Immagini della pagina
PDF
ePub

BIBLIOGRAPHE.

REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
LITTÉRAIRE, CRITIQUE ET ANECDOTIQUE,

RÉDIGÉE PAR UNE SOCIÉTÉ

DE BIBLIOGRAPHES ET DE BIBLIOPHILES,

SUIVIE

D'UNE NOTICE DE LIVRES RARES ET CURIEUX, LA PLUPART NON CITÉS, A PRIX MARQUÉS.

12 livraisons in-8° par an.

PRIX: 6 FR. POUR LA FRANCE, ET 7 FR. 50 C. POUR L'ÉTRANGER.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

LE CHASSEUR BIBLIOGRAPHE paraît le 10 de chaque mois.}

Sommaire du mois d'avril.

1° Avertissement.

20 Mélanges bibliographiques et littéraires. 30 Correspondance.

40 Chronique des lettres et des arts.

Bo Ventes de livres et estampes.

60 Prix des livres de la vente de M. de La Bédoyère.

70 Notice de livres, la plupart rares et curieux, à prix marqués.

Les abonnements sont payables d'avance, en mandat sur la poste ou autrement sur Paris.

Les paquets, lettres et argent doivent être envoyés franco à M. FRANÇOIS, libraire, rue Bonaparte, 26.

Les articles non insérés dans le Chasseur bibliographe seront rendus aux auteurs.

M. FRANÇOIS se charge du placement des anciens livres, soit en les achetant de gré à gré, soit en les vendant en ventes publiques avec catalogues raisonnés, ou en les annonçant dans LE CHASSEUR BIBLIOGRAPHE.

La reproduction des articles du Chasseur bibliographe ne peut avoir lieu qu'avec l'assentiment de M. FRANÇOIS, directeur propriétaire.

CHASSEUR BIBLIOGRAPHE.

Notre changement de domicile nous oblige à remettre aux numéros suivants du Chasseur bibliographe la suite de nos esquisses bibliographiques qui comprendront les Bibliophiles célèbres; les Amateurs qui font le commerce des livres ; les Libraires; les Bouquinistes; les Souvenirs d'un Bibliophile, etc.

MÉLANGES BIBLIOGRAPHIQUES, LITTÉRAIRES ET ANECDOTIQUES.

DIALOGUE DU NOUVEAU LANGAGE FRANÇOIS ITALIANISÉ
PAR HENRI ESTIENNE.

Parmi ceux des ouvrages de Henri Estienne où l'imagination se mêle à l'érudition, il n'en est pas de plus curieux et de plus amusant que le Dialogue du nouveau langage françois italianisé. Notre savant n'entend guère raison sur ce chapitre, et volontiers il provoquerait contre les corrupteurs de la langue les rigueurs de la justice. Faisant, à ce sujet, appel au souvenir de François Ier, il dit : François Ier, roi digne de très-célèbre

et perpétuelle mémoire, lui qui avait fait si heureusement fleurir en son royaume l'étude des trois langages, l'hébreu, le grec, le latin, était si jaloux de l'honneur du sien maternel, qu'il est vraisemblable que le meilleur marché qu'eussent eu les inventeurs de cet écorchement de langage, c'eût été d'avoir le dos écorché à coups de fouet. Henri Estienne est représenté ici par le personnage de Celtophile et il a pour interlocuteur Philosaune. Les étymologies désignent assez les rôles de chacun. Celui de Celtophile est de combattre les italianismes. Nous extrayons de ce curieux livre quelques notes prises au courant de la lecture.

On n'oseroit dire: François ni françoise sur peine d'étre appelé pédant; mais faut dire: francès et francèse; anglès, je disès, je faisès, etc.

Henri Estienne revient à plusieurs reprises sur cette pauvre diphtongue oi bannie de tout le ressort et de toute l'étendue du langage françois. Entre vous, courtisans, trouvez ces mots plus mignards, et qu'il ne faut pas que les dames ouvrent tant la bouche. Lui il aime à ouvrir la bouche pour prononcer sa chère diphtongue, surtout dans ce vieux proverbe qu'il cite :

Qui fit françois il fit courtois,

proverbe que justifierait encore aujourd'hui la raison (nous aimons à le croire), mais que ne justifierait plus la rime, courtois ayant résisté au changement et n'étant pas devenu courtès. Celtophile repousse cette locution: faire perfection, de quelque chose. J'oy parler ainsi les courtisans, sinon que quelques-uns disent aussi faire profection. Il veut qu'on dise faire profession, du mot latin professio. L'usage lui a donné gain de cause.-Il ne veut pas que suffisance cède à bastance, défaut à manquement, gentillement à leggiadrement.

Bal, baller, remplacent danse, danser, dont on ne veut plus à la cour.

Agent, nouveau mot venu d'Italie. Le nonce remplace le légat.

Manie des superlatifs. Il vous faudra prendre garde de dire plutôt doctissime que très-docte, bellissime que très-beau, bonissime que très-bon, sous peine d'être tenu pour un gran

[ocr errors]

dissime pédant. C'est plutôt du côté de doctissime et de bonissime que serait aujourd'hui le pédantisme.

Dévotion. Mot transporté de Dieu aux hommes. Être à la dévotion de quelqu'un; Celtophile ne veut pas de cette expression, ni de celle-ci être la créature de quelqu'un. Il paraît qu'on disoit aussi : Tel seigneur est son créateur. Malgré la corrélation de ces deux dernières expressions, la première seule s'est continuée jusqu'à nous.

D'accolto on a fait accolt. C'est comme si vous disiez recueilli. Raccolto, ricolto, d'où ricolta, d'où nos seigneurs italianisans ont fait récolte pour cueillette. Ici Henri Estienne se moque de ce monsieur Accolt qui lui a fait savoir ce que c'était que madame Récolte. En dépit de cette raillerie, madame Récolte a pris pied dans notre langage. Courtisanne, poltron, forfante, mots italiens. Celtophile les accepte, mais ironiquement, ainsi que ceux de charlatan et de boufon (charlatano, bofono), par cette raison que les mots ont dû venir du même pays que les personnages qu'ils désignent.

Office au lieu de service. J'entends bien maintenant ce beau trait faire de bons offices; c'est ce qu'on disait auparavant faire de bons services. C'est la traduction par Étienne Dolet des Offices de Cicéron qui a mis en usage ce mot parmi les secrétaires d'État d'abord, puis parmi les autres

courtisans.ap

[ocr errors]

"Entre autres leçons que Philosaune donne à Celtophile, il lui dit : Il vous faudra avoir ordinairement à la bouche ce mot: infiniment ou ce mot: extrêmement. Je vous suis infiniment obligé, je vous suis infiniment serviteur. J'ouy un jour un sot passant bien plus outre en disant à une damoiselle: Vous me plaisez infiniment en toute sorte d'infinité. Mais elle incontinent lui rendit bien son change, le payant de la même monnaie Vous me déplaisez extrêmement en toutes sortes d'extrémités. Cette damoiselle n'était pas sotte et nous apparaît comme une sœur aînée de l'Henriette des Femmes savantes de Molière.

Un mot charmant que repousse Henri Estienne, c'est caprice. Ce mot, emprunté à l'Italie, ou plutôt aux chèvres, a eu raison de son trop sévère censeur. Au lieu de dire: Je ne sais quelle

« IndietroContinua »