Immagini della pagina
PDF
ePub

imaginent de nouveaux; parmi ceux-ci on peut citer avec honneur MM. Cochard, conseiller de préfecture du Rhône, le marquis de Fortia, le baron de Ladoucette, Letronne, Champollion-Figeac, et François Drojat. Ainsi, l'embrasement de Lyon (page 148) est autrement expliqué par M. de la Tourette que par le père de Colonia; voyez Manuscrits de la bibliothèque de Lyon, tome 3, page 258; ainsi, une multitude de points historiques avancés par le père de Colonia, sont contredits d'une manière satisfaisante par l'abbé Pernetti, dans ses Recherches pour servir à l'histoire de Lyon, ou les Lyonnois dignes de mémoire, Lyon, 1757, 2 volumes in-8°; par M. Delandine, dans les Manuscrits de la bibliothèque de Lyon, ou Notices sur leur ancienneté, leurs auteurs, les objets qu'on y a traités, le caractère de leur écriture, l'indication de ceux à qui ils appartiennent, etc., Lyon, 1812, 3 volumes in-8°; par Moréri, et par d'autres savans qui se sont occupés d'histoire ou de bibliographie.

Qu'il me soit permis de rapporter ici quelques pensées du père de Colonia, pour faire connoître l'esprit dont il étoit animé, en composant son histoire littéraire.

1. L'abus que ces gens là (Henri Étienne, Dolet, Servet) firent de leur art et de la science, dont ils se piquoient tous, en prouve la bonté et l'utilité; puisqu'on n'abuse que de ce qui est bon, comme on ne profane que ce qui est saint. Tome I.

2. C'est le caractère spécial de l'erreur de se démentir toujours, et de ne pouvoir pas se soutenir ni dans ses principes, mi dans les fausses conséquences qu'elle en tire; page 198.

3. Il me suffira de donner pour certain ce qui l'est en effet, et je donnerai pour problématique, ce qui l'est encore. Je sais que nous vivons dans un siècle exact, qui permet les conjectures, mais qui n'aime point qu'on se hazarde à deviner; page 55.

4. Ce fut là de tout temps un des grands artifices de l'hérésie de se prévaloir d'un sexe, facile à tromper, difficile à détromper, et tout propre à tromper les autres ; page 72.

5. L'autorité ecclésiastique doit imiter la miséricorde de Dieu lui-même qui, pour l'ordinaire, ne détruit son ou→ vrage que lentement et avec peine, lui qui le bâtit et le crée dans un instant; page 90.

6. Voilà ce qui s'appelle une pieuse fiction (le martyre de saint Irénée tel qu'il est raconté par Baronius, etc.), il faut la mettre au niveau d'une infinité d'autres pareilles que la simple piété de nos ancêtres se croyoit en droit d'imaginer dans des siècles peu éclairés, du moins en matière de critique; page 99.

7. Les saints peuvent avoir des préjugés comme les autres hommes, et ils ne sont pas toujours sans défaut; page 142.

8. Tout le monde sait que le nom de Pape, qui ne signifie autre chose que Père, se donnoit indifféremment à tous les évêques, et surtout à ceux des grands sièges, jusqu'à Grégoire VII qui se l'appropria; page 161.

9. On ne place guère les faits merveilleux que dans les temps les plus reculés, dans l'obscurité desquels on ne peut plus démêler la vérité; page 343.

10. L'église des Apôtres, à Lyon, commença dès le sixième siècle à porter le nom de Saint- Nizier; et ce changement de titre se fit par la voix du peuple, plus forte et plus décisive dans ces premiers temps qu'elle ne l'est aujourd'hui; page 360.

11. On ne savoit pas être court en ce temps-là. On ne savoit pas répandre sur les monumens publics cette noble et briève simplicité qui en fait tout le prix. On croyoit dire bien et beaucoup, quand on disoit beaucoup de paroles; page 361.

12. Sans le secours des prodiges on peut trouver ou dans les causes naturelles, ou dans le hazard, ou dans la matice des hommes, les véritables causes des plus terribles événemens; page 155.

13. On donne à Childebert I les louanges les plus magnifiques dans la petite préface, qui est à la tête des actes du

cinquième concile d'Orléans. On y exalte fort son courage, ses victoires, sa bonté pour ses peuples, son zèle pour la religion et pour la discipline de l'Église. Il faut reconnoitre ici que ce prince méritoit assez tous ces éloges par son zèle à extirper les restes de l'idolâtrie, à faire fleurir le christianisme, à faire convoquer des conciles. On sait qu'il en fit assembler jusqu'à quatre dans la seule ville d'Orléans, et un dans celle de Paris. Mais toutes ces actions de piété n'ont pas fait oublier à la postérité l'action barbare qu'il fit en consentant au meurtre de ses neveux pour s'enrichir de leurs dépouilles; page 321.

14. Toutes les louanges de saint Grégoire le Grand jointes aux grands éloges que saint Fortunat, évêque de Poitiers, a faits de la reine Brunehaut, font un étrange contraste avec le caractère affreux qu'en ont tracé nos historiens, qui nous la peignent communément comme un vrai monstre en perfidie, en avarice, en cruauté, en violence et en débauche, et comme une scélérate digne de la cruelle mort qu'on lui fit souffrir. De tout ce contraste, qui semble prouver le pyrrhonisme de l'histoire, il en résulte que cette princesse eut l'art de concilier dans elle beaucoup de bien et beaucoup de mal, tome 2; page 28.

15. Agobard étoit un de ces hommes impétueux, de ces hommes de feu, qui vont au bien sans ménagement et sans tolérance; et qui ne voulant jamais rien que de juste, le veulent quelquefois un peu trop. Leydrade étoit plus circonspect et plus mesuré dans ses paroles et dans ses démarches; la modération et la patience faisoient son caractère; et par là même il venoit enfin à bout de tout. Agobard étoit sans doute plus savant, Leydrade étoit plus habile; le premier savoit mieux les siècles passés, mais l'autre savoit mieux le siècle présent. Leydrade n'avoit recours à l'autorité que lorsque la persuasion ne pouvoit plus servir de rien; Agobard cherchoit moins à persuader qu'à convaincre par le poids et par la force de ses raisons; page 97.

16. Agobard étoit ennemi des superstitions. Il étoit convaincu qu'à mesure qu'on introduit de fausses mer

veilles et de faux miracles dans la religion, on en fait disparoître les véritables; page 114.

17. Ces sortes d'adulations (de faire descendre des anciens célèbres quelques familles nobles) décréditent l'histoire et révoltent les personnes sensées. Il faut avouer néanmoins que ces fabuleuses origines, dont nous avons tant d'exemples, ne laissent pas d'être en certains sens, un titre d'illustration pour les maisons distinguées, parce que c'est un fabuleux qui ne peut convenir qu'à elles; page 187.

18. Les âmes d'un certain ordre trouvent du temps pour tous leurs devoirs, et ont des jours plus étendus, si j'ose m'exprimer ainsi, que le reste des homines; page 221.

19. L'anathême ou la sentence d'excommunication contre Frédéric 11, fut véritablement l'ouvrage du concile de Lyon, comme les Pères qui le composoient le témoignèrent assez publiquement en éteignant leurs cierges, la flamme en bas, selon la coutume. Majs la déposition de ce prince ne se fit pas conciliariter, pour parler le langage de l'école, c'est-à-dire, qu'elle se fit par le pape dans le concile, sacro presente concilio, et non pas par le concile lui-même; et c'est aussi sans doute par cette raison que le concile de Constance, faisant, dans la trente-neuvième session, le dénombrement des conciles œcuméniques, n'a fait mention que d'un seul concile de Lyon (c'est sans difficulté du second qu'il parle), parce que la sentence portée contre Frédéric, qui fut le grand objet de ce premier concile et qui ne regardoit rien moins que les dogmes de la foi, ne fut point portée par le concile lui-même, et ne fut point adoptée par l'église universelle; page 274.

20. On sait assez que les intérêts et les passions des hommes sont, en un certains sens, la raison de Dieu, et entrent comme tout le reste, dans les vues de sa Providence; page 342.

21. Le père Jean Ropitel, religieux minime, sans se soucier fort de ménager en chaire ses expressions, à l'exemple de plusieurs autres prédicateurs, y invectivoit

tous les jours contre la nouvelle secte (des protestans), avec toute l'éloquence et la force que Dieu lui avoit données.... On a déjà dit avant moi que l'erreur n'a besoin que de simple tolérance pour faire en peu de temps les progrès les plus rapides, et pour oser tout entreprendre....; page 236.

Voici le correctif de cette pensée.

22. Ce qui édifia le plus les catholiques, et charma les protestans même, c'est que le père Edmond Auger, durant tout le cours de ses sermons, ne laissa échapper contre eux aucun terme ni d'insulte, ni de reproche, ni de haine ou de mépris; et qu'en combattant leurs erreurs, il épargnal toujours avec soin leurs personnes. On a remarqué depuis long-temps que la modération est infiniment plus propre à ramener un protestant, que toutes les vivacités d'une dispute échauffée, et qu'il est plus aisé de le persuader que de le convaincre; page 680.

23. François I étant à Lyon, la faculté de Sorbonne lui présenta une requête fort pressante au sujet des livres hérétiques, elle y représenta fortement au roi, que s'il vouloit sauver la religion attaquée et ébranlée de tous côtés, il étoit d'une nécessité indispensable d'abolir pour toujours en France, par un édit sévère, l'art de l'imprimerie, qui enfantoit chaque jour une infininité de livres qui lui étoient si pernicieux. Ce projet de la Sorbone fut sur le point d'être réalisé; mais Jean du Bellay, évêque de Paris, et Guillaume Budée parèrent heureusement le coup; ils firent entendre au zélé monarque qu'en conservant un art si utile, il pourroit efficacement remédier aux abus, dont on se plaignoit si justement; page 621.

Le père de Colonia va maintenant nous offrir le contraste. 24. Ce que fit le père Auger pour arrêter dans Lyon le cours des mauvais livres, n'est pas moins louable; il fit luimême, avec quelques docteurs catholiques, une visite générale des boutiques et des magasins des imprimeurs et des libraires. Il en fit enlever par l'ordre du roi une prodigieuse quantité de livres ou hérétiques ou suspects, et il les fit

« IndietroContinua »