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cinq jours un quart; mais on sait bien que l'année civile réelle étoit toujours ou plus courte ou plus longue, tant chez les Grecs que chez les Romains avant Jules-César, et généralement chez tous les peuples qui ont eu des mois embolismiques. Ce n'est que dans une période quelconque que l'on peut concevoir une année moyenne commune à tant de nations, et plus ou moins équivalente à l'année zodiacale ou astronomique. Appliquées à des époques positives de l'histoire, ces prétendues correspondances doivent toujours induire en erreur. On conçoit qu'en partant tous ensemble d'un même terme, les divers calendriers se correspondroient à-peu-près durant une première année; mais cet accord seroit dérangé dès la seconde, et l'on auroit à parcourir un très-grand cycle avant de retrouver la première coïncidence (1).

Pour rendre plus claire et plus applicable aux études historiques cette explication des calendriers, il faudroit avoir rassemblé auparavant plus de notions sur les intercalations et sur les grands cycles, par exemple sur la période sothiaque des Égyptiens, le saros, le néros et le sossos des Chaldéens; M. le Boyer n'en a presque rien dit. Il ne s'est prescrit non plus aucune recherche sur les zodiaques, dont l'invention et l'histoire tiennent de si près à la science des temps, ni sur les imperfections que la précession des équinoxes et l'ignorance de ce mouvement céleste ont dû introduire dans les anciens calendriers.

Un article, intitulé Dates dans les anciennes CHARTRES (2), termine le chapitre XLVIII. Ici M. le Boyer a fait un très-bon choix entre les remarques et les indications contenues dans les préliminaires, et surtout dans les pages 52-60 du tome I." de l'Art de vérifier les dates depuis J. C.

Nous aurions desiré que, dans toutes les parties historiques de son estimable ouvrage, M. le Boyer se fût rigoureusement astreint à citer les textes ou les monumens qui pouvoient justifier les résultats qu'il expose. Ce soin, dont il s'est dispensé, l'eût forcé de vérifier chaque détail, et préservé de plusieurs inadvertances. Malgré les défauts que nous avons dû indiquer, l'utilité de ce Traité complet du calendrier nous

(1) De 622 à 1822 nous avons compté 1200 ans, et les Mahométans 1238; chacun de leurs mois a parcouru trente-sept fois tout le cercle des nôtres : comment établir une correspondance entre notre calendrier et le leur! V. sur les rapports entre les années de l'ère vulgaire et celles de l'hégyre, Journ, deş Sav. déc. 1816, p. 235-246.

(2) Les savans Bénédictins, auteurs du nouveau Traité de diplomatique, n'écrivent jamais CHARTRE, mais toujours charte; orthographe qui paroît en effet plus conforme à l'étymologie de ce mot.

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paroît incontestable. La partie astronomique en est excellente, et nous ne connoissons point de livre élémentaire qui soit plus propre à servir de guide dans ce genre particulier d'études.

DAUNOU.

TRAVELS IN SYRIA AND THE HOLY LAND, by the late JohnLewis Burckhardt; published by the association for promoting the discovery of the interior parts of Africa, &c. Voyages en Syrie et en Terre-Sainte, par feu J. L. Burckhardt; publiés par la société pour les progrès des découvertes dans l'intérieur de l'Afrique. Londres, 1822, chez Jean Murray; un vol. in-4.o de 668 pages, avec un portrait de Burckhardt et plusieurs cartes.

L'ILLUSTRE Newton disoit du jeune physicien Cotes, mort à la fleur de son âge, si Cotes avoit vécu, nous saurions maintenant bien des choses que nous ignorons. On peut appliquer ce mot au voyageur Burckhardt, enlevé dans la force de l'âge, au moment où son génie entreprenant alloit peut-être le mettre en possession des découvertes les plus importantes dans l'intérieur de l'Afrique. Ce voyageur étoit doué au degré le plus éminent de presque toutes les qualités nécessaires pour explorer avec succès l'Asie occidentale et l'intérieur du continent africain: une grande connoissance de l'arabe vulgaire, une habitude telle des mœurs et des usages orientaux, qu'il pouvoit facilement passer pour un Musulman au milieu des Musulmans eux-mêmes; de plus, une intrépidité à toute épreuve, une grande présence d'esprit, un talent remarquable d'observation, des connoissances peu communes dans l'histoire et la géographie ancienne de l'Orient. Il ne laissoit à desirer qu'un savoir plus étendu dans les sciences naturelles et mathématiques, qui lui auroit fourni le moyen de faire des observations si importantes dans les pays qu'il avoit parcourus déjà. Mais un voyageur ne peut tout savoir; les Humboldt sont rares, et, jusqu'ici, il ne s'en est encore trouvé qu'un seul.

Burckhardt étoit donc, avec Seetzen, l'homme sur qui les amis de la science avoient fondé le plus grand espoir. Il mourut au Caire, dans le moment où il alloit partir pour le Fezzan. A sa mort, la société

d'Afrique, aux frais de laquelle il entreprenoit ses voyages périlleux, se trouva en possession de tous les manuscrits concernant les pays qu'il avoit parcourus. Elle commença par publier ceux qui avoient un rapport plus direct avec le but de son institution, c'est-à-dire, le Voyage en Nubie; cet ouvrage doit être si bien connu de tous nos lecteurs, que nous croyons devoir nous dispenser d'en rien dire. Outre le second volume, qui fait l'objet de cet article, il reste encore des matériaux suffisans pour en former deux autres, dont l'un contiendra les voyages de Burckhardt en Arabie; il paroît s'être borné à l'Hedjaz, qu'on peut appeler la terre sainte des Musulmans, et qui est la moins accessible aux chrétiens: le quatrième contiendra un tableau très-étendu des mœurs des Arabes du désert, et particulièrement des Vahabites ; c'étoit, dit-on, l'ouvrage de prédilection de Burckhardt, celui qu'il avoit le plus soigné, et où il avoit sur-tout répandu ce talent d'observation qui le distinguoit éminemment. Tels sont les matériaux qu'a laissés ce laborieux explorateur; leur publication entière sera d'autant mieux accueillie des savans, qu'on ne connoît que par des extraits fort courts la relation des voyages que Seetzen avoit faits dans les mêmes contrées.

On sait que Burckhardt, après être resté à Alep pendant deux ans pour se perfectionner dans l'étude de l'arabe et des mœurs de l'Orient, se rendit en Égypte par terre. Au lieu de se diriger, comme le font tant de voyageurs, le long de la Méditerranée, il prit par l'intérieur des terres, à l'orient du Jourdain et de la mer Morte, fit des excursions dans quelques vallées du Liban et de l'Antiliban, et traversa l'Idumée et l'Arabie Pétrée, pays fort peu connu des modernes, où il étoit sûr de faire d'intéressantes découvertes. C'est la relation de cet important voyage que contient le second volume, dont nous allons donner l'analyse. L'éditeur de ce volume est M. Martin-William Leake, secrétaire de la société d'Afrique, lui-même voyageur distingué, géographe habile et profond érudit: nommer cet éditeur, c'est dire assez que tous les soins possibles ont été donnés à la publication des matériaux de Burckhardt; il les a enrichis de notes courtes qui contiennent quelques renseignemens ou éclaircissemens indispensables, et d'une préface de dix-huit pages, exposant les résultats principaux des travaux de Burckhardt. Ce volume contient six voyages différens: 1.° journal d'un voyage dans les contrées du Liban et de l'Antiliban; 2.o journal d'une excursion dans l'Haouran; 3.° journal d'un voyage d'Alep à Damas, par les vallées de l'Oronte et du mont Liban; 4.° voyage de Damas à l'est et au sud-est du lac de Tibériade; 5.° voyage de Damas à travers les montagnes de l'Arabie Pétrée et le désert el-Ty, jusqu'au Caire;

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6.o voyage dans la péninsule du mont Sinaï. Nous allons passer en revue, l'une après l'autre, ces diverses relations.

I. Voyage dans les contrées du Liban et de l'Antiliban.

Burckhardt partit de Damas le 22 septembre 1810, avec une petite caravane destinée pour Tripoli. Cette partie de son excursion, qui concerne les passages du Liban et de l'Antiliban, les ruines de Balbeck, &c., pays déjà bien connu, ne présente aucune particularité nouvelle qui ait quelque importance. Au retour, il prit une route moins fréquentée : à partir de Balbeck, au lieu de repasser l'Antiliban pour se rendre directement à Damas, il continua sa route au sud, le long de la vallée de Bekaa, pays fertile, dont les habitans sont en grande partie musulmans, et bientôt il atteignit les sources du Jourdain. Cette contrée fut visitée en 1806 par Sectzen; mais on ne possède de sa relation qu'un extrait inséré dans la correspondance géographique de M. de Zach, et traduit dans les Annales des voyages (1). Burckhardt décrit les deux sources du Jourdain: l'une d'elles, appelée Dhan par les gens du pays, se voit dans une plaine, un peu au nord de Banias; l'autre étoit jadis nommée Djour, dit Burckhardt, et c'est de la réunion des deux mots que s'est formé celui de Jourdain [Djourdhan ]; cette dernière sort d'une grotte peu profonde, dominée par un rocher à pic. Au-dessus de cette grotte est une niche soutenue par deux pilastres et qui contenoit jadis une statue; plusieurs autres niches ont été creusées près de la grotte; chacune d'elles avoit une inscription grecque, contenant, selon toute apparence, l'expression d'un hommage à la divinité dont la statue avoit été placée dans la niche. Burckhardt n'en a pu copier qu'une seule, très-fruste, qui commence par ὑπὲρ σωτηρίας τ8 κυρίων [ἡμῶν] αὐτοκραTogov, expressions qui désignent probablement Marc-Aurèle et Vérus; on y aperçoit aussi la mention du dieu Pan. Cette grotte, en effet, comme le remarque le savant éditeur, a été décrite par Josèphe sous le nom de Пávesov, ou caverne de Pan: elle avoit donné son nom à la ville de Pancas ou Panias, appelée aussi Césarée, mentionnée sous le double nom de Καισάρεια Πανιάς, dans une inscription du colosse de Memnon (2). Le nom antique s'est conservé dans celui de Banias, village de cent cinquante maisons, habitées principalement par des Turcs. De Banias, Burckhardt alla visiter les ruines de l'ancienne ville de Bostra, dont les gens du pays parloient beaucoup, ajoutant que

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(1) Tom. VII, p. 137 suiv. — (2) V. d'Orvill. ad Chariton. p. 525, ed. Lips. Boisson. ad Inscr. Eliac. dans le Classical Journal, tom. XX, p. 290.

Mouza (c'est le nom que prenoit Seetzen) avoit offert trente piastres à qui voudroit l'accompagner dans cette excursion : mais tout le monde l'avoit refusé dans la crainte des Arabes; Burckhardt toutefois trouva un guide qui l'y conduisit à meilleur marché. Cette Bostra, voisine de Banias, ne doit pas être confondue avec la Bostra de l'Auranitis, qui est beaucoup plus éloignée, et fut jadis plus célèbre. Notre voyageur n'y trouva aucune ruine remarquable.

De Banias, deux routes conduisent à Damas; l'une, par les villages de Koneitza et Sasa, l'autre plus au nord; ce fut celle que prit Burckhardt, comme beaucoup plus sûre. De retour à Damas, il fit encore une excursion, au sud de cette ville, dans une autre partie de l'Antiliban, où il devoit trouver des ruines : il y découvrit en effet celles d'un temple antique, dont il ne reste que l'area, et'un grand nombre de fragmens de colonnes et d'architraves. A en juger par le style, ce temple doit être du même temps que celui de Balbeck.

II. Excursion dans l'Haouran, faite dans l'automne et l'hiver de 1810.

A peine de retour de Banias, Burckhardt se prépara à faire une excursion dans l'Haouran, l'ancienne Auranitis, et dans les montagnes environnantes, sur les traces de Seetzen, qui avoit parcouru une partie de ce pays quatre ans auparavant. Le premier lieu un peu remarquable que rencontra notre voyageur fut Ezra, qui dut être autrefois une ville considérable, à en juger par l'étendue de ses ruines, qui ont trois à quatre milles de circonférence. Les habitans actuels demeurent dans les anciennes habitations, que la force et la solidité de leurs murs ont préservées de la destruction. Une ancienne église, dédiée à S. Georges, porte une inscription grecque qui montre qu'en 410, c'est-à-dire, sous le règne de Théodose le Jeune, ce temple, dédié aux faux dieux', fut converti en église chrétienne. La carte dressée sous la direction de l'éditeur, donne Zarava pour le nom ancien d'Ezra; mais je ne puis deviner d'après quelle autorité. Deux autres lieux, dont le nom antique est également inconnu, sont ceux de Medjel, où Burckhardt a copié plusieurs inscriptions grecques tumulaires peu importantes, et de Kafer el Loehha, où se trouvent plusieurs édifices antiques, entre autres un grand bâtiment, avec une rotonde et une terrasse pavée; au-dessus de la porte principale, on lit une inscription grecque qui annonce que l'édifice a été construit sous les empereurs (Marc-Aurèle et Vérus), aux frais des habitans du bourg (oi nura) et de quelques particuliers qui y ont contribué pour telle ou telle somme de deniers. Elle est peut-être assez

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