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» devant tous les barons que là estoient, si se laist caïr as piés, puis li » baise et puis li baise la main ossi. Que vous diroie-jou! la paix ont » faite et confremée, et Esclas devint tantost hom liges à l'empereur » Henri et li jura à porter foi et loyauté deorenavant come à son droit signour; et lors li dist li mariscaus privéement qu'il demandast à » l'empereour une soie fille qu'il avoit, et Esclas s'est ragenouilliés de >> rechef par devant l'empereour et li dist: Sire, on me fait entendant » que vous avez une fille laquelle je vous pri, s'il vous plaist, que vous » me donnez à mouillier. Jou suis assez riches hom de terre et de trésor d'argent et d'or, et assez me tient-on en mon païs pour gentilhom. » Si vous prie, s'il vous plaist, que vous me le donnez. Et li haut home » qui iloec estoient en présent, li louent qu'il li donist, pour ce que il » de milleur cuer le sierve et plus volentiers. L'empereres dist: Signour, » puisque vous le me loez et conseillez, je l'otroi. Puis commença a » sourire, si apela Esclas et li dist: Esclas, je vous doins ma fille, par » tel maniere que Diex vous en laist joir, et vous otroie toute la con» queste de terre que nous avons faite ici, par tel manière que vous en » serez mes hom et m'en servirez. » On ne peut ajouter foi à ce récit qu'en supposant que Henri avoit une fille naturelle, ce qu'aucune autre chronique ne rapporte. Quant au langage du continuateur, il est sensiblement moins ancien que celui de Villehardouin, et la distance pourroit bien être d'environ un siècle.

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V. Le tome XIII du recueil des Historiens de France contient (page 677-783) une chronique de Laon depuis l'an 1145, où elle commence, jusqu'en 1180 seulement; mais elle se prolonge jusqu'à 1219, et M. Brial a inséré, dans le volume qui nous occupe (page 703720), cette seconde partie, qui correspond à trente-huit ans du règne de Philippe Auguste, et qui n'avoit point encore été mise au jour. L'anonyme qui l'a rédigée étoit un chanoine de Laon, de l'ordre des Prémontrés, à ce qu'il semble, et probablement né en Angleterre. On y lit, sous l'année 1187, que le pape Grégoire VIII avoit pris à Laon l'habit religieux de Prémontré, et qu'il resta si attaché à cet ordre, qu'il en recevoit tous les ans un vêtement conforme à la règle. Aucun historien des papes n'a connu cette particularité. En parlant des prédications de Foulques de Neuilly en 1198, l'anonyme dit qu'elles servirent à ramasser de grandes sommes d'argent, qui ne devoient pas être employées, comme on le croyoit, aux besoins de la terre sainte sub obtentu terræ sanctæ prædicationi quæstuosæ insistens, pecuniam congregavit infinitam, non, sicut credebatur, terræ sanctæ profuturam. Plus loin, il est dit qu'en 1214, année fameuse par la levée de l'interdit jeté sur l'Angleryyy

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terre, et par la victoire de Philippe Auguste à Bouvines, Robert de Corzon, légat du pape en France, tint des conciles où il attenta aux droits des prélats et aux coutumes des églises: Hic, habitis conciliis, multa contra dignitatem prælatorum et consuetudines capitalium ecclesiarum attentavit. Simon de Montfort, qui meurt en 1218, est ici, comme en d'autres livres, appelé le Machabée du siècle, Machabeus nostri temporis. Le dernier article de cette chronique concerne les fléaux naturels arrivés en 1219, pour punir les crimes de la terre. Une gelée survint, dès les nones d'octobre, qui empêcha le raisin de mûrir: Terra hoc anno parcè dedit fructus, pro malitiâ inhabitantium in eâ, gelu itaque, solito tempestiviùs facto, nonis scilicet octobris, uvas ferè ad maturitatem perductas exinanivit et amaricavit, ita ut vinum ex eis eliquatum acidum fieret et odiosum ; in quo facto vaticinium Isaic videmus impletum: Luxit vindemia, &c. (Is. XXIV, 7). On ne sauroit donner ces annales pour un modèle de bon goût et de saine critique; mais presque tous les faits mémorables y sont retracés, et, comme on vient de le voir, elle en rapporte dont il n'est fait ailleurs aucune mention.

I

Il s'en faut qu'en indiquant les cinq ouvrages jusqu'alors inédits que renferme le tome XVIII des Historiens de France, nous ayons fait connoître tout le fruit qu'on en doit tirer, et tout le travail qu'il a exigé. On y trouve (page 744-796), la partie de la chronique d'Albéric de Trois-Fontaines, qui va de 1180 à 1216; la partie antérieure, à partir de 1073, est dans le tome XIII. M. Brial ne reproduit l'édition de Leibnitz (Accessionum historic. tom. II ), qu'en la corrigeant d'après le manuscrit 4896 de la Bibliothèque du Roi: il ne s'engage d'ailleurs dans aucune recherche nouvelle sur l'auteur assez peu connu (1) de cette chronique. Il a pareillement rétabli dans leur pureté et dans leur intégrité les textes de plusieurs autres annales, spécialement de celles de Raoul de Coggeshale, et d'un chanoine de Saint-Martin de Tours. Parmi les chartes ou pièces historiques qu'il a fait entrer dans ses excellentes notes, il en est (pages 88, 89, 168, 226, 230, 233 &c.) qui n'avoient jamais été publiées, et qu'il a puisées dans les archives de France, ou qui lui ont été communiquées par MM. de l'Épine, et Taillefer de Périgueux. Les cent dernières pages du volume sont remplies par des tables qui satisfont pleinement à tous les besoins, et facilitent tous les genres de recherches. En un mot, aucun soin n'a été négligé pour rendre ce recueil aussi complet et aussi exact qu'il est

(1) C'est le sujet d'un mémoire lu, il y a peu de temps, par M. Bétencourt à l'académie royale des inscriptions et belles-lettres.

possible, et pour le maintenir dans le rang éminent où les volumes précédens l'ont placé entre les grandes collections historiques.

M. Brial a mis sous presse le tome XIX, qui sera la troisième et dernière livraison des monumens des règnes de Philippe Auguste et de Louis VIII. II contiendra, 1.° les récits originaux des funestes guerres [horrida bella] contre les Albigeois dans le midi de la France; 2.° les épîtres des papes et des princes, écrites durant ces deux règnes et relatives à l'histoire de France. La première de ces deux parties sera d'une très-haute importance: elle offrira un intérêt supérieur encore à celui du volume dont nous venons de rendre compte, quoique des textes inédits, la révision des textes déjà imprimés, sur-tout de ceux de Villehardouin et d'Albéric de Trois-Fontaines, doivent le rendre extrêmement précieux aux savans. M. Brial aura publié en vingt ans six volumes de cette collection, c'est-à-dire autant qu'il en avoit paru dans les cinquante années précédentes. En suivant les méthodes de ses habiles. prédécesseurs, il a porté à-la-fois dans ce travail plus d'activité, une érudition plus étendue, et une critique plus rigoureuse. Le style toujours pur de ses préfaces et de ses notes, en latin et en français, porte l'empreinte de l'exactitude sévère qui a présidé à la recherche, au choix, à la disposition et à la révision des matériaux.

DAUNOU.

CONSTANTINOPOLIS UND BOSPOROS örtlich und geschichtlich beschreben, von Jos. von Hammer; Description topographique et historique de Constantinople et du Bosphore, par M. Joseph de Hammer, avec 120 inscriptions grecques, latines, arabes, persanes et turques, le plan de la ville de Constantinople et une carte du Bosphore. Pesth, 1822, 2 vol. in-8.o

M. le comte Andréossy, dans l'ouvrage qu'il a publié en 1818, à Paris, sous le titre de Voyage à l'embouchure de la mer Noire ou Essai sur le Bosphore, &c., s'exprimoit ainsi : « C'est un beau cadre, sans » doute, que celui qui renfermeroit l'histoire de Constantinople depuis » l'établissement de l'antique Byzance jusqu'à nos jours, en parcourant » les phases par lesquelles ces deux villes étrangères ont passé, en y

joignant l'historique des temps, en faisant connoître la religion, les » mœurs et les usages d'un peuple si différent de nous, ses institutions » particulières, la forme du gouvernement qui le régit, l'administration » qui les soutient, sa situation politique, et en décrivant les monumens » de magnificence et d'utilité publique qui se trouvent encore dans la » capitale de l'empire ottoman. J'avois commencé ce travail; des cir>> constances dont il est inutile de rendre compte, m'en ont momentané» ment éloigné. »

Ce que M. Andréossy regrettoit de n'avoir pu faire, M. de Hammer l'a exécuté avec d'autant plus de succès, qu'aux autres connoissances nécessaires pour un travail de ce genre, il réunit le double avantage d'une grande habitude de la langue turque, et d'une longue résidence à Constantinople. En effet, si l'on joint à l'ouvrage que nous allons faire connoître, celui que M. de Hammer a publié, en 1815, sur la constitution et l'administration de l'empire ottoman, et dont nous avons rendu compte dans ce Journal (année 1818, cahier de juin), on aura un tableau complet de Byzance et de Constantinople, sous tous les points de vue qu'embrassoit le plan de l'auteur du Voyage à l'embouchure de la mer Noire.

L'immense multitude des détails contenus dans la description topographique et historique de Constantinople et du Bosphore en rendroit l'analyse impossible, si nous ne nous bornions pas à indiquer les grandes divisions et les subdivisions principales de l'ouvrage, qui suppose dans son auteur et une lecture immense, et une patience infatigable dans les recherches les plus minutieuses. N'adoptant jamais, sans un examen critique, l'opinion des savans ou des voyageurs qui ont, avant lui, fait de Byzance et de Constantinople l'objet de leurs travaux, par-tout il remonte aux sources; et s'il consulte les traditions locales, il ne les adopte qu'après s'être assuré qu'elles sont conformes aux monumens historiques. On voit que les auteurs grecs de l'histoire byzantine lui sont aussi familiers que les écrivains turcs de Constantinople moderne, et qu'il a préparé de longue main les matériaux qu'il met en oeuvre aujourd'hui; et si la critique avoit un reproche à fui faire, ce ne seroit pas d'avoir négligé quelque partie du tableau qu'il avoit à tracer; ce seroit bien plutôt de s'être permis quelquefois des digressions qui ne se rattachoient pas immédiatement à l'objet de son travail. Telle est, par exemple, la longue excursion qu'il fait jusque dans la mythologie, à l'occasin des drogmans employés, soit par le gouvernement ottoman, soit par les ministres des cours étrangères accrédités à Constantinople. Le premier des deux volumes dont se compose l'ouvrage de M. de

Hammer, est consacré tout entier à la description de Constantinople. Les faubourgs de cette capitale et les deux rives du Bosphore, jusqu'à l'entrée de la mer Noire, forment le sujet du second volume. La description de Constantinople est partagée en six sections principales, qui contiennent ensemble soixante-douze subdivisions. L'auteur traite, dans la première section, de la situation de Constantinople, des mers qui baignent ses murs ou qui amènent à son port les marchandises de l'orient et de l'occident, ainsi que des îles qui s'y trouvent, des rochers et récifs, des rivières, des golfes, bois et ports, des promontoires, des montagnes, des vallées et des forêts. Dans la seconde, il expose tout ce qui a rapport au climat, aux variations de l'atmosphère, et aux tremblemens de terre. Les productions naturelles des trois règnes occupent la troisième section. Avec la quatrième commence la topographie de Constantinople; son enceinte, ses murs, ses portes, sa banlieue, ses ports, et une idée générale de ses fauxbourgs, sont l'objet de cette section. La cinquième traite successivement des places, des marchés, des rues, des temples consacrés aux divinités du paganisme, des palais impériaux, des anciens monumens, et des hôtels occupés par les principaux départemens de l'administration publique. Tous les autres édifices publics, soit qu'ils appartiennent au culte religieux, à l'instruction et aux sciences, aux établissemens de bienfaisance, au commerce, aux arts, à la conduite et à la distribution des eaux, à l'approvisionnement de la ville et au débit des denrées de première nécessité, à la marine, à la guerre, enfin au système de fortifications, sont compris dans la sixième section, qui renferme à elle seule trente-huit subdivisions. Au premier volume est joint un plan très-détaillé de Constantinople et de ses faubourgs, tant en-deçà qu'au-delà du Bosphore.

Le second volume se partage en cinq sections principales, dont la cinquième est en quelque sorte un hors-d'œuvre. Les quatre premières sections de ce volume comprennent, comme celles du premier, soixantedouze subdivisions. Les faubourgs de Constantinople sont l'objet de la première section. La deuxième et la troisième offrent la description historique et topographique de tous les lieux, villages, hameaux, châ– teaux, maisons de plaisance, situés sur les rives du Bosphore, d'abord en Europe, depuis Topkhana jusqu'à l'entrée de la mer Noire, et ensuite sur la côte d'Asie, en partant de la mer Noire jusqu'aux environs. de Scutari, le mont Bulgurlu, nommé anciennement Damatrys, et d'où T'ail embrasse à-la-fois les deux rives du Bosphore et de la Propontide, ainsi que la capitale et tous ses faubourgs. Kasikeuï ou l'ancienne Chalcédoine, et les îles des Princes, sont le sujet de la quatrième section.

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