année de l'empereur; il faut lire nécessairement Z: une autre inscription du colosse est de cette même année d'Adrien. La ressemblance de Σ, E et z rend la confusion. de ces lettres extrêmement commune.

Il résulte de ces remarques que cette inscription n'a aucun rapport avec l'existence d'un temple de Sérapis dans le Memnonium.

5. II. L'inscription dont je vais m'occuper maintenant est latine. Les auteurs de la Description de Thèbes (5) l'ont donnée ainsi d'après Pococke:

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Cette copie n'est point exacte; voici celle de Pococke (1) :

M. VLPIUS. PRIMIANVS

PRAEF. AEG.

VI. KAL. MARTIAS UN X

IRON. COS. ITERVM. HORA

DIEI. SECUNDA XV DNL EGI GRATIAS (2)
VI MEMNONEM.... (3)

Considérée en elle-même, cette inscription est de peu d'intérêt ; mais elle devient intéressante quand on la rapproche d'une autre que je rapporterai ci-dessous. Les auteurs de la Description de Thèbes conjecturent, d'après le chiffre xv, qu'elle est du règne d'Hadrien, comme plusieurs autres du colosse de Memnon: cette conjecture n'a aucun fondement, parce que les lettres numériques, en pareil cas, sont toujours précédées du mot ANNO, comme en grec du mot ЄTOYC ou de la lettre L (Aung.Carros); d'ailleurs, ce prétendu chiffre xv ne peut être autre chose que les deux premières lettres du mot AVDIVI qui précédoit MEMNONEM, et dont les deux dernières lettres se voient encore avant ce mot: ainsi l'attribution au règne d'Hadrien est tout-à-fait chimérique ; l'inscription appartient évidemment au règne de Septime Sévère, comme le prouve celle que M. Girard a copiée sur la paroi du nilomètre d'Éléphantine (4), et qui est gravée au-dessus de la 24. coudée.

ΛΟΥΚΙΟΥ ΣΕΠΤΙΜΙΟΥ CEOYHPOY

ΕΥΣΕΒΟΥΣ ΠΕΡΤΙΝΑΚOC CEBACTΟΥ

Il faut, je crois, suppléer une ligne au commencement et lire : [ἥδε ἡ τῇ Νείλε ἀνάβασις, ἔτει. . .] Λυκία Σελλιμία Σεκήρα,

ΤΟΥ ΚΥΡΙΟΥ ΕΠΙ ΟΥΛΠΙΟΥ ΠΡΙΜΙΑΝΟΥ εὐσεβῶς, Περτίνακος, Σέβας το

ΤΟΥ ΛΑΜΠΡΟΤΑΤΟΥ ΗΓΕMONOC

...ΠΑΛΑΙΟTOI Δ ΔΑΚΤΥΛ...

κυρίε, ἐπὶ Οὐλπίς Πριμιανῇ τῇ
λαμπροτάτε ἡγεμόνος· [πήχεις ΚΔ],
παλαιοί (5) Δ, δάκτυλοι...

« Voici l'inondation du Nil, dans la.... année de L. Septimius

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(1) Descr. of the East. 1, p. 105 n.o 3. (2) Ces deux mots en plus petits caractères sont en dehors de l'inscription; une autre, qui commence après Memnonem, a empêché de les mettre à la suite. (3) Le M des Latins est souvent figuré comme deux AA grecs (Gruter. DCCCLI, 3; CM, 9), et le A ressemble à (Gruter. CM, 9). Cette configuration, si je ne me trompe, appartient à l'écri ture cursive des Latins; aussi la retrouve-t-on dans des inscriptions latines, en caractères cursifs, trouvées à Pompéi par M. Mazois. (Descript. de Pompéi, 11. partie, p. 1.)-(4) Mém. sur le nilom. d'Eléphantine, p. 10. -(5) Forme insolite ; il faudroit παλαιαί οι παλαιά.

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