UNE SATIRE INÉDITE CONTRE HENRI IV. La pièce suivante, que nous croyons inédite, est tirée d'un manuscrit français de la Bibliothèque impériale (no 884). C'est une violente satire contre Henri IV, où, malgré les apparences du dévouement et du respect, le poëte ne ménage nullement au roi les vérités les plus fortes et les plus hardies. L'auteur était, pensons-nous, un de ces vaillants huguenots qui avaient aidé Henri à conquérir son royaume, et que le roi, depuis son entrée à Paris, avait tenus à l'écart. Notre poëte, dans cette pièce, se montre mécontent de l'abandon dans lequel le Béarnais laisse ses anciens serviteurs, tandis qu'il comble de ses faveurs et de ses bontés les partisans de la Ligue qui se sont ralliés au nouvel ordre de choses. Il lui reproche la bienveillance accordée à la duchesse de Montpensier, l'instigatrice du crime de Jacques Clément; sa témérité dans les combats où il expose follement sa vie sans utilité pour le pays, et sa passion funeste pour une femme qu'il ne nomme pas, mais qui n'est autre que Gabrielle d'Estrées. Cette pièce est intitulée Stances dans le manuscrit sur lequel nous la copions. Elle ne porte pas de date, mais elle a dû être écrite peu de temps après la réduction de Paris à l'obéissance du roi, réduction qui eut lieu, comme on sait, le 22 mars 1594. STANCES AU ROY. Sire, cette douceur, cette clémence insigne Ed. T. Clémence, don du ciel, belle parmy le calme Mais cruelle et marastre au milieu de l'orage Ab! quels vieux excrémens corrompus de la France, Mais quoy! ils sont heureux pour avoir mis en friche Cest estat miserable, et tu devois graver Ceux qui sont dans le cœur teints de rouge d'Espagne, A qui le lys candide est infect et puant, Sont remis aux Estats : voilà ce que l'on gaigne Es tu sourd, n'ois tu pas cette voix lamentable Celle qui la premiere (2) eschauffa la poitrine Ah! saincte Brunehauld, assassine première (1)Henri III. 2) La duchesse de Montpensier. Eschaffaux et gibets, les funestes supplices On dira qu'il falloit attirer les services C'est doncque par dessein et non par imprudence Ne vois-tu point sous toy des roys qui te regentent, Un prodigue insensé tes finances débite : On dit que ton oreille est une place close, Grand Roy, ne sçais-tu pas que les amples provinces Que si tu n'ois nos cris, si tu ne vois nos peines Te voiant donc cerné de ce peuple qui t'aime, Les coups mieux assenés se tirent de la tesle, Ce n'est rien de sçavoir contre-viser les feintes Le Roy, ton devancier, acquit le nom de sage Mais quoy! la volupté desvoye nostre Alcide. Je t'excuse, ô grand Mars, et toy, Vénus seconde, Prince, pardonne au feu de ce mien aspre style, Et vous, François, restés les tables du naufrage, (1) L'expression de l'auteur est peu heureuse, mais le sens en est clair; le poëte veut dire qu'un général ne doit pas s'exposer témérairement au péril et hasarder ses jours comme un simple soldat. (2) Gabrielle d'Estrées. CORRESPONDANCE. On nous écrit de Saint-Lô pour nous signaler une petite erreur dans laquelle est tombé M. Brunet dans son excellent Manuel, tom. III, pag. 350, édit. de 1862. Il s'agit de M. Ch. Juste Houel, auteur des Annales des Cauchois. Le savant bibliographe lui attribue une Histoire de Saint-Lô qui n'est pas de lui: cette histoire, nous écrit-on, est de M. le chevalier Houel. C'est aussi sous ce nom que nous la trouvons portée dans le Manuel du bibliographe normand de M. Frère. Cette légère méprise peut aisément se réparer lorsqu'on imprimera la table méthodique du Manuel, et nous connaissons assez toute la sollicitude que porte M. Brunet à la correction de son bel ouvrage, pour être certain qu'il n'hésitera pas à rectifier cette erreur. Monsieur, Je vous dirai que j'aime la chasse avec frénésie, et que ma passion m'a fait donner dans mon canton le surnom de petit Gérard, le tueur de lions; je n'ai malheureusement pas le bonheur de chasser ce roi des animaux, et il faut me contenter des loups, des sangliers et des renards, qui sont communs dans nos contrées. L'annonce de votre Chasseur bibliographe, auquel je me suis empressé de m'abonner, in'avait fait espérer que je trouverais dans cet ouvrage des notions qui me perfectionneraient dans l'art de la chasse. Mais j'ai été cruellement détrompé en lisant vos deux premiers numéros. Si vous pouviez annuler mon abonnement, vous me rendriez bien service. Recevez, Monsieur, mes salutations empressées, Paul M. Nous avons remboursé le prix de l'abonnement à cette victime de son intelligence. |