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paroît s'y être perpétué jusque sous la domination des Grecs ou sous celle des Romains, ainsi que le fait présumer la découverte de M. Drovetti; de sorte que le nom de coudée de Memphis, donné par M. Jomard à celle de o", 20, ne peut convenir qu'à la coudée de c",413, ou, suivant moi, de o",444.

En terminant sa notice, M. Jomard dit avoir trouvé au socle de la pyramide de Chéphren, 208 mètres, et au socle de celle de Mycérinus, 104 mètres. Si ces mesures doivent être comparées à l'étendue d'un stade, la première présenteroit, à 14 mètres près, celui de 500 au degré, et la seconde, un demi-stade semblable, à sept mètres près. On voit donc, que ni ces trois monumens, les plus considérables, les plus célèbres de l'ancienne Égypte, ni la coudée de M. Drovetti, ne peuvent servir à prouver que le système métrique olympien, ou de 600 stades au degré, ait été connu et employé par les Egyptiens avant, l'arrivée des Grecs, soit sous le règne de Psammitique, vers 550 avant J. C., soit deux siècles plus tard, sous les successeurs d'Alexandre.

GOSSELLIN.

EUVRES DE ROTROU, tom. I, II, III et IV. Paris, Desoer, rue Christine, 1820, in-8.o

SECOND ARTICLE.

DANS un premier article, j'ai tâché de faire connoître la personne de Rotrou, et j'ai donné une idée générale de son talent. J'examinerai à présent cet auteur comme poëte comique et tragique, et sur-tout comme écrivain dramatique.

On a dit que la comédie présente l'image de la société contemporaine, et que si l'on n'avoit pas d'autres documens de l'histoire des mœurs d'une nation, on la trouveroit dans les tableaux tracés par ses auteurs. comiques. Cette observation ingénieuse ne doit pas être trop généralisée : il seroit facile de citer beaucoup d'exceptions, soit quant aux diverses époques de la société, soit quant aux divers peuples; et pour ne pas sortir du sujet qui m'occupe en ce moment, il est évident que, lorsque Rotrou composa ses comédies, le théâtre n'offroit guère l'image de la société et peignoit seulement quelques détails des mours du jour. Les auteurs français tantôt imitoient les comédies romanesques du théâtre espagnol, et tantôt transportoient sur la scène les intrigues et les mœurs peintes

dans les romans, qui formoient alors la partie la plus importante ou du moins la plus recherchée de la littérature française. Les spectateurs se contentoient de rencontrer au théâtre ces mœurs et ces intrigues de convention, avec lesquelles ils étoient familiarisés par leurs lectures, et ils n'attendoient ni n'exigeoient la peinture des ridicules qui pouvoient ou devoient frapper les personnes habituées à fréquenter le monde, que peutêtre on n'avoit pas encore appris à observer. Ainsi le théâtre comique, au lieu d'être consacré à dénoncer et à châtier les ridicules du temps, n'offroit le plus souvent que la mise en action du genre de littérature qui étoit le plus à la mode.

Avant que Corneille eût, par ses exemples et par son autorité, établi les règles dramatiques que nos grands maîtres ont depuis observées, le théâtre français empruntant, ainsi que je l'ai dit, ses sujets à la littérature espagnole et aux romans de l'époque, offroit très-fréquemment ces bizarres compositions, ces formes irrégulières, ces nombreuses invraisemblances dont quelques personnes ne font pas un reproche à des théâtres étrangers. Je n'entrerai à cet égard dans aucun détail par rapport à Rotrou, qui, dans plusieurs de ses pièces, soit par instinct, soit par réflexion, respecta les règles : mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que les mêmes licences dramatiques que des critiques éclèbres regardent comme favorables à la liberté, au développement, à l'essor du talent, avoient précédemment envahi la scène française, et que c'est au temps même où nos grands maîtres tragiques et comiques les ont réprimées, qu'ont paru les chefs-d'oeuvre dramatiques en divers genres dont notre littérature s'enorgueillit si justement.

La règle théâtrale que Rotrou a le plus ordinairement violée, surtout dans ses premières pièces, c'est celle de l'unité de lieu, dont l'infraction entraîne assez souvent la violation de la règle de l'unité de temps. Je me bornerai à citer la tragi-comédie de l'HEUREUSE CONSTANCE, jouée en 1631. Dans les mêmes actes, non seulement il y a changement de lieu, mais encore ce changement est d'un royaume à F'autre; de sorte que la scène est tour à tour en Dalmatie et en Hongrie. On voit un personnage quitter un royaume, faire son rôle dans l'autre, et ensuite revenir. J'ose dire que la scène française de cette époque n'auroit rien eu à envier à toutes les libertés de la scène romantique.

On ne sera donc pas surpris de trouver dans Rotrou toutes les licences de composition qui caractérisoient et l'époque et le genre, les intrigues très-difficiles à débrouiller, les actions trop compliquées, les événemens inattendus, les plus grandes invraisemblances, nombre de cartels, de duels, de déguisemens de sexe et d'état, les bravades de

spadassins, les apparitions subites de voleurs, de pirates, les entrées et les sorties rarement motivées; et dans le style, beaucoup de mauvaises pointes, des amplifications, des négligences. Mais quand on a fait la part de reproches due à ces défauts, que de comique de situation, que de détails spirituels, quelle élégance, quelle pureté de style, n'at-on pas souvent à applaudir!

Rotrou offre parfois le comique de situation, parce que ce comique résulte ordinairement des intrigues romanesques, et est amené par les invraisemblances que le poëte se permet : mais Rotrou n'a guère connu le comique de caractère; on diroit même qu'il n'a pas visé à le peindre. Le titre d'aucune de ses pièces n'indique cette honorable ambition. S'il a peint quelques ridicules secondaires, ce n'a été, pour ainsi dire, que par occasion.

On aimera sans doute à voir comment Rotrou avoit, dans sa CLARICE, attaqué les médecins, et indiqué à Molière le ridicule de ces docteurs, qui parloient du secret de leur art et d'eux-mêmes avec une emphase burlesque.

Un docteur appelé Hippocrasse, et dont le poëte dit:

Ce fou de médecin,

Si gros âne en sa langue, et docteur en latin;

.Et ensuite:

Ce fou, ce vieux cracheur de flegme et de latin;

doit épouser Clarice, et est en scène avec Horace, père de Clarice,

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Et qui m'auroit trompé pourroit tromper les cieux.
HORACE.

Enfin, à quel propos toute cette éloquence!

HIPPOCRASSE.

Clarice est fille.

HORACE.

Eh bien!

HIPPOCRASSE.

Tirez la conséquence....

La femme est un beau mal, le naufrage de l'homme,
Un soin qui le dévore, un feu qui le consomme,

Un joug qui le captive, une erreur, un défaut,

Un vice de nature...., et pourtant il en faut.

Rotrou, qui avoit ainsi traduit les médecins sur la scène, y fit aussi monter les poëtes. Quelques citations, tirées de la PÉLERINE AMOUREUSE, donneront une idée de la poésie et de la versification de cette époque.

LUCIDOR.

Comment! tu fais des vers!....

En semblable métier chacun s'estime maître ;
Tous y sont ignorans, et pas un ne croit l'être.
Peu savent en cet art réussir comme il faut,
Et chacun l'un de l'autre accuse le défaut.....
FILIDAN.

J'ai peu de vanité; mais pour le moins je croi
Laisser de tant d'auteurs quelque nombre après moi,

Et me connoître assez en ce sacré mystère,

Pour oser discourir où cent doivent se taire.

Mes vers, comme beaucoup, ne sont pas approuvés

Pour un mélange obscur de termes relevés,,
Dont le sens est confus, et qui ne signifient

Que la stérilité de ceux qui versifient,
Qui plaisent toutefois et sèment des appas
Au peuple admirateur de ce qu'il n'entend pas...
J'écris plus noblement, et, sans beaucoup rêver,
Ce qui languit de soi je sais le relever....
Mais vous estimerez ces discours un peu vains.
LUCIDOR.

Autant que le sont ceux de tous les écrivains.
Tous prisent leur savoir, tous estiment leurs veilles,

Et tous pensent avoir le sécret des merveilles,

L'interlocuteur, après avoir entendu des vers que lit Filidan, vante

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Et la seule nature inspire notre verve.'.'
L'art de la poésie ajuste la beauté;

Mais nous naissons pourvus de cette qualité.
Quand nature se tait, la science est muette;
Le travail de cent ans ne peut faire un poëte.
Dans LES CAPTIFS, un poëte s'écrie :

Je voudrois que la rime en fût bien naturelle;
Puisqu'elle ne vient point, allons au-devant d'elle;
Peut-être qu'en marchant nous la pourrons trouver....
Bon, ce terme, ce semble, est né pour la pensée,
Le vers n'en est contraint, ni la rime forcée.

La cadence en est bonne et le son en est doux.

Rotrou n'a pas manqué de débiter sur la scène les déclamations, déjà vieilles de son temps, contre l'inconstance des amans, leur tiédeur, leurs vues intéressées; ses personnages manquent quelquefois, à cet égard, de délicatesse et dans les sentimens et dans l'expression. On lit dans LA CÉLIANE:

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Le pouvoir des attraits sur l'esprit des amans,
Étoit bon pour Hélène, et du temps des romans;
Mais du siècle qui court, il n'est plus en usage;

Les attraits sont au coffre, et non pas au visage.

Dans LA PÉLERINE AMOUREUSE:

Pensez-y mûrement; folle ou sage, qu'importe!
Il faut considérer ce qu'elle vous apporte:
Les plus fins en ce temps épousent les trésors,
Et n'examinent point ni l'esprit ni le corps....
On se rit aujourd'hui des maris amoureux;
Si leur femme est parfaite, elle n'est pas pour eux.
Un ami plus courtois est l'objet qui l'enflamme;
S'ils possèdent le corps, d'autres possèdent l'ame.
Accommodez au temps vos inclinations,

Et ne vous piquez point de folles passions.

L'amant insiste, et on lui répond:

Ces discours étoient bons au siècle d'Oriane:

CCCCC 2

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