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traitoit les Chrétiens de fanatiques fuperftitieux. La Cour, le Sénat donnoient le ton aux Hiftoriens du temps, comme à Tacite, & à Suétone. Enfin, quand les Juifs fe feroient tous convertis quand Rome même auroit autorisé l'Évangile, comme elle le fit après, les Incrédules les imiteroient-ils pour cela ? Ils ne veulent que nier & contredire.

VI. « Les Juifs même, Jofephe & Philon, Auteurs » diftingués & contemporains ne difent pas un mot de JESUS-CHRIST & de fes miracles. >>

REPONSE. Leur filence eft une preuve pour nous ils n'ont ofé combattre des faits avérés, & ils n'ont pas voulu les accréditer. Tous les deux étoient Pharifiens. 2°. Philon avoit écrit avant JESUS-CHRIST, & Jofephe qui l'a copié, a parlé de JESUS-CHRIST & de fes miracles; il n'étoit pas loin de la vérité; mais plus politique que religieux, il prétendit que le triomphateur Vefpafien, étoit le Meffie promis.

VII. « Le Paganisme vantoit aufli fes miracles, & » qu'en conclure?»

1. Tite Live, Quinte-Curce les regardoient comme douteux & fans preuves. 2°. On cite quelques faits rares & opérés dans les ténebres, tous naturels ou artificieux. 3°. Au nom de qui, devant qui, & pour quelle fin étoient-ils opérés? Au lieu que les miracles de JESUSCHRIST & des Apôtres, étoient fréquens, publics, de toute efpece, opérés pour la gloire de Dieu & le bien des hommes.

VIII. « Les Dieux Efculape & Serapis opéroient des » guérisons publiquement. Vefpafien rendit la vue à un » aveugle, & rétablit la main d'un eftropié. Appollo»nius de Thiane reffufcita une fille morte & fit » plufieurs autres prodiges. »

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REPONSE. 1°. Demandons aux Incrédules s'ils ajoutent foi à ces prodiges prétendus? Les témoins qu'ils nous donnent de ces faits, font-ils oculaires, défintéressés, finceres? Ont-ils examiné ces prodiges? Ont-ils fait auffi des miracles en témoignage? Sont-ils morts pour les certifier? Les ont-ils perfuadés à toute la terre comme ont fait les Apôtres ? Ces prodiges ont-ils été falutaires aux hommes ? N'ont-ils point été contestés par des Auteurs très graves? Car pour foutenir la

comparaifon, tout doit être égal. 2°. Les guérifons attribuées à Efculape, à Sérapis, ne font que des fables populaires, au jugement même des Payens. 3°. Ce que Suétone & Tacite appliquent à Vefpafien, n'est que fuperchérie. Cet Empereur fe faifoit dire defcendu des Dieux, pour s'affermir fur le trône. Pour lui attri buer donc un commerce divin, on contrefit des infirmes, afin qu'il parût les guérir, s'ils étoient malades, ou par des fecrets naturels, ou par des remedes magiques. Appollonius faifoit de même; Philoftrate, Auteur faux en tout, n'a écrit les merveilles de cet impofteur que 100 ans après. Il a, dit-on, reffufcité un mort. Etoit-il mort comme Lazare ? C'eft une jeune Romaine prête à fe marier; on la croit morte; on la met fur un lit ; Appollonius la touche, dit des paroles, la fille fe leve, parle, & retourne chez fon pere. Mais les témoins n'oferent affurer qu'elle fut morte, puifqu'il fortoit encore de fon vifage de la fumée & de la fueur; les admirateurs même du prodige le difent. Tandis qu'on menoit cette fille vers les funérailles, une rofée qui tomboit alors la fit revenir de fa fyncope: voilà le miracle. Quant aux apparitions d'Appollonius, & aux révélations qu'il faifoit de ce qui fe paffoit au loin, ce n'étoit que des illufions ou des communications qu'il avoit avec le démon; qui effayoient d'offufquer les miracles des Apôtres par ces preftiges.

Vefpafien guérit un aveugle & une main malade. Mais étoit-ce un aveugle de naiffance, ou une main defféchée par une paralyfie invétérée ? C'est un aveugle qu'ont peut guérir, c'eft une main qu'on peut redreffer par des remedes. Tel fut le jugement des Médecins " que l'Empereur confulta fur ces guérifons.

Enfin, ces prodiges font vrais ou faux. S'ils font faux, pourquoi les objecter? S'ils font vrais, peut-on les attribuer à la nature? Doit-on les attribuer à Dieu ? Ils ne font faits ni en fon nom, ni à fa gloire. Efculape eft une Idote, Appollonius s'en dit le favori; c'eft dans le temple de Serapis que les malades s'adreffent à Vefpafien. Donc s'il y a du réel (ce que nous ne croyons point) il vient de l'efprit du menfonge, & Dieu le permet dans fa colere. Ainfi la différence eft trop grande, & dans la certitude & dans

l'efpece, & dans le principe & dans la fin de ces prodiges. Voyez APOLLONE.

MOINES.

Leur Apologie.

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Un des premiers préceptes de la Loi naturelle, dont M. de V. fe dit l'Apôtre eft de nous mettre à la place des autres, & de mettre les autres à notre place. Suivons cette regle à l'égard des Moines. Suppofons que M. de V. condamné par fon pere à s'embarquer pour les Ifles, avec du pain & de l'eau ; après les étourderies de Hollande, eut eu l'option entre J'Amérique & le Cloître. Suppofons qu'il fe fût fait Carme, Cordélier, Capucin ou Picpus. Auroit-il été flaté de lire dans les écrits les plus répandus, que ces Moines font des gredins, qui n'ont d'autre mérite que l'enthoufiafme, l'ignorance & la craffe, inutiles pendant leur vie, & dignes d'un éternel oubli après leur mort, qu'ils fe font une gloire de l'oifiveté & de la gueuferie, &c. &c. &c. Le Révérend Pere Arou * * auroit fans doute déchiré l'écrit, où il auroit trouvé toutes ces politeffes ingénieufes.

Le bien public doit être préféré à toute fociété particuliere, & l'État aux Moines; perfonne n'en doute; mais cette préférence ne doit pas aller jufqu'à infulter divers membres de l'État, qu'on croit moins utiles que les autres. Le Gouvernement veut qu'on lui préfente des projets de réformation, & non pas des fatyres atroces. M. de V. le plus grand défenfeur de l'humanité, oublie toujours que les Moines font une partie du genre humain. Il est vrai qu'il a dit dans un de fes Ouvrages, que les Religieux étoient hommes & qu'ils avoient même produit de grands hommes. Mais cet exorde fi obligeant produit un très- mauvais fermon, on voit qu'il n'eft pas fait pour louer, encore moins pour louer long-temps. Il eft rentré tout de fuite dans

Ces mots font tirés d'une Lettre de M. de V. à Mademoiselle du Noyer.

fon élément, dans la fatyre. Il les traite comme des Galériens garrotés de chaînes éternelles ; comme des Efclaves abrutis, qui ont les yeux fi fafcinés que la plupart ne voudroient pas de la liberté fi on la leur rendoit. Ce font les compagnons d'Uliffe qui refufent de reprendre la forme humaine.

Cette belle comparaifon eft-elle jufte? Nous en appellons du V. Poëte au V. froid & tranquille. Pourquoi voudroit-il que les Moines repriffent la forme humaine? Pour être célibataires dans le monde; mais inutile pour inutile, autant vaut-il l'être dans le Cloître. Il y a au moins quelques vertus & quelques lumieres comme M. de V. eft forcé d'en convenir; mais que trouvet-on dans ce monde, où il voudroit les faire rentrer ? des crimes & des vices. Il l'a peint lui même comme un Enfer, où le foible eft vendu au plus fort, où l'intérêt, ce Dieu de la terre, a établi fon empire avec tous les forfaits qui en font la fuite.

Mais les Moines, dit M. de V., nuifent à la population, à l'Agriculture, aux Arts néceffaires; non, ce ne font point les Moines; c'eft cette foule de célibataires oififs, vermine qui ronge l'État, & qui faus faire du bien, n'eft occupée qu'à faire du mal ou à en dire. M. de V. ne pourroit-il pas s'élever contre ces gens-là avec encore plus de raifon? Oui, il le pourroit fans doute; mais il faut refpecter la famille & la fociété dont on eft membre.

Les Moines ont été, dit-il, quelquefois dangereux. Quel Corps ne l'a pas été ? Ecoutons un homme qui n'étoit pas porté à flatter les Moines, & qui ne les a pas flatté non plus, ( Le Président de Montefquieu. ) Nous appliquons aux Religieux ce qu'il a dit fur la Religion. « C'est mal raifonner contre la Religion, de » raffembler dans un grand ouvrage une longue énuv mération des maux qu'elle a produit, fi l'on ne fait » de même celle des biens qu'elle a faits. Si je vou>> lois raconter tous les maux qu'on produits dans le » monde les Loix civiles, la Monarchie, le Gouverne»ment Républiquain, je dirois des chofes effroyables.» (Voyez l'Esprit des Loix, Livre XXIV. chap. 2.)

Nous n'avons raisonné qu'humainement dans tout le cours de cet article, pour montrer à M. de V. qu'il

eft prefque aufli coupable contre la politique que contre la Religion, en déclamant fans ceffe contre les Moines. Que n'aurions-nous pas dit, fi nous avions raisonné en Chrétien; mais cette matiere à été traitée tant de fois que nous n'avons pas voulu y revenir.

MONTESQUIEU.

Caractere de fes Ouvrages.

Ce célebre Écrivain s'annonça en 1721, par fes Lettres Perfannes. Ce Livre en faifant honneur au génie, à l'efprit & au ftyle de Montefquieu, fit naître des foupçons très-graves fur fa Religion. On reprocha à l'Auteur de faire le monde éternel; de nier la prefcience de Dicu, à l'égard des volontés libres; de mettre des impiétés fur le compte des Livres Saints, & d'avancer plufieurs blafphêmes, qui pour être dans la bouche d'un Perfan, n'en devoient pas moins être attribués au François qui le faifoit parler.

Les plaintes des gens de bien fe firent encore plus entendre, lorfque l'Esprit de Loix parut en 1748, en trois volumes in-12. On l'accufa, 1o. d'avoir avancé fystématiquement, qu'il s'en faut bien que le monde intelligent foit auffi bien gouverné que le monde Phyfique. 2°. Que dans les Monarchies la politique fait faire les grandes chofes avec le moins de vertu, qu'elle peut, qu'elles n'en ont aucun befoin, &c. 3°. D'avoir mis fur la même ligne les Moines les plus Saints de l'Églife Catholique, & les Pénitens idolâtres des Indes, & les Derviches de la loi Mahométane. 4°. D'avoir prétendu que lorfque l'Églife fit une loi du célibat pour le Clergé, il en fallut tous les jours de nouvelles, pour réduire les hommes à l'observation de celle-ci, que le Légiflateur fe fatigua, qu'il fatigua la Société, &c. 5°. Que la Religion Catholique convient mieux à une Monarchie, & la Proteftante à une République; & quand Montezuma difoit que la Religion des Efpagnols étoit bonne pour leur pays, & celle du Mexique pour le fien, il ne difoit pas une abfurdité, &c. 6o Que les loix que Dieu a établies pour le Gouvernement du

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