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comme celle des rois du Tonquin, de l'usurpation des Tai-son, et un de ces princes, réduit à se réfugier à la cour de Siam, ayant rencontré, dans une île du golfe de Siam, M. Pigneaux, évêque d'Adran, qui se disposoit à passer à Pondichéry, confia à ce prélat ce qu'il avoit de plus précieux, son fils aîné, héritier présomptif de la couronne, âgé seulement de cinq ans. Cet évêque vint en France en 1786, avec son royal élève, afin d'implorer le secours et la protection de Louis XVI en. faveur du roi légitime de Cochinchine. Les ordres donnés par le roi de France ne purent être exécutés, ce qui n'empêcha pas le roi de Cochinchine de rentrer en possession de quelques-unes de ses provinces, à la faveur de la division survenue entre les chefs Tai-son. Les circonstances ayant continué de lui être favorables, et le secours de plusieurs officiers français qui s'étoient attachés à son service ayant introduit quelque discipline dans ses armées et quelque ordre dans son gouvernement, le roi de la Cochinchine entra en 1802 dans le Tonquin, s'en rendit maître; et ayant fait mettre à mort tous les chefs de la famille Taï-son, il réunit sous sa domination les deux états; il fut reconnu roi par l'empereur de la Chine en 1804, et la même année il changea le nom du royaume qui, depuis long-temps s'appeloit An-nam, en celui de Vietnam. Son successeur a été installé le 14 ou le 15 février 1820, et a donné à son règne le nom de Minh-mênh (en chinois Ming-ming, brillante providence). L'auteur complète cet intéressant exposé par une table des souverains de la Cochinchine de la famille Nguyen, actuellement régnante, depuis l'an 1600 jusqu'à ce jour. Tous ces détails, absolument neufs, étoient indispensables pour éclaircir les mentions, en apparence contradictoires, que plusieurs missionnaires ont faites à différentes époques des divers princes de ces contrées. On pourra les compléter en les comparant aux nombreux matériaux que les Chinois nous ont transmis sur l'histoire du Tonquin, de la Cochinchine et des pays voisins, matériaux qui remplissent quinze livres du Pian-i-tian, et qui formeroient facilement trois ou quatre volumes in-8.°

Les autres, morceaux dont se compose la notice que nous venons d'extraire, sont d'un intérêt moins général, quoique fort importans pour les lecteurs des lettres édifiantes. L'un est la succession des évêques français, vicaires-apostoliques du Tonquin et de la Cochinchine; l'autre traite de l'ordre établi dans les missions françaises de ces deux royaumes. Le premier fait connoître la suite des affaires de la religion chrétienne; le second en représente l'état actuel. Dans le dernier sur-tout on rencontre beaucoup de particularités curieuses des coutumes du pays, et l'on en peut dire autant d'une lettre de M. Reydellet, écrite en 1766,

et qui est la première du volume. Les autres, qui vont jusqu'en 1786, offrent le même genre de mérite et le même degré d'intérêt que nous avons remarqués dans les premières livraisons de ce recueil (1). J. P. ABEL-RÉMUSAT.

TRAVELS IN VARIOUS COUNTRIES OF THE EAST, more particularly Persia, &c. Voyages en diverses contrées du Levant, et plus particulièrement de la Perse; ouvrage dans lequel l'auteur a décrit, autant que ses propres observations lui en ont fourni le moyen, l'état de ces contrées dans les années 1810, 1811 et 1812, et a tâché d'éclaircir divers objets de recherches archéologiques, d'histoire, de philosophie et de littérature mélangée, avec des extraits de plusieurs manuscrits orientaux rares et de grand prix; par sir William Ouseley, &c. &c.: tom. II. Londres, 1821, 544 pages in-4.o

En rendant compte, dans ce Journal (2), du premier volume de l'ouvrage de sir William Ouseley, nous avons fait connoître le plan adopté par l'auteur, qui semble s'être proposé moins d'écrire la relation de son voyage, que de communiquer à ses lecteurs, à l'occasion des lieux qu'il a visités et des contrées qu'il a parcourues, les résultats de l'étude assidue qu'il a faite des écrivains orientaux anciens et modernes, relativement à la Perse, et sur-tout à ses antiquités. M. Ouseley ne s'est point écarté de ce plan dans le second volume qui vient de paroître, et peut-être même trouvera-t-on qu'il auroit pu, sans cesser d'y être fidèle, retrancher beaucoup de citations puisées dans des écrivains qui se sont évidemment copiés les uns les autres, et qui ont répété, sans aucune critique, des traditions absurdes. Mais, sans insister sur cette observation, et sans examiner s'il n'eût pas été plus convenable de réserver pour un autre ouvrage des recherches critiques et archéologiques qui interrompent souvent la narration et font perdre de vue aux lecteurs le voyageur et l'enchaînement des faits qu'il raconte, nous nous bornerons à une simple analyse de ce que contient ce volume. Il est, comme le précédent, divisé en six chapitres, c'est-à-dire qu'il

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(1) Voyez nos cahiers de mars 1819 et d'octobre 1820. (2) Année 1819, cahier d'octobre, p. 579 et suiv.

contient les chapitres VII et suivans jusqu'au XII. inclusivement: à la suite de ce dernier, l'auteur a placé, comme dans le premier volume, un appendix divisé en six articles, et il joint à ce second tome, outre une carte des routes qu'il a faites dans le midi de la Perse, trente-deux planches qui, jointes aux vingt-trois dont le premier est orné, en font en tout cinquante-cinq. L'auteur, qui paroît avoir senti ce que la forme bizarre de l'atlas joint au premier volume avoit de désagréable à l'œil et d'incommode pour les lecteurs, a assujetti toutes les planches du second au format in-4.

Le chapitre VII, qui est, comme nous l'avons dit, le premier de ce volume, contient le récit de ce qui s'est passé durant le premier séjour de M. Ouseley à Schiraz, et la description des lieux les plus remarquables de cette ville et de ses environs, tels que le tombeau de Hafiz, le Mosalla ou place consacrée aux prières publiques, et le ruisseau de Rocnabad, lieux célébrés par ce poëte, qu'on est, pour ainsi dire, convenu d'appeler l'Horace de la Perse; le tombeau de Saadi, les ruines du château de Fahender, remarquable par un puits dont on ignore la profondeur, et où l'on suppose que les anciens monarques de ce pays ont déposé leurs trésors sous la garde de quelque talisman; les antiquités connues sous les noms de chapelle, temple ou monastère de Salomon, trône ou mosquée de la mère de Salomon, et plus ordinairement désignées par la simple dénomination de Maderi Suleiman, c'est-àdire, Mère de Salomon; enfin un monument auquel les Persans donnent ridiculement, comme à bien d'autres, le nom de Nakschi Roustam, c'està-dire, figure sculptée de Rostam; mais qui, suivant M. Ouseley, appartient à un des rois sassanides qui ont porté le nom de Bahram ou Varahran.

Les principaux objets d'antiquités qui forment le monument nommé la Mère de Salomon, sont trois portiques de onze à douze pieds anglais de hauteur, formés de deux pilastres droits, sur lesquels repose un bloc de marbre de sept ou huit pieds de long, posé horizontalement. Ces portiques sont ornés intérieurement de figures humaines en relief plus grandes que nature; les murs de cet édifice sont détruits presque en entier, et il n'en reste guère autre chose que les fondations, où l'on remarque des pierres sur lesquelles sont sculptés des sujets pareils à ceux des monumens de Persépolis. On observe en outre que plusieurs des blocs de marbre dont est composé ce monument, paroissent avoir été rapportés après coup et ne s'ajustent pas bien ensemble; que la substance qui y a été employée est un marbre dur et noir, semblable à celui des ruines de Persépolis, tandis que l'on ne trouve, dans les en

virons de Schiraz, qu'une pierre moins dure et blanche; enfin, que le travail de la sculpture est le même que celui des édifices de Persépolis, et paroît être du même temps et de la même main. Tout cela porte notre voyageur à penser, comme l'a dit Niebuhr, que les matériaux de cet édifice ont été pris dans les ruines de Persépolis, et transportés ici pour être employés à la construction de ce monument, et qu'on a placé dans les murs et dans les fondations les pièces qui avoient le plus souffert dans le transport. Le nom que les habitans du pays donnent à ce monument, dont on ignore la destination, vient encore à l'appui de cette conjecture, puisqu'une tradition vulgaire, postérieure sans doute au mahométisme, attribue la construction des édifices de Persépolis à Salomon ou aux génies qui travailloient sous ses ordres, et qui construisirent pour lui Baalbec et Palmyre. M. Ouseley pense que le monument dont il s'agit a été construit avec des matériaux pris à Persépolis, avant la conquête de la Perse par les musulmans: les motifs qu'il donne de cette opinion paroissent assez plausibles; mais, dans le silence absolu de l'histoire et même des traditions locales, il est impossible de déterminer à quelle époque a été élevé ce monument, qui d'ailleurs ne porte aucune inscription grecque ni sassanide. Maderi Suleiman est à cinq milles à l'est de Schiraz; le lieu où il se trouve présente d'autres ruines et beaucoup de traces d'habitation.

L'autre monument antique décrit par M. Ouseley, et dont la planche 29 offre la représentation, est, sans aucun doute, du temps des Sassanides; il est éloigné du précédent d'environ un mille et demi. Il consiste en trois compartimens ou tablettes taillées sur la face d'un rocher à pic, au pied duquel coule un ruisseau d'eau pure. D'après M. Ouseley, les descriptions et les dessins de ce monument, donnés par les voyageurs qui en ont parlé avant lui, sont très-peu exacts. La tablette du milieu contient la figure d'un roi sassanide. Quelques lettres encore visibles d'une inscription que le temps a détruite, ont donné lieu à M. Ouseley de penser que ce roi est un de ceux qui ont porté le nom de Bahram ou Varahran, et, par la comparaison de cette figure et de son costume avec quelques médailles, il se croit suffisamment autorisé à y reconnoître Bahram gour ou Bahrain V. Dans le compartiment à droite de celui-là, à l'égard du spectateur, est une figure d'homme qu'on peut regarder comme un prince sassanide; il tient une épée de la main gauche. Le troisième compartiment offre deux figures en face l'une de l'autre l'une est un homme qui tient la main gauche sur son épée, et dont la coiffure ressemble beaucoup à celle de la figure que contient la seconde tablette; de la main droite, qui est élevée, il

présente une fleur, ou un objet qui ne nous est pas connu, à la figure qui est devant lui, et qui vraisemblablement est une femme. Dans le milieu de la tablette, entre les deux figures, est une inscription de quatre lignes en caractères pehlvis ou sassanides, tellement usée par le temps, que notre voyageur n'a pas pu en prendre la copie. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle. La forme de la tiare, que porte la figure d'homme dans les deux derniers compartimens, et qui est recourbée en avant sur le front, indique que cette figure ne représente pas un roi; mais elle peut être celle d'un prince de la famille royale.

M. Ouseley, en terminant ce chapitre, rend compte de la permission que lui accorda le prince Hoseïn Ali Mirza, gouverneur de la province dont Schiraz est la capitale, pour visiter la ville de Fasa ou Pasa, et celle de Darab-ghird, située presque sur la limite du Kirman, puis revenir à Schiraz par Persépolis. Un mihmandar lui fut assigné pour le conduire dans le cours de ce voyage et fournir à tous ses besoins, et on lui donna une escorte pour le garantir des attaques et des insultes auxquelles il auroit pu être exposé. Le récit de cette excursion, à laquelle il employa dix-huit jours, depuis le 19 avril jusqu'au 6 mai 1811, est le sujet des chapitres VIII et IX.

La seule chose digne de remarque que vit notre voyageur entre Schiraz et Fasa, à la distance de quelques milles de cette dernière ville, c'est un autel du feu, seul reste de quelque importance d'un ancien pyrée. Cet autel ne consiste qu'en une seule pierre de onze à douze pieds de haut. La partie supérieure de cette pierre est creusée à la profondeur de dix où onze pouces. C'étoit dans ce creux qu'on plaçoit l'ateschdan ou braisière, qui contenoit le feu et le bois destiné à l'entretenir. Sur l'un des côtés de l'autel, on aperçoit les traces d'une inscription presque totalement effacée. Tout ce dont a pu s'assurer notre voyageur, c'est que cette inscription étoit en caractères pehlvis, et non en caractères cunéiformes.

Arrivé à Fasa, M. Ouseley chercha en vain, soit dans la ville même, soit dans ses environs, quelques restes de monumens antiques. Cette ville ancienne, et qui paroît avoir été autrefois très-considérable, est réduite aujourd'hui presque à rien, et n'offre au voyageur aucun objet digne d'exciter sa curiosité. Aussi M. Ouseley, auquel le rapport de son nom avec l'antique Pasargada avoit inspiré le desir de la visiter, la quitta-t-il bientôt pour continuer sa route vers Darab-ghird.

Si cette ville, dont le nom seul indique qu'elle doit son origine à un des rois du nom de Darab ou Darius, n'offre elle-même aucun monument antérieur à l'islamisme, du moins la peine qu'avoit prise notre

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