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MONTPELLIER, TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE BOEHM ET FILS.

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Ford-m.
Gottsch

6-25-29
19660

SOCIÉTÉ LANGUEDOCIENNE

DE

GÉOGRAPHIE

DE LA MÉTHODE GÉOGRAPHIQUE

(LEÇON D'OUVERTURE)

Par M. H. MONIN.

MESSIEURS,

Il y a bien des façons de comprendre et par conséquent d'enseigner la Géographie. Cette science, après avoir été longtemps tenue en médiocre estime (du moins au point de vue éducatif), est aujourd'hui exaltée avec une ferveur toute patriotique. Elle commence même à être cultivée par un grand nombre de personnes qui, après y être restées longtemps étrangères, ont eu quelque mérite, mais aussi quelque peine à se remettre à l'école, et qui, suivant les habitudes acquises de leur esprit, suivant leurs études antérieures, ont abordé cette étude nouvelle par le côté qui les touchait le plus. Or, à quoi ne touche pas, je vous le demande, l'étude de la Terre ? L'astronome, le géodésien, le cartographe-dessinateur, le naturaliste, qu'il s'occupe des climats, de la flore ou de la faune,-le géologue, l'ethnographe, le philologue, l'historien, le statisticien, le démographe, l'économiste, l'ingénieur, le militaire, le commerçant, deviennent tous, à leurs points de vue particuliers, des géographes.

Au Congrès géographique de 1875, un des promoteurs de ce mouvement, M. Drapeyron, disait : « La géographie, bien comprise, centralisera, au profit des sciences politiques, toutes les connaissances humaines ». Cette heureuse formule, Messieurs, marque l'idéal; mais nous ne pouvons et nous ne devons en tirer ni une méthode ni un programme. Bien longtemps encore,

VIII.

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la géographie restera dans la période d'analyse, et, avant que soit accomplie véritablement une telle synthèse, il faudra rassembler bien des faits aujourd'hui inconnus, tenter bien des comparaisons, essayer bien des systèmes.

Il est bon, même à l'heure qu'il est, de ne jamais oublier l'homme en étudiant la Terre; mais il importe d'éviter la confusion, de déterminer et de diviser son objet pour le mieux connaître; bref, de ne pas tout embrasser sous prétexte de géographie. Avant de rechercher l'équivalent mécanique de la chaleur, il a été nécessaire de savoir distinctement les lois de la mécanique et celles de la chaleur; de même, il serait puéril de poursuivre l'équivalent humain, historique, de la géographie, avant d'avoir réuni, tant en géographie qu'en histoire, la plus grande masse de notions certaines et coordonnées.

Lisez, méditez, admirez les subtiles remarques de Montesquieu sur l'influence des climats; le poétique et profond ouvrage de Herder sur la philosophie de l'histoire; les pages expressives où Michelet a gravé la géographie morale des provinces françaises. Mais ne prenez pas toutes les intuitions du génie pour des résultats durables et définitifs de la science. Songez que l'action de la Terre sur l'homme s'exerce par le moyen d'une foule d'intermédiaires; que la géographie n'a pas comme fonction de nous décrire entièrement le milieu où nous vivons et qui nous pénètre, mais simplement le sol sur lequel nous marchons. Notre science, qui pendant longtemps n'a été que la servante de l'histoire, aurait mauvaise grâce à se donner des airs de souveraine sur l'ensemble des connaissances humaines. Cicéron voulait que l'avocat sût toutes choses; ne l'exigeons pas du géographe. Trop de bagages arrête en route, comme trop peu.

Supposez, Messieurs, pour vous faire une idée précise de la géographie, que chacune des sciences auxquelles elle a pris l'habitude d'emprunter vienne lui redemander son bien. Que lui demeurera-t-il en propre ? La description méthodique et la représentation scientifique de la superficie terrestre. Tel est son objet propre. Que l'axe de la planète accomplisse sa nutation, que

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