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CII

Dialogue entre Cicéron et Brutus sur l'urbanité
de langage particulière à Rome.

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Tum Brutus: Quid tu igitur, inquit, tribuis istis externis quasi oratoribus ? Quid censes, inquam, nisi idem, quod urbanis præter unum, quod non est eorum urbanitate quadam quasi colorata oratio? - Et Brutus : Qui est, inquit, iste tandem urbanitatis color? Nescio, inquam, tantum esse quemdam scio. Id tu, Brute, jam intelliges, quum Galliam veneris. Audies tu quidem etiam verba quædam non trita Romæ; sed hæc mutari, dediscique possunt; illud est majus, quod in vocibus nostrorum oratorum recinit quiddam et resonat urbanius. Nec hoc in oratoribus modo apparet, sed etiam in ceteris. Ego memini T. Tincam Placentinum, hominem facetissimum, cum familiari nostro Q. Granio præcone dicacitate certare. Eon', inquit Brutus, de quo multa Lucilius?-Isto ipso: sed Tincam non minus multa ridicule dicentem Granius obruebat nescio quo .sapore vernaculo: ut ego jam non mirer, illud Theophrasto accidisse, quod dicitur, quum percunctaretur ex anicula quadam, quanti aliquid venderet, «Hospes, non pote minoris ;>> tulisse eum moleste, se non effugere hospi tis speciem, quum ætatem ageret Athenis', optimeque loqueretur. Omnino, sicut opinor, in nostris est quidam2 urbanorum, sicut illic Atticorum, sonus.

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Cic., Brutus, 46.

(1) Il était né dans l'ile de Lesbos, mais etait venu tout jeune à Athènes, où il avait suivi d'abord les leçons de Platon, puis celles d'Aristote, qui le choisit pour le remplacer lorsqu'il cessa d'enseigner.

CII

(Tom. III, p. 221.)

Quelles qualités attribuez-vous, dit Brutus, à orateurs pour ainsi dire étrangers? Pourquoi penser

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qu'ils n'ont pas eu les mêmes que ceux de Rome? J'en excepte une cependant: leur langage n'a pas ce coloris que donne l'urbanité. - En quoi donc, reprit-il, consiste ce coloris de l'urbanité? Je l'ignore, je sais seulement qu'il existe. Vous le comprendrez bientôt, Brutus, quand vous irez dans la Gaule. Vous y entendrez jusqu'à des expressions qui ne sont pas employées à Rome; on peut, il est vrai, s'en corriger et les oublier; mais une différence plus sensible, c'est que, dans nos orateurs, la parole a une harmonie, un accent qui dénote tout à fait le séjour de la ville; et les orateurs ne sont pas les seuls en qui on le remarque, il en est de même de tous les habitants. Je me souviens que T. Tincas de Plaisance, homme très spirituel, fit un jour assaut de bons mots avec notre ami, le crieur Q. Granius. — Celui, dit Brutus, dont parle souvent Lucilius ? — Luimême : Tincas était tout aussi riche en saillies, mais celles de Granius avaient je ne sais quel goût de terroir qui lui assurait la victoire. Aussi je ne m'étonne plus de ce qui arriva, dit-on, à Théophraste. Il demandait à une vieille femme le prix d'un objet qu'elle voulait vendre; elle le lui dit et ajouta : « Étranger, c'est mon dernier prix ». Il fut d'autant plus contrarié de n'avoir pu éviter de paraître. étranger, qu'il vivait à Athènes et qu'il parlait très bien. C'est ainsi, je pense, que se fait sentir chez nous, comme chez les Athéniens, cet accent de l'urbanité.

(2) M. J. Martha (éd. du Brutus, in-8, 1892) donne cette version: Omnium hic (ut opinor in nostris) est quidam...

CIII

Pour tracer le portrait de l'orateur parfait, Cicéron remonte avec Platon aux principes éternels et immuables.

Atque ego in sumno oratore fingendo talem informabo, qualis fortasse nemo fuit. Non enim quæro, quis fuerit, sed quid sit illud, quo nihil possit esse præstantius; quod in perpetuitate dicendi non sæpe, atque haud scio an unquam, in aliqua autem parte eluceat aliquando, idem apud alios densius, apud alios fortasse rarius. Sed ego sic statuo, nihil esse in ullo genere tam pulchrum, quo non pulchrius id sit, unde illud, ut ex ore aliquo, quasi imago, exprimatur, quod neque oculis, neque auribus, neque ullo sensu percipi potest; cogitatione tantum, et mente complectimur. Itaque et Phidiæ simulacris, quibus nihil in illo genere perfectius videmus, et his picturis, quas nominavi, cogitare tamen possumus pulchriora. Nec vero ille artifex, quum faceret Jovis formam, aut Minervæ, contemplabatur aliquem, e quo similitudinem duceret; sed ipsius in mente insidebat species pulchritudinis eximia quædam, quam intuens, in eaque defixus, ad illius similitudinem artem et manum dirigebat.

Ut igitur in formis et figuris est aliquid perfectum et excellens, cujus ad cogitatam speciem imitando referentur ea, quæ sub oculos ipsa cadunt, sic perfectæ eloquentiæ speciem animo videmus, effigiem auribus quærimus.

Has rerum formas appellat ideas ille non intelligendi solum, sed etiam dicendi gravissimus auctor et magister, Plato; easque gigni negat, et ait semper esse, ac ratione et intelligentia contineri; cetera nasci, occidere, fluere, labi, nec diutius esse uno et eodem statu. Quidquid est igitur, de quo rationé et via disputetur, id est ad ultimam sui generis formam speciemque redigendum.

Cic., Orator, 2-3.

CIII

(Tom. III, p. 223.)

Peut-être, en peignant le modèle de l'orateur, le ferai-jetrop parfait pour que personne lui ait jamais ressemblé. Je ne cherche pas, en effet, si quelqu'un de tel a jamais existé; je veux quelque chose de supérieur à tout, une perfection qui ne s'est montrée que rarement et peut-être jamais dans un discours entier, mais dont certaines parties ont pu se faire remarquer chez les uns ou chez les autres plus ou moins fréquemment. Je pose même en principe que, dans n'importe quel genre, il n'est rien de si beau, qui ne le cède à cette beauté, dont les autres sont comme l'image, beauté invisible, muette, inaccessible à nos sens, et que la pensée, l'âme seule peut saisir. Ainsi, quoique nous n'ayons rien vu de plus accompli dans leur genre que les statues de Phidias, et ces tableaux dont j'ai fait mention, nous pouvons cependant concevoir quelque chose de plus beau. Et ce grand artiste lui-même, lorsqu'il faisait son Jupiter et sa Minerve, ne cherchait pas à reproduire la ressemblance d'un modèle visible; mais il y avait dans sa pensée une beauté suprême qu'il contemplait, dont il ne se détachait pas, et dont l'image dirigeait son génie et sa main.

Si donc il y a pour les arts un beau idéal, dont les objets sensibles ne sont que l'imitation, pour l'éloquence aussi il y a dans notre esprit un modèle parfait dont nous cherchons, en parlant, à donner la copie.

Ce sont ces formes originelles qu'appelle idées le grand Platon, ce maître si savant et si habile dans l'art de la pensée comme dans celui de la parole; elles sont, nous dit-il, éternelles, immuables, et subsistent dans la raison et dans l'intelligence, tandis que tout le reste naît, tombe, s'écroule disparaît et change à chaque instant. Il en résulte que tout objet, sur lequel on discute dans le domaine de l'intelligence et de la raison, doit être ramené à sa forme, à son idée primitive.

CIV

L'étude de la philosophie est indispensable à l'orateur.

Positum sit igitur in primis (quod post magis intelligetur), sine philosophia non posse effici, quem quærimus, eloquentem non ut in ea tamen omnia sint, sed ut sic adjuvet, ut palæstra histrionem; parva enim magnis sæpe rectissime conferuntur. Nam nec latius, nec copiosius de magnis variisque rebus sine philosophia potest quisquam dicere. Siquidem etiam in Phædro Platonis hoc Periclem præstitisse ceteris dicit oratoribus Socrates, quod is Anaxagoræ physici fuerit auditor: a quo censet, eum, quum alia præclara quædam et magnifica didicisset, uberem et fœcundum fuisse, gnarumque (quod est eloquentiæ maximum), quibus orationis modis quæque animorum partes pellerentur. Quod idem de Demosthene existimari potest : cujus ex epistolis intelligi licet, quam frequens fuerit Platonis auditor. Nec vero sine philosophorum disciplina, genus et speciem cujusque rei cernere, neque eam definiendo explicare, nec tribuere in partes possumus; nec judicare, quæ vera, quæ falsa sint, neque cernere consequentia, repugnantia videre, ambigua distinguere. Quid dicam de natura rerum, cujus cognitio magnam orationis suppeditat copiam ? de vita, de officiis, de virtute, de moribus, sine multa earum ipsarum rerum disciplina, aut dici, aut intelligi potest?

Ad has tot tantasque res adhibenda sunt ornamenta innumerabilia, quæ sola tum quidem tradebantur ab iis, qui dicendi numerabantur magistri. Quo fit, ut veram illam et absolutam eloquentiam nemo consequatur, quod alia intelligendi, alia dicendi disciplina est; et ab aliis, rerum, ab aliis, verborum doctrina quæritur.

Cic., Orator, 4-5.

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