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ments espagnol et allemand semblent les confondre. Nous allons donc en donner une courte description.

Les îles Palaos forment le groupe le plus occidental de la Micronésie: il est à 600 milles à l'est des Philippines et se compose de dix îles principales et d'un nombre considérable d'îlots. Babelthuap, la plus grande île, est par 7° 41' latitude N. et 132° 23' longitude E.; elle a 30 milles de long; sa partie septentrionale est couverte de hautes montagnes. Toutes les îles du groupe sont couvertes d'épaisses forêts, dont les naturels utilisent les arbres pour construire de grands canots qui peuvent contenir trente personnes. Outre les ignames et les cocotiers, qui sont fort nombreux et constituent la principale nourriture des indigènes, on trouve encore des bananes, des oranges et une grande quantité de racines nutritives.

Les habitants, au nombre de 3,500 environ, appartiennent à une race tout à fait différente de celles des Carolines et de la Polynésie, qui dominent dans l'Est. Ils sont d'une taille moins élevée, d'une teinte plus foncée, et présentent tous les caractères des races malaise et papouasienne; ils sont probablement le résultat du mélange d'une tribu malaise supérieure avec une race aborigène inférieure, et ont des affinités avec les Papouasiens et les Negritos. Les voyageurs an ciens faisaient un grand éloge de ces naturels : le capitaine Wison, qui fit naufrage au Palaos en 1773, écrit que ces hommes « sont déli cats dans leurs sentiments, d'un abord agréable, et qu'en somme ils font honneur à l'espèce humaine ». Le capitaine Cheyne les trouve plus intelligents et plus policés que les Carolins; mais des voyageurs de notre époque font des indigènes des Palaos un portrait moins flatteur. Cette différence provient-elle de leurs rapports plus fréquents avec les Européens ?

Le D' Carl Semper, voyageur allemand qui a récemment visité ces îles, a donné sur leurs populations des détails fort curieux. Malgré le relâchement de leurs mœurs, dit cet explorateur, les habitants savent conserver dans leur tenue une certaine étiquette qui se fait sentir dans tout l'ensemble de leur organisation éminemment aristocratique. Un homme bien élevé, par exemple, ne s'approchera jamais de l'endroit où les femmes prennent leur bain; jamais non plus on ne le rencontrera en public avec son épouse. Pour parler au roi, il faut employer un langage particulier, qui n'est pas celui dont on se sert d'ordinaire; il en est de même de l'inférieur s'adressant à son supérieur; l'homme d'un rang élevé, au contraire, emploie la langue vulgaire quand il parle à ses subordonnés. Le roi a institué un ordre, qu'il donne ou retire selon son bon plaisir ; il se nomme le Klilt et ses insignes sont la

première vertèbre cervicale du dugong. L'investiture ou le retrait de cet insigne a quelque chose de cruel: le doigt est entré de force dans l'os du poisson, et le moins qui puisse arriver au patient est d'avoir le doigt décharné; quand un homme a démérité de son souverain et qu'on lui retire les insignes, on arrache quelquefois le doigt avec l'os du poisson. Il faut cependant payer un droit à l'État pour cette décoration. Les hommes et les femmes portent pour tout costume une petite jupe de feuilles descendant des hanches aux genoux, et fixée par un cordon.

Telle est, en résumé, la description de ces îles lointaines, jusqu'alors presque inconnues, dont la possession divise actuellement l'Espagne et l'Allemagne. FERNAND HUE.

Les Irrigations dans le Roussillon'.

I.

Les magnifiques vallées du Roussillon sont considérées à juste titre comme le pays classique de l'arrosage. De temps immémorial, des centaines de canaux distribuent les eaux des trois rivières, l'Agly, la Tet, le Tech, et fécondent le sol des vallons et de la plaine.

Ce réseau de canaux manque d'un lien commun. Les syndicats tirent chacun de leur côté et se nuisent mutuellement le plus possible. Pendant la période annuelle de sécheresse, on se dispute l'eau avec un acharnement d'autant plus grand que la pénurie d'eau est plus extrême. Les querelles et même les rixes sauvages sont fréquentes partout où il existe une prise d'eau, où une vanne est établie.

Les procès entre tenanciers et syndicats sont innombrables. Il est difficile de faire comprendre et surtout de faire admettre aujourd'hui la légitimité et la validité de droits antérieurs d'arrosage, concédés jadis aux domaines féodaux des rois d'Aragon ou des évêques d'Elne. Depuis de nombreuses années, les syndicats, les Conseils municipaux et le Conseil général du département se sont préoccupés de la répartition équitable des eaux et de leur emmagasinement par des barrages dans les montagnes ou dans des réservoirs artificiels en amont des vallées, afin d'assurer les arrosages durant les pénuries périodiques de fin juillet et du mois d'août.

D'un autre côté, les propriétaires de vignobles situés dans les zones de terrains qui ne bénéficient pas encore de l'arrosage désirent 1 Revue géographique internationale.

utiliser pour la submersion ou le traitement de leurs vignes atteintes, ou menacées par le phylloxera, les eaux qui se perdent pendant l'hiver, et réclament d'urgence la construction de nouveaux canaux.

A tous les points de vue, il est indispensable de procéder à un travail d'ensemble pour réglementer équitablement la distribution des eaux des trois rivières et pour construire les réservoirs emmagasinant des réserves d'eau à l'époque des crues. Du même coup, on conjurerait le péril des inondations, on garantirait les récoltes annuellement détruites ou menacées par la sécheresse, et on préserverait de la ruine les proprétaires de la plus grande partie des vignobles, cultivés en dehors des périmètres d'irrigation ancienne.

II.

Tout le monde convient aujourd'hui que l'eau est l'élément le plus précieux de la culture des terres. Aucune opération ne peut donner, à beaucoup près, aux agriculteurs les bénéfices qu'ils retirent d'une régulière irrigation.

Si les eaux de nos rivières étaient habilement aménagées et équitablement distribuées, les jardins et les prés des plaines du Roussillon pourraient être facilement triplées, et la plus grande partie de nos vignobles n'aurait plus rien à craindre du phylloxera. De nombreuses expériences sur divers points de notre département ont établi d'une manière incontestable que l'eau est le moyen le plus efficace, et en même temps le moins coûteux, de se débarrasser du terrible puceron.

Il serait difficile de calculer l'aisance ou plutôt la richesse qui résulterait, pour notre beau pays, doté déjà d'un si doux climat, d'un emmagasinement d'eau qui nous préserverait des effets de la sécheresse et des impétueux ravages des crues brusques.

Nos populations industrielles profiteraient tout autant que les populations agricoles de l'aménagement des eaux de nos rivières torrentielles. Le intérêts des travailleurs des villes sont solidaires de ceux des travailleurs des champs. Quand l'agriculteur a fait de bonnes affaires, l'industrie et le commerce s'en ressentent. Le négociant est obligé de fournir au cultivateur, en plus grande abondance, les produits de l'industrie. Lorsque l'industriel et le commerçant prospèrent, ils se nourrissent mieux, ils consomment davantage, et l'agriculture écoule aisément ses produits.

L'État profiterait aussi de l'augmentation de la richesse départementale, qui se traduirait pour lui par un rendement beaucoup plus élevé des diverses sources de l'impôt.

Il y aura donc profit pour tous, le jour où nos rivières, au lieu d'apporter périodiquement la ruine à travers nos campagnes, seront soumises à un fonctionnement régulier dirigé par la main de l'homme.

Chacun est d'accord pour déclarer utiles les projets de réservoirs à construire dans le haut de nos vallées. En somme, qu'a-t-on fait jusqu'à présent pour les mettre à exécution?

Nous ne voudrions mécontenter personne, mais nous croyons que tous les efforts déjà faits resteront stériles, d'abord parce que les projets de barrage étudiés par les ingénieurs de l'Etat ne peuvent être exécutés que par l'État, et ensuite parce que ces projets ne sont pas pratiques, de l'avis même des ingénieurs qui les ont présentés.

Il n'y a qu'à lire les rapports rédigés par M. Sorel, ingénieur ordinaire, et par M. Parlier, ingénieur en chef, pour se convaincre que toutes les études de l'Administration ont été faites jusqu'à présent pour accorder une satisfaction platonique à l'opinion et qu'elles vont être reprises «sans grand espoir de succès», pour nous servir des propres expressions de M. Parlier

Les rapports décourageants des ingénieurs des Ponts et Chaussées n'empêchent pas les habitants des vallées de l'Agly, de la Tet et du Tech de dormir parfaitement tranquilles, en espérant trouver, à leur réveil, de l'eau distribuée partout, grâce à la baguette magique des subventions gouvernementales.

Quelle naïve confiance!

Si l'on s'entretient avec un intéressé de la vallée de l'Agly, un propriétaire viticulteur de Rivesaltes, par exemple, il vous assure sans rire que le projet du barrage de Saint-Arnac est à la veille d'être réalisé et que cette entreprise obtiendra certainement la priorité sur ses pareilles, parce qu'avec moins de frais elle apporterait des améliorations plus considérables.

Pour un intéressé de la vallée de la Tet, autre guitare. C'est le projet de barrage de la Bouillouse qui doit être exécuté avant tous les autres, parce qu'il desservirait les canaux les plus importants du pays.

Les arrosants de la vallée du Tech sont également persuadés que le gouvernement s'occupera au printemps prochain de construire le barrage de la Fou. Ils ont tellement de procès et ils se querellent si souvent, que les syndics des canaux d'arrosage, aussi bien d'amont que d'aval, s'imaginent de bonne foi que le Ministre de l'Agriculture n'a d'autre souci que celui de mettre un terme à leurs interminables litiges et à leurs sanglantes rixes.

Nous ne nous lasserons pas de répéter à tous les intéressés, aussi bien à ceux qui comptent sur le barrage de la Bouillouse qu'à ceux

qui mettent leur espoir d'arroser dans la construction des barrages de la Fou ou de Sainl-Arnac:

« Si vous comptez sur les bons offices de l'État, vous attendrez longtemps, vous attendrez toujours. C'est à vous qu'il appartient de prendre une énergique initiative.»

On dit communément: Aide-toi, le ciel t'aidera. Lorsqu'il est question de grands travaux d'utilité publique, il serait sage d'émettre une variante à ce vieux proverbe. Il faudrait dire: Aide-toi, et l'État t'aidera.

Si l'on attend que le gouvernement prenne l'initiative et fasse tout, il est probable qu'on attendra longtemps, et il est possible qu'on ne fasse rien.

III.

Lorsque les hasards du journalisme militant, aux heures difficiles, nous conduisirent dans la jolie ville de Genève, en passant par la prison de Barcelone, nous nous souvenons d'avoir éprouvé d'abord un étonnement irréfléchi à la vue de l'abaissement des quais qui encaissent le Rhône à sa sortie du lac Léman.

Nous venions de parcourir à pied la route féerique du Simplon, et dans nos oreilles mugissait encore le bruit des cascades rencontrées à chaque pas, l'étourdissant fracas de ces «cataractes écumantes dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues», selon l'expression colorée de l'harmonieux Buffon. Nous avions aussi devant les yeux l'impétueuse fureur des torrents du Valais qui tombent de cent glaciers divers pour se précipiter dans le Rhône.

Et naïvement nous nous demandions: « Comment se fait-il que les Genevois n'aient point pensé à se mettre à l'abri des inondations du Rhône, tout comme les Valaisans?

Nous ne pensions pas aux vertus stagnantes du lac Léman, qui est le régulateur le plus considérable des fleuves d'Europe.

Les cours d'eau qui se précipitent en furie dans cet immense réservoir naturel éteignent leur ardeur, comme une goutte d'eau bouillante se fond et se calme dans l'eau froide. Ils restent impuissants à faire élever le niveau d'ure nappe de pareille étendue.

Les riverains du lac Léman n'ont à craindre que des gonflements subits d'eau appelés «seiches». Les seiches ont parfois deux mètres de hauteur. Ce sont «des vagues de balancement produites par une

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