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qu'ils doivent avoir, dit: Denaria appellatur cujus lamina latitudo antequam curvetur, digitorum decem est, dimidioque ejus quinaria; puis il ajoute: in omni anfractu collis quinariam fieri, uti dometur impetus, necessarium est, item castella, prout res exiget.

M. de Hammer cite encore un passage d'un écrivain grec de Constantinople, qui prouve que les Grecs connoissoient l'usage des soutérazou comme ventouses ou soupiraux. En racontant de quelle manière Justinien Rhinotmétos, ramené près des murs de Constantinople par Terbélis, prince des Bulgares, parvint à lui échapper et à rentrer dans la ville, Cedrenus s'exprime ainsi : « II entra par l'aqueduc et sortit par » le lieu où est la colonne; car c'étoit là que l'aqueduc avoit le soupirail; » αὐτόθι γὰρ εἶχε τὴν διαπνοιὰν ὁ ἀγωγός.

Le second volume commence, ainsi que je l'ai déjà dit, par la description des faubourgs de Constantinople. L'un de ces faubourgs, nommé Chassikeuï, est habité par les Juifs; et, à cette occasion, M. de Hammer fait connoître l'état politique de cette nation dans la capitale de l'empire ottoman.

« Les Juifs, dit-il, quoiqu'ils soient livrés au souverain mépris et >> aux insultes non-seulement des musulmans, mais même des chré>> tiens, n'en forment pas moins dans la capitale une sorte de république » particulière, gouvernée par ses propres magistrats et régie par ses » propres lois. Son gouvernement se compose des trois premiers rabbins, » et d'un conseil des Sept, dont les membres sont élus pour la vie, et » forment une sorte de contre-poids au triumvirat des trois grands » rabbins. Les Sept et les Trois réunis forment le conseil législatif des, » Dix ; ce conseil décide souverainement toutes les affaires de la nation. » Le pouvoir judiciaire est exercé à peu de frais par deux juges, dont » l'un a le siége de sa juridiction à Balata (quartier de la ville aussi » habité par les Juifs), et l'autre au faubourg de Chassikeuj. Les traite» mens des juges et des rabbins, les dépenses des écoles, les secours » accordés aux indigens, avec une contribution annuelle de dix-sept » mille piastres, payée à l'amirauté pour l'exemption du service maritime, » forment toutes les dépenses nationales de la république. Ses finances » sont administrées par une commission de cinq membres qu'on renou» velle tous les deux ans. Une autre commission, dont les membres » sont au nombre de quatre, est chargée d'entretenir les rapports > communs entre les Juifs de la capitale et ceux de la Terre-sainte. La police et la surveillance des mœurs est entre les mains d'une sorte » de censeurs ou de commissaires de police nommés regidors. Chacun » d'eux a la surveillance d'un quartier : ils peuvent condamner à la prison

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» et à la bastonnade les habitans du quartier coupables d'infractions aux » lois de police. »>

M. de Hammer, qui a particulièrement fixé son attention sur les coutumes religieuses, civiles ou domestiques qui ont pu se transmettre, par une sorte de tradition inaperçue, des anciens peuples païens de la Grèce, de la Thrace ou de l'Asie mineure, aux sujets chrétiens des successeurs de Constantin, et après eux aux féroces conquérans de Constantinople, croit avoir reconnu, dans les danses des derviches de l'ordre des Mevlévis, une danse qui faisoit partie des anciens mystères de Samothrace, et dont il est fait mention dans l'inscription funéraire d'un jeune initié. Cette danse, qu'on croit aussi avoir retrouvée dans quelques monumens indiens, étoit un emblème de la marche régulière des corps célestes et de leur divine harmonie. Les exercices violens et les tours de passe-passe des derviches Rufaïs, qui attirent toujours un grand concours de spectateurs à leur monastère situé à Scutari, lui paroissent n'être qu'une imitation exacte de la danse persienne des Thesmophories, du lascif nouós. « Tout ce que Pollux et Athénée » nous disent de cette danse, se trouve, dit-il, parfaitement d'accord » avec la description que nous venons de donner des exercices des » Rufaïs. Dans la danse dont il s'agit, les danseurs se penchoient en » avant, puis se relevoient, et par ces mouvemens ils devoient repré» senter ceux du taureau, symbole de l'agriculture et de la fécondation, >> tantôt succombant sous le poids de son fardeau, tantôt se relevant » et reprenant son attitude naturelle. » Pour les développemens de cette idée, M. de Hammer renvoie les lecteurs à la quatrième partie de l'ouvrage du célèbre Creuzer, intitulé Symbolick und Mythologie der alten Voelker, Ailleurs M. de Hammer assure que la danse usitée dans les tavernes et les lieux de débauche de plusieurs faubourgs de Constantinople, est celle que les Grecs nommoient xópdağ, et qui étoit d'origine indienne, et que la roméka est la même chose qu'étoit dans l'antiquité la danse crétoise du labyrinthe, ou la. pyrrhique.

Je pourrois indiquer beaucoup d'autres endroits de l'ouvrage de M. de Hammer où il joint aux descriptions topographiques, des aperçus plus ou moins développés sur divers sujets relatifs à l'antiquité grecque et latine, aux monumens, aux arts, aux coutumes des peuples anciens, aux préjugés, aux superstitions, aux cérémonies et à l'étiquette de la cour des empereurs grecs de Constantinople, et à beaucoup d'autres objets. Ces digressions animent par-tout le tableau qu'il nous présente de la moderne Constantinople, et jettent de l'intérêt sur des détails minutieux qui, sans cela, fatigueroient le lecteur par leur multiplicité et leur unifor

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mité. Si ses conjectures et les rapprochemens qu'il fait n'obtiennent pas toujours l'assentiment des critiques, du moins on ne pourra se refuser à rendre un juste hommage à l'étendue et à la variété de son érudition. SILVESTRE DE SACY.

Histoire de L'ART DU PAYSAGE, depuis la renaissance des beaux-arts jusqu'au dix-huitième siècle; ou Recherches sur l'origine et les progrès de ce genre de peinture, et sur la vie, les ouvrages et le talent distinctif des principaux paysagistes, &c.; par J. B. Deperthes, auteur de la Théorie du paysage: in-8.. de 544 pages. A Paris, chez le Normant, imprimeurlibraire, rue de Seine, n.° 8.

L'AUTEUR de cette histoire, en rappelant dans son titre qu'il a déjà publié la Théorie du paysage, nous fait souvenir aussi qu'au mois d'octobre 1819, nous rendimes un compte trop abrégé de cette intéressante production. Quelquefois les écrivains reproduisent à la suite de leur nom les titres de leurs précédens ouvrages: ce n'est pas toujours de leur part un moyen bien sûr d'accréditer les nouveaux, et l'oubli des premiers devient souvent un triste présage pour ceux qui leur succèdent. D'autres fois c'est une très-bonne recommandation à l'ouvrage d'un auteur, que le rappel qu'il peut faire d'un travail antérieur, surtout lorsque ce travail a eu l'avantage d'en faire desirer la continuation, et lorsque ce complément d'un sujet non encore traité, doit porter ceux qui possèdent la première partie à se procurer la seconde, et avertir ceux qui auroient négligé d'acquérir le précédent ouvrage, qu'ils n'ont plus rien à desirer sur la matière.

L'Histoire de l'art du paysage, que M. Deperthes publie en ce moment, ne pouvoit réclamer en sa faveur un meilleur suffrage que le souvenir de sa Théorie du même art. Les deux ouvrages réunis forment véritablement un tout, un corps entier de doctrines et de recherches, de préceptes et de faits sur une des plus agréables parties du domaine des beaux-arts. Si chacune des portions de ce domaine trouvoit ainsi, dans le même homme, un théoricien exercé encore par la pratique, et un historien capable de sentir et de juger également le talent de chaque artiste, la différence des goûts et le mérite absolu ou relatif des ouvrages, on pourroit espérer d'avoir ainsi une histoire complète des beaux-arts. Il est difficile de s'en flatter, lorsqu'on se rend compte du grand

nombre de régions qui divisent cet empire, de la difficulté qu'il y a, sur-tout pour ce qui regarde les arts du dessin, que celui qui est en état d'exécuter et de produire, sache scruter les principes qui dirigent l'exécution et discuter les effets de chaque production, soit capable en outre de faire passer par le langage les impressions fugitives du sentiment, et de rendre intelligible à l'esprit ce qui a presque toujours besoin, pour être compris, du secours des yeux. Enfin une dernière condition seroit que chacun des historiens eût fait de l'histoire partielle qu'il entreprendroit, l'étude de toute sa vie.

M. Deperthes a joint cette dernière condition aux conditions précédentes; l'histoire qu'il nous offre est le résultat de plus de trente années d'études et de recherches.

Dans sa Théorie, il nous avoit prouvé qu'il ne lui manquoit rien de ce qu'il faut pour faire connoître toutes les sortes d'études, et faire goûter tous les charmes d'un genre de peinture aussi riche que varié, dans lequel le spectacle infini de la nature offre autant de diversités d'imitation, qu'il y a de manières diverses de l'envisager. La difficulté d'une théorie qui embrasse des rapports aussi nombreux et aussi peu matériels, est de bien saisir les principaux, et d'en ramener les préceptes et les règles à un petit nombre de divisions méthodiques, c'est-à-dire, de points de vue féconds en observations, et où viennent aboutir et se ranger les détails didactiques, les notions pratiques, les faits et les exemples dont les modèles de la nature, ainsi que les œuvres des grands maîtres, fournissent une si ample matière.

C'est ainsi qu'en soumettant à un plan donné par la nature même l'enseignement moral de l'art du paysage, l'auteur a su, dans sa Théorie, tout embrasser avec ordre, classer toutes ses leçons, et en rendre l'application claire et facile. La division de ce plan est celle des quatre saisons et des quatre parties du jour : on ne pouvoit choisir des cadres plus propres à recevoir, avec les différentes scènes qu'on y fait passer, les leçons et, si l'on peut dire, les démonstrations de tous les effets que le pinceau peut dérober à la nature, de toutes les impressions qui dépendent de chacune des variétés des heures du jour et des mois de l'année. En suivant ce double cours, l'artiste apprend à connoître la diversité des moyens qu'il doit employer pour plaire, et l'amateur, les causes du plaisir qu'il éprouve. Voilà tout ce qu'il faut demander à une théorie de sentiment et de goût.

On pourroit donner à cette théorie le nom de poétique; et certes il ne lui faudroit, pour justifier tout-à-fait ce titre, que recevoir les formes de la poésie, c'est-à-dire, de l'art des vers. Celui qui en posséderoit

le talent, y trouveroit et toutes les inspirations et toutes les images dont le poëte a besoin; mais on doit encore savoir gré à l'écrivain en prose qui a dû se livrer à tant de descriptions pittoresques, d'avoir évité les locutions ambitieuses du style prétendu romantique, et cet enthousiasme factice qui repousse d'autant plus l'action du sentiment chez le lecteur, qu'on semble plus la forcer, et ces admirations de commande, par où l'écrivain cherche à faire briller le style beaucoup plus que l'objet de la description.

Dans la seconde partie de sa Théorie du paysage, M. Deperthes nous avoit déjà fait pressentir le sujet du nouvel ouvrage que nous annonçons. Après avoir analysé cette partie de la peinture sous le rapport des effets dus aux variétés des scènes de la nature, il avoit eu aussi à la faire considérer sous le rapport plus intéressant encore de la correspondance de ces effets avec les sensations morales que l'art peut produire, lorsque l'artiste porte dans cette sphère de l'imitation l'élévation d'idées, le sentiment de beauté ou de cette perfection intellectuelle, que le génie seul sait apercevoir dans les œuvres de la nature, que seul il sait imprimer à celles de l'art, perfection qui appartient à l'imitation qu'on est convenu d'appeler idéale, pour la distinguer de celle qui n'est que la répétition fidèle de chaque objet borné au point de vue de sa réalité.

L'auteur avoit alors divisé en deux classes les ouvrages des paysagistes, selon que chacun, ou s'étoit réduit à ne faire que des portraits plus ou moins exacts de sites réels, tels que chaque contrée les présente, ou s'étoit plu à embellir son modèle de tout ce que l'imagination peut y ajouter par l'agrandissement des formes, par le choix des accessoires, des sujets et des personnages propres à en rehausser le caractère. Déjà cette matière, si riche en observations de goût, avoit présenté un aperçu de l'histoire morale de l'art du paysage.

L'ouvrage que nous annonçons aujourd'hui est le corps entier et l'ensemble achevé du sujet, dont la Théorie du paysage n'avoit fait entrevoir que l'esquisse légère.

Toutefois l'auteur l'a renfermé, avec beaucoup de goût et de raison, entre deux limites qui en resserrent l'étendue dans un intervalle de moins de deux siècles, savoir, le seizième, où l'art proprement dit prit naissance, et le dix-septième, qui le vit arriver à toute sa perfection, et qui, en multipliant sa culture, favorisa le développement de toutes ses branches.

Cet espace de temps peut encore se raccourcir, si, au lieu de partir de la date de naissance des premiers peintres auxquels on peut donner

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