EUCLION Je vois. Allons, montre maintenant la troisième." STROBILE Les génies malfaisants, la passion et la folie troublent la cervelle de ce vieillard. Me faites-vous injure, oui ou non? EUCLION Oui certes, et grandement; car tu devrais déjà être pendu. Mais tu le seras bientôt, si tu n'avoues. Que les dieux m'exterminent, si je vous ai pris quelque chose! EUCLION Et même, si je n'ai pas voulu prendre, n'est-ce pas? Allons, secoue ton manteau. Ah! le coquin, comme il est complaisant, pour m'empècher de voir en lui un voleur. Mais je connais ces tours-là. Voyons, montre-moi de nouveau ta main droite. Insanis: perscrutatus es Tuo arbitratu. Neque tui me quidquam invenisti penes. EUCLIO Mane, mane: quis ille est, qui hic intus alter erat tecum simul? Perii hercle: ille nunc intus turbat; hunc si amitto, hic abierit Postremo hunc jam perscrutavi; hic nihil habet. Abi, quo lubet. Juppiter te dique perdant! STROBILUS Haud male agit gratias. STROBILE La voici. EUCLION La gauche maintenant. STROBILE Tenez, regardez les deux. EUCLION Je ne veux plus chercher; rends-le-moi. Mais quoi? STROBILE EUCLION Ah! tu me bernes, tu l'as certainement. STROBILE Je l'ai, moi? Qu'est-ce que j'ai? EUCLION Je ne le dis pas; tu es trop désireux de me l'entendre dire. Mais, quoi que ce soit, rends-moi mon bien. STROBILE Vous déraisonnez: vous m'avez fouillé autant que vous avez voulu et vous n'avez rien trouvé sur moi qui vous appartienne. EUCLION Attends, attends. Quel est cet autre qui se trouvait en même temps que toi dans ce temple. Je suis perdu, grands dieux! L'autre maintenant y bouleverse tout.... Si je lâche celui-ci, il s'en ira; après tout, je l'ai bien fouillé, il n'a rien... Va-t-en où tu voudras. Que Jupiter et tous les dieux t'exterminent! STROBILE Le remerciement n'est pas mal tourné. EUCLIO Ibo intro atque illi socienno tuo jam interstringam gulam. Fugin hinc ab oculis? abin, an non? STROBILUS Abeo. EUCLIO Cave, sis, revideam. Plaut., Aulul., Act. IV. VIII Plaintes de l'avare Euclion à qui on a volé la marmite dans laquelle était caché son trésor. Perii! interii! occidi! Quo curram? quo non curram? Tene, tene! Quem ? quis? : Nescio nil video : cæcus eo, atque equidem, quo eam, aut ubi sim, aut qui sim, Nequeo cum animo certum investigare. Obsecro vos ego, mi auxilio, Oro, obtestor, sitis et hominem demonstretis, qui eam abstulerit. Quid est quod ridetis? Novi omnes: scio, fures esse hic complures, Qui vestitu et creta occultant sese atque sedent, quasi sint frugi. Quid ais tu? Tibi credere certum est; nam esse bonum voltu cognosco. Hem, nemo habet horum? Occidisti! Dic igitur quis habet. Nescis ? Heu me misere miserum! perii! male perditus, pessume ornatus eo: Tantum gemiti et malæ mæstitiæ hic dies mihi obtulit, Famem et pauperiem. Perditissumus ego sum omnium senum In terra. Nam quid mihi opu'st vita, qui tantum auri perdidi, Quod custodivi sedulo? Egomet me defraudavi Animumque meum geniumque meum. Hunc alii lætificantur Meo malo et damno. Pati nequeo. Plaut., Aulul., act. IV. EUCLION J'entre là et j'étrangle ton complice. Fuis-tu de ma présence? T'en vas-tu, oui ou non? Que je ne te revoie plus s'il te plaît. Prends-y garde. VIII (Tom. I, p. 305.) Je suis perdu! Je suis mort! Je suis assassiné ! Où courir? Où ne pas courir? Arrête! Arrête! Qui? Lequel? Je ne sais, je ne vois rien, je marche en aveugle; mon esprit égaré ne reconnaît plus où je vais, où je suis, qui je suis. Je m'adresse à vous, secourez-moi, je vous en prie, je vous en conjure, montrez-moi celui qui me l'a prise..... Qu'estce? Pourquoi riez-vous ? Je vous connais tous : je sais qu'il y a plus d'un voleur ici parmi ceux qui se cachent sous leurs robes blanchies et se tiennent assis comme des honnêtes gens..... Que dis-tu, toi? Je veux t'en croire; à ta figure je vois que tu es un homme de bien. Eh quoi! personne ici ne l'a prise ? Tu me tues. Allons, dis-moi donc qui l'a. Tu l'ignores? Ah! malheureux, malheureux ! Je suis mort, perdu sans ressource, complètement dépouillé. Déplorable et funeste journée qui m'apporte la misère et la faim! Il n'y a pas sur terre un vieillard plus misérable que moi. Et qu'ai-je affaire de la vie, maintenant que j'ai perdu tant d'or que je gardais si soigneusement? Je me privais du nécessaire, je me refusais tout plaisir; d'autres maintenant se réjouissent de mon malheur et de ma ruine. Non, je n'y puis résister. (1) Pour cretato vestitu, comme, dans Virgile, patera libamus et auro au lieu de patera aurea; c'est ce qu'on appelle, en termes de rhétorique, hendyadis. |