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RELIGION CHRÉTIENNE

AUTORISÉE

PAR LES AUTEURS PAIENS.

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE I.er

Les Prodiges arrivés à la mort de Jésus-Christ, autorisés par les Olympiades de Phlegon; par les histoires syriaques de Thallus; par les archives et les registres de l'Empire Romain, etc.

POUR forcer les esprits les plus indociles à reconnoître

la vérité de notre religion, il me paroît qu'une voie des plus sûres et des plus courtes seroit de leur faire bien sentir la vérité des prodiges éclatans qui accompagnèrent la mort de Jésus-Christ; puisque ces prodiges autorisent visiblement sa divinité, et sont par conséquent une preuve incontestable de la vérité de cette même religion dont il est l'auteur et le consommateur.

Parmi cette foule de prodiges qui illustrèrent la mort ignominieuse du Sauveur, tout le monde sait que les deux plus universels furent les ténèbres épaisses qui obscurcirent soudainement le Ciel, et le tremblement qui arriva dans ce même temps. Ce sont là les deux grands prodiges que je cherche à bien établir ici, non par l'autorité de l'Evangile, ou de nos auteurs ecclésiastiques, dont il n'est nullement question dans cet ouvrage, mais uniquement par le témoignage de ce qu'il y a de plus illustre, de plus avéré et de plus authentique parmi les auteurs païens et parmi les monumens du paganisme. Or, il me paroît que les autorités que je mets ici en œuvre, sont d'un caractère à ne pouvoir être démenties, et que le libertinage le plus fier ne pourra s'inscrire en faux, sans acheyer de se décréditer lui-même.

Le premier et le principal auteur dont je parle dans cette dissertation, c'est le célèbre Phlegon, si connu et si estimé des savans par son histoire des Olympiades et par ses autres ouvrages qui sont remplis de l'érudition la plus choisie, et dont les fragmens considérables qui nous restent nous feront toujours regretter la perte irréparable. Pour mettre d'abord le lecteur sur les voies, commençons par dire quel homme étoit ce Phlegon dont les Saints Pères ont tant parlé, et qu'on ne sauroit trop bien faire connoître pour l'intérêt de la religion.

Phlegon, surnommé Trallien, du lieu de sa naissance, qui étoit la ville de Tralles dans l'Asie, florissoit à Rome vers le milieu du second siècle. Il y passa la meilleure partie de sa vie auprès de l'Empereur Adrien, et il étoit un de ces savans et célèbres affranchis, que

ce Prince, qui aimoit les lettres et qui étoit savant lui-même, avoit soin d'entretenir auprès de sa personne, pour s'instruire leurs lumières et pour mettre leur par conversation et leur étude à profit.

Ce que nous savons de plus de Phlégon, c'est que c'étoit un fort bel esprit, et un savant du premier ordre, mais un savant d'un goût exquis, qui avoit su allier une grande érudition à la politesse de la première cour de l'univers, et qui par là s'étoit fort distingué parmi les gens de lettres dont cette cour étoit composée.

Entre les savans qui brilloient le plus dans cette même cour, il y en a plusieurs dont les ouvrages ou les noms sont venus jusqu'à nous. Les principaux que nous connoissions sont le célèbre stoïcien Epictète, si connu par son manuel; son disciple Arrien, surnommé le nouveau Xénophon; le fameux sophiste Phavorin, gaulois de naissance et né dans la ville d'Arles; le philosophe Héliodore; l'historien Florus; et les sophistes Polemon, et Denis de Milet.

Il falloit bien que Phlegon se distinguât fort au milieu de cette troupe de gens de lettres, puisque l'Empereur Adrien, qui aimoit la gloire, et peut-être jusqu'à l'excès, ayant lui-même composé les mémoires de sa vie, crut qu'il n'y avoit pas de plus infaillible secret pour les faire lire avec plaisir, que de les faire paroître sous le nom de son affranchi Phlegon. C'est un fait singulier que nous apprenons de Dion et surtout de Spartien dans la vie de cet Empereur. (1)

(1) Famæ celebris Adrianus tam cupidus fuit ut libros vitæ suæ scriptos à se, libertis suis litteratis dederit. Nam Phlegontis libri Adriani esse di

cuntur.

Ce fut Phlegon sur lequel Adrien jeta les yeux pour accréditer ses mémoires, et pour faire mieux goûter les louanges qu'il s'y donnoit adroitement.

§ I.er

Ouvrages de Phlégɔn.

Cette haute réputation de Phlégon étoit en partie le fruit de plusieurs excellens ouvrages écrits en grec (car c'étoit là sa langue naturelle), et en particulier de trois ouvrages assez singuliers, dont il nous reste encore- aujourd'hui des fragmens considérables que Meursius a pris soin de recueillir, et d'illustrer par des notes.

Le plus remarquable de ces trois ouvrages étoit la célèbre histoire des Olympiades, adressée à Alcibiade, capitaine des gardes d'Adrien, laquelle, à proprement parler, n'étoit autre chose qu'une manière d'annales, ou de chronique assez détaillée, qui étoit divisée en seize livres, et qui contenoit l'histoire des événemens mémorables arrivés dans tout l'univers, durant l'espace de plus de neuf cents ans, c'est-à-dire, depuis l'établissement, ou plutôt depuis le renouvellement des Olympiades sous Iphitus, jusqu'à la 138. année de JésusChrist, qui se trouve dans l'Olympiade 229.*

Pour connoître le caractère de cet important ouvrage, on n'a qu'à jeter les yeux sur la 177. Olympiade que Photius nous a conservée dans sa Bibliothèque. On pourra juger par quelques événemens singuliers qu'il y marque, tels que sont par exemple la naissance de Virgile, les neuf cent dix mille âmes dont on fit le

dénombrement dans la ville de Rome; la défaite de Mithridate et de Tigrane par Luculle; la conquête de la Sicile par Metellus; on pourra, dis-je, juger par cet échantillon de quelle utilité seroit cette chronique, pour éclaircir l'histoire profane et même l'ecclésiastique, si nous l'avions tout entière, ou si nous avions du moins les 177 premières olympiades qu'on avoit encore dans le neuvième siècle, et que Photius avoit lues, comme il nous l'assure lui-même.

Le second ouvrage de Philégon est son histoire des choses extraordinaires ou des merveilles, divisée en trente-cinq chapitres, dont le commencement et la meilleure partie nous manquent; et son troisième ouvrage enfin, est un traité sur les personnes qui ont vécu long-temps, c'est-à-dire, comme il l'explique dans le titre même, une manière d'histoire ou plutôt de dénombrement des personnes qui ont vécu plus de cent ans. Tout ce qui nous reste de ces trois curieux ouvrages se trouve heureusement dans les huitième et neuvième volumes des antiquités grecques, où le savant M. Gronovius a pris soin de les insérer, pour conserver à la postérité ces morceaux précieux.

C'est dans l'histoire des Olympiades que Phlegon, tout Païen qu'il étoit, rend, sans le savoir et sans le vouloir, à la divinité de Jésus-Christ et à la vérité de notre religion, deux ou trois magnifiques et invincibles témoignages qu'on ne sauroit trop relever.

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