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grand roi, le dernier temple reconstruit par Hérode le Grand. Pour moi, j'avoue que la première explication me plaît davantage.

Je dois faire observer que M. Laurence a transporté dans ce chapitre 92, six versets pris du chapitre 90: cette transposition paroît indispensable.

Les chapitres 93 et suivans jusqu'au 104. inclusivement (p. 137157), sont la suite de ce qu'Enoch lit dans un livre: ce sont des exhortations aux justes et des menaces aux pécheurs; les mêmes idées y reviennent sans cesse, et souvent presque dans les mêmes termes.

Le chapitre 105 (pag. 157-161) contient le récit du mariage de Lamech fils de Mathusalé, de la naissance de Noé et des prodiges qui l'accompagnèrent. Enoch, consulté par Mathusalé, explique ces prodiges,ordonne de donner à l'enfant le nom de Noé, et prédit le déluge, et la corruption du genre humain, qui sera encore plus grande après le déluge qu'auparavant.

Quelque rapide qu'ait été l'analyse que je viens de donner du contenu du livre d'Enoch, elle a déjà étendu cette notice au-delà des bornes que je m'étois prescrites. Je me dispenserai donc de mettre sous les yeux des lecteurs des extraits de cet ouvrage, et je garderai le silence sur les notes ajoutées par M. Laurence à sa traduction, et qui, pour la plupart, ont pour objet des observations grammaticales. Je dirai seulement un mot de l'un des passages où M. Laurence critique ma traduction.

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Enoch, dans une vision qui fait partie de la cinquième section, voit le paradis terrestre, et y remarque l'arbre de la science du bien et du mal. Dans l'admiration que lui cause la vue de cet arbre, il s'écrie: «Oh! que cet arbre est beau, et que son aspect est charmant et magnifique! » L'ange Raphaël, qui lui servoit de guide, lui dit alors, suivant ma traduction: Hæc est arbor scientiae, ex qua manducaverunt pater tuus senex et mater tua hebræa, qui fuerunt ante te; scientiamque cognoverunt, et aperti sunt oculi eorum, noveruntque se nudos esse, et ex horto pulsi sunt. Sur ces mots et mater tua hebræa, j'avois observé qu'il y avoit là un anachronisme remarquable. M. Laurence traduit: This is the tree of knowledge, of which thy ancient father and the widowed mother eat, et observe que je n'aurois pas traduit, comme je l'ai fait, obt par hebræa, si j'avois fait attention que la voyelle de la seconde lettre étoit l'e long, au lieu que, dans le mot qui signifie hebræa, cette seconde lettre a pour voyelle l'e bref. Mais M. Laurence, pour justifier l'auteur de l'anachronisme que je lui avois reproché, est obligé de changer en la première lettre du mot qui, dans les manuscrits, est un ; et

comme on ne sauroit comprendre pourquoi l'auteur auroit donné à Ève l'épithète de veuve, il suppose par conjecture que le mot bl¢† qui, suivant le dictionnaire de Ludolf, veut dire vidua, peut aussi signifier anus, mulier decrepita. Je conviens que cette correction est assez vraisemblable, et que la conjecture par laquelle il la justifie est ingénieuse; et quoiqu'un anachronisme de la part d'un écrivain tel que l'auteur du livre d'Enoch ne dût pas causer une grande surprise, si la critique permet de lui épargner ce reproche au moyen d'une légère correction, on peut l'adopter. Tout ce que je veux dire, c'est que cette correction n'est qu'une conjecture, et que, faute pour faute, celle que j'ai supposée dans le texte et qui ne consistoit qu'en une voyelle substituée à une autre, est moins considérable dans le système d'écriture des Éthiopiens, que celle que M. Laurence est contraint de supposer. Si nous avions le texte grec de cet ancien livre, nous saurions mieux à quoi nous en tenir sur ce passage et sur plusieurs autres.

En publiant dans le Magasin encyclopédique, il y a déjà longtemps, quelques fragmens du livre d'Enoch, je disois : « On jugera » peut-être, après avoir lu ces extraits, que l'ouvrage ne vaut pas la » peine qu'on s'occupe de le traduire; je ne pense pas absolument de » même. L'antiquité de cet ouvrage, l'usage qu'en ont fait des écri» vains respectables, l'autorité dont il a joui, les discussions auxquelles » il a donné lieu, sont un motif assez puissant pour que le public » éclairé en accueille avec reconnoissance une traduction complète, et » même pour faire desirer l'édition du texte éthiopien, accompagné » d'une version et de notes critiques. » Une partie du vœu que je formois alors, est remplie par la traduction que je viens de faire connoître. Il ne me reste donc plus qu'à souhaiter que M. Gesenius ou M, Laurence luimême publie le texte de ce livre; ce sera un moyen de plus fourni aux personnes qui voudront étudier l'ancienne langue des Abyssins. SILVESTRE DE SACY,

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Inscriptiones SIBIRIACE: De antiquis quibusdam sculpturis et inscriptionibus in Sibiria repertis, scripsit Gr. Spassky. Petropoli, 1822, in-4.° oblong.

EN consacrant, dans un ouvrage relatif aux langues des peuples du nord de l'Asie (1), un chapitre entier aux écritures anciennement

(1) Recherches sur les langues tartares, tom. I, ch. 111, p. 64-88.

usitées chez les Tartares, mon objet étoit principalement d'appeler l'attention des savans sur ce qui peut rester encore de vestiges de ce genre. Il est, sous plusieurs rapports, fort intéressant de ne pas les laisser perdre, et peut-être le moment où la civilisation commence à s'introduire dans les solitudes de la Sibérie, est-il celui qu'on doit choisir pour recueillir les monumens écrits qui s'y sont conservés. Les ravages du temps en ont beaucoup épargné; les peuplades nomades ne se sont pas arrêtées à les détruire; mais ceux qui traceront des routes ou creuseront des canaux, qui construiront des citadelles ou qui bâtiront des maisons, ne les ménageront pas. Il est donc bien à desirer que le gouvernement russe prévienne des pertes qui, par leur nature, seroient irréparables. C'est sous ce point de vue que la brochure que nous annonçons nous a paru particulièrement recommandable. C'est un des premiers ouvrages où l'on se soit occupé de recueillir des antiquités sibériennes; et quoique, par son peu d'étendue et l'importance médiocre des monumens qui y sont figurés, il soit plus propre à éveiller la curiosité des savans qu'à la satisfaire, il seroit injuste de ne pas applaudir au zèle qui les a fait recueillir, puisque, en continuant les mêmes recherches, on ne sauroit manquer d'arriver à d'intéressantes découvertes.

Avant d'entrer dans le détail des vingt-deux inscriptions reproduites dans ce volume, et dont plusieurs avoient été figurées dans des ouvrages antérieurs, je crois utile de faire connoître en peu de mots quels genres de monumens écrits on peut espérer de trouver dans les parties centrales et septentrionales de l'Asie. Bien des personnes, même instruites, accoutumées à juger de l'état ancien de ces contrées par leur état actuel, pourroient s'étonner de voir rechercher des inscriptions dans le pays des Ouschtiaks, des Bouriets et des Tongous. Il est bon de leur rappeler que plusieurs nations de race diverse y ont autrefois séjourné, et que la connoissance des écritures dont ces nations ont pu faire usage, jetteroit le plus grand jour sur des questions historiques et philosophiques d'une haute importance.

Aucun renseignement historique positif ne nous fournit la preuve qu'il ait existé un système régulier d'écriture proprement dite chez les nations de la Tartarie, antérieurement au siècle qui a précédé immédiatement le commencement de notre ère. Il est pourtant bien permis de le supposer, car les courses des Hindous dans les contrées du nord ont dù commencer plus anciennement. Les Perses, et ensuite les Grecs de la Bactriane, ont vraisemblablement eu des rapports avec les nations du centre de la Tartarie; le commerce du jade et celui de

la soie remonte sans doute aux époques les plus reculées, et il seroit infiniment curieux d'en retrouver des traces. D'un autre côté, on attribue aux Tartares l'usage d'une écriture qui, par la manière dont on la traçoit, devoit offrir de l'analogie avec les runes du nord (1); et cette écriture étoit sans doute employée chez cette branche de la famille des nations hindo-gothiques que les Chinois ont connue sous le nom d'Ou-siun, et qui, dans le 1. siècle avant J. C., habitoit les contrées qui sont à l'ouest de l'Irtisch et du lac Saïsan. Il seroit bien intéressant de savoir si cette forme particulière de l'alphabet européen que les nations scandinaves ont connue, a été effectivement portée dans les contrées orientales. Un monument qui constateroit ce fait, seroit donc une découverte des plus curieuses.

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A l'époque de notre ère ou peu de temps auparavant, commence la série des renseignemens positifs que nous pouvons avoir sur la littérature des peuples du nord de l'Asie. C'est vers ce temps que nous voyons l'alphabet dévanagari porté, sans doute sous des formes diverses et avec des altérations de plus d'un genre, dans le Tibet, à Khotan, à Yerkiyang, à Kaschgar, et jusque sur les bords de la mer Chaude [le lac de Balgasch] (2). Peut-être même les tribus nomades des contrées encore plus septentrionales n'en ignorèrentel'es pas complètement l'usage. L'introduction d'un alphabet étranger suppose bien d'autres influences morales, politiques, religieuses; elle en est le moyen, elle en fournit la preuve. Or l'extension du système de civilisation qui a pris naissance dans l'Hindoustan, sa propagation chez les barbares du nord à une époque reculée, ce fait qui se rattache à la grande question des rapports de l'Inde avec l'Europe, seroit mis hors de doute si l'on découvroit en Tartarie des inscriptions indiennes datées, et qu'il fût possible de les lire; second genre de monumens qu'on ne sauroit trop s'empresser de recueillir et de faire connoître.

Les Grecs de la Bactriane ne sont pas les seuls occidentaux qui peuvent avoir laissé des traces de leurs courses en Tartarie. Les Syriens les y suivirent un peu plus tard, portant avec eux un alphabet dont les lettres doivent se rapprocher de cette forme d'écriture qu'on a nominée stranghelo, ou de celles dont nous savons que les Nestoriens et les Jacobites faisoient usage. L'inscription de Si-'an-fou (du VIII. siècle) offre des lignes qui sont en stranghelo; mais on a révoqué en doute (quoiqu'à notre avis sans fondement) (3) l'authenticité de ce

(1) Ouvrage cité, p. 65 et ailleurs. des Savars d'octobre 1821, p. 599.

(2) Id. p. 293. — (3) Voyez Journal

monument. Il seroit donc fort à desirer qu'on trouvât dans la Tartarie d'autres inscriptions du même genre, mais plus anciennes et d'une autorité incontestable; elles nous mettroient en état de dissiper l'obscurité dont reste encore enveloppée l'origine de l'alphabet ouïgour, ou mongol. Nous saurions ce qu'il doit précisément aux Syriens, et quels changemens lui ont fait subir les premiers peuples tartares qui en ont adopté l'usage; nous apprendrions si la direction verticale y étoit inhérente dès l'origine, et si l'on s'en est servi pour écrire d'autres idiomes que le turk et le mongol. Enfin un monument quelconque qui nous offriroit l'écriture syro-tartare employée antérieurement au temps de Tchinggis-khakan, leveroit complètement les doutes qui se sont élevés dans ces derniers temps sur l'existence d'un alphabet ouïgour plus ancien que l'alphabet mongol (1). Cette troisième classe d'inscriptions n'est donc pas moins intéressante que les deux premières.

Enfin les caractères chinois ont presque toujours été connus dans la Tartarie. Plusieurs peuples en avoient adopté l'usage sans y apporter aucun changement d'autres les avoient modifiés pour les accommoder au génie de leurs langues ou au genre d'emploi qu'ils leur donnoient. On a lieu de penser qu'en différentes occasions ces caractères avoient perdu leur nature symbolique ou représentative, pour devenir de simples signes syllabiques ou alphabétiques. On a même essayé de tracer l'histoire de ces altérations, en faisant voir que les Khitans et les Tchoutchi avoient dû tirer un véritable alphabet de la décomposition des caractères chinois (2); et l'on s'est efforcé de montrer que le produit de cette opération, si intéressante à étudier pour les personnes qui recherchent l'origine de l'alphabet et les circonstances qui ont pu en amener la découverte, que ce produit, dis-je, subsistoit encore aujourd'hui dans l'écriture coréenne, dont les élémens paroissent empruntés des caractères chinois, et se groupent entre eux comme de véritables lettres (3). Ce n'est pas, comme on voit, l'histoire seule, c'est aussi la philosophie des langues et l'analyse d'une des inventions les plus admirables, de celle par laquelle les hommes ont fait succéder la représentation des sons à celle des idées, qui recevroient du jour de la moindre découverte qu'on pourroit faire en ce genre. Les Tchoutchi, et sur-tout les Khitans, ont occupé de vastes régions de la Tartarie. Nous savons que, suivant l'usage de presque tous les peuples asiatiques, ils ont élevé dans diverses parties

(1) Mines de l'Orient, tom. VI, p. 321. tartares, tom. I, p. 79. (3) Ibid. p. 8c.

(2) Recherches sur les langues

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