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» A l'éclat de cette lumiere immenfe, mes doutes & » mes incertitudes fe diffipent; avec ce fil facré, fil éter» nel que je vois dans la main de Dieu même, & qui » tient depuis le commencement jufqu'à la confommation » des fiécles, je fors d'un labyrinthe d'erreurs; je mar» che fans crainte de m'égarer, & j'évite ces précipi»ces & ces abîmes affreux où je vois s'enfoncer les » Impies & les Incrédules.

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» Pour mieux les convaincre & les réduire enfin à un » éternel filence, vous leur avez laiffé la liberté de » tout dire. Sûr de votre cause & des forces qu'elle vous >> donne vous ne craignez point que les coups qu'on p peut vous porter, puiffent jamais vous affoiblir. Vous » voulez une victoire fiérement difputée, & qui vous » laiffe tout l'honneur d'une longue réfiftance. Les foi»bles dans la foi auront peut-être tremblé, en vous voyant » fi long-tems aux prifes avec l'ennemi; mais à un hom» me fage & qui veut terminer les difputes, il y a de la >> patience à écouter l'Incrédule, & de la prudence à » lui laiffer épuifer fes forces. Ce n'eft pas affez de le » vaincre, il faut le faire expirer dans le combat, & » tirer de fes veines tout ce fang malheureux , qui ne » ferviroit dans la fuite qu'à renouveller le fcandale, & » à donner de nouveaux défis à la Religion.

» Non-feulement vos preuves font victorieufes par leur » force vous les avez encore rendues brillantes par le » nouvel éclat que vous leur avez donné. Si elles n'avoient » été qu'invincibles, & que vous les euffiez expofées fans » ornemens, la paresse ou l'indolence les auroit négligées, » comme ces armes antiques, que leur pefanteur a fait » abandonner, & dont on ne peut plus fe fervir fans » en ôter la rouille, & fans les rendre plus légères & plus tranchantes, &c. &c.

ABBE. Voyez Miniftres, Moines, Religieux.

ABRAHAM.

Examen de l'article Abraham.

9

Ce Pere de la nation Juive naquit à Ur en Chaldée l'an du monde 2008. Tharé fon pere l'engendra à l'âge de 130 ans. La tradition, qui le fait fils d'un pauvre Potier qui gagnoit fa vie a faire de petites idoles de tern'est pas fondée fur des monumens autentiques;

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mais M. de V. la rapporte pour rendre plus ridicule ce Patriarche d'une grande nation. Il feroit fuperflu & peutêtre dangereux de relever toutes les indécences de foa article Abraham. Nous nous contenteroas de raconter fimplement les faits; leur expofition fuffira pour détrui re fes affertions téméraires.

La voix du Seigneur fe fit entendre à Abraham ; il eut ordre de quitter la Chaldée avec fon pere Thané, sa femme Sara & Loth fon neveu. Il vint s'établir à Haram ville de Méfopotamie, où fon pere mourut âgé de 205, ou de 145, fuivant le code Samaritain.

Le Seigneur lui parla de nouveau & lui ordonna de fortir de ce pays, pour aller dans la Contrée qu'il lui montreroit. Abraham docile à cet ordre, quitta Haram à l'âge de 75 ans, emmena Loth avec lui, traverfa le pays de Chanaan s'arrêta dans un lieu nommé Sichem & étendit fes tentes jufqu'à la vallée illustre.

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M. de V. demande fiérement les motifs de ce voyage, Pourquoi le fit-il? parce que Dieu le vouloit. Pourquoi quitta-t-il les bords de l'Euphrate pour une contrée auffi éloignée, auffi fterile & pierreufe que celle de Sichem mais qui a dit à M. de V. que le pays de Sichem étoit auffiftérile qu'il l'eft aujourd'hui. Il est très-probable que cette contrée étoit alors très-fertile & que fa stérilité actuelle ne vient que de fa fécondité paffée. Cette partie du monde ayant été la premiere habitée, le fuc végétal a dû s'épuifer plutôt. Ecoutons le célébre Auteur de l'Hif toire naturelle, M. de Buffon. « La couche de terre vé »gétale d'un pays habité doit toujours diminuer & de» venir enfin comme le terrein de l'Arabie Pétrée, & » comme celui de tant d'autres Provinces de l'Orient, qua »est en effet le climât le plus anciennement habité, où »l'on ne trouve que du fel & des fables: car le fel fixe » des plantes & des animaux refte, tandis que toutes >> les autres parties fe volatilisent. »

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Sichem dit M. de V. eft éloigné de la Chaldée de plus de 100 lieues; il faut paller des déferts pour y arriver. Accordons lui cela, mais qu'il nous accorde aufli qu'un homme qui menoit la vie paftorale comme Abraham, & qui repofoit fes tentes où il vouloit, pouvoit faire ce voyage fans fe fatiguer beaucoup.

Suivons l'Hiftoire d'Abraham. Il paffa de Sichem à l'orient de Bethel & s'avança enfuite encore plus loin vers

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le midi pour y demeurer. Si M. de V. avoit fait attention à ces circonstances, il n'auroit pas dit : à peine Abraham eft arrivé dans le petit pays montagneux de Sichem que la famine l'en fait fortir. Il va en Egypte avec fa femme chercher de quoi vivre. Il y a 200 lieues de Sichem à Memphis; mais nous avons vu qu'Abraham n'étoit point à Sichem, lorfqu'il partit pour l'Egypte. Quand on a défiguré ainfi les faits, peut-on compter fur les raifonnemens & fur les conclufions qu'un Auteur en tire? M. de V. ne falfifie pas avec moins de malice la petite rufe, dont Abraham fe fervit, pour que les Egyptiens ne lui otaffent la vie dans l'efpérance de pofféder fa femme. Voici le fait tel que l'Ecriture l'expofe Abraham obligé de paffer en Egypte, & craignant que la beauté de Sara ne lui fut funefte, lui confeilla de dire qu'elle étoit fa fœur. Elle pouvoit le faire fans menfonge, puifqu'elle étoit fille de fon pere fuivant l'Ecriture. C'étoit d'ailleurs l'ufage dans ces tems réculés de donner le nom de frere & de fœur aux proches parens; ainfi Abraham ne faifoit que fuprimer une vérité dans des circonftances où cette vérité auroit pu lui procurer la mort.

L'Auteur du Dictionnaire Philofophique eft encore revenu à Abraham dans fa Philofophie de l'Hiftoire & on y voit toujours le même efprit. Il veut révoquer en doute la victoire qu'Abraham remporta fur quatre Rois ligués contre les Rois de Sodome & de Gomorre. Il n'est pas aifé de comprendre, dit-il, comment cinq grands Rois fi puiffans fe liguerent pour venir ainfi attaquer une horde d'Arabes dans un coin de terre fi fauvage. Eft-ce bien M. de V. qui parle ? lui qui a fouvent repeté que les Princes dans le tems de leur digeftion déclaroient la guerre à leurs voifins, pour un mauvais village ou pour quelques arpents de neige. L'ambition a été la même chez tous les hommes ; & dans tous les tems on s'eft difputé les contrées les plus agreftes, ainsi que les mieux cultivées. Il n'est pas certain d'ailleurs que les environs de Sodome fuffent auffi méprifables que M. de V. veut le faire croire. Strabon dit formellement le contraire; mais quand on écrit auffi rapidement que l'Auteur du Dictionnaire Philofophique peut-on comparer les témoignages des Anciens & des Modernes.

Ce fage Ecrivain ne comprend pas comment Abraham défit de fi puiffans Monarques avec trois cents valets de

campagne; mais Dieu lui prêtoit la force de fon bras; ni comment il les poursuivit jufques par delà Damas qui est à plus de 300 milles de là. Mais dans le texte facré il y a Dan & non pas Damas. M. de V. le fait bien; mais il fe tire de la difficulté, en difant que Dan n'existoit pas du tems d'Abraham. Quand cela feroit, les Livres faints pouvoient bien dire qu'il avoit été jufqu'à Dan, c'est-àdire, jufqu'à l'endroit où Dan étoit bâti, lorfque le Pentateuque fut écrit.

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Avant que de finir cet article Abraham nous parlerons du reproche que lui ont fait quelques impies, d'avoir épousé plufieurs femmes. Il feroit en effet condamnable, s'il n'avoit montré dans ces occafions une pureté de vues & une innocence qui le rendoit plus chafte fuivant un Pere de l'Eglife, avec plufieurs épouses que d'autres ne le font avec une feule. Če ne fut qu'à la priere de Sara, infpirée de Dieu, qu'Abraham prit une feconde épouse, par qui put s'accomplir la promeffe divine d'une nombreufe poftérité. Rapportons à ce sujet un beau paffage de St. Auguftin (Lib. 22. Contra Fauftum, c. 47.) Alia funt peccata contra naturam alia contra mores, alia contra præcepta ; quæ cùm ita fint quid tandem criminis eft, quod de pluribus fimul habitis uxoribus objicitur fancto viro? Si naturam confulas, non lafciviendi, fed gignendi caufâ, illis mulieribus utebatur: fi morem, illo tempore atque in illis terris hoc factitabatur: fi præceptum, nullâ lege prohibebatur. Nunc verò cur crimen eft, fi quis hoc faciat, nifi quia & moribus, & legibus hoc non licet ?

AGGÉ E.

Sa prophétie fur le Meffie.

On rélevoit le deuxieme Temple de Jérufalem; mais les Vieillards qui avoient vu la magnificence du premier, pleuroient de ce que ce fecond lui reffembloit fi peu. Aggée qui voit plus loin, les confole. Il publie la gloire de ce Temple; il le préfére au premier; en ces termes. »Refte-t-il quelqu'un parmi vous, qui ait vu le premier >> Temple dans fa fplendeur ? & comment regardez-vous >> celui-ci Il n'eft rien, dites-vous, en comparaifon de » l'autre. Cependant prenez courage, ne craignez rien ; >> car voici ce que dit le Dieu des Armées, Encore une

» fois, & en peu de tems j'ebranlerai le Ciel, la Terre >> & la Mer ; j'agiterai toutes les Nations, & le Défiré >> des Nations viendra. Je remplirai de gloire ce deuxie» me Temple, dit le Seigneur; tout l'argent & tout l'or » font à moi. La gloire de ce dernier Temple furpaffera >> celle du premier, & ce fera dans ce lieu même que »je donnerai la paix, dit le Dieu des Armées. »

Ici la promeffe eft faite & attachée au deuxieme Temple. Il ne pouvoit être plus glorieux que le premier ni par fa ftructure, ni par fes richeffes, mais par l'entrée qu'y feroit le Meffie, & la paix qu'il y donneroit. Il n'y a que lui, qui foit le Défiré & le Pacificateur des Hommes avec Dieu. Or ce deuxieme Temple n'est plus depuis Tite; donc le Meffie eft venu. Mais J. C. y est entré; il étoit l'objet des vœux de la Terre; it a appellé les Nations, pour participer à cette alliance de pais. Il eft donc le Meffie ?

A M E.

Examen de l'article Ame.

Il faudroit un volume pour relever tous les mauvais raifonaements que M. de V. a fait fur fon ame. Plusieurs Ecrivains lui ont montré fes égaremens & nous renvoyons à leurs Ouvrages; mais dans le deffein où nous fommes de fournir des préfervatifs contre l'erreur, nous croyons devoir placer ici quelques preuves de la fpiritualité & de l'immortalité de l'Ame, tirées d'un livre qui n'eft pas & qui ne doit pas être dans les mains de tout le monde.

Je n'ai befoin, quoi qu'en dife Locke, de connoître la matiere que comme étendue & divisible, pour être affuré qu'elle ne peut peafer; & quand un Philofophe viendra me dire que les arbres fentent & que les rochers penfent, il aura beau m'embarraller dans fes argumens fubtils; je ne puis voir en lui qu'un fophifte de mauvaise foi, qui aime mieux donner le fentiment aux pierres, que d'accorder une ame à l'homme.

Suppofons un fourd qui nie l'existence des fons, parce qu'ils n'ont jamais frappé for oreille. Je mets fous les yeux un inftrument à cordes, dont je fais fonner l'uniffon par un autre instrument caché : le fourd voit frémir la corde; je lui dis, c'est le fon qui fait cela, Point du tout, répond-il; la caufe du frémiffement de la corde eft en elle-même

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