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Quatrième romance. Bernard adresse au roi des reproches, des menaces terribles..

Cinquième et sixième romance. Il se flatte de se venger; le roi l'exile: alors il veut aller combattre Roland; mais le passage des Pyrénées n'étant point praticable, il se dirige vers Grenade; il est accueilli généreusement par Muça, et ils s'unissent d'une amitié devenue fameuse.

Septième romance. Bernard, accompagné de trois cents compagnons, revient à la cour, les place autour du palais, excepté dix qui le suivent en présence du roi. Il lui fait de nouveaux reproches et plus offensans encore; Alfonse s'écrie:

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« Qu'on l'arrête, chevaliers, qu'on l'arrête! et qu'il meure ce fou, » ce furieux, qui vient m'insulter dans mon palais !>>

Le roi crioit en vain, Arrêtez! aucun ne se mit en devoir d'obéir; car Bernard avoit rejeté son manteau sur son bras et mis l'épée à la main en disant : « Que personne n'avance! c'est moi qui suis Bernard, dont l'épée ne reconnoît aucun roi; et vous savez tous si je sais > m'en servir.

» Ses dix compagnons imitent leur chef; ils s'apprêtent au combat, » se débarrassent de leurs manteaux, tirent leur épée et se rangent autour » de Bernard, après avoir donné le signal convenu à ceux qui étoient » dehors.

Ceux-ci siemparent des portes de fer du château en s'écriant: Vive » Bernard! malheur à qui l'offense! »

Alors le roi dit d'un air tranquille : « Il paroît que vous prenez » sérieusement ce que j'ai dit par plaisanterie.

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» Je l'ai pris de même, répondit Bernard, et il sortit sans saluer » Alfonse.

» Aussitôt les trois cents se retirèrent avec lui en gardant un bel » ordre de retraite : ils avoient quitté leurs manteaux et découvert leurs » riches armures. Ainsi le roi demeura épouvanté, et son injure resta » sans vengeance. »

Avant de passer à la romance qui suit dans la collection de M. Hugo, je dois citer une romance espagnole qui me paroît très-nécessaire pour l'intelligence des faits. Cette romance, NO TIENE HEREDERO ALGUNO', annonce qu'Alfonse le Chaste n'ayant point d'héritiers directs, avoit promis à Charlemagne le royaume de Léon, si ce prince venoit le secourir contre les Maures.

Huitième romance. Alfonse réunit auprès de lui des guerriers et des hommes d'état : il leur explique son projet; c'étoit sans doute celui qu'indique la romance NON TIENE &c. Tandis que l'on discute sur

cette grande question, on entend des cris confus; des hommes irrités entrent dans le palais ; ils répètent: Vivent la Castille et ses lions redoutés ! Bernard de Carpio est à leur tête; il déclare au roi que jamais il ne consentira à ce que la Castille perde son indépendance, et le conseil décide qu'il faut la conserver.

Neuvième romance. Accompagné de trois inille Léonais, Bernard sort de la ville; ces braves s'écrient :

« Nous sommes nés libres, et nous payons au roi le tribut que nous » lui devons en vertu de son droit sacré.

» Mais Dieu n'admet pas que, pour lui obéir, nous oubliions la gloire » de nos aïeux et que nous vendions la liberté de nos enfans.

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» On dira des Léonais qu'ils sont morts en combattant; car un Espagnol ne sait pas se vendre.

» Que le roi donne, s'il le veut, ses biens, mais non pas ceux de ses » vassaux; car les rois n'ont pas la puissance de tyranniser les » volontés. >>

Dixième romance. Bernard les conduit à la frontière; il les harangue: « Vous ne souffrirez pas que des étrangers vous apportent le joug, et » que demain vos fils puissent naître Français.

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» Voulez-vous qu'on vienne changer vos armes antiques, votre » blason noble et pur, vos lions courageux, pour des fleurs de lis!..

» Que celui qui ne sauroit combattre seul trois Français, reste ici; » nous serons moins nombreux, mais nous serons assez vaillans.

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» Il pique son cheval de l'éperon et part au galop, en s'écriant: Que » ceux qui sont gentilshommes me suivent!

» Aucun ne resta. »

Ce dernier trait AUCUN NE RESTA, n'est pas dans l'original; il a été suppléé par le traducteur.

Onzième romance. Ils arrivent à la frontière, et leur digne chef les harangue encore.

Douzième romance. L'armée ennemie paroît; Roland envoie un message: Bernard lui répond; et à l'approche du combat, il s'écrie:

« Ah! paladin Roland, ton ame à Dieu, ton ame à Dieu! l'as-tu » recommandée ! Nous te verrons, et qui te regardera dans la bataille » suera soudain d'épouvante. On le sait bien que tu en tueras des » milliers, et parmi les Maures et parmi les nôtres; mais tu ne tueras » pas Bernard. Seras-tu vaincu, Roland, grand foudre des guerres?

» Honneur par-tout à la noble vaillance! Roland, tu seras tué, mais » non vaincu. »

Treizième romance. « Le grand neveu d'Alfonse cherche avec fureur

» celui de Charlemagne. Ils se rencontrent; tous les deux sont couverts » de sang.

» Ils s'attaquent pleins d'ardeur, de force et de courage; tous deux pos» sèdent les cœurs les plus fermes qu'ait renfermés le sein des hommes. » Le combat cesse entre les deux armées, et l'on attend en silence » et avec inquiétude la fin de ce combat particulier.

» La fortune étoit fatiguée de sa constance; le ciel attendoit Roland, » et la victoire volage passa des étendards français aux drapeaux espagnols »

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Quatorzième romance. Bernard s'adresse de nouveau au roi pour réclamer la liberté du comte son père.

« Dans le château de Luna vous retenez prisonnier mon père, cou»pable à vos yeux, innocent aux yeux de tous...

» Souvenez-vous, seigneur, comment vous aviez donné votre » royaume à Charlemagne, et comment votre royale promesse a été » remplie par mes gentilshommes et par moi...

» Je ne veux pas vous mettre en colère, mais seulement vous dire » que mon père est dans vos prisons, et que je suis dans les camps pour » vous servir. Vous comprenez. »

Quinzième romance. Le roi a rendu le comte à son fils, mais il l'a rendu privé de la vie. Bernard est dans une église à genoux, auprès du noir catafalque sous lequel est placé le corps du comte.

« Et pâle de colère, poussant de longs sanglots, le valeureux » Bernard se tourne vers le corps de son père.

>> Il le découvre entièrement et rejette le noir suaire, sans songer » qu'on le voit, qu'on l'écoute et qu'il est dans un lieu saint.

» Une main posée sur la barbe, l'autre sur l'épée de son père; >> furieux, impatient, en pensant à son père et à son roi, il dit:

>> Tu peux monter au ciel étoilé, sûr d'être vengé, ô mon père » bien aimé ; car le fer acéré de ma lance, qui a baigné la terre du » sang français et relevé les superbes espérances d'Alphonse, fui prou» vera qu'il n'y a point de sûreté pour ses états; car Bernard est vivant » et son père outragé.

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» Je suis seul, Alphonse, mais je suis Espagnol; je suis tout seul, » mais je suis celui qui a tant fait, qui a détruit le pouvoir de Charle» magne et plongé la France dans les larmes et la désolation. Ce bras » est le même bras qui donna la victoire à toi et la mort à Roland, et » ce même bras, ô mon père, te vengera; car Bernard est vivant et » son père outragé.

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On se sera fait une idée exacte et de l'original et de la traduction des

romances relatives à Bernard de Carpio. Je ne dirai rien de celles qui concernent Rodrigue, dernier roi des Goths; je les ai fait connoître d'après l'original espagnol publié par M. Hugo, qui n'en a traduit qu'une partie. Voici les sujets des autres romances historiques dont M. A. Hugo publie la traduction.

Bertrand Inigo, sur qui tombe plusieurs fois le sort jeté pour désigner celui dont le devoir est d'aller retirer du milieu des ennemis le corps d'Inigo fils, mort à la bataille de Guadaleté.

Le tribut des cent vierges que l'on payoit aux Maures, et dont le roi Ramire affranchit l'Espagne.

Le rétablissement de don Sanche Albarca sur le trône de Navarre.
Le combat, la prison, et la délivrance de Fernand Gonçales.
Le roi Ramire.

La mort tragique des sept enfans de Lara.

L'infante Dona Theresa, soeur d'Alphonse V, contrainte par celui-ci à épouser Andalla, roi de Tolède.

La prison et la délivrance de l'amiral Catalan.'

Le dévouement de don Diego de Haro, qui, ayant conseillé au roi de lever un impôt à l'occasion duquel les nobles se soulevèrent, pria ce prince de le condamner à l'exil pour les ramener à l'obéissance.

La bataille de las Navas de Tolosa.

L'amour d'Alphonse VII pour la belle juive Rachel, amour qui occasionna une révolte dans laquelle elle fut assassinée.

La bravoure de Perez de Vargas.

La ville d'Alcala des Gauzules.

Réponse d'Alphonse le Sage, sa générosité envers le Portugal, sa mort. La prise de Gibraltar par Ferdinand IV.

La mort du grand-maître père de don Pèdre le Cruel, celle de Blanche de Bourbon son épouse, et la mort du roi lui-même.

Le dévouement du seigneur de Hita et de Buitrago pour sauver le

roi dans une bataille.

La mort de Henri de Gusmau.

La disgrace, la condamnation et la mort d'Alvar de Luna, ministre du roi Jean II.

L'expédition du roi Sébastien contre l'Afrique, son combat et sa mort. Les notices qui précèdent les romances, les notes qui les suivent, ont toujours de l'intérêt. Il me suffira de dire qu'à l'occasion de la mort de la belle Juive, le traducteur a donné l'analyse très-détaillée, scène par scène, de la tragédie espagnole de Vincent de la Huerta, intitulée RAGUEL.

Dans une des notes, M. A. Hugo promet de publier le romanceró du Cid. Je l'exhorte à exécuter ce projet, et à traduire les romances chevaleresques et les romances mauresques.

RAYNOUARD.

RECUEIL DES HISTORIENS DES GAULES ET DE LA FRANCE; tome XVIII, contenant la seconde livraison des monumens des règnes de Philippe-Auguste et de Louis VIII, depuis l'an 1180 jusqu'en 1226; par M. J. J. Brial, ancien religieux bénédictin, membre de l'Institut et de la Légion d'honneur. Paris, imprimerie royale, 1822, in-fol. xxxvj et 900 pages. Prix, 30 fr., chez M. Arthus Bertrand.

LES principaux monumens des règnes de Philippe Auguste et de Louis VIII ont été publiés par M. Brial en 1818 dans le tome XVII de cette collection (1). C'étoient la chronique de Rigord et sa continuation par Guillaume le Breton; le poëme de ce dernier, intitulé Philippide; le livre v du Carolinus de Gilles de Paris; le poëme de Nicolas de Braïa sur Louis VIII; les Gestes de ce prince et de son prédécesseur, extraits des chroniques de Saint-Denis, et les parties qui concernent l'histoire de France depuis 1180 jusqu'en 1226, dans les historiens anglais Benoît de Peterborough, Roger de Hoveden, Raoul de Diceto, Gervais de Cantorbéry et Mathieu Paris; et le savant éditeur avoit joint à ces articles et à quelques autres un grand nombre de chartes et de pièces historiques jusqu'alors inédites, ou imprimées avec moins d'exactitude. Il a recueilli, dans le volume qu'il vient de mettre au jour, d'abord des extraits de cinq autres chroniqueurs anglais, qui sont Guillaume Little ou le Petit, Raoul de Coggeshale, Girald de Cambrie le continuateur de Roger de Hoveden, et l'auteur des annales du monastère de Waverley; puis des chroniques particulières de l'Aquitaine, du Poitou, du Limousin, de la Touraine, de l'Anjou, de la Bretagne et de la Normandie, provinces alors soumises à la domination anglaise; ensuite plusieurs annalistes flamands et lorrains; enfin les monumens historiques du pays Rémois, du Vermandois et de la Picardie, du Soissonnais, de l'Auxerrois et de la Bourgogne, toujours en se contenant dans l'espace de temps compris entre la mort de Louis VII

(1) Voyez Journal des Savans, août 1818, p. 451-464.

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